L’histoire est connue. Dans la semaine du 19 Kislev, « Roch Hachana de la ‘Hassidout », elle s’impose avec une urgence impérative : « Un jour, le Baal Chem Tov laissa son âme s’élever dans les mondes spirituels. Là, il parvint jusqu’au ‘Palais du Machia’h’. Il posa alors à ce dernier l’éternelle question : ‘Maître, quand viendras-tu ?’ ‘Quand les sources de tes enseignements se seront répandues au dehors’ lui fut-il répondu. »

Certes, l’histoire n’est pas nouvelle. Elle fait même partie de ce fonds traditionnel qui a le secret de réapparaître à chaque fois que l’on en a besoin, et toujours de manière opportune. N’est-ce pas, cependant, l’occasion d’en retrouver toutes les implications ? L’image est véritablement vertigineuse : le Baal Chem Tov, fondateur du ‘hassidisme, interrogeant le Machia’h sur le temps de sa venue… Il est vrai que cette question est sur les lèvres de tous depuis que le monde fut créé et qu’elle ne cessera d’être posée que lorsque l’avènement tant attendu se sera enfin concrétisé. Pourtant, un tel dialogue interpelle. Il nous dit que l’attente est constante et partout, que les mondes spirituels eux-mêmes l’expriment. Il nous dit aussi que la réponse est largement entre nos mains.

De fait, Machia’h, interrogé, livre ici une clé : la diffusion des enseignements du Baal Chem Tov, la ‘Hassidout, est le secret de sa venue. Il est loisible de s’interroger sur cette relation. L’étude de la Torah est toujours essentielle, dans toutes ses parties. Pourquoi la ‘Hassidout joue-t-elle particulièrement comme un rôle de catalyseur des efforts millénaires du peuple juif ? Elle est l’essence ultime, que D.ieu révéla parce que la lumière doit toujours l’emporter sur l’obscurité. Elle est cette essence qui pénètre tout et ne se confond avec rien tant elle transcende tous les niveaux qu’elle peut rencontrer. Elle est cette essence qui anime tout ce en quoi elle se revêt.

Mais cette « diffusion » doit aller plus loin encore. Elle ne doit pas se contenter de rester limitée à un cercle d’initiés, voire à un large groupe d’érudits enthousiastes. Elle doit atteindre « l’extérieur » : ce domaine où tous les efforts, même les mieux intentionnés, renoncent. Elle doit atteindre aussi « l’extérieur » personnel de chacun, cette zone d’ombre de la personnalité que la lumière ne parvient pas toujours à percer. La ‘Hassidout ? Une étude, une vision, une lumière. Voici que le jour se lève.