Pourquoi envoyons-nous nos enfants à l’école ? Eh bien, nous parents connaissons tous la vérité : dès que le car scolaire s’éloigne, nous abandonnons nos tenues de bureau pour des maillots de bain et nous nous dépêchons d’aller à la piscine, veillant à rentrer à temps pour nous changer avant que les enfants ne rentrent.
Mais pourquoi les enfants doivent-ils aller à l’école ? Est-ce seulement pour mémoriser des faits et des chiffres, dans l’espoir de leur offrir des perspectives de réussite dans ce monde impitoyable ?
Les enfants ont le droit de connaître l’objectif des heures qu’ils passent à l’école. Malheureusement, le message qu’ils reçoivent est souvent trompeur.
Cette scène vous dira sans doute quelque chose. Un pédagogue bien intentionné, avec sa veste de tweed aux coudes rapiécés (fumer la pipe n’est plus « politiquement correct »), monte sur l’estrade et, adoptant le ton le plus inspirant possible, encourage les élèves à nourrir de plus grandes ambitions, à avoir de hautes aspirations, à s’imaginer où ils veulent être dans dix ans et à tracer ensuite la route pour y arriver. Les métaphores de voyages exotiques et les évocations d’aventuriers sont courantes dans ce genre de discours ; la gestuelle dramatique est optionnelle.
Consciencieusement, les élèves se mettent à s’imaginer où ils veulent arriver. (En vérité, la plupart des élèves songent plutôt à l’heure de la récréation, mais jouez le jeu avec moi.) Des images mentales de maisons de vacances et de voitures de luxe, tous les attributs du « succès », défilent dans leur esprit. Ils comprennent le message : si vous voulez obtenir ce que vous désirez, ouvrez vos livres et mettez-vous au travail.
C’est là que réside le problème. Le message se résume à ceci : déterminez ce que votre cœur désire, puis utilisez votre esprit pour tracer la route qui vous y mènera.
Erreur. C’est exactement l’inverse qui devrait prévaloir. L’éducation doit enseigner aux enfants comment faire des choix moraux essentiels dans la vie. La maîtrise des savoirs fondamentaux (Lire, Écrire, Compter) devrait leur permettre d’être Droits, Responsables et Respectueux, ainsi que performants sur le marché du travail.
Un principe de base de la pensée ‘hassidique est que l’esprit peut – et doit – diriger les passions, d’abord pour comprendre ce qui est vertueux, puis pour contraindre, ou (de préférence) convaincre, le côté émotionnel de s’en enthousiasmer également.
Dans le Tanya (au chapitre 9), Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi décrit la bataille entre l’« âme animale » instinctive et l’« âme divine » transcendante. Chacune revendique un territoire : l’âme animale s’installe de préférence dans le cœur réactif, facilement persuadée par les modes et les attractions, prête à suivre le prochain caprice qui apparaît. L’âme divine a son siège dans l’esprit rationnel, trouvant un sens à la vie grâce à la réflexion.
Loin de coexister pacifiquement, chacune cherche à conquérir le corps – et la bataille s’engage alors. Si déterminées sont-elles qu’elles tentent même d’infiltrer le territoire de l’adversaire. L’âme animale est impatiente de s’emparer de l’habileté de l’esprit pour l’aider à réaliser ses désirs, tandis que l’âme divine cherche à exploiter la passion du cœur pour un service plus enthousiaste de D.ieu et pour œuvrer au bien de l’humanité.
Alors comment celui qui est pris entre ces deux combattants peut-il déterminer si son impulsion est divine ou égoïste ? Il faut en considérer l’origine. Si elle provient de l’intellect, c’est un indice qu’il s’agit d’une impulsion de l’âme divine ; si elle émane du « cœur », c’est probablement de l’âme animale.
Nous devons enseigner aux écoliers à poursuivre leurs études afin de se former un code moral et éthique, leur permettant d’avoir un impact réel sur le monde, pas seulement de créer le prochain gadget miracle. À aiguisez leur esprit dans l’espoir de le rendre plus résistant aux ruses de l’âme animale.
Recommander d’interroger le cœur pour savoir « ce que vous voulez » puis seulement ensuite d’engager l’esprit pour « comprendre comment l’obtenir », transmet l’idée que le désir est roi et que l’intelligence est sa servante. Mais D.ieu a créé l’être humain en plaçant la tête au-dessus du cœur, nous rappelant que nous devons développer notre capacité émotionnelle sous la tutelle de l’esprit pour mieux servir D.ieu et l’humanité.
Il y a, dans la scolarité de chaque élève, un moment où la cloche de l’école sonnera pour la dernière fois, et la tâche de mettre leur éducation en pratique leur sera alors confiée. L’école doit munir ses protégés des outils pour se défendre contre l’assaut de la tentation en privilégiant le pouvoir de l’esprit sur le cœur dans une perspective divine.
À eux maintenant de mener une vie pleine de bonnes actions !
Et parents, sortez de l’eau et séchez-vous ; les enfants ne vont pas tarder...
Commencez une discussion