Qu’est-ce que la vie ? Après avoir indiqué la disparition de Sarah, la Paracha nous décrit la manière dont elle fut enterrée dans une sépulture très particulière à ‘Hévron. Malgré le fait que le sujet d’ouverture de la Paracha évoque le fait que Sarah ait quitté ce monde, le titre en est ’Hayé Sarah, « la vie de Sarah ». Quelle était donc la vie de Sarah, la première Matriarche du Peuple Juif ? Et que nous enseigne-t-elle à nous, aujourd’hui ?

Il ne fait aucun doute que Sarah dut surmonter de nombreuses épreuves. Jeune femme, mariée à Avraham, elle découvrit qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Malgré cela, elle se consacra à la tâche spirituelle d’enseigner, avec son mari, à tous ceux qu’elle croisait, l’existence de D.ieu.

Rachi nous indique qu’Avraham enseignait aux hommes et Sarah aux femmes.1 Il est probable d’envisager que, même à cette époque, l’on n’attendait pas que les femmes se soumettent aveuglément aux désirs de leur mari. Les femmes devaient discuter et réfléchir elles-mêmes à la nature de la vie. Sarah inspirait les femmes qui, de concert avec leur mari et leur famille, devenaient adeptes des nouveaux enseignements du monothéisme.

La tâche d’enseigner l’existence du D.ieu Unique, Créateur du Ciel et de la Terre, n’était pas sans risque, loin de là ! La norme était alors d’adorer une grande variété d’idoles. Les Sages nous disent qu’à cause de la croyance d’Avraham et de Sarah, Avraham fut arrêté par le roi Nimrod et jeté dans une fournaise. Nous ne pouvons qu'imaginer les sentiments de Sarah. Ressentit-elle de l’appréhension, ou bien eut-elle la confiance en D.ieu ? Miraculeusement, Avraham ne subit aucun mal et fut sauvé. Après cela, Avraham et Sarah reçurent l’ordre de D.ieu de voyager vers l’ouest, vers la terre d’Israël. Avraham étaient alors âgé de soixante-quinze ans et Sarah de dix ans de moins.

Quand ils parvinrent en Terre d'Israël, ils continuèrent leur travail de dissémination du monothéisme. Sarah savait qu’il était capital qu’Avraham ait un successeur et aspirait à ce qu’il soit un enfant né de son giron. Dans l’expression de sa douleur à D.ieu, elle donna à son époux sa servante Hagar. Peut-être par cet acte, mériterait-elle, elle-même, de porter un enfant ?2 Hagar donna naissance à Yichmaël.

Plus tard, D.ieu ordonna à Avraham l’alliance de la circoncision. Son corps physique atteignit alors un nouveau degré de sainteté. Avec cela, vint la promesse d’un miracle : lui et Sarah auraient un enfant. A cette époque, à quatre-vingt-dix ans, Sarah avait dépassé l’âge de la maternité. Elle rit à l’idée d’avoir un enfant mais en fait, elle donna naissance, un an plus tard, à Its’hak dont le nom signifie « rire ».

Sarah vit que la question-clé, étrangement d’actualité aujourd’hui, allait être : « qui est le véritable héritier d’Avraham ? » D.ieu avait clairement annoncé que Son alliance unique serait avec Its’hak.3 Et pourtant, Yichmaël menaçait gravement la vie d’Its’hak.

Avraham, qui était l'incarnation de la Bonté, ne voulut pas, au début renvoyer Yichmaël. Sarah de son côté fit tout ce qui lui était possible pour protéger son fils Its’hak des menaces d’Yichmaël, à la fois physiques et spirituelles. D.ieu dit alors à Avraham de suivre les conseils de Sarah : celle-ci avait une plus grande force prophétique que son époux,4 et, grâce à ses efforts, le Peuple Juif put exister.

Dans notre Paracha, nous voyons après la disparition de Sarah, le succès initial de ses entreprises. En fait, c’est Its’hak qui va perpétuer cette alliance particulière du Peuple Juif avec D.ieu. Le sujet central de la Paracha est son mariage avec Rivkah. Sa jeune femme, Rivkah, devient l’expression vivante de Sarah.5

C’est ainsi que grâce aux efforts de Sarah, le peuple juif, les descendants d’Avraham, Its’hak et Yaakov, commencent à se former. C’est pour cette raison que notre Paracha s’appelle « la vie de Sarah », bien qu’il s’agisse d’événements postérieurs à son départ de ce monde. Car c’est à la lumière d’Its’hak et de son mariage que nous voyons la pérennité de Sarah : tout comme sa descendance est vivante, elle est vivante.6 Voilà le message que nous envoie Sarah, à nous ses descendants ; faire venir au monde des enfants juifs – soit par l’enseignement que nous dispensons aux autres, soit, avec la bénédiction divine, en élevant et en guidant notre propre progéniture – et perpétuer ainsi la vie pour nous et notre Peuple.7