Certains concepts effraient l’âme animale. Lorsqu’elle entend parler de concepts spirituels comme la transcendance de soi ou l’effacement devant une Puissance supérieure, elle s’affole. Ainsi, pour éveiller le grand amour de D.ieu qui élèvera l’âme animale (appelé le « feu d’en haut »), il est nécessaire d’avoir un dialogue sincère avec elle, pour obtenir son assentiment.

Voici à quoi pourrait ressembler une telle conversation à cœur ouvert :

L’âme animale : J’entends tous ces discours sur le bitoul, sur l’annulation de mon existence, sur la soumission à D.ieu. Tu comprends bien que ce n’est pas mon langage. Je ne suis préoccupée que de moi... moi... moi !

Vous : En réalité, tu ne fais que sembler être centrée sur toi-même. Voici ce qui est remarquable : tu proviens en fait d’une source très élevée. Tu proviens en réalité des anges de feu du char divin d’Ézéchiel.

Qu’est-ce qu’un char ? Un char ne possède pas de volonté propre. Un conducteur ne demande jamais à son char dans quelle direction il souhaite aller. Le conducteur dirige le char, qui n’a aucune volonté personnelle.

Dans ta source, tu n’as aucune volonté propre. Tu t’enflammes à l’idée d’être unie à D.ieu et d’éprouver Son amour.

Si tu penses à ta source dans le char spirituel, un déclic se produira en toi. Cela prendra tout son sens. Tu réaliseras qu’il est en fait plus naturel pour toi de t’enthousiasmer à servir D.ieu que toute autre chose.

L’âme animale : Mais ce n’est pas du tout moi ! Il me faudrait devenir une créature totalement nouvelle pour commencer à aimer D.ieu. Je ne sens pas que j’« aime » D.ieu ! J’aime la pizza, les plaisirs sensuels, les vacances. Aimer D.ieu ne me correspond pas du tout !

Vous : Il est vrai que tu as la faculté de vouloir et de désirer les choses matérielles, mais tu n’es pas aussi attachée à l’objet de ton désir que tu le penses. Tu peux séparer ton instinct et ta capacité de plaisir de l’objet de ton plaisir. Ce qui signifie que tu peux toujours aimer, mais qu’au lieu d’aimer la matérialité, tu peux aimer D.ieu, la source de tout.

Tu ne changes pas totalement ton essence, et tu n’as pas vraiment besoin de te transformer. Tu dois simplement te souvenir de ta véritable source originelle : un amour ardent et passionné pour D.ieu. Tu dois révéler ce que tu es déjà dans ton essence.

L’âme animale : Et mon « moi » et tous ses désirs ?

Vous : C’est cela le véritable « soi », c’est le véritable toi. Quand tu comprendras cela, tout changera.

Tu éprouves déjà de l’amour, et tu peux le détacher des plaisirs physiques pour le canaliser vers D.ieu. C’est qui tu es vraiment, et finalement, c’est un soulagement d’arrêter de combattre ton aspiration la plus profonde. Ton véritable désir est d’être entièrement annulée dans ta source, de t’abandonner entièrement à D.ieu et d’être un instrument de Sa volonté. Au plus profond de toi, tu aspires véritablement à transcender ton ego, et non à t’y complaire.

L’âme animale : Ah, je comprends. Je vois comment, derrière tous les désirs physiques insatiables, réside un désir profond et brûlant de s’unir à D.ieu, et de s’abandonner entièrement en Lui.

Oui, pour que votre âme animale intègre le projet de l’âme divine de tout son cœur, elle doit en accepter l’idée. Et il nous revient de l’y amener. C’est ce type de « dialogue » que vous pouvez avoir avec votre propre âme animale, et c’est là l’essence de la prière : rallier l’âme animale.

La démarche intellectuelle décrite ci-dessus est importante en soi pour que l’âme animale soit sur la même longueur d’onde que l’âme divine, et c’est ce qu’on appelle « le feu d’en bas ». Le « feu d’en bas » donne naissance à un amour fondé sur la prise de conscience par l’âme animale que sa source est les anges du char divin. Cela active alors le « feu d’en haut », où la source même de l’âme animale est révélée et l’amour de D.ieu brûle alors en elle.

Lorsque la véritable essence de l’âme animale est révélée, elle peut se détacher des plaisirs physiques et aspirer à la spiritualité. Elle devient soudainement un animal entièrement nouveau.

C’est la raison de toutes les évocations des anges dans les prières précédant le Chéma. Quand l’âme animale entend parler de la façon dont les anges sont annulés devant D.ieu et complètement soumis à Lui, cela l’aide dans son propre processus de soumission à D.ieu. Elle reconnaît que dans sa source, elle est exactement comme ces anges, et qu’au plus profond d’elle-même, la seule chose qu’elle désire vraiment est l’union avec D.ieu.

Et lorsque l’âme animale devient ainsi épurée, cela reproduit fidèlement ce que réalisaient les sacrifices dans le Temple : l’élévation de l’âme animale et la transcendance du soi.

Réflexion spirituelle : Essentiellement, le désir le plus authentique de l’âme animale est de s’unir à D.ieu, mais il nous revient de parler son langage pour obtenir son assentiment.

Source : Maamar Ki Tétsé LaMil’hama,dans Likoutei Torah, tel qu’expliqué dans ‘Hassidout Mevouéret, chapitre 3.