La réponse courte est que l’on peut certainement porter une écharpe d’une manière qui couvre à la fois le nez et la bouche. Et, selon la plupart des rabbins, on peut également porter un masque de protection à l’extérieur le jour du Chabbat.
Une réponse plus longue
Bien que la permission de porter une écharpe d’une manière qui couvre à la fois le nez et la bouche soit assez évidente, le port d’un masque à l’extérieur le jour du Chabbat est un peu plus compliqué.
Le Chabbat, bien que nous ne puissions pas transporter d’objets à l’extérieur d’un erouv, nous pouvons porter des vêtements ou un takhshit (lit., bijou). Mais qu’est-ce qui constitue un vêtement ?
De plus, même si un article est considéré comme un vêtement, les rabbins interdisent de sortir avec un vêtement qu’une personne a tendance à enlever et à porter.
Différents types de masques
La question de savoir si quelque chose remplit les critères d’un vêtement dépend, entre autres, du matériau dont il est fait, de la finalité qu’il sert, des normes sociétales et de la façon dont il est porté.
Fait intéressant, le Talmud et le Code de la loi juive mentionnent l’interdiction de sortir avec un masque le Chabbat.1 Cependant, cela fait référence à un masque facial porté en déguisement (pour effrayer les enfants), ce qui n’est clairement pas le cas ici.
Un masque facial porté à des fins de protection n’est apparemment pas différent d’un article porté pour se protéger de la douleur ou de blessures, considéré comme un vêtement et qui peut donc être porté à l’extérieur le jour du Chabbat.2 Cela serait autorisé même s’il n’est pas porté exactement comme un vêtement ordinaire est généralement porté.3 Étant donné que, dans les climats froids, les gens portent des masques sur le nez et la bouche, il semble clair qu’un masque tomberait dans la catégorie des vêtements ordinaires.4
Le port d’insignes juifs antisémites
Mais même si les masques ne sont pas des vêtements que les gens portent habituellement, le fait qu’ils soient maintenant couramment portés – puisque leur port est soit imposé soit fortement encouragé par les autorités (selon votre localité) – les rend-il des vêtements en bonne et due forme ?
Au XIIe siècle, le rabbin Its’hak ben Moché (auteur du Or Zaroua) a écrit sur les insignes antisémites – tels que la rouelle – que les juifs de France étaient tenus de porter à l’époque. Il a statué que l’on était autorisé à sortir avec le jour du Chabbat puisque l’insigne était attaché au vêtement et était donc batel, « annulé », à celui-ci.5 Cela semble indiquer que le seul fait qu’ils aient été imposés ne suffit pas à leur conférer le statut de vêtement.
Cependant, les deux scénarios sont assez différents. Dans le cas des insignes, ils ne sont portés que s’ils sont attachés d’une manière ou d’une autre. Les masques, en revanche, sont concrètement portés, et le seul débat est de savoir si leur port est considéré comme la norme sociétale en vigueur. Ainsi, l’injonction du gouvernement et le port de masque qui en résulte par les masses devraient à eux seuls suffire.6
Un vêtement sujet à être retiré
Bien que nous ayons décrit certaines des raisons pour lesquelles un masque serait considéré comme un vêtement, les masques sont parfois très inconfortables à porter, et les gens sont enclins à les ajuster ou à les retirer (partiellement) de leur visage pour parler à quelqu’un. Cela nous amène à la question de l’interdiction rabbinique de sortir avec un vêtement que les gens ont tendance à enlever.
Nous constatons, cependant, que cette préoccupation n’est pas aussi grande dans une situation où la personne a de bonnes raisons de garder le vêtement. Ainsi, par exemple, si une personne porte des gants à l’extérieur dans un climat relativement chaud, il y a une crainte qu’elle retire les gants pour se gratter le visage. Cependant, dans un climat plus froid, cette crainte est moins forte et le besoin est plus grand, de sorte que l’on peut être permissif.7 Il en va apparemment de même pour le port d’un masque à l’extérieur, du fait que tout son but est de protéger.8
À la lumière de ce qui précède, il serait permis de porter un masque à l’extérieur, bien que nous prions pour le jour où tous seront guéris et où toutes ces mesures ne seront plus nécessaires.
Rejoignez la discussion