Cette nuit-là, le roi ne pouvait trouver le sommeil...
Esther 6, 1
Cette nuit-là, des cris d'appel furent adressés aux cieux. Les larmes et les prières des Juifs en détresse, leur repentir et leurs remords sincères en percèrent toutes les voûtes. Les anges consternés se demandaient si D.ieu voulait vraiment anéantir le monde.
Personne ne dormait. Mardochée et les Juifs étaient en prières et imploraient D.ieu. Esther était occupée à préparer le banquet pour le roi et Haman. Même le méchant Haman passa la nuit sans trouver le sommeil. Car il était en train de préparer la potence pour Mardochée. Seul, le roi Assuérus dormait calmement.
Lorsque le Seigneur vit Assuérus dormir si paisiblement, il dit à Gabriel : « Mes enfants sont en danger mortel et ce sot dort tranquillement ! Rends-toi auprès de lui pour troubler son sommeil. »
Le roi s'éveilla subitement et ne put se rendormir. Un grave soupçon lui traversa l'esprit et il se demanda pour quelle raison Esther avait invité Haman à assister au banquet. Ne seraient-ils pas, tous deux, en train de comploter contre lui ? Il commença à s'agiter dans son lit, se tournant et se retournant, pour essayer de chasser ses craintes. Il se disait : « Il se trouvera certