Sarah, Rebecca, Rachel et Léa sont les quatre matriarches (mères) qui bâtirent notre nation juive. Sarah fut la première matriarche et Abraham fut le premier patriarche (père) du peuple juif.

La Torah nous donne beaucoup plus de détails au sujet de notre père Abraham que sur notre mère Sarah. Cependant ces quelques informations, additionnées des détails que nous procure notre Torah orale (le Talmud, le Midrache, etc.), nous donnent une image très claire de la grande personnalité de Sarah.

Sarah était la fille de Haran, l’un des deux frères d’Abraham. Son nom fut d’abord Saraï, mais lorsque le Tout-Puissant changea le nom d’Abram en Abraham, Il changea également le nom de Saraï en Sarah. Saraï et Sarah signifient tous deux « princesse ». Elle était considérée comme l’une des plus grandes princesses du monde (Talmud Berakhot 13a).

Sarah avait également un autre nom : Yiskah (« Jessica »), qui signifie « voyante », car elle était une prophétesse et pouvait voir l’avenir. Une autre raison pour ce nom est sa grande beauté que les gens contemplaient (Talmud Meguila 14a). Sarah était en effet exceptionnellement belle au point que toutes les autres femmes ressemblaient à des guenons en comparaison avec elle (Talmud Baba Batra 58a). Il n’est donc pas étonnant que lorsqu’Abraham et Sarah se rendirent en Égypte, les Égyptiens louèrent la beauté de Sarah au Pharaon et que celui-ci voulut la prendre pour en faire sa reine.

Aussi belle que Sarah put l’être physiquement, elle le fut encore plus dans sa nature. Elle était totalement dénuée de péché et était exceptionnellement pudique. Conscients de la faible moralité des Égyptiens et sachant qu’ils n’hésiteraient pas à tuer un homme pour prendre sa femme, Abraham et Sarah se mirent d’accord pour dire qu’ils étaient frère et sœur. (De cette façon, Abraham espérait que son consentement serait nécessaire pour donner Sarah en mariage comme le voulait la coutume à l’époque.)

Ce n’était d’ailleurs pas loin de la vérité, car un petit-enfant est souvent considéré comme un enfant. Sarah était la petite fille de Tera’h, le père d’Abraham, et pourrait donc être considérée comme sa « sœur ». Lot, dont le père, Haran, était également le père de Sarah et qui accompagna son oncle Abraham dans tous ses voyages, garda lui aussi ce secret. Pharaon était donc fondé à penser qu’il pourrait prendre Sarah pour femme. Mais lorsqu’il vit que lui et toute sa famille furent immédiatement frappés de plaies corporelles des plus insolites, Pharaon comprit aussitôt que c’était une punition du ciel pour son attitude envers Sarah. Il s’empressa de demander pardon à Sarah et à Abraham et de les renvoyer avec honneur et de très nombreux cadeaux.

La fille de Pharaon, Hagar, avait fait la connaissance de Sarah quand celle-ci était dans le palais de son père. Sarah avait fait une si grande impression sur Hagar qu’elle décida de quitter sa maison royale pour devenir la servante de Sarah. Sarah traita Hagar avec respect et considération et, quand d’autres princesses lui rendaient visite, Sarah leur disait : « Allez aussi saluer Hagar, la princesse égyptienne. Je ne veux pas qu’elle se sente méprisée ou honteuse. »

Hagar, cependant, ne sut pas apprécier la gentillesse de Sarah et parla d’elle derrière son dos. Elle disait aux princesses en visite : « Ne pensez pas que Sarah est une sainte. Sinon, pourquoi D.ieu l’aurait-Il puni de sorte que, dans toutes ces années, elle n’a pas donné naissance à un seul enfant ? »

Sarah était très affectée de n’être pas parvenue à enfanter. Elle décida de faire un sacrifice suprême et d’offrir Hagar à Abraham pour être sa seconde femme, afin qu’il ait un enfant.

