À beaucoup d'égards, Isaac (Yits'hak) rappelait Abraham, son père. Au physique, il lui ressemblait tellement qu'aucune erreur n'était possible : on était bien en présence d'un père et de son fils. Nos Sages disent que D.ieu modela le visage d'Isaac à la ressemblance exacte de celui d'Abraham parce que de mauvaises langues insinuaient que le premier avait pour père Abimélekh, roi des Philistins, ou qu'il était un enfant trouvé adopté par Abraham et Sarah. Il était impossible, soutenaient ces calomniateurs, que ce dernier pût être père à l'âge de cent ans et Sarah mère à quatre-vingt-dix. Mais lorsque les gens voyaient Abraham et Isaac, il ne pouvait y avoir de doute dans leur esprit : incontestablement l'un était le père et l'autre, le fils.1
Une épreuve pénible
Isaac naquit le premier jour de Pessa'h.2 Il fut le premier Juif né juif, et de parents juifs, et aussi le premier garçon juif à être circoncis huit jours après sa naissance.
Isaac était âgé de trente-sept ans, et célibataire, lorsque D.ieu commanda à Abraham de le lui offrir en holocauste.
De toute la vie d’Abraham, ce fut l’épreuve la plus pénible. Elle ne le fut certes pas moins pour Isaac. Nos Sages nous disent (ce qu'ils déduisent du texte de la Akédah dans la Torah) qu'il n'ignorait pas qu'il était lui-même l'objet du sacrifice. Néanmoins, père et fils étaient également résolus à aller jusqu'au bout et à accomplir le commandement de D.ieu de tout leur cœur et de toute leur âme.
Après l'issue heureuse de la « Akédah » qui se révéla n'être qu'un moyen d’éprouver leur foi à tous deux en D.ieu et leur soumission à Ses commandements, Abraham envoya sur-le-champ Isaac chez Chèm, le fils de Noé, afin qu'il apprît la sagesse divine de l'homme qui fut témoin du Déluge et dont la vie avait été épargnée grâce à l'Arche de son père. Abraham rentra ainsi chez lui tout seul pour trouver que Sarah était morte. Elle avait cent vingt-sept ans. Il la pleura, puis l'ensevelit dans la Grotte de Makhpélah qu'il avait acquise d'Ephron, le prince hittite.
Le mariage d'Isaac
À l'âge de quarante ans, Isaac épousa Rébecca (Rivkah), sa petite cousine. Elle était la petite-fille de Na’hor, frère d'Abraham. Le loyal serviteur de ce dernier, Eliézer, l'avait ramenée de la ville de Na’hor (en Mésopotamie), après s’être ponctuellement acquitté de la mission dont son maître l'avait chargé. Rébecca fut d’un grand réconfort pour Isaac que la mort de sa mère avait plongé dans une grande tristesse. Sa bonté, sa piété et son comportement en général rappelaient tellement Sarah, qu’il semblait à Isaac que sa mère eût repris sa place parmi les vivants.
Deux frères tout différents
Vingt ans durant, le couple demeura privé d'enfants. Puis, D.ieu leur accorda deux jumeaux, Ésaü et Jacob. Le premier se fit aimer de son père en feignant une grande dévotion envers lui et envers ses croyances. Rébecca, elle, savait que Jacob était supérieur, et de loin, à Ésaü. Aussi était-il son fils favori.
Elle ne se trompait pas, car, à partir de leur quinzième année, les différences de caractère des deux garçons ne firent que s'accentuer. Ésaü devint un chasseur et un trappeur, un homme des bois, tandis que Jacob était de la catégorie des sédentaires studieux. Ils avaient cet âge quand Abraham mourut à cent soixante-quinze ans. Isaac et Ismaël l'enterrèrent dans la Grotte de Makhpélah, celle où reposait déjà Sarah.
Pendant le deuil d'Isaac, D.ieu lui apparut, le bénit et le réconforta.
