Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, fondateur de l’école ‘Habad du ‘hassidisme, naquit le 18 Eloul 5505 (septembre 1745) et quitta ce monde le 24 Tévet 5573 (décembre 1812). Rabbi Chnéour Zalman était un disciple de Rabbi DovBer de Mézeritch, qui était lui-même un disciple de Rabbi Israël Baal Chem Tov, le fondateur du mouvement ‘hassidique. En tant que telle, l’école de ‘Habad fondée par Rabbi Chnéour Zalman est universellement considérée comme un courant du mouvement ‘hassidique général, et demeure pourtant manifestement distincte de l’ensemble des autres groupes ‘hassidiques.
Aujourd’hui, ce phénomène est marqué par la prise en compte par ‘Habad de la modernité, contrairement à l’attitude plus cloîtrée des autres communautés ‘hassidiques. Beaucoup ont attribué cette différence aux innovations introduites par le septième chef de ‘Habad-Loubavitch, le regretté Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson (1902-1994), qui prit les rênes du mouvement en 1951 et en fit l’organisation internationale basée à New York qu’il est aujourd’hui. En vérité, cependant, la distinction entre ‘Habad et le ‘hassidisme « mainstream » (souvent appelé « ‘hassidisme polonais ») remonte à ses racines les plus anciennes sous la direction de Rabbi Chnéour Zalman.
Dans cet article, nous examinerons la nature de cette distinction, telle qu’elle est discutée dans la littérature interne du mouvement ‘hassidique ‘Habad et dans une récente biographie de Rabbi Chnéour Zalman par le célèbre historien, le professeur Emmanuel Etkes de l’Université hébraïque de Jérusalem.1
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De quelle manière reconnaissable les voies et les enseignements ‘hassidiques de notre grand Rabbi sont-ils comparables aux voies et aux enseignements ‘hassidiques de notre maître le Baal Chem Tov ?Le 24 Tévet 5692 (janvier 1932), Rabbi Yossef Its’hak Schneerson (1880-1950), le sixième Rabbi de ‘Habad-Loubavitch, écrivit une lettre2 à son gendre, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, répondant à cette question : « De quelle manière reconnaissable les voies et les enseignements ‘hassidiques de notre grand Rabbi [c’est-à-dire Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi] et des Rabbis et chefs de ‘Habad [qui lui succédèrent] sont-ils comparables aux voies et aux enseignements ‘hassidiques de notre maître le Baal Chem Tov ? Aux yeux de l’observateur, les voies et les enseignements ‘hassidiques des Rabbis de Volhynie, de Pologne et de Galicie ne sont-ils pas plus proches des voies et des enseignements ‘hassidiques du Baal Chem Tov que ceux de ‘Habad, en particulier concernant [l’attitude envers] les miracles ? »
Dans une lettre ultérieure, datée du 2 février 5692,3 Rabbi Mena’hem Mendel réitérait sa perplexité persistante quant à l’attitude de ‘Habad vis-à-vis des traditionnelles histoires ‘hassidiques de miracles, citant « l’adage souvent répété, selon lequel : “Chez ‘Habad, on ne valorise pas les miracles” ». Cette attitude semble explicitement s’écarter d’un élément généralement considéré comme l’une des caractéristiques mêmes du ‘hassidisme. De même, les enseignements de Rabbi Chnéour Zalman et des Rabbis qui lui succédèrent comme dirigeants de ‘Habad semblent différer largement des enseignements du Baal Chem Tov, du Maguid de Mézeritch et de tous les autres chefs ‘hassidiques, tant dans leur forme que dans leur contenu.
Les enseignements adoptés par l’école ‘Habad peuvent-ils être considérés comme authentiquement représentatifs des enseignements ‘hassidiques du Baal Chem Tov ? Rabbi Yossef Its’hak conclut que la réponse est oui. Près de huit décennies plus tard, le Professeur Emmanuel Etkes arrive à la même conclusion.
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Un élève doit être capable d’étudier les brefs propos de l’enseignant et parvenir finalement à apprécier l’ample profondeur initialement contenue dans la pensée du maître.L’argument central de la démonstration de Rabbi Yossef Its’hak débute par une interprétation du dicton talmudique : « Un homme doit toujours communiquer à son disciple d’une manière concise (derekh ketsarah). »4 Rabbi Yossef Its’hak interprète cela comme signifiant qu’un élève doit être capable d’étudier les brefs propos de l’enseignant et parvenir finalement à apprécier l’ample profondeur et les nombreuses ramifications initialement contenues dans la pensée du maître.5
Rabbi Yossef Its’hak compare le paradigme éducatif dans son ensemble, et chaque communication pédagogique individuelle, à un chemin (derekh). Il existe pour cela deux voies : 1) « Un maître enseigne à un disciple ; il lui montre la voie, et le place sur le chemin, mais c’est seul que le disciple doit le parcourir... 2) Pour un Rabbi et un ‘hassid, il n’est pas suffisant que la voie soit désignée [à l’étudiant] et qu’il soit placé sur le chemin, mais le Rabbi doit marcher avec lui, le guider au fur et à mesure des éléments spécifiques du chemin et de ses possibilités...