Abraham accepta la suggestion de Sarah. Bientôt, quand Hagar sentit qu’elle allait porter l’enfant d’Abraham, elle commença à prendre un air de supériorité et ne donna plus à sa maîtresse le respect qui lui était dû. Lorsque le comportement d’Hagar fut devenu insupportable, Sarah décida finalement qu’il était temps de montrer à Hagar qui était la maîtresse et qui était la servante. Hagar était désormais trop fière pour accepter sa position comme servante de Sarah et s’enfuit. Un ange vint qui dit à Hagar de retourner chez Sarah pour son propre bien ainsi que pour le bien de l’enfant qu’elle portait. Car elle enfanterait un fils qui, bien qu’il serait un homme sauvage, deviendrait le père d’une grande nation parce qu’il était le fils d’Abraham.

Quand Ismaël naquit, Abraham pensa qu’il serait son héritier et que c’est de lui que descendrait la grande nation juive que D.ieu avait promise. Mais D.ieu dit à Abraham que ce n’était pas Ismaël, mais le fils qu’il aurait de Sarah qui serait son héritier, et que c’est seulement de ce dernier (et non d’un autre fils d’Abraham) que descendrait le peuple juif.

Abraham était âgé de 99 ans et Sarah de dix ans de moins lorsque cette annonce réjouissante leur fut faite. Exactement un an plus tard, Isaac naquit. On peut imaginer quelle fut leur joie.

Sarah prêta une grande attention à l’éducation d’Isaac. Ismaël avait treize ans de plus que Isaac et avait déjà manifesté une partie de la « sauvagerie » annoncée par l’ange. Sarah vit qu’Ismaël n’était pas un compagnon convenable pour Isaac et elle demanda à Abraham de renvoyer Hagar et son fils Ismaël. Cela fut très difficile pour Abraham. Tout d’abord, parce qu’Ismaël était son fils. Deuxièmement, Abraham avait peur que, si Ismaël était renvoyé, il ne bénéficierait pas de la surveillance nécessaire et s’éloignerait du bon chemin jusqu’à devenir un très mauvais homme. Cependant, D.ieu dit à Abraham : « Quoi que Sarah te dise de faire, fais-le. »

Nos Sages nous disent que Sarah avait un degré de prophétie supérieur à celui d’Abraham (Chemot Rabba 1:1). Dans tous les domaines de la bonté Sarah était l’égale d’Abraham. Tous deux étaient égaux dans leurs actes de bienfaisance et tous deux étaient une bénédiction pour le monde (Midrach Cha’har Tov, Proverbes 31). Les deux propageaient la connaissance de D.ieu : Abraham parmi les hommes et Sarah parmi les femmes (Berechit Rabba 39:21).

Par le mérite de Sarah, D.ieu bénit Abraham avec la richesse (Midrach sur Proverbes 31) et avec toutes les autres bénédictions (Tan’houma, Hayé Sarah 4). La plus grande bénédiction pour Abraham fut qu’il mérita d’avoir Sarah pour épouse. Tant que Sarah vécut, une « nuée de gloire » planait au-dessus de sa tente, une bougie demeurait allumée depuis la veille de Chabbat jusqu’à la veille du Chabbat suivant et sa maison était pleine de bénédiction. Tout prit fin quand Sarah décéda, mais quand Rebecca (l’épouse d’Isaac) arriva, tout revint comme auparavant (Tan’houma ibid.).

Sarah décéda à l’âge de 127 ans, peu après la Akeidah (le sacrifice d’Isaac). Abraham l’enterra dans la caverne de Makhpéla qu’il acheta aux fils de ‘Heth (les Hittites) dans ce but. Dans cette caverne se trouvent également les tombes d’Adam et d’Ève. Abraham y fut aussi enterré plus tard, ainsi que Isaac et Rebecca, Jacob et Léa.

Sarah fut la première des sept prophétesses qui sont mentionnés dans le Tanakh (la Bible). Telle fut notre mère Sarah qui fut toujours une grande source d’inspiration pour toutes les filles et les mères juives, en tous lieux et à toutes les époques.