De la société civile montent parfois des demandes dont l’importance voire la nécessité ne peut être ignorée par personne. De telles demandes témoignent alors qu’une nouvelle vision du monde s’est peu à peu installée et qu’elle a modifié le rapport que chacun pouvait entretenir avec son environnement. C’est ainsi qu’une question comme le temps consacré au travail, dans la semaine, le mois, l’année ou la vie, a tout à coup émergé avec toute l’urgence habituellement réservée à l’actualité brûlante. Si ce point a traditionnellement figuré dans la série des revendications sociales et si son poids ne peut être remis en cause, cependant rien ne le désignait par avance comme un problème à résoudre toute affaire cessante.
Voilà donc que l’homme contemporain a redécouvert le prix du temps. Voici que toutes les avancées acquises au fil des années ne parviennent plus à occulter cette idée essentielle : pour être libre, il faut disposer de temps. L’homme se souvient ainsi de la fonction qui lui avait été assignée au début de la Création : régner sur le monde et en faire un lieu de vie, de sérénité et d’harmonie.
Pourtant, le temps libre est exigeant. Il crée des espaces où, brutalement, l’homme est face à lui-même, où le tumulte du monde n’est plus là pour étouffer la voix intérieure qui dit la grandeur et la difficulté de la condition humaine. Il lui appartient alors de prendre son temps en main afin qu’il ne devienne, comme un désert de l’âme et de l’esprit, un enfer quotidien.
Peut-être est-ce justement l’occasion de redécouvrir le sens des choses et d’abord celui de sa propre vie ? Quand le temps devient le rythme d’une avancée personnelle, quand ses minutes scandent la liberté de la réflexion, de l’étude et du lien avec D.ieu, il donne au monde ses plus brillantes couleurs. Le peuple juif a, de longtemps, l’expérience de ce temps éternel. Cela s’appelle le Chabbat, comme un point d’orgue sur la richesse des harmonies de la semaine. Comme un prélude aussi à l’époque où le temps ne sera plus qu’une des dimensions du lien avec D.ieu.
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