Les deux aspects de ce paradigme pédagogique, affirme Rabbi Yossef Its’hak, sont harmonisés et incarnés dans la relation entre les enseignements du Baal Chem Tov, fondateur du ‘hassidisme, et ceux de Rabbi Chnéour Zalman, fondateur de ‘Habad. Le Baal Chem Tov a montré la voie et a placé le peuple juif sur le chemin ‘hassidique, et Rabbi Chnéour Zalman a fourni des conseils pratiques à chaque étape de ses méandres. « Le Baal Chem Tov a enseigné comment il convient de servir D.ieu, et notre maître, notre Grand Rabbi [c’est-à-dire, Rabbi Chnéour Zalman] a enseigné comment il est possible de servir D.ieu. »
Alors que l’étude du professeur Etkes s’appuie presque exclusivement sur la méthodologie appliquée de l’érudit critique, ses conclusions font écho à Rabbi Yossef Its’hak avec une familiarité frappante.Tout en forgeant un chemin méthodologique unique et en épousant un système spirituel innovateur de grande profondeur, Rabbi Chnéour Zalman n’a pas dévié d’un iota des enseignements du Baal Chem Tov. La contribution de Rabbi Chnéour Zalman fut l’orientation pratique et l’accessibilité spirituelle qu’il offrit à tout homme, « en l’admonestant, en le réprimandant, en l’inspirant et en lui procurant soin et remède ; en le réconfortant et en l’encourageant, et en l’amenant à la vérité par un programme de repentance et de service, chacun selon sa position, [Rabbi Chnéour Zalman] l’extrait [c’est-à-dire, l’homme du commun] du fumier et de la saleté, le rince et le purifie, et le place dans la salle des rois. »
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Le récit de Rabbi Yossef Its’hak est enthousiaste et d’un riche style rabbinique, éclairé par sa connaissance intime des textes ‘hassidiques, de la culture interne du mouvement ‘hassidique dans son ensemble et de ‘Habad spécifiquement, et par son effort assidu d’accumuler et de préserver la mémoire ‘hassidique collective, la corroborant aussi bien en interne qu’avec les preuves documentaires qu’il put obtenir. Bien que la très longue étude du professeur Etkes soit rédigée dans un style très différent et repose presque exclusivement sur une documentation de première main et sur la méthodologie appliquée de l’érudit critique, ses conclusions font écho à Rabbi Yossef Its’hak avec une familiarité frappante.
Les dirigeants ‘hassidiques durent trouver une méthode pour traduire leur message de mysticisme théosophique en des termes appropriés au développement spirituel du public plus général.Le professeur Etkes décrit comment le leadership ‘hassidique dans la génération qui suivit le décès de Rabbi DovBer, le Maguid de Mézeritch, fut en proie à un nouveau dilemme : en établissant des centres localisés dans les zones où ils avaient vécu avant de voyager à Mézeritch, ils exposèrent une plus large section de la société juive, y compris « une large couche des gens les moins instruits », au phénomène ‘hassidique. Les dirigeants ‘hassidiques devaient désormais trouver une méthode pour traduire leur message de mysticisme théosophique en termes appropriés au développement spirituel du public plus général.
Beaucoup promurent l’idée du Rabbi ‘hassidique (ou tsadik) comme étant un pont, quelqu’un dont les accomplissements spirituels personnels serviraient à relier l’homme du commun à D.ieu. Ce faisant, ils introduisaient une forme de compromis ; la philosophie et l’expérience mystiques qui avaient été si centrales dans les années formatives du mouvement ‘hassidique ne pouvaient plus être soulignées au même degré. Au lieu de cela, la foi dans la stature du Rabbi et sa capacité d’intercéder et de susciter la bénédiction physique d’en-haut devint le principal mode d’engagement ‘hassidique pour la majorité de leurs disciples.
