1. C’est le but ultime de l’homme et la raison de sa création et de celle de tous les mondes, supérieurs et inférieurs : de faire pour D.ieu une demeure dans le monde physique.1

  2. Un peu de lumière dissipe beaucoup d’obscurité.2

  3. En vertu de sa nature innée, l’esprit domine le cœur.3

  4. La prière sans orientation du cœur est comme un corps sans âme... L’amour de D.ieu et la crainte de D.ieu sont les deux ailes avec lesquelles un acte s’élève vers le ciel.4

  5. Chaque Juif, vertueux ou méchant, possède deux âmes... Une âme dérive de la kelipah (les « coques » de la création) et de la sitra a’hara (« l’autre côté »), et se revêtit dans le sang pour animer le corps... De là dérivent les mauvais traits de caractère... et aussi, les bons traits de caractère instinctifs du Juif... La seconde âme chez le Juif est littéralement une « partie de D.ieu en haut. »5

  6. « L’âme de l’homme est une bougie de D.ieu » (Proverbes 20, 27). Tout comme la flamme de la bougie s’étire vers le haut, cherchant à se libérer de la mèche pour s’élever vers le ciel – bien que cela entraînerait sa propre disparition –, de la même manière, l’âme divine en l’homme s’efforce constamment de se libérer du corps et de l’existence matérielle et d’être annulée dans sa source en D.ieu.6

  7. Le corps est assimilé à une petite ville : de même que deux rois qui se disputent la domination d’une ville, chacun voulant la conquérir et régner sur elle, c’est-à-dire, gouverner ses habitants selon sa volonté afin qu’ils lui obéissent en tout ce qu’il décrètera pour eux, ainsi les deux âmes – l’âme divine et l’âme animale – se font la guerre l’une à l’autre pour la domination du corps et de tous ses organes et membres. Le désir et la volonté de l’âme divine est qu’elle seule règne sur la personne et la dirige, et que tous ses membres lui obéissent et se soumettent totalement à elle et deviennent un véhicule pour elle, et servent de véhicule pour ses dix facultés [d’intellect et d’émotion] et ses trois « vêtements » [que sont la pensée, la parole et l’action]... et le corps entier doit être pénétré d’eux seuls, à l’exclusion de toute influence étrangère, à D.ieu ne plaise... Alors que l’âme animale désire exactement l’opposé...7

  8. Il existe deux sortes de satisfaction pour D.ieu. La première provient de l’annulation complète du mal et de la transformation de l’amertume en douceur et de l’obscurité en lumière par les justes parfaits. La seconde [satisfaction] est quand le mal est repoussé alors qu’il est encore dans toute sa force et sa pleine puissance... à travers les efforts de « l’homme intermédiaire » (le beinoni)... Comme dans l’analogie de la nourriture physique, dans laquelle il existe deux types de mets savoureux : les aliments doux et agréables, et les aliments forts et aigres, mais épicés et préparés de telle sorte qu’ils deviennent des délices qui ravivent l’âme...8

  9. Lorsque l’on considère son propre corps avec dédain et mépris, et que l’on n’a de joie que dans l’âme seule, cela constitue une manière directe et simple d’atteindre l’accomplissement du commandement « Aime ton prochain comme toi-même » envers chaque Juif, petit ou grand... Car la source de leurs âmes est dans le D.ieu unique, et ils ne sont séparés que dans leurs corps. Par conséquent, ceux qui donnent la priorité à leur corps sur leur âme, trouvent impossible de partager l’amour et la fraternité véritables, sauf à y trouver quelque avantage. C’est ce que Hillel l’Ancien voulait dire quand il dit à propos de ce commandement [l’amour d’Israël] : « C’est là toute la Torah, et le reste n’est que commentaire. » Car le fondement et la source de toute la Torah est d’élever l’âme et lui donner l’ascendant sur le corps...9

  10. Aussi ceux qui sont loin de la Torah de D.ieu et de Son service... il faut les rapprocher avec de fortes cordes d’amour – peut-être pourrait-on réussir à les rapprocher de la Torah et au service de D.ieu. Et même si l’on échoue à cela, on a néanmoins mérité la récompense de l’accomplissement de la mitsva « Aime ton prochain ».10

