« Mieux vaut une heure de téchouva (« retour ») et de bonnes actions dans le monde tel qu’il est actuellement que toute la vie du monde tel qu’il est amené à devenir. Et mieux vaut une heure de plaisir dans le monde à venir de toute la vie du monde de maintenant. » (Maximes des Pères, 4:17)
« Il n’y a rien de plus haut que le plaisir. » (Le Livre de la Formation)
Le monde, nous disent les sages, est fait de plaisir. Le Plaisir se condense, se contracte et devient Sagesse. La Sagesse se condense elle aussi et devient Compréhension. Les contractions se succèdent ainsi à l’infini jusqu’à ce que la lumière du Plaisir se soit condensée au point de devenir un monde nous pouvons serrer entre nos doigts.
Tout commence avec le plaisir. Le plaisir de qui ? Le plaisir de Celui qui est appelé Lumière Infinie. Et en quoi la Lumière Infinie trouve-t-elle du plaisir ? En l’être. Car le plaisir est être et être est plaisir.
Avez-vous déjà eu le plaisir d’être ? Toute notre vie, nous fuyons la douleur et courons après le plaisir. Nous sommes comme les rivières, constamment en mouvement, et pour qui l’immobilité est la mort ; car chaque plaisir apporte sa propre douleur et chaque douleur nous pousse vers un nouveau plaisir jusqu’à ce que nos vies ne soient qu’un état de perpétuel devenir, et plus rarement – si rarement – simplement être.
Mais ils existent, ces instants d’éternité ; ces moments du plaisir d’« être ».
Je ne peux pas connaître vos souvenirs, mais je vais vous révéler l’un des miens : Lorsque j’étais enfant, avec toute la famille assise près de la cheminée, sans chamailleries, sans cris, et mon père, se conformant aux assertions de ma mère sur ce qu’un père doit faire après le dîner, était en train de nous faire à tous à haute voix la lecture de l’un de ses romans policiers, tel qu’il aurait dicté un document juridique à sa secrétaire. Mais son manque d’intonation dramatique n’avait pas d’importance, pas plus que l’histoire qu’il lisait ; c’était comme si nous la connaissions déjà. Il y avait cette aura de plaisir du fait que nous étions tous ensemble et que c’était tout ce qui comptait à ce moment.
Ce fut un moment qui ne s’acheva jamais, car il n’a jamais fait partie du temps. C’était une image ; à la fois dans le temps et hors du temps. C’était un point d’« être ».
Il n’y en a malheureusement que quelques autres, mais je n’en parlerai pas — tout comme vous n’avez pas besoin de révéler les vôtres. Ils semblent presque tous être liés avec la femme ou l’homme avec qui nous avons fait une alliance éternelle et avec la famille dont nous avons été bénis par cette union. Avec ceux avec qui nous pouvons nous sentir en sécurité et en qui nous nous retrouvons.
Nos vies sont le reflet du divin. Nous sommes, dans les mots de Leonard de Vinci, « D.ieu qui regarde dans un miroir, dans lequel tout se trouve sauf l’essence ». Tout ce qu’Il crée, nous dit la Michna, Il le crée pour Sa gloire, car Il a un plaisir en chacune de ces choses.
Mais il y a plaisirs et plaisirs. Les innombrables légions d’anges des cieux spirituels se baignent dans le plaisir d’une illumination intarissable et de l’infinie sagesse divine, s’élevant toujours plus haut dans leur inextinguible soif de l’extase de la lumière infinie. Cependant, le plaisir essentiel de D.ieu est la joie de l’être qui ne peut être trouvé sur le sol de fond boueux appelé terre. C’est le plaisir que D.ieu a d’un monde qui perçoit également l’« être », car il se croit aussi réel que son Créateur.
Alors, quel peut-être Son plaisir de ce monde, si lointain et si peu éclairé ? Tout comme le nôtre : c’est le plaisir de l’union avec une âme qui est éloignée de Lui et choisit de se rapprocher ; une âme qui lui fera une demeure avec les matériaux d’un monde obscur ; une âme qui donnera naissance à de belles actions dans lesquelles D.ieu pourra clairement voir Son reflet. C’est en cela que réside le plaisir ultime de Celui qui est appelé Lumière Infinie.
Il n’est pas juste qu’il ait tout le plaisir et nous, seulement la douleur. Et pourtant, si nous ressentions Son bonheur infini en ces moments de retour et de bonnes actions, notre monde cesserait d’exister ; il s’évanouirait aussi promptement que disparaît l’ombre lorsque les volets sont brusquement ouverts et que la lumière du jour jaillit à l’intérieur.
C’est seulement dans le monde tel qu’il deviendra, lorsqu’il aura entièrement été transformé en une demeure pour le Divin, que nous partagerons le plaisir qu’Il a actuellement. Alors nous dirons, et connaîtrons pleinement, sa vérité : « Mieux valait un éternel instant de retour et de bonnes actions dans ce monde qui était, que toute la vie de ce monde tel qu’il était censé être. »
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