Tel ne fut cependant pas le chemin choisi par Rabbi Chnéour Zalman. Selon le Professeur Etkes, Rabbi Chnéour Zalman demeura pleinement attaché aux « éléments centraux du leadership exemplifiés par le Baal Chem Tov et le Maguid de Mézeritch : le mysticisme et l’enseignement pédagogique sur la façon de servir D.ieu ». Le centre qu’il établit d’abord à Liozna et plus tard à Lyadi servit principalement à inculquer aux nouveaux ‘hassidim les idéaux religieux au centre de la philosophie ‘hassidique.
L’image traditionnelle d’un chef ‘hassidique charismatique doté de pouvoirs miraculeux était celle que Rabbi Chnéour Zalman cherchait activement à désaccentuer.Le professeur Etkes rapporte l’affirmation de Rabbi Chnéour Zalman selon laquelle les affaires mondaines (milei déalma) n’étaient pas dans son domaine d’influence, ainsi que ses protestations dans lesquelles il déclarait que les demandes d’aide qui lui étaient adressées dans ce domaine ne lui causaient que des souffrances. Il avait accepté à contrecœur de prodiguer des conseils dans les situations où plusieurs options étaient ouvertes, lorsque la personne ne savait pas laquelle choisir, et les ‘hassidim attribuèrent inévitablement des résultats miraculeux à de telles transactions. Cependant, l’image traditionnelle d’un chef ‘hassidique charismatique doté de pouvoirs miraculeux était celle que Rabbi Chnéour Zalman cherchait activement à désaccentuer. En cela, Rabbi Chnéour Zalman suivait les traces de Rabbi Mena’hem Mendel de Vitebsk, qui soutenait que seul le Baal Chem Tov était doué de telles capacités.
En essayant de définir le rôle de leader ‘hassidique de Rabbi Chnéour Zalman, le professeur Etkes affirme qu’il peut être décrit comme un éducateur. Vers la fin de 1796, le Likoutei Amarim, sous-titré Sefer chel Beinonim (Le Livre de l’Homme du Commun), mieux connu sous le nom de « Tanya », fut publié pour la première fois. Alors que d’autres chercheurs ont analysé le Tanya pour en extraire les positions de Rabbi Chnéour Zalman sur une variété de questions théologiques, le professeur Etkes aborde le texte dans la perspective du programme de son auteur, qui était essentiellement de nature pédagogique. Ce faisant, il propose une étude éclairante du cadre psychologique central présenté par Rabbi Chnéour Zalman, fondé sur des concepts kabbalistiques et centré sur la doctrine des deux âmes. Dans ce cadre, Rabbi Chnéour Zalman offrit les outils pour se frayer un chemin à travers les tendances contradictoires de l’intellect et de l’émotion, et pour affronter efficacement des problèmes tels que le bonheur, la dépression et la finalité de l’homme. Le professeur Etkes décrit avec éloquence les rôles complémentaires joués par l’étude de la Torah, la contemplation cognitive de la grandeur de D.ieu et l’accomplissement pratique des commandements divinement prescrits, ainsi que d’autres éléments clés du chemin prescrit par Rabbi Chnéour Zalman.
Chnéour Zalman offrit les outils pour se frayer un chemin à travers les tendances contradictoires de l’intellect et de l’émotion, et affronter efficacement des problèmes tels que le bonheur, la dépression et la finalité de l’homme.Notant le rôle central de la prière comme « un cadre de méditation sur la grandeur de D.ieu », le professeur Etkes aborde la nature et la substance d’une telle réflexion contemplative. Un exposé des complexités kabbalistiques qu’elle implique, parmi lesquelles la doctrine du tsimtsoum telle qu’exposée dans Chaar HaYi’houd VehaEmouna de Rabbi Chnéour Zalman, souligne un autre aspect de la difficulté qu’il rencontra : il cherchait à fournir une représentation authentique des axiomes de la pensée ‘hassidique et, en même temps, il devait s’assurer que la subtilité de ces concepts abstraits ne soit pas perdue du fait de la terminologie figurative employée pour les articuler. Ici aussi, le professeur Etkes souligne l’approche exhaustive, détaillée et systématique avec laquelle Rabbi Chnéour Zalman entreprit de fournir à ses ‘hassidim un exposé lucide d’une grande profondeur et la capacité de véritablement assimiler l’idéal ‘hassidique.