  11. Il est écrit : « Pour toujours, ô D.ieu, Ta parole se tient fermement dans les cieux » (Psaumes 119, 89). Rabbi Israël Baal Chem Tov, de mémoire bénie, a expliqué ce verset ainsi : Ta parole que Tu as prononcée, « Qu’il y ait un firmament... » (Genèse 1, 6), ces mots mêmes et ces lettres se tiennent fermement à tout jamais dans le firmament du ciel et sont toujours revêtues dans les cieux pour leur donner vie et existence... Et ainsi en est-il de toutes les choses créées, jusqu’aux substances les plus matérielles et inanimées. Si les lettres des « dix paroles » par lesquelles le monde fut créé au cours des six jours de la Création devaient la quitter ne serait-ce qu’un instant, à D.ieu ne plaise, elle retournerait au néant absolu.11

  12. S’il était permis à l’œil humain de voir la vitalité spirituelle qui afflue de la bouche de D.ieu dans toute chose créée, nous ne verrions pas la matérialité, la grossièreté et la tangibilité de la création, car celle-ci serait totalement annulée par rapport à cette force vitale divine.12

  13. L’ère de Machia’h est l’accomplissement et l’aboutissement de la création du monde, ce pour quoi il fut initialement créé. Une partie de cette révélation fut expérimentée une fois déjà sur terre, lors du don de la Torah au Mont Sinaï [quand] « À toi il a été montré pour que tu saches que l’Éternel est D.ieu, il n’y a point d’autre en dehors de Lui » (Deutéronome 4, 35). La Divinité fut alors perçue avec la vision physique... Toutefois, plus tard, le péché les rendit, eux et le monde, grossiers à nouveau – jusqu’à l’ère de Machia’h, lorsque la matérialité du corps et du monde sera affinée, et nous serons en mesure d’appréhender la lumière divine révélée qui brillera pour Israël par le biais de la Torah... « La gloire de D.ieu sera révélée, et toute chair verra que la bouche de D.ieu a parlé » (Isaïe 40, 5)...13

    Tout ceci dépend de nos actes et de notre service de D.ieu pendant toute la durée de la galout... Quand une personne fait une mitsva, elle provoque une effusion de lumière divine dans le monde qui sera intégrée dans la réalité matérielle...14

  14. Nos Sages ont enseigné : « Quiconque se met en colère, c’est comme s’il adorait des idoles » (Zohar I, 27b). La raison pour cela est que... au moment de sa colère, sa foi l’a quitté. Car s’il avait foi que ce qui lui arriva est l’œuvre de D.ieu, il ne serait nullement fâché. Car bien que ce soit une personne dotée du libre arbitre qui l’insulte, ou le frappe, ou endommage ses biens – et est donc responsable selon les lois des hommes et les lois du ciel de ses mauvais choix –, néanmoins, s’agissant de la personne lésée, ceci a déjà été décrété dans les cieux et « D.ieu a de nombreux agents » [pour mener à bien Son décret]... 15

  15. Rabbi Mordekhai de Horodok, un disciple de Rabbi Chnéour Zalman, dit : La première chose que nous avons entendue du Rabbi était : « Ce qui est interdit est certes interdit, et ce qui est permis, est superflu. » Trois ou quatre ans nous avons peiné à cela, jusqu’à ce que cette approche fût enracinée dans nos vies. Ce n’est qu’alors que nous fûmes reçus en audience privée avec le Rabbi pour demander nos chemins personnels dans le service du Tout-Puissant.16

  16. À un disciple qui se plaignait de ses ennuis financiers : Tu parles de ce dont tu as besoin, mais tu ne dis rien de ce pour quoi on a besoin de toi.17

  17. « Celui qui est satisfait de son sort » (Maximes des Pères 4:1) décrit une vertu extraordinaire s’agissant du matériel, et un terrible échec dans tout ce qui touche aux réalisations spirituelles.18

