Yom Kippour est un jour différent, chacun le sait. Ce n’est pas pour rien que les Sages l’appellent « jour unique de l’année ». En particulier, à l’époque du Temple de Jérusalem, une cérémonie s’y déroulait qui n’avait lieu qu’à ce moment : le Cohen Gadol – le grand prêtre – entrait dans le Saint des Saints, ce lieu, différent entre tous, où se trouvait l’Arche d’Alliance contenant les Tables de la Loi et où la Présence Divine Se manifestait constamment. Il pénétrait alors dans l’espace le plus intérieur du Temple, où l’infini et le fini ne faisaient plus qu’un, et priait pour tous. La liturgie de Yom Kippour décrit longuement chaque étape de l’œuvre qu’il accomplissait. Elle nous permet ainsi de la revivre dans sa plénitude tant il est vrai que les mots de la prière sont bien plus que des supplications, des louanges ou des invocations. Ce sont des mots porteurs d’une véritable puissance créatrice. Il ne peut en être autrement, car le Judaïsme ne se vit pas au passé, mais, très concrètement, au présent. S’il en est ainsi, qu’en est-il d’une cérémonie disparue depuis la destruction du Temple, qui, aujourd’hui, n’existe que dans nos livres ? En quoi est-elle partie prenante de notre réalité ?
Yom Kippour nous conduit à enfin pénétrer au plus profond de nous-mêmesC’est que Yom Kippour nous conduit à enfin pénétrer au plus profond de nous-mêmes. Durant toute l’année, nous nous sommes efforcés d’accomplir au mieux la Volonté Divine et y sommes parvenus, sans doute, dans toute la mesure de nos moyens. Et nous avons rêvé d’aller plus loin, de parvenir à exprimer ce que nous portons en nous, dont nous percevons la voix sans toujours être capables d’en comprendre le message : notre âme. Elle nous fait vivre, nous anime, est ce souffle indispensable sans lequel nous ne serions rien, une « partie de D.ieu » disent nos textes. Pourtant, l’obscurité de chaque jour, l’épaisseur du quotidien parviennent parfois à masquer sa lumière. Arrive Yom Kippour et voici que sa puissance se révèle. Voici qu’elle conduit chacun à la synagogue, comme pour des retrouvailles avec D.ieu et avec soi. Tout se passe comme si, au moment où le Cohen Gadol pénètre dans le Saint des Saints, nous voyions s’ouvrir devant nous les portes de notre Moi intérieur, en une bouleversante invitation à entrer.
Notre Temple intérieur est ainsi à notre portée. Il se dresse dans toute sa splendeur, parfait depuis l’origine. Il attend simplement qu’on en franchisse le seuil. C’est là, en nous, que les plus grandes merveilles se trouvent. À (re)découvrir, à vivre. Pour être enfin scellés dans le Livre de la Vie.
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