Au cours de l’hiver de 1901, le Rabbi Rachab1 était à Moscou pour accomplir pidyone shvouyim.2 Il réussit à faire annuler une accusation mensongère contre certains Juifs qui avaient été arrêtés, mais il ne voulait pas repartir avant qu’ils soient effectivement libérés.

Motsaei Chabbat,3 qui était Youd-Guimel Kislev,4 le Rabbi Précédent5 convoqua une réunion du comité des ba’hourim6 les plus âgés de Tom’hei Temimim.7 Il leur dit qu’il était incertain que le Rabbi Rachab revienne à Loubavitch pour Youd-Tet Kislev,8 mais le programme se déroulerait néanmoins comme prévu. La prochaine Leïl Chabbat9 tous les talmidim10 prendraient leur séouda11 dans le zal12 principal avec leur mashpiim13 et rachei yéchiva,14 et il y aurait une autre séouda à Motsaei Chabbat. En outre, certains ba’hourim privilégiés rejoindraient un farbrenguen15 spécial avec le Rabbi Précédent dimanche soir.

En entendant que le Rabbi Rachab ne serait peut-être pas à Loubavitch à temps pour Youd-Tet Kislev, certains des ba’hourim plus âgés eurent des larmes aux yeux.

Le Rabbi Précédent raconte :

Quelques jours avant Youd-Tet Kislev, de nombreux or’him16 respectés, et les talmidim des yéchivot17 Loubavitch voisines, commencèrent à arriver à Loubavitch. Il y avait encore un espoir que mon père revienne à temps.

Le jeudi matin, certains ‘hassidim discutèrent de la possibilité de demander au Rabbi de venir de Moscou, ou de suggérer qu’ils voyagent eux pour le rejoindre là-bas – bien que cela soit hautement improbable car ils n’avaient pas de permis de voyager. Les heures se sont écoulées et le nuage de tristesse s’est épaissi, d’autant plus que le Rabbi n’avait pas été avec eux à Loubavitch le précédent Youd-Tet Kislev.

À 20h30 le jeudi soir, une lettre de mon père, le Rabbi, arriva. À 9 h 30, j’entrai dans le zal et annonçai que nous avions mérité de recevoir une lettre sainte qui expliquait le sens du Yom-Tov18 qui approchait, et qu’elle serait lue publiquement à ‘Hag HaGuéoula.19 Cette nouvelle remonta le moral des ‘hassidim, et ils attendirent avec impatience l’heure où la lettre serait lue.

Erev Chabbat20 après Min’ha, j’ai ordonné que tout le monde étudie la ‘Hassidout. Une heure et demie plus tard, nous avons prié Kabbalat Chabbat,21 et puis tout le monde est retourné à sa place, prêt à entendre la lettre. Je me suis approché de la bimah22 avec les deux machgui’him23 et j’ai lu la lettre mot à mot. Elle disait en partie :

« Youd-Tet Kislev est le Yom-Tov où la lumière et la vie de notre âme nous ont été données ; ce jour est le Roch Hachana de la ‘Hassidout. »

« Youd-Tet Kislev est le Yom-Tov où la lumière et la ‘hayout24 de notre âme nous ont été données, ce jour est le Roch Hachana de la ‘Hassidout [...] C’est l’accomplissement de la véritable intention dans la création de l’homme sur la terre – de révéler la lumière de la partie intérieure de notre sainte Torah [...]

C’est notre devoir, en ce jour, d’éveiller en nos cœurs un désir et une volonté intimes et profonds, dans l’essence même de notre cœur, qu’HaChem25 illumine notre néchama26 avec la lumière de sa Torah Profonde. [...]

“Des profondeurs Je t’ai appelé, HaChem”,27 pour susciter la profondeur et la pnimiyout28 de la Torah et des mitsvot d’HaChem de sorte qu’elle illumine l’intériorité de notre néchama, afin que tout notre être soit dédié exclusivement à HaChem, pour bannir de nous tous les traits naturels qui sont mauvais et indignes – afin que tout ce que nous fassions, tant dans notre service de HaChem que dans les sujets matériels, soit accompli lechem Chamayim.29 »

Tout le monde se tenait debout et écoutait avec des visages lumineux, et lorsque j’eus terminé, ils éclatèrent avec un joyeux nigoun.30

Source : Likoutei Dibourim vol. 4, p. 1518 ; Kountres OuMaayan p. 15.