Le 19 Kislev est l’anniversaire de la date à laquelle Rabbi Chnéour Zalman, le premier Rabbi de ‘Habad, fut libéré de prison en 1798. Il avait été emprisonné en raison d’informations diffamatoires fournies au gouvernement tsariste par les adversaires du jeune mouvement ‘hassidique. Selon la tradition ‘hassidique, l’emprisonnement de Rabbi Chnéour Zalman, surnommé « Alter Rebbe » en yiddish ou « Admour HaZakène » en hébreu (« le Vieux Rabbi »), était simplement le reflet terrestre d’une plainte qui avait été déposée dans les Cieux contre lui et contre la cause ‘hassidique qu’il défendait ; sa libération fut le symbole d’un feu vert donné du Ciel pour poursuivre la propagation du ‘hassidisme. C’est pourquoi les ‘hassidim ‘Habad appellent ce jour le « Roch Hachana (Nouvel An) de la ‘Hassidout » et le célèbrent avec une grande joie.

Dans une lettre écrite après sa sortie de prison, l’Admour HaZakène décrit le moment de sa libération : « Le jour que D.ieu fit pour nous, le 19 Kislev... alors que je lisais dans le livre des Psaumes le verset (55,19) “Il a racheté mon âme en paix”, avant d’avoir commencé le verset suivant, je suis sorti dans la paix. »

Peut-on dépasser le conflit intérieur qui est le lot de tous les êtres humains ?

L’Admour HaZakène écrivit le Tanya, le texte fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad. Le Tanya traite dans une grande mesure de la bataille permanente qui oppose « l’âme divine » à « l’âme animale ». Il dissèque et analyse magistralement le conflit entre le raffinement et la grossièreté, entre la poursuite de la spiritualité et la glorification de soi, tout en enseignant comment tirer parti de la puissance intrinsèque de l’âme divine et de la faiblesse inhérente à l’âme animale.

Lorsque l’Admour HaZakène sortit de prison, cependant, il n’était pas concentré sur la bataille des âmes. Le Psaume qu’il lisait parlait d’un idéal plus noble encore : une rédemption pacifique de l’âme des griffes de son adversaire.

Mais est-ce réaliste ? Peut-on dépasser le conflit intérieur qui est le lot des êtres humains dotés de la capacité de choisir entre le bien et le mal ?

C’est en effet possible. Mais la réalisation de cet objectif implique un changement de perspective, un plan de bataille basé sur une stratégie totalement différente.

À beaucoup d’égards, l’âme animale est une image miroir de l’âme divine. Celles-ci possèdent des capacités identiques, telles que la volonté, l’intelligence et les émotions. Leur différence réside dans la façon dont elles choisissent d’utiliser ces capacités. Voilà pourquoi l’âme animale est un adversaire redoutable : elle se bat contre l’âme divine en opposant à chacune de ses aspirations spirituelles une aspiration correspondante qui lui est propre. Par exemple, l’amour et la passion de l’âme divine pour D.ieu sont contrebalancés par la passion et l’amour pour le matérialisme ; la discipline sévère est associée à la méchanceté, etc.

L’âme divine, toutefois, possède une arme qui est absente de l’arsenal de l’âme animale. Quand l’âme divine arrive sur le champ de bataille équipée de cette arme, l’âme animale se retrouve démunie, incapable de répondre à cette forme de guerre. Cette arme est la capacité de l’âme divine à transcender ses propres intentions et ses propres désirs, et de servir D.ieu simplement parce que tel est le désir de D.ieu.

Tant que l’âme divine a un programme personnel, tel que l’ambition de se connecter à D.ieu ou de devenir plus spirituelle, l’âme animale peut la combattre avec son propre programme. Cela devient alors une bataille de volontés. Certes, l’âme divine a les moyens et le courage d’être victorieuse dans cette bataille, mais celle-ci est toujours épuisante. Cependant, lorsque l’âme divine entre dans la bataille sans aucune ambition personnelle, comme un simple serviteur qui accomplit le commandement de son maître, elle laisse son adversaire sans ressources.

Une telle résolution pacifique de nos conflits personnels conduira certainement à la résolution pacifique de tous les conflits, avec l’avènement de l’ère messianique.