Il arrive qu’un conjoint fasse preuve de tolérance envers les passions ou autres lubies de l’autre. L’un est passionné de santé, et l’autre feint de s’y intéresser, en retenant un soupir d’exaspération. Ou l’un est fan de sports, alors que l’autre prend son mal en patience, sans enthousiasme.
D’autres fois, la ferveur de l’un finit par gagner l’autre, au point qu’on ne saurait plus dire lequel manquait d’entrain au départ.
La même dynamique s’observe entre l’âme animale et l’âme divine. C’est une chose que l’âme animale accepte un peu, vaguement, de suivre l’âme divine. Mais c’en est une tout autre qu’elle s’y engage pleinement et se transforme au point d’en venir, elle aussi, à éprouver un véritable amour pour D.ieu.
C’est précisément le rôle de la prière du Chéma : une méditation d’une telle puissance qu’elle transforme en profondeur les penchants et les désirs de l’âme animale.
La prière du Chéma nous enseigne à voir au-delà, vers la compréhension la plus profonde :
« Chéma Yisraël : Écoute, Israël ». Un Juif doit écouter intérieurement, non de manière superficielle, mais avec profondeur et compréhension, afin que l’âme animale saisisse véritablement le message.
« Chéma » — Écoute et intériorise que Hachem Élokénou, « l’Éternel est notre D.ieu ». Médite sur le fait que l’Éternel, dans Son essence, est notre D.ieu, notre énergie et force vitale.
« L’Éternel est Un » — D.ieu n’est pas seulement notre force vitale ; l’Éternel est Un, ce qui signifie non seulement l’absence de toute autre divinité, mais qu’Il est littéralement un. Le monde est un avec D.ieu puisqu’Il l’a créé et le maintient continuellement en existence. Il n’y a pas d’existences multiples : l’univers tout entier est littéralement un avec D.ieu.
Cette méditation sur le Chéma est liée au monde spirituel d’Atsilout : le Monde de l’Émanation, selon la terminologie kabbalistique, le plus élevé des quatre mondes spirituels. Ce plan d’existence spirituelle est entièrement un avec la lumière divine de D.ieu.
Le mot hébreu é’had (« un ») se compose de trois lettres hébraïques portant chacune un sens : alef, ‘het et dalet.
Méditez ceci : la valeur numérique du alef est un ; cela signifie que D.ieu est Un, et que Son essence rayonne à travers tous les modes et attributs dont Il se manifeste dans le monde d’Atsilout. La deuxième lettre, ‘het, est la première de ‘hokhma (« sagesse ») : le premier attribut par lequel D.ieu Se manifeste. La troisième lettre, dalet, représente dibour (« parole »). D.ieu est un dans tous Ses attributs : depuis le premier, la sagesse, jusqu’au dernier, la parole.
L’Éternel est notre D.ieu parce que Son essence est notre force vitale ; nos âmes peuvent comprendre cela ! Nous pouvons ressentir l’unité de D.ieu et reconnaître ce qui se passe dans le monde spirituel d’Atsilout ! Nous pouvons concevoir ce grand monde spirituel, appelé le « monde de l’unité », car, bien que D.ieu soit un avec toute Sa création, c’est dans ce monde d’Atsilout que cela est apparent !
Quand l’unité de D.ieu est révélée ainsi, lorsque l’âme divine comprend qu’il n’existe aucune existence autre que la divinité, cela touche non seulement l’âme divine, mais également l’âme animale. L’âme divine ne se borne pas à « conquérir » l’âme animale ou à l’entraîner à contrecœur : l’âme animale est réellement transformée et voit la lumière. Quand on prie et médite ainsi, l’âme animale ne se contente pas de tolérer superficiellement la sainteté ; elle aussi en vient à aimer passionnément D.ieu.
C’est pourquoi, après les mots « L’Éternel est Un », on peut dire : « Tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur ». Le mot hébreu pour « ton cœur », levavekha, contient deux lettres beth, ce qui évoque les deux « cœurs » désormais remplis d’amour pour D.ieu : le cœur de l’âme divine et celui de l’âme animale.
Ainsi, même si les prières qui précèdent le Chéma revêtent leur importance, c’est bien la prière du Chéma elle‑même qui amène l’âme animale à aimer D.ieu.
Et alors elles deviennent comme deux époux avec un même but.
Note spirituelle : c’est la révélation de l’unité véritable de D.ieu qui fait passer l’âme animale de la séparation à l’union avec D.ieu.
Source : le Maamar Ki Tetsé Lamil’hama, dans Likoutei Torah, expliqué au chapitre 6 de ‘Hassidout Mévouéret.
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