Les expériences d'Abraham se répétèrent presque semblables dans la vie de son fils. Ainsi y eut-il une grande famine dans le pays, et dont on n'avait pas connu de pareille depuis le temps d'Abraham. Isaac alla à Guérar, chez Abimélekh, roi des Philistins, qui avait conclu un traité de paix avec Abraham.
Plus riche qu'Abimélekh
À l'instar de son père, Isaac avait l'intention de poursuivre son voyage jusqu'en Égypte, mais D.ieu lui dit de ne pas quitter le pays qu'il avait promis à Abraham et à ses descendants et lui réitéra Ses bénédictions. Isaac demeura à Guérar et entreprit de cultiver la terre. D.ieu fut pour lui d'une très grande générosité, si bien qu'Isaac devint encore plus riche qu'Abimélekh. De plus, il porta chance à Guérar, dont les habitants connurent, grâce à lui, une prospérité sans égale. Cela ne les empêcha pas de jalouser Isaac pour sa grande fortune. Les puits d'eau fraîche que les serviteurs d'Abraham avaient creusés furent mis hors d'usage par les Philistins qui les comblèrent de terre. Isaac les creusa encore une fois. Il y eut alors des luttes entre les bergers locaux et les siens pour leur possession. Isaac fut obligé par deux fois de changer de secteur et finit par quitter Guérar pour revenir à Béer Chéva où son père avait vécu tant d'années. Là, D.ieu lui apparut de nouveau et l'assura de Sa protection et de Ses bénédictions.
Alliance avec Abimélekh
Bientôt Abimélekh, accompagné de son général en chef et des notables amis, allait trouver Isaac et le priait de conclure un traité de paix avec lui, affirmant sa certitude que D.ieu était avec Isaac et qu'il le bénissait à chaque pas. C'est pourquoi Abimélekh était venu faire amende honorable pour le traitement regrettable réservé à Isaac à Guérar, et conclure un traité personnel. Ce traité fut conclu.
À mesure qu’Isaac vieillissait, sa vue baissait. Nos Sages donnent plusieurs raisons à ce fait. Voici l’une d'elles : alors qu'Isaac, dans ses liens, était étendu sur l'autel, les anges versèrent des larmes dont certaines tombèrent dans ses yeux. Ce fut pour son bien qu’Isaac devint aveugle dans sa vieillesse, car ainsi il ne put voir la mauvaise conduite d'Ésaü ; et aussi de n'être pas capable de sortir de chez lui, car les gens l'auraient montré du doigt en disant : « Voilà le père d’Ésaü ! »
L'histoire de la bénédiction de ses deux fils est connue. Jacob reçut la bénédiction que son père destinait à Ésaü, son premier-né, et ce à la faveur d'un stratagème : il revêtit les vêtements de son frère, se faisant ainsi passer pour Ésaü. Jacob estimait que cette bénédiction lui était due, puisqu'il avait acheté son droit d'aînesse à son frère.
« Aussi sera-t-il béni »
Quand Ésaü vint réclamer cette bénédiction à son père, celui-ci comprit que la Divine Providence avait voulu qu'il en fût autrement. Il confirma la bénédiction donnée à Jacob et dit à Ésaü : « Aussi sera-t-il béni » (Genèse 27, 33). Plus tard, Isaac envoya Jacob à la maison de Bethuël pour se choisir une épouse parmi les filles de Laban, le frère de Rébecca.
À l'exemple de son père dans son vieil âge, Isaac se souciait du mariage de son fils, et voulait qu'il eût l'épouse adéquate, afin de fonder le foyer adéquat, et de transmettre la grande tradition et le legs d'Abraham à des enfants dignes d'un tel héritage.
Vingt-deux ans plus tard, Jacob revint chez lui. Il était à la tête d'une famille de douze fils et d'une fille, possédait de riches troupeaux et un grand nombre de serviteurs. Il ne trouva pas sa mère, elle était morte alors qu'il avait pris le chemin du retour. Son père Isaac était encore de ce monde et vivait à Hébron. C'est là qu'il mourut à l'âge de 180 ans. Ésaü et Jacob, réconciliés, l'enterrèrent dans la Grotte de Makhpélah.
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