Reb Gavriel, un 'Hassid de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (l’« Admour HaZakène »), et sa femme 'Hannah-Rikvah étaient mariés depuis vingt-cinq ans, mais n'avaient pas eu d'enfants. Rabbi Gavriel avait connu comme marchand à Vitebsk, des jours prospères. Mais les difficultés nées des persécutions l'avaient ruiné.

À l'époque où se situe notre récit, l'Admour HaZakène prodiguait ses efforts pour faire relâcher quelques prisonniers juifs. De grosses sommes d'argent étaient nécessaires pour leur rançon, aussi tâchait-il de les réunir en faisant appel à la générosité de ses adeptes. Il « estima » que Gavriel était à même de faire don d'un certain montant. En fait, il n'en avait pas la possibilité. Il eut le cœur brisé de ne pouvoir participer à la grande mitsva de « Pidyone Chvouyim » (Rachat des Captifs) dans la mesure qui était attendue de lui.

Ayant appris les tourments que cela lui causait, sa femme vendit ses bijoux, qui lui rapportèrent la somme nécessaire. Elle frotta et polit les pièces jusqu’à ce qu’elles resplendissent et, une prière au cœur afin que leur étoile ne tardât pas, elle aussi, à briller, elle les enveloppa et les remit à Gavriel pour qu'il les portât au Rabbi.

Il ouvrit le paquet et les pièces brillaient d'un éclat extraordinaireArrivé chez Rabbi Chnéour Zalman, Gavriel posa le paquet devant le Rabbi sur la table. À sa demande, il ouvrit le paquet : les pièces brillaient d'un éclat extraordinaire. Le Rabbi devint pensif. Il garda un moment le silence, puis il dit : « De tout l'or, l'argent et le cuivre que les Juifs offrirent pour la construction du Michkane (le Sanctuaire dans le désert), rien ne brilla mis à part la cuve de cuivre et sa base. » (Celles-ci avaient été faites avec les miroirs de cuivre que les femmes juives, dans un total désintéressement et dans la joie, avaient offerts pour le sanctuaire.1). « Dis-moi, poursuivit le Rabbi, d'où tiens-tu ces pièces ? » Gavriel raconta alors son histoire au Rabbi, et comment sa femme avait mis fin à ses tourments en vendant ses propres bijoux.

Rabbi Chnéour Zalman reposa son visage sur sa main et demeura un long moment absorbé par ses pensées. Puis, levant la tête, il bénit le couple en lui souhaitant des enfants, une longue vie, des richesses et une grâce extraordinaire. Il engagea Gavriel à fermer son affaire à Vitebsk et à faire le commerce des diamants et des pierres précieuses. La bénédiction se réalisa dans tous ses détails. Reb Gavriel « Nossé 'Hein » (le « gracieux ») – comme on l'appela par la suite – devint fort riche, et eut des fils et des filles. Il vécut jusqu'à l'âge de 110 ans, et sa femme lui survécut encore deux ans !

Les « pièces de charité » (qu’il s’agisse d’une charité matérielle ou spirituelle) peuvent, par le nombre et la valeur, être semblables aux autres. Mais quand la mitsva est accomplie avec sacrifice – et néanmoins avec joie –, elle acquiert une valeur inestimable, et brille d'un éclat qui illumine la vie entière.