Avraham Avinou (Abraham notre père) naquit à une époque où l’idolâtrie régnait de toutes parts. Même son propre père, Tera’h, était un idolâtre qui vendait des idoles de tailles et de matériaux divers. (Tera’h, sous l’influence d’Abraham, finit par tourner la page et mourut comme un homme craignant D.ieu.)
À l’âge de trois ans, comme nos sages nous le disent,1 Abraham reconnut qu’il y avait, qu’il y a et qu’il n’y aura jamais qu’un seul D.ieu, le créateur du ciel et de la terre. Abraham consacra toute sa vie à diffuser la connaissance de D.ieu. D.ieu était unique dans les cieux (sur la terre, personne ne Le connaissait encore, mis à part Abraham), et Abraham était l’unique homme sur la terre qui connaissait D.ieu et L’adorait.
Abraham était connu sous le nom de « Ha-Ivri » – « l’Hébreu », qui signifie également « Celui qui est sur l’autre rive », parce que le monde entier était d’un côté et lui seul était de l’autre. Mais bientôt le « D.ieu d’Abraham » devint connu par de plus en plus de gens. Chaque homme qui sortait de la tente d’Abraham, et chaque femme qui sortait de la tente de Sarah, avait appris quelque chose sur D.ieu, et partait en bénissant le « D.ieu d’Abraham ». Jusqu’à ce jour, lorsque nous nous adressons à D.ieu trois fois par jour dans la prière du Chmoné-esrei, nous prions « le D.ieu d’Abraham, le D.ieu d’Isaac et le D.ieu de Jacob », et concluons la première des dix-huit (en réalité, dix-neuf) bénédictions par « Béni sois-Tu... bouclier d’Abraham ». C’est seulement ensuite que vient la deuxième bénédiction : « Béni sois-Tu... qui ressuscite les morts ». Cet accent mis sur le « D.ieu d’Abraham » est un hommage éternel à notre père Abraham et l’accomplissement de la promesse de D.ieu envers lui : « Je grandirai ton nom ». Cela souligne également le fait que l’idée juive de D.ieu est unique et exceptionnelle et très différente de l’idée de D.ieu chez toutes les autres nations du monde. Bien que de nombreuses nations du monde aient abandonné l’idolâtrie telle qu’elle était pratiquée dans le passé et parlent également de D.ieu le Créateur, ou d’un D.ieu unique, etc., ce n’est pas le « D.ieu d’Abraham » qu’elles adorent, mais leur propre idée de D.ieu, qui est radicalement différente de la nôtre. La différence est profonde et peut être mieux perçue dans les différents modes de vie du Juif et du Gentil.
De notre père Abraham, nous avons hérité non seulement des idées vraies, mais également de merveilleux traits de caractère. Comme nous pouvons le voir d’après ce que la Torah nous dit à propos de la vie d’Abraham et d’après ce que nous apprennent de nos Sages du Talmud et du Midrash, Abraham était l’incarnation des plus hautes qualités de caractère. L’une d’elles était la bonté qui était sans limites en lui. Il aimait tout le monde, même de parfaits inconnus. Son amour des gens s’exprimait de nombreuses manières, notamment en matière d’hospitalité, qu’il pratiquait quotidiennement à la perfection. L’histoire des trois anges qui sont venus à lui déguisés en voyageurs est bien connue. Il était là, un homme de quatre-vingt-dix-neuf ans en souffrance (c’était le troisième jour après sa circoncision), un jour exceptionnellement chaud, assis devant l’entrée de sa tente, à guetter les voyageurs. Nos Sages nous disent que D.ieu voulait lui épargner tout tracas et fit de ce jour une journée exceptionnellement chaude afin qu’aucun voyageur ne sorte sur la route. Mais voyant combien Abraham était contrarié de ne pouvoir pratiquer l’hospitalité, D.ieu lui envoya les trois anges déguisés en hommes. Abraham fut si heureux de voir ces étrangers qu’il en oublia son grand âge, sa douleur et la chaleur du jour et il courut à leur rencontre, puis il courut leur préparer un somptueux repas. Bien qu’il eut de nombreux serviteurs prêts à faire le nécessaire, Abraham lui-même leur apporta de l’eau pour se laver les pieds, et Sarah et lui préparèrent eux-mêmes le repas.
Abraham était un homme qui parlait peu, mais qui accomplissait beaucoup de bonnes actions. Ses actions ont toujours dépassé ses promesses. La Torah nous dit qu’il n’offrit aux visiteurs qu’« un peu d’eau » et « un morceau de pain », mais il leur donna beaucoup d’eau non seulement pour boire, mais aussi pour se laver les pieds, et il leur prépara un festin. Nos Sages ont relevé cela comme l’exemple d’une merveilleuse qualité qu’il nous appartient d’imiter.2
Abraham était un homme épris de paix. Il détestait les conflits. Quand ses bergers se disputèrent avec les bergers de Lot (son neveu) parce que ceux-ci ne respectaient pas les pâturages des autres, Abraham décida de se séparer de son neveu. Il offrit à Lot de conserver les meilleurs pâturages, mais insista pour qu’ils se séparent. Cependant, lorsque Lot fut capturé lors d’une invasion, le pacifique Abraham prit les armes à la poursuite des pillards. Il libéra Lot et les autres captifs, y compris le roi de Sodome, ainsi que leurs biens. Selon les règles de la guerre en ce temps-là, Abraham devint seigneur et maître des captifs ainsi que de leurs biens qu’il avait sauvés au risque de sa vie. Mais il refusa de prendre pour lui-même « ne serait-ce qu’un lacet de chaussure ».
