Lois du culte de Yom Kippour : Chapitre Trois

1. Il y a deux sorts. Sur l’un est écrit « Pour D.ieu » et sur l’autre est écrit « Pour Azazel ». Ces sorts peuvent être faits en toute matière : bois, pierre ou métal. Mais il ne doit pas y avoir un grand et un petit, un en or et un en argent. Ils doivent être identiques. L’usage est qu’ils soient en bois, et à l’époque du Second Temple on les avait faits en or. On dépose les deux sorts dans une urne qui puisse contenir deux mains, afin de pouvoir y plonger les deux mains et sortir les sorts simultanément, sans avoir à choisir. Cette urne est en bois et a le statut d’un ustensile profane. On l’appelle kalpi.

2. Où procède-t-on au tirage des sorts ? Dans la partie est de la Cour des Prêtres, au nord de l’Autel C’est là qu’on apporte le kalpi, qu’on maintient les deux boucs la face tournée vers l’Ouest et le dos tourné vers l’Est. Le Grand Prêtre s’approche, avec à sa droite le Grand Prêtre en second, à sa gauche le Chef de la famille sacerdotale de faction. Les deux boucs sont en face de lui, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

3. Il plonge rapidement les deux mains dans l’urne, et en ressort un sort dans chaque main. Il ouvre les mains les présenter face chacun face à un bouc. Si le sort désigné « Pour D.ieu » est dans sa main droite, l’adjoint dit « Mon seigneur le Grand Prêtre, lève ta main droite ! » Et si le sort désigné « Pour D.ieu » est dans sa main gauche, le Chef du clan pontifical dit : « Monseigneur le Grand Prêtre, lève ta main gauche ! »
Il dépose alors les deux sorts chacun sur un bouc, celui de la main droite sur le bouc de droite, et celui de la main gauche sur le bouc de gauche. Et s’il ne les pose pas, cela n’empêche pas la validité du tirage au sort, car c’est un commandement facultatif, alors que le tirage au sort est un commandement obligatoire, même si ce n’est pas une partie du culte sacerdotal. C’est pourquoi le dépôt peut être fait par un étranger à la famille sacerdotale, alors que le tirage des sorts est invalide s’il est fait par un autre qu’un Prêtre.

4. Il attache alors un ruban de pourpre d’un poids de deux selaïm sur la tête du bouc envoyé dans le désert, et le positionne face à la porte par laquelle il sera expédié. Un ruban est aussi attaché sur le cou du bouc à sacrifier.
Il sacrifie alors son taureau d’expiation, puis le bouc qui aura été désigné « pour D.ieu ».

5. Il apporte leur sang à l’intérieur du Heikhal et pratique 43 aspersions de leurs sangs ce jour-là. Voici comment:
Il asperge d’abord avec le sang du taureau 8 aspersions à l’intérieur du Saint des Saints, entre les brancards de l’Arche, au niveau de l’épaisseur du Kaporet. Ainsi qu’il est dit : « Il aspergera devant le Kaporet » (Lévitique, 16, 14). Il pratique une aspersion vers le haut et sept aspersions vers le bas. C’est une tradition orale qui dit que lorsque la Torah prescrit « il aspergera sept fois », il s’agit d’aspersions qui viennent en complément d’une première aspersion. Voici comment il comptait: une, une et une, une et deux, une et trois, une et quatre, une et cinq, une et six, une et sept. Pourquoi comptait-il ainsi ? Pour qu’il n’oublie pas et qu’il en vienne à compter la première aspersion parmi les sept.
Ensuite, il asperge le sang du bouc, huit fois, entre les brancards de l’Arche Sainte. Une fois vers le haut et sept fois vers le bas, qu’il décompte de la même façon que pour le sang du taureau.
Puis il recommence les aspersions dans le Heikhal, vers le Parokhet, du sang du taureau huit fois, une fois vers le haut et sept fois vers le bas, car il est dit ainsi à propos du sang du taureau « sur le Kaporet et devant le Kaporet ». Et il les compte comme il les a comptés à l’intérieur du Saint des Saints.
Puis il asperge ainsi du sang du bouc huit fois, une fois vers le haut et sept fois vers la bas, ainsi qu’il est enseigné pour le sang du bouc « il fera avec son sang comme il aura fait avec le sang du taureau ». Et il les compte comme il les a comptés à l’intérieur du Saint des Saints.
Pour toutes ces aspersions, il ne veille pas à asperger vers le haut ou vers le bas, mais se contente de projeter le sang.
Après quoi, il mélange les deux sangs du taureau et du bouc, et en pratique quatre aspersions aux quatre coins de l’Autel d’or qui est dans le Heikhal et sept aspersions sur le dessus de cet Autel.

6. Pour toutes ces 43 aspersions, il doit mettre son doigt dans le bol, pour chacune des aspersions, et ne peut pas faire deux aspersions à partir d’un seul recueil de sang. Le reste des sangs est versé sur le soubassement occidental de l’Autel extérieur.

