Le 20 Tévet est l’anniversaire de la mort du grand Rabbi Moché ben Maïmone (appelé selon l’acrostiche de son nom « RaMBaM », ou encore « Maïmonide ») qui mourut en l’an 4965 (1204). Il fut enterré à Tibériade en Terre Sainte. L’histoire que nous vous présentons ici relate les circonstances étranges qui conduisirent à son inhumation dans cette ville.
Rabbi Moché ben Maïmone naquit à Cordoue en Espagne. Il passa une grande partie de sa vie à errer d’un pays à l’autre, à la recherche d’un lieu où un Juif pourrait vivre en sûreté. Ses dernières années, les plus importantes, il les passa à Fostat (aujourd’hui Le Caire), en Égypte, où il écrivit ses œuvres célèbres, assumant en même temps la charge de médecin personnel du Sultan Saladin, et après la mort de celui-ci, de son fils Alafdal.
Quand Rabbi Moché sentit sa fin proche, il fit savoir à sa famille et à ses amis qu’il désirait être enterré en Terre Sainte, sans spécifier toutefois en quel endroit de ce pays.
Il mourut. La nouvelle de sa mort se répandit en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Il était l’homme le plus éminent et le plus célèbre de son temps. On le pleura beaucoup, sa dépouille fut placée dans un cercueil de bois que l’on attela à un cheval. Et, accompagné par toute une caravane d’amis éplorés, le convoi prit le chemin du pays d’Israël.
Entre-temps, la triste nouvelle parvenait aux Juifs de Terre Sainte. Les communautés israélites tinrent à l’honneur de se faire représenter aux funérailles et tâcher d’obtenir chacune que leur ville fût choisie comme dernière demeure pour l’illustre défunt.
Les discussions furent longues et ardues, chacun des délégués de Terre Sainte s’efforçant d’emporter l’adhésion des autres afin que cet insigne privilège fût accordé à sa ville. Ceux de Jérusalem soutenaient que la présence du Rambam parmi eux revenait de droit à leur ville, et que le lieu de sa sépulture devait être le Mont des Oliviers. Les délégués de ‘Hebron, de leur côté, arguèrent du fait que la présence chez eux de la Grotte de Makhpélah faisait de leur ville le lieu le plus indiqué pour la dépouille du Rambam. Ceux de Mérone, à leur tour, se prévalurent de la présence chez eux de la tombe de Rabbi Chimon bar Yo’haï, pour réclamer l’honneur que tous se disputaient. Les discussions battaient encore leur plein quand la procession eut atteint la frontière de la Terre Sainte.
À ce moment, un événement aussi soudain qu’imprévu se produisit. Une bande de Bédouins armés apparut au loin. Elle fonçait droit sur la caravane. La procession se disloqua. Pris de peur, les hommes qui la formaient s’enfuirent, laissant seul sur la route le cercueil du Rambam.
Les Bédouins, croyant être en présence d’une caisse pleine d’or et d’objets précieux, se précipitèrent sur le cercueil. Déçus de découvrir qu’il ne contenait qu’un cadavre, ils voulurent le poser à terre pour s’emparer au moins du cheval qui le transportait. Mais quelques efforts qu’ils fissent, ils ne purent le déplacer. Alors ils se rendirent compte qu’il contenait le corps d’un saint homme. Effrayés, ils tombèrent à genoux et supplièrent celui-ci de leur pardonner. Puis, quittant les lieux du sacrilège, ils disparurent.
Le cheval tirant le corps de Maïmonide poursuivit tout seul son chemin. Il marcha sans faire la moindre halte jusqu’à ce qu’il parvint aux portes de Tibériade. Là, la bête s’arrêta et attendit. Les Juifs de Tibériade et des communautés avoisinantes comprirent que le saint Rambam avait choisi de reposer là. C’était le lieu où de nombreux Sages de Tibériade étaient ensevelis. C’est ainsi qu’il fut décidé que l’illustre défunt aurait là sa tombe.
Chaque année, le 20 Tévet, des Juifs nombreux viennent faire leurs prières et offrir la Tsédaka à la mémoire de ce grand et saint homme dont il a été dit : « De Moché (Rabbénou) à Moché (ben Maïmone), il n’y eut personne comme Moché (ben Maïmone). »
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