S’agissant de l’humilité, la Torah ne reconnaît qu’une personne qui fut plus humble qu’Abraham : Moché Rabbénou (et peut-être aussi son frère Aaron). Abraham n’était pas simplement un seigneur, comme beaucoup d’autres qui vivaient dans cette partie du monde. Il était le plus grand prince de tous. Les rois et les princes recherchaient son amitié et ses conseils. Le grand pharaon, le « dieu-roi » de l’Égypte, le puissant roi des Philistins, Abimelekh, les puissants princes hittites, tous reconnurent Abraham comme un chef et un prophète divin. Pourtant, Abraham se considérait comme un homme ordinaire. « Je ne suis que poussière et cendre », dit-il.
La position d’Abraham dans le monde et la haute estime dont il jouissait est exprimée par cette citation du Talmud : « Le jour de la mort d’Abraham notre Père, tous les chefs des nations du monde se tinrent alignés (à la manière des personnes en deuil) et dirent : “Malheur au monde dont le chef est parti ! Malheur au navire dont le capitaine est perdu !” »3
Abraham pria D.ieu chaque fois qu’il était dans le besoin,4 mais il se donna pour règle de prier D.ieu tous les matins. Ainsi, Abraham est le père de notre prière du matin, tandis que son fils Isaac introduisit la prière de l’après-midi et Jacob, la prière du soir.5
L’une des merveilleuses qualités d’Abraham était son empressement et sa rapidité à exécuter les commandements de D.ieu. Nous avons déjà noté le zèle avec lequel il accomplit la mitsva d’Hakhnassat Or’him (l’hospitalité aux voyageurs). Encore plus impressionnante est celui avec lequel il accomplit le commandement de D.ieu de Lui offrir son fils bien-aimé Isaac. Il « se leva tôt le matin », sella lui-même son âne et fendit lui-même le bois pour le feu. Cet empressement à exécuter le commandement de D.ieu, en faisant abstraction de tout sentiment personnel, est l’aspect le plus remarquable de la Akéda (la Ligature d’Isaac), comme le souligne l’auteur du Tanya, plus remarquable encore que l’accomplissement du commandement en lui-même. De ce comportement, nos Sages ont établi le grand principe selon lequel « Les zélés font immédiatement les Mitsvot ».6 Il ne suffit pas d’accomplir les commandements de D.ieu, nous devons le faire à la première occasion, avec zèle et empressement.
Abraham ne mit jamais en doute les voies de D.ieu, même quand les choses semblaient être à l’opposé de ce à quoi il aurait pu s’attendre. Par exemple, D.ieu lui avait dit de quitter son lieu de naissance et la maison de son père, en promettant de le rendre grand et béni. Pourtant, dès son arrivée au pays de Canaan, il y eut une grande famine. Il sembla qu’au lieu qu’il apporter une bénédiction au pays, il y avait amené la famine. De plus, Abraham lui-même souffrit de privation, de moquerie et de persécution. Mais il ne remit jamais en question les promesses de D.ieu, réalisant que cela devait être une mise à l’épreuve de sa foi en D.ieu.
De nouveau, quand D.ieu dit à Abraham, alors âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, de se circoncire et d’atteindre ainsi la perfection conjointe du corps et de l’âme, Abraham aurait pu poser plusieurs questions telles que : si la circoncision est nécessaire à ma perfection, pourquoi ne suis-je pas né circoncis ? Et pourquoi attendre que je sois un vieil homme ? Mais Abraham ne mit pas en doute la sagesse de D.ieu.
De même, D.ieu l’avait béni en lui accordant d’avoir un fils dans sa vieillesse et lui avait promis qu’à travers Isaac, il deviendrait le père d’une grande nation juive. Mais avant qu’Isaac ne soit encore marié, D.ieu commanda à Abraham de Lui offrir son fils bien-aimé en holocauste ! Abraham protesta-t-il ? Posa-t-il la moindre question ? Pas un mot. Au contraire, il exécuta le commandement de D.ieu avec empressement, et ce n’est qu’au dernier moment qu’il comprit qu’il ne s’agissait que d’une épreuve de plus (la dernière des dix). C’est ce que l’on appelle « un cœur intègre pour D.ieu » : lorsque le cœur est plein d’amour de D.ieu et d’une foi absolue en Lui, il n’y a pas de place pour les doutes et les questions.
Avec toute son intelligence et sa sagesse extraordinaires, Abraham se soumit à D.ieu entièrement et de tout son cœur. Il nous a montré la vraie manière de servir D.ieu, avec amour et crainte ; il était un véritable « amoureux de D.ieu »7 et authentiquement « craignant D.ieu ».8
Tout comme Abraham choisit D.ieu, D.ieu choisit Abraham et conclut une alliance éternelle avec lui et ses enfants, le peuple juif. D.ieu dit à Abraham : « Mes créatures ne connaissaient pas Mon Nom, jusqu’à ce que tu Me rendes connus par eux. Je te considérerai désormais comme Mon partenaire dans la création du monde. »9 Nous, les enfants d’Abraham, sommes membres de l’alliance éternelle et du partenariat que D.ieu conclut avec Abraham notre Père.
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