Il est une coutume répandue de chanter des hymnes à la gloire du prophète Élie ou au moins de le mentionner à motsaei Chabbat (le samedi soir). Comme le dit le Code de Loi juive, en faisant mention d’Élie, nous prions « qu’il vienne proclamer la rédemption ».1
Mais quel est le lien entre Eliahou HaNavi – Élie le Prophète – et le samedi soir ?
Dès la première occasion
Le raisonnement de base est qu’Élie le Prophète est décrit par le prophète Malachie comme l’annonciateur de l’arrivée de Machia’h et de la rédemption finale.2
Le Talmud affirme qu’Élie ne viendra pas un vendredi afin de ne pas déranger le peuple juif au milieu de sa préparation du Chabbat.3 De plus, il est interdit de voyager au-delà d’une certaine limite le Chabbat (le te’houm Chabbat, soit 2000 coudées en dehors de la ville), et d’après l’opinion selon laquelle cette interdiction s’applique également aux voyages non terrestres (lorsque le voyage s’effectue à plus de dix largeurs de main du sol), Élie ne pourrait pas non plus venir le Chabbat.4
C’est la raison pour laquelle, lorsque le Chabbat est passé et qu’Élie peut de nouveau venir, nous mentionnons son nom comme une prière pour qu’il vienne effectivement nous annoncer la rédemption.5
Fait intéressant, le Rabbi a contesté la notion selon laquelle Élie ne peut pas venir le Chabbat. Il a cité la loi voulant que si une personne prend le vœu d’être un nazir en stipulant que ce vœu démarre le jour de l’arrivée de Machia’h, il pourrait également être un nazir le jour du Chabbat,6 ce qui indique que Machia’h (qui suit Élie) puisse venir ce jour-là.
Dans un échange fascinant avec Rabbi Pin’has Mena’hem Alter (qui deviendrait plus tard le Rabbi de Gour), le Rabbi a fait remarquer que nous prions pour que Machia’h vienne chaque jour, y compris le Chabbat. Lorsqu’il lui fut demandé comment cela cadrait avec les affirmations susmentionnées sur la venue d’Élie, le Rabbi de Loubavitch répondit qu’Élie, qui est destiné à répondre à de nombreuses questions complexes que les sages ont laissé en suspens,7 « sera certainement en mesure de venir [le Chabbat] et de répondre de quelle manière cela fonctionne ».
Concernant la tradition selon laquelle Machia’h ne viendrait pas vendredi, le Rabbi a commenté : « Certainement, les Juifs ne se plaindront pas s’il est venu erev Chabbat, même si cela signifie qu’ils prépareront moins de nourriture pour le Chabbat. »
Rabbi Pin’has Mena’hem répondit (et le Rabbi acquiesça) que ce ne sont pas seulement les Juifs qui sont en exil ; D.ieu aussi est en exil, et Il ne se plaindrait certainement pas si Élie venait le jour de Chabbat !8
Celui qui chante la louange sous l’arbre
Une autre raison donnée pour cette coutume est qu’il est rapporté au nom du Midrash que chaque motsaei Chabbat, Élie entre dans le jardin d’Éden, s’assoit sous l’Arbre de Vie et évoque les mérites des Juifs, en particulier de ceux qui ont pris soin de garder la sainteté du Chabbat.9
Distinctions
Havdalah, le nom de la prière qui marque la fin du Chabbat et le début de la semaine de travail, signifie « séparation ». Son texte fait l’éloge de D.ieu « qui distingue le saint du profane, la lumière de l’obscurité, Israël des nations, le septième jour des six jours d’activité ».
Ceci est lié à Élie qui, selon certaines opinions,10 aura pour tâche de distinguer et de clarifier la lignée des familles juives.11
Encore un Chabbat et Machia’h viendra
Selon la tradition, si tous les Juifs respectent un seul Chabbat, Machia’h viendra. Ainsi, à la fin du Chabbat, nous nous tournons vers D.ieu en disant : « Nous avons observé le Chabbat, maintenant envoie Élie annoncer la rédemption. »
Quoi dire
Il existe différentes coutumes concernant la façon dont le nom d’Élie est invoqué. Certains disent son nom un certain nombre de fois (par exemple, ils disent « Eliyahou Hanavi » 40 fois, « Eliyahou Hatishbi » 40 fois, « Eliyahou Haguiladi » 40 fois, puis récitent à nouveau trois fois chacun et concluent par « Eliyahou Hanavi », ce qui fait un total de 130 fois. Ils concluent ensuite par « bimhéra yavo éleinu im Machia’h ben David », « il viendra rapidement à nous avec Machia’h ben David »).12 D’autres récitent tous les versets de l’Écriture qui mentionnent son nom,13 tandis que beaucoup chantent ou récitent simplement un hymne qui le mentionne.
Il est dit que le fait de mentionner Élie à motsaei Chabbat est un remède (une ségoula) contre l’oubli et suscite des bénédictions pour une semaine réussie.14
Bien sûr, le point principal est de commencer la semaine par une fervente prière qu’Élie annonce la rédemption finale. Puisse-t-elle advenir rapidement de nos jours !
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