Il est difficile de se réveiller le matin en se sentant spirituel. Vous ouvrez les yeux et vous êtes probablement plus conscient des besoins de votre corps (faim, fatigue) que de ceux de votre âme (comme le besoin de prier D.ieu et d’attirer plus de lumière divine). Et pourtant, nous commençons notre journée par des prières remplies de demandes spirituelles pour la révélation de la lumière divine. Comment pouvons-nous alors « parler franchement » ? Il y a de fortes chances que l’on ne ressente pas consciemment un tel vide spirituel, que l’on n’ait pas nécessairement le sentiment de désirer consciemment la révélation de la lumière spirituelle.

Pour cela, il nous faut une préparation mentale. C’est pourquoi nous n’entamons pas la prière de la Amida au saut du lit, mais nous avons une « séance d’étirement » pour nous préparer à l’effort. Tous les paragraphes qui précèdent la Amida servent de préparation. Les prières qui sont remplies de louanges à D.ieu ne visent pas tant à Le louer pour qu’Il soit plus réceptif à nos demandes, qu’à nous entendre nous-mêmes absorber des mots de louange afin de nous sentir consciemment prêts pour la Amida. Le but est qu’au moment où nous entamerons celle-ci, nous désirions vraiment plus de lumière spirituelle. C’est pourquoi la concentration sur les mots que nous prononçons est une partie cruciale du processus de prière.

Que disons-nous ? Avant le Chéma, nous lisons une description détaillée des louanges et des chants que les anges chantent et de la façon dont ils sont réduits à néant devant D.ieu.

Cela nous fait réfléchir. Imaginez que votre meilleure amie se soit fiancée et qu’à l’approche du mariage, une collègue de travail lambda ait commencé à organiser sa « bridal shower », à faire du shopping avec elle et à l’aider à organiser son grand jour. Vous réalisez soudain que, pendant que vous vaquez à vos occupations quotidiennes, une personne inconnue s’occupe d’aider votre amie dans ses préparatifs. Cela vous inciterait à lui tendre la main et à lui proposer votre aide...

Dans le même ordre d’idées, vous commencez à réfléchir à la façon dont les anges louent D.ieu. Les anges sont appelés omdim, « ceux qui se tiennent debout », car ils sont immobiles et se tiennent à un endroit précis. Les anges ne peuvent pas grandir spirituellement et sont spirituellement comparés à des pieds. Nous, en revanche, sommes spirituellement comparés à la tête. Le peuple juif est appelé Israël, dont les lettres sont les mêmes que les mots hébreux li roch, ce qui revient à dire que D.ieu dit « ma tête ». Vous, le Juif, êtes le meilleur ami de D.ieu. Vous réalisez soudain que vous (la « tête ») vaquez à vos occupations quotidiennes tandis que les anges (les « pieds ») sont remplis d’amour et d’admiration pour D.ieu. Vous vous occupez de vos besoins matériels tandis que les anges sont occupés à louer D.ieu.

C’est une pensée qui incite à l’humilité. Et cela vous pousse à désirer une connexion plus profonde avec D.ieu et à faire ce qu’il fait pour l’obtenir. Cela vous pousse à la techouva, qui signifie « retour ». Vous voulez revenir au vrai vous, à votre essence, et révéler plus de divinité dans ce monde. Cela vous prépare à avoir l’état d’esprit nécessaire pour prier.

Comme le disent les sages, « on ne peut prier qu’avec un koved roch », ce qui signifie littéralement « avec une tête lourde ». À première vue, cela signifie qu’il faut prier avec humilité. Mais cela fait également allusion au processus de pensée qui conduit à se sentir humble, c’est-à-dire au fait que la tête, le Juif, ne sert pas D.ieu comme il le devrait et qu’il est peut-être tombé de sa mission comme un objet lourd qui est tombé par terre. En pensant à cela, on a la tête inclinée, un désir humble et sincère de retourner à D.ieu. C’est ce qu’on appelle le réouta deliba, qui se traduit littéralement de l’araméen par « désir du cœur ».

Le vide que vous ressentez vous pousse à revenir à votre essence et à supplier D.ieu de Se révéler dans ce monde. Vous ne voulez pas seulement affirmer être la meilleure amie de D.ieu, vous voulez l’être en pratique. Après les prières des anges et le Chéma, vous arrivez à la Amida et vous pouvez dire du plu profond de votre être, avec un véritable désir du cœur : Baroukh ata Hachem – « Puissé-je puiser la lumière dans l’essence de D.ieu ».

Et vous pouvez alors le dire franchement.

Réflexion spirituelle : Le fait d’être conscient d’un vide spirituel vous incite à supplier D.ieu pour une révélation spirituelle – et à le dire franchement.

Source : Maamar lo hibit avone beYaakov dans Likoutei Torah, tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitre 4.