Rabbi Na’houm de Tchernobyl se déplaçait souvent pour collecter de l’argent destiné à un fonds de pidyone chvouyim (rachat des prisonniers juifs). Un jour, alors qu’il traversait la ville de Zhitomir, les autorités locales l’emprisonnèrent pour son travail « criminel ».

Un jour, une femme âgée enveloppée dans un châle apparut près de sa cellule et se mit à parler : « D.ieu a mis Abraham à l’épreuve en lui disant : “Va-t’en (lekh lekha) de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père”, en lui promettant que cela lui serait bénéfique en fin de compte. Mais quel bénéfice peut-on tirer de l’abandon de tout ce que l’on possède ? Je ne comprends pas. »

Rabbi Na’houm, qui avait compris que cette femme n’était pas une personne ordinaire, resta silencieux.

Elle poursuivit, répondant à sa propre question : « Abraham excellait dans l’art d’aider les voyageurs en les logeant, en les nourrissant et en les désaltérant. Mais parce qu’il n’avait jamais connu la détresse de quitter le confort de sa maison, ou le trouble de passer des jours interminables sur la route, il ne pouvait pas s’identifier aux gens qu’il aidait. D.ieu voulait qu’Abraham ait une meilleure compréhension de sa tâche. »

Rabbi Na’houm comprit (comme il le raconta plus tard à Rabbi Zev Volf, le maguid de Zhitomir) que cette vieille femme avait l’intention de lui faire comprendre sa propre situation. Il est clair que D.ieu s’était arrangé pour qu’il soit en prison afin qu’il puisse mieux apprécier la valeur de la tâche qu’il accomplissait en collectant des fonds pour racheter des prisonniers.

« Et la femme au châle, ajouta Rabbi Na’houm, n’était autre que Sarah, l’épouse d’Abraham. »

Source : Admourei Tchernobyl, Klapholtz