  18. Pendant le temps que Rabbi Chnéour Zalman fut emprisonné à Pétersbourg, l’un des ministres du tsar lui demanda d’expliquer le verset (Genèse 3, 9) « Et D.ieu appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? » D.ieu ne savait-Il pas où se trouvait Adam ? Rabbi Chnéour Zalman demanda au ministre : Croyez-vous que la Torah est éternelle, que chacun de ses mots s’applique à tout individu, dans toutes les situations, en tout temps ? Le ministre répondit affirmativement. Rabbi Chnéour Zalman fut très heureux d’entendre cela, car c’était là un des principes de base des enseignements « subversifs » du Baal Chem Tov, dont la propagation était au cœur des accusations portées contre lui. « “Où es-tu ?”, déclara Rabbi Chnéour Zalman au ministre, est l’appel perpétuel de D.ieu à chaque homme. Où êtes-vous dans le monde ? Vous avez reçu un certain nombre de jours, d’heures et de minutes pour remplir votre mission dans la vie. Vous ont vécu tant d’années et tant de jours – Où en êtes-vous ? Qu’est-ce que vous avez accompli ? »19

  19. Une fois, dans les premières années de son leadership, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi dit à ses disciples : « Il faut vivre avec son temps. » Plus tard, il expliqua ce qu’il voulait dire : Il faut vivre avec – et à travers – la paracha de la semaine et la section spécifique de la paracha de la semaine qui est liée à ce jour.20

  20. Essentiellement, chaque mitsva est aussi suprarationnelle que la loi de la Vache Rousse. C’est seulement que la volonté divine nous est révélée à des degrés divers de « vêtements » rationnels.

  21. Il y a l’amour qui est comme le feu, et il y a l’amour qui est comme l’eau.21

  22. Après sa libération de prison le 19 Kislev 5559 (1798), un événement qui marqua la victoire décisive du mouvement ‘hassidique sur ses adversaires, Rabbi Chnéour Zalman envoya une lettre à ses partisans. Cette lettre commence en citant le verset dans lequel Jacob dit à D.ieu : « Je suis diminué par toutes les bontés... que Tu as manifestées à Ton serviteur » (Genèse 32, 11). « La signification de cela, explique Rabbi Chnéour Zalman, est que toutes les attentions accordées par D.ieu à une personne devraient l’amener à être extrêmement humble. Car une gentillesse [divine] est [une expression de]... “Sa main droite m’étreint”(Cantique des Cantiques 2, 6) – D.ieu rapproche littéralement la personne de Lui, bien plus intensément qu’auparavant. Et plus une personne est proche de D.ieu... plus grande est l’humilité que cela doit susciter en lui... Ceci parce que “tout est devant Lui comme rien” (Zohar), de sorte que plus une personne se trouve « devant Lui », plus elle est [à ses propres yeux] “comme rien”... C’est là l’attribut de Jacob... C’est exactement le contraire qui est le cas dans le domaine de... la kelipah (le mal) : plus grande est la gentillesse que l’on témoigne à une personne, plus l’arrogance et l’égoïsme de celle-ci grandissent. » La lettre conclut : « C’est ainsi que je lance un grand appel à toute notre communauté au sujet des bontés que D.ieu nous a manifestées en abondance : Agissez avec l’attribut de Jacob... Ne vous sentez pas vous-même supérieurs à vos frères (c’est-à-dire, aux opposants au ‘hassidisme), n’ouvrez pas la bouche ou ne sifflez pas contre eux, à D.ieu ne plaise. [Je] mets strictement en garde : ne faites aucune mention [de notre victoire]. Humiliez vos esprits et vos cœurs avec la vérité de Jacob... »22

  23. La vie d’un Tsadik n’est pas une vie charnelle, mais une vie spirituelle entièrement constituée de foi, de crainte et d’amour de D.ieu.23