Selon Rabbi Yossef Its’hak, Rabbi Chnéour Zalman « rend accessible la voie ‘hassidique, pavant un sentier large, des passages de lumière vivifiante, même pour “les fléchis et les tombés”.6 Avec bonté et miséricorde, il encourage toute personne dont l’âme est malade, et avec un amour abondant, il tend une main secourable. Et c’est ce qu’il a exigé de nos saints ancêtres, les Rabbis qui lui succédèrent... avec l’aide de D.ieu, chacun d’eux nous a révélé des merveilles [aussi bien] dans Sa Torah, qui est la sagesse et la volonté divine, [que] des conseils pratiques concernant le service [concret] de D.ieu... »
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Rabbi Avraham a soutenu qu’en articulant les principes du ‘hassidisme avec une telle lucidité systématisée, Rabbi Chnéour Zalman risquait d’éteindre « le feu de la foi » en lui donnant « trop d’huile ».Comme nous l’avons noté, la légitimité de ces caractéristiques propres à ‘Habad au sein de la communauté ‘hassidique générale fut matière à débat. Ici aussi, le professeur Etkes suit le Rabbi Yossef Its’hak en considérant ces distinctions comme étant essentielles à la fameuse dispute entre Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi et son contemporain plus âgé, Rabbi Avraham de Kalisk, disciple du Maguid puis chef de ‘hassidim en Biélorussie, qui s’installa en Terre Sainte en 1777. Après la publication du Tanya en 1796, Rabbi Avraham adressa une lettre à Rabbi Chnéour Zalman dans laquelle il soutenait qu’en articulant les principes du ‘hassidisme avec une telle lucidité systématisée, il risquait d’éteindre « le feu de la foi » en lui donnant « trop d’huile ». Il fallut peu de temps pour que de nombreux autres dirigeants ‘hassidiques prennent parti pour l’un ou l’autre dans une dispute qui mettait en évidence le chemin unique et innovateur que Rabbi Chnéour Zalman avait pavé, permettant à l’homme du commun d’accéder aux profondeurs mystiques de l’idéal ‘hassidique.
Rabbi Yossef Its’hak illustre par une anecdote la réponse traditionnelle de ‘Habad à une telle opposition, rappelant ce qu’il avait entendu d’un épisode qui s’était produit quand le tuteur de sa jeunesse, Rabbi Chmouel Betsalel Sheftl – connu par l’acronyme « RaChBaTs » – avait visité la ville de Kremenchug en l’an 1867. À l’époque, résidaient à Kremenchug plusieurs ‘hassidim célèbres, parmi lesquels un important contingent de ‘Habad dont les plus renommés portaient tous le nom de Dov, ou l’équivalent yiddish de celui-ci : Ber ou Berel. Collectivement, ces ‘hassidim ‘Habad, « à l’esprit aiguisé et au cœur vaillant », étaient connus sous le nom des « Kremenchuger Berelakh », une désignation typiquement ‘hassidique qui exprime un esprit d’estime et d’affection mêlé à une aversion pour toute forme de vanité ou de formalité. À l’époque vivait aussi à Kremenchug, un ‘hassid – également « à l’esprit aiguisé et au cœur vaillant » – de la dynastie ‘hassidique de Tchernobyl qu’on appelait « Reb Pin’has ».
« ‘Hassidim ‘Habad ! demanda-t-il. Pourquoi êtes-vous si fiers de l’auteur du Tanya et de ses descendants, les tsadikim ? »Quand Rachbats arriva à Kremenchug, les Kremenchuger Berelakh le reçurent avec beaucoup d’honneurs, et Reb Pin’has vint lui aussi pour l’entendre réciter un discours ‘hassidique. Plus tard, Reb Pin’has fut incapable de se contenir : « ‘Hassidim ‘Habad ! demanda-t-il. Pourquoi êtes-vous si fiers de l’auteur du Tanya [c’est-à-dire de Rabbi Chnéour Zalman] et de ses descendants, les tsadikim ?7 C’est parmi nous [c’est-à-dire en Pologne] que notre maître le Baal Chem Tov, a vécu, tout comme le Maguid et tous les disciples du Maguid. Notre pédigrée est donc supérieur au vôtre. »
En réponse, Rachbats employa une tactique rhétorique classique. Rabbi Yossef Its’hak décrit la réponse de Rachbats comme étant typique de la tendance de ‘Habad à ignorer la rivalité qui existait souvent entre les divers groupes ‘hassidiques, « à ne pas rabaisser ce qui appartient à l’autre, et chérir ce qui est à soi, tout cela dans un esprit de profonde amabilité et de sensibilité intuitive ». En employant une parabole pour désamorcer la nature conflictuelle du débat, Rachbats demanda : « Reb Pin’has, portez-vous une chemise ? »
– Assurément, répondit Reb Pin’has.
– De lin ? demanda Rachbats.
– Assurément, de lin, répondit Reb Pin’has.
