Réeh – Le dévouement à Dieu

La quatrième partie du Deutéronome continue le second discours d’adieu que Moïse adresse au peuple juif. Moïse commence par exhorter les Juifs à voir (Réeh, en hébreu) que Dieu leur a offert le choix entre une vie de bénédictions et une vie de malédictions, et que la décision leur appartient.

Le premier élément de la paracha de Réeh qui nous pousse à la réflexion est son nom, qui signifie « vois ». Comme nous l’avons noté dans les deux paracha précédentes, Moïse avait demandé à Dieu de permettre au peuple juif de percevoir le Divin tout comme lui : avec la même clarté directe associée à la vue. Mais Dieu refusa sa requête. La génération de la conquête (et, de fait, toutes les générations qui suivront, jusqu’à la Délivrance ultime) pourra percevoir le Divin, mais seulement de manière indirecte : en entendant. Mais si tel est le cas, comment se fait-il que Moïse commence la partie suivante de son discours au peuple en disant « vois » ?

Comme nous l’avons expliqué précédemment,1 la raison pour laquelle Dieu ne souscrivit pas à la requête de Moïse, et maintint le peuple au niveau d’entendre, était liée aux avantages inhérents à l’audition sur la vision. Quand l’homme doit établir et préserver la conscience divine en luttant contre le « vacarme » du monde matériel, sa perception devient infiniment plus profonde qu’elle ne l’aurait été si elle s’était uniquement basée sur une révélation directe mais extérieure. Dans la mesure où la finalité de la création est d’insuffler le Divin dans toutes les couches de la réalité, il est évident que cette finalité ne peut être atteinte que si notre conscience divine prend le contrôle de toutes nos facultés mentales et émotionnelles. Bien sûr, cela peut se produire uniquement si nous raffinons ces facultés, les réorientant loin de la perspective matérialiste que les caractérisait au début.

Nous avons expliqué en outre que la requête de Moïse fut effectivement accordée à un niveau subliminal, immatériel. Nous possédons tous la conviction inébranlable de « voir » le Divin au plus profond de notre être ; en nous appuyant sur l’empreinte que produit cette vision sur notre perception de la réalité, nous sommes capables de surmonter le vacarme du matérialisme, qui menace sans cesse de nous troubler.

Mais au-delà, le résultat de « l’audition » réussie du Divin – de la méditation et la réflexion portées sur la réalité divine à un degré de profondeur susceptible d’affecter et affiner nos facultés cognitives et émotionnelles – est que la « vue » subliminale que Dieu a implantée en nous grâce aux prières de Moïse vient à émerger à notre conscience. Notre perception troublée de la vérité est purifiée par nos ardents efforts de clarification, de telle sorte que notre esprit et notre cœur deviennent transparents pour notre point intérieur de lumière Divine. Nous « voyons » le Divin aussi distinctement que la génération du désert, qui vécut la révélation divine d’une manière directe. Mais notre avantage est que cette « vision » s’impose et s’ancre aussi dans la ferme conviction intérieure d’avoir méthodiquement raffiné nos facultés conscientes par nous-mêmes. Par conséquent, après nous avoir enjoint de « écouter », Moïse nous demande de « voir ».2

La paracha de Réeh aborde une grande variété de sujets. Dans ce livre, Moïse commence son examen des questions juridiques traitées le long des trois livres précédents de la Torah, passant en revue les lois concernant les sacrifices, l’idolâtrie, la cacherout, la charité, l’année sabbatique, la servitude et les fêtes. L’accent de cette paracha se déplace ainsi des principes de base du judaïsme, développés dans les premières paracha du Deutéronome, vers les devoirs spécifiques du Juif. Ceci sera également le centre d’intérêt des trois paracha suivantes.

Dans cette optique, la brève introduction du début de la paracha – qui commence par les paroles de Moïse affirmant que, décidément, nous pourrons au bout de compte atteindre la conscience-vision du Divin – constitue le lien de transition connectant les trois premières paracha du Deutéronome aux quatre suivantes, et donne le ton aux sujets juridiques qui suivent. Il nous a été promis que nous pourrons enfin recevoir le don Divin de la perception et du lien direct avec Dieu. On nous demande ensuite d’y répondre par des efforts renouvelés et continus afin de raffiner et d’élever le monde, jusqu’à ce qu’il devienne apte à nous permettre de contempler directement le Divin : « Et la gloire de l’Éternel sera révélée et toute chair la verra ensemble ».3