  24.  « Et maintenant, Israël, qu’est-ce que l’Éternel ton D.ieu demande de toi ? Seulement de craindre D.ieu » (Deutéronome 10, 12). Concernant ce verset, le Talmud s’interroge : « La crainte de D.ieu est-elle donc une si petite chose ? » La réponse donnée est : « Oui, pour Moïse, C’est une petite chose mineure. » À première vue, cette réponse est incompréhensible, puisque le verset dit : « Qu’est-ce que D.ieu demande de toi ? », c’est-à-dire de chaque Juif ! Mais l’explication est la suivante : chaque âme de la maison d’Israël contient en elle une parcelle de la qualité de notre maître Moïse, car il est l’un des « sept bergers » qui apportent vitalité et divinité à la communauté des âmes d’Israël... Moïse est la somme d’eux tous, et est appelé le « berger de la foi » (raaya meheimna) dans le sens où il nourrit la communauté d’Israël avec la connaissance et la reconnaissance de D.ieu...24

    Ainsi, bien qu’on puisse demander : « Qui est l’homme qui ose présumer dans son cœur qu’il pourra approcher et atteindre fût-ce le millième du niveau du berger fidèle », néanmoins, une frange infime de sa grande bonté et de sa lumière illumine chaque Juif dans chaque génération.25

  25. Il est dit dans le saint Zohar que « Lorsque le tsadik trépasse, il est présent dans tous les mondes plus que de son vivant ». Cela demande à être compris. Car, il est certes compréhensible qu’il est plus présent dans les mondes célestes, parce qu’il s’y élève ; mais comment peut-il être plus présent dans ce monde ?... Ceci peut être expliqué sur la base de [la maxime selon laquelle] la vie d’un tsadik n’est pas une vie physique, mais une vie spirituelle, entièrement constituée de foi, de crainte et d’amour de D.ieu... Lorsque le tsadik était vivant sur terre, ces trois qualités étaient contenues dans leur véhicule et revêtement physique (le corps) dans le plan de l’espace physique... [De son vivant] tous ses disciples reçoivent seulement un reflet de ces attributs, un rayonnement émanant de ce véhicule au moyen de ses saintes paroles et pensées... Mais après sa mort... tout celui qui est proche de lui peut recevoir [une dimension beaucoup plus élevée] de ces trois qualités, car elles ne sont plus confinées dans un véhicule [matériel], ni limitées par l’espace physique... Ainsi, il est très facile pour ses disciples de recevoir leur part de l’esprit quintessenciel de leur maître, chacun selon le degré de son attachement affectueux (hitkachrout) et de sa proximité au tsadik durant sa vie et après sa mort...26

  26. Les disciples de Rabbi Chnéour Zalman disaient : Notre Rabbi ressuscite les morts. Qu’est-ce qu’un cadavre ? Quelque chose de froid et d’insensible. La vie est mouvement, chaleur, enthousiasme. Existe-t-il quelque chose de plus figé dans l’égocentrisme, d’aussi froid et insensible que l’esprit ? Et quand l’esprit au sang froid comprend, assimile et s’enthousiasme par une idée divine, n’est-ce pas une résurrection des morts ?

  27. Avant qu’un roi pénètre dans la ville, les habitants de la ville sortent pour le saluer dans la campagne. Là, tout celui qui le désire est autorisé à le rencontrer ; il les reçoit tous avec une expression joyeuse et montre un visage souriant à tous. Et quand il va à la ville, ils le suivent là-bas. Plus tard, cependant, après qu’il soit rentré dans son palais royal, personne ne peut entrer le voir, sauf sur à y être invité, et seulement des gens spéciaux et des personnes choisies. De même, par analogie, le mois d’Eloul (qui précède le « couronnement » de D.ieu comme Roi à Roch Hachana) est le moment où nous rencontrerons D.ieu dans la campagne.27

  28. D’une note écrite par Rabbi Chnéour Zalman peu avant sa mort : L’âme véritablement humble reconnaît que sa mission dans la vie réside dans l’aspect pragmatique de la Torah, à la fois dans le fait de l’étudier pour lui-même et en l’expliquant aux autres ; et en accomplissant des actes de bonté dans le domaine matériel en manifestant un esprit empathique et en prodiguant son conseil de loin concernant les préoccupations domestiques, bien que la majorité, sinon la totalité, de ces préoccupations soient de nature fallacieuse. Car les débuts les plus élevés sont enracinés dans la fin.