– Comment fait-on du lin ? Bien sûr, Reb Pin’has, vous le savez : le lin est cultivé par le paysan, puis il est envoyé au loin, hors du pays, où il y a certains artisans qui transforment les fibres de lin en bon tissu.
« Nous autre, ‘hassidim ‘Habad, continua Rachbats, ne sommes pas en lice pour le pedigree – même au sujet des Juifs les moins raffinés, le Rabbi dit qu’ils sont plus hauts que les plus hauts, et a fortiori les justes sur lesquels le monde repose.8 Pour nous, tous les tsadikim – tous les disciples du Baal Chem Tov et leurs disciples – “sont tous aimés, sont tous purs, et sont tous puissants”,9 [tous sont] habilités à faire entendre la voix de la parole de D.ieu, afin qu’un Juif puisse acquérir une appréciation de D.ieu.
« Ai-je besoin de vous dire que les artisans – ceux qui transforment les fibres de lin en tissu – se trouvent chez ‘Habad ?... »« Mais vous, si vous vous battez pour le pédigrée et dites que c’est dans votre pays qu’ont habité le Baal Chem Tov, le Maguid et tous les grands tsadikim, ce que vous êtes en train de dire, c’est que c’est dans votre pays que le lin a grandi. Ai-je besoin de vous dire que les artisans – ceux à propos desquels le verset [Exode 31,3] dit : “et Je les remplirai etc [de sagesse, de compréhension et de connaissance (be‘hokhma betevounah ouvedaat)10] pour formuler des pensées etc.”, en d’autres termes, ceux qui transforment les fibres de lin en tissu – sont à trouver chez ‘Habad ?... »
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Les sources internes de ‘Habad et les conclusions de la recherche critique conviennent que la caractéristique distinctive de la branche ‘Habad du ‘hassidisme est sa façon de prendre la puissance élémentaire du Baal Chem Tov et de la modeler en un programme raffiné de progression et d’accessibilité spirituelles. S’il est certain que le système développé par Rabbi Chnéour Zalman incorpore de nombreuses caractéristiques novatrices, il reste que c’est lui qui a le mieux préservé et perpétué les enseignements du Baal Chem Tov.
À bien des égards, la présente discussion met en lumière une tendance croissante dans la littérature scientifique. Alors que les chercheurs universitaires ont initialement traité les récits ‘hassidiques internes avec suspicion, en supposant qu’un tel matériel historiographique soit trop biaisé et inexact, au cours des dernières décennies, une foule de sources documentaires de premier plan a été découverte qui, dans la plupart des cas, corroborent le récit ‘hassidique interne.
La caractéristique distinctive de la branche ‘Habad du ‘hassidisme est sa façon de prendre la puissance élémentaire du Baal Chem Tov et de la modeler en un programme raffiné de progression et d’accessibilité spirituelles.L’Auteur du Tanya : Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi et les Origines du ‘Hassidisme ‘Habad par le professeur Etkes est certainement à recommander comme travail magistral d’érudition. Le professeur Etkes tire profit de l’abondance de sources documentaires de première main disponibles pour construire une description réfléchie, détaillée et bien structurée de la façon dont Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi forgea le si distinctif leadership ‘hassidique ‘Habad. Cependant, il ne s’agit en aucun cas d’une biographie exhaustive de Rabbi Chnéour Zalman. La biographie définitive d’un homme qui ne fut pas seulement un leader ‘hassidique, mais aussi un érudit talmudique renommé, un liturgiste, un philosophe, une autorité halakhique et kabbalistique, reste encore à écrire.
Alors que deux chapitres sont consacrés à la philosophie religieuse du Rabbi Chnéour Zalman, le professeur Etkes se limite essentiellement à une analyse de l’orientation fournie aux ‘hassidim, plutôt qu’une description intime de la mystique théosophique qui a alimenté la vision du monde de Rabbi Chnéour Zalman. En tant que ‘hassid, j’ai parfois senti que le style du professeur Etkes était par trop clinique. Il aurait bien fait de s’appuyer sur le récit ‘hassidique interne pour obtenir une représentation plus intime des éléments sociaux, intellectuels et religieux qui se combinèrent pour attirer tant de milliers de personnes au message ‘hassidique.
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Le contexte social, religieux, technologique et politique dans lequel Rabbi Chnéour Zalman développa son approche méthodologique de la perpétuation de l’idéal ‘hassidique était loin du contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Dans la seconde moitié du XXe siècle, ce fut Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, le septième Rabbi de ‘Habad-Loubavitch, qui reformula les enseignements de Rabbi Chnéour Zalman et les plaça dans une discussion intelligente avec les nouveaux défis de la vie contemporaine.
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