7. Ensuite, il renvoie le bouc émissaire resté vivant, en le confiant à un délégué désigné pour l’accompagner jusqu’au désert.
Bien que cette tâche puisse être confiée à tout juif, les Grands Prêtres s’étaient donnés pour règle de ne pas laisser un simple Israélite l’emmener.
Des pavillons sont disposés de la sortie de Jérusalem jusqu’à l’entrée du désert, où ont pris place depuis la veille un ou plusieurs hommes pour pouvoir l’accompagner d’un pavillon à l’autre.
Dans chacun des pavillons, on lui propose à boire et à manger. S’il s’est affaibli et qu’il doit manger, il mange. De fait, il n’est jamais arrivé qu’il en ait besoin.
Les occupants du dernier pavillon s’arrêtent à la limite des « bornes du Chabbat », et restent à le regarder de loin.
Que fait-il ensuite ? Arrivé sur le lieu, il coupe le ruban de pourpre posé sur les cornes du bouc. Une moitié est attachée à un rocher, et l’autre moitié est attachée sur ses cornes.
Puis il le pousse à reculons dans le vide, et le bouc bascule et tombe. Il n’est pas arrivé à la moitié de la falaise, qu’il est déjà brisé.
L’accompagnateur revient alors jusqu’au dernier pavillon où il se repose jusqu’à la tombée de la nuit.
On avait l’habitude de préparer des postes d’observation, où l’on agitait un fanion pour faire savoir que le bouc était arrivé au désert.
Après avoir envoyé le bouc, le Grand Prêtre revient vers le taureau et le bouc sacrifiés dont il a aspergé les sangs à l’intérieur, les éventre et en sort les entrailles pour les déposer dans un bassin puis les consume sur l’Autel. Le reste des chairs est ensuite découpé en grands lambeaux entremêlés comme une tresse. Il ne les sépare pas et les fait porter par des aides jusqu’au bûcher. C’est là bas qu’ils sont découpés et brûlés avec leur peau, comme nous l’avons expliqué.

8. Une fois que le bouc est arrivé au désert, le Grand Prêtre sort vers la Cour des Femmes, pour la lecture de la Loi. Pendant qu’il lit, les viandes sont consumées au « lieu de combustion ». C’est pourquoi celui qui assiste à la lecture faite par le Grand Prêtre ne peut assister à la combustion du taureau et du bouc. Cette combustion peut être faite par un non-prêtre, comme nous l’avons dit. (Chapitre 7 des lois sur les Sacrifices).

9. Cette lecture de la Loi ne fait pas partie du culte, et c’est pourquoi s’il veut la faire avec ses vêtements blancs personnels, il peut le faire. Mais s’il veut lire en gardant ses vêtements blancs du culte, il peut aussi, car ces vêtements de culte peuvent lui servir même en dehors du culte.

10. Comment lit-il?
Le Grand Prêtre s’assoit dans la Cour des Femmes, et tous sont debout devant lui. Le bedeau de l’Assemblée prend un Rouleau de la Loi et le transmet au responsable de l’Assemblée, qui le transmet à l’Adjoint du Grand Prêtre, qui le donne au Grand Prêtre. Celui se lève pour recevoir le Rouleau debout, et en lit la section « A’harei Mot », puis le passage du « Mais le dixième jour » de la section des Fêtes, jusqu’à la fin du passage.
Il roule ensuite le rouleau de la Loi, le prend contre lui et déclare « bien plus que ce que je vous ai lu il y a dans ce livre ». Il lit ensuite de tête le passage « et le dixième jour » du livre des Nombres, jusqu’à la fin du sujet.
Pourquoi le lit-il de tête? Pour ne pas avoir à rouler une grande longueur du rouleau devant le public. Pourquoi ne lirait-il pas dans un autre Livre? Pour ne pas jeter un doute sur la validité du premier Livre.

11. Pour cette lecture, il récite les bénédictions d’avant et d’après la lecture, tout comme on le fait à la synagogue. On conclut par sept bénédictions supplémentaires, que voici :
« Agrée Éternel Notre D.ieu…, Nous nous prosternons devant Toi …, Pardonne-nous, car nous avons péché… » qu’il conclut par : « Béni sois-Tu Éternel, qui pardonne les fautes de Son peuple Israël avec miséricorde. » Cela fait trois bénédictions.
Puis il prononce au sujet du Temple une bénédiction dont l’essentiel est de demander la persistance du Temple et de la Présence Divine qui l’habite, qu’il conclut par : « Béni sois-Tu Éternel qui réside dans Sion. »
Une bénédiction porte sur le peuple d’Israël dont le sujet est que D.ieu sauve Israël et que la royauté y persiste, et il conclut « Béni sois-Tu Éternel, qui choisit le peuple d’Israël. »
Il dit encore une bénédiction sur les Prêtres: que D.ieu accepte leurs actions et leur service divin et les bénisse, et conclut « Béni sois-Tu Éternel, qui sanctifie les Prêtres. »
Une dernière bénédiction comprend des prières, des suppliques, des louanges et des demandes, en fonction de l’habileté de son langage, et conclut par « Épargne Ton peuple Israël, car Ton peuple Israël a besoin de salut. Béni sois-Tu Éternel, qui est attentif à la prière. »