C’était le lendemain de Yom Kippour. Yankel, le voleur du village pénétra dans la maison du Rabbin. Yankel était « renommé » pour être un voleur très doué. Bien que tout le monde connût son occupation obscure, il n’avait jamais, tout au long de sa longue carrière, été pris la main dans le sac ! Ce jour là, il portait deux sacs débordant d’objets volés en or : des candélabres, des bijoux, des antiquités, bref, tout ce qu’on peut imaginer emplissait ses sacs.
« Rabbi, s’écria Yankel en larmes, j’ai été si ému par les offices d’hier que j’ai décidé de rendre tous ces objets à leurs véritables propriétaires. Voulez-vous m’aider à les restituer? »
Le Rabbin, enchanté, félicita Yankel pour cette démarche droite et courageuse et se mit à rendre les objets de larcin à leurs propriétaires, ravis. Quand il revint chez lui, il vit que son bureau avait été dévalisé. Envolé tout l’argent mis de côté pour être distribué aux pauvres pour la fête de Soukkot!
Le Rabbin se précipita vers la maison de Yankel.
« Comment as-tu pu faire une pareille chose ? Qu’en est-il de tous tes remords et de tes bonnes décisions? » gronda-t-il.
« Rabbi, répondit Yankel, Yom Kippour est Yom Kippour, mais les affaires sont les affaires... »
La lecture de la Torah que l’on fait à Yom Kippour évoque le service du Grand Prêtre, dans le Temple, lors de ce jour le plus saint de l’année. Elle commence par les mots : « L’Éternel parla à Moïse après la mort des deux fils d’Aharon, quand ils s’approchèrent devant D.ieu, et ils moururent ».
D’autres religions, toutes axées sur la poursuite de spiritualité, auraient glorifié la sainteté de qui accomplit un tel acte Quelle relation peut bien avoir ce verset initial avec notre service personnel de Yom Kippour ? L’examen attentif du « péché » qui conduisit à la mort prématurée de Nadav et Avihou répond à cette question.
Le Tabernacle avait été inauguré par une révélation Divine à laquelle avait assisté la nation entière. Le Peuple Juif avait alors poussé un soupir de soulagement collectif, réalisant que D.ieu leur avait entièrement pardonné le péché du Veau d’Or. A ce moment historique et saint, les deux saints fils d’Aharon furent saisis d’une extase divine. Leur élévation spirituelle les fit se précipiter dans le Saint des Saints avec une offrande d’encens et là, leur âme fut saturée de Divinité et s’échappa pour être absorbée dans le Saint Feu qui jaillit pour accueillir ces âmes pures.
Alors que d’autres religions, toutes axées sur la poursuite de spiritualité, auraient glorifié la sainteté de qui accomplit un tel acte, le Judaïsme le considère , quant à lui, avec suspicion. Les élévations spirituelles sont exaltantes et inspirantes, mais elles ne constituent pas la raison pour laquelle nous avons été créés. Nous avons été créés pour imprégner de Divinité notre environnement matériel, et ce, par les Mitsvot, actions apparemment très concrètes. Toute élévation spirituelle qui ne trouve pas ensuite son expression dans la vie quotidienne est, certes, enivrante, mais concrètement inutile.
Quelle leçon importante à garder en tête le jour de Yom Kippour !
« Les affaires » ne peuvent pas continuer comme auparavant après Yom Kippour. Le but suprême de ce jour saint, le jour où nous sommes comparés à des anges vêtus tout de blanc, est de donner du sens et de la sainteté aux « affaires » de tous les jours.
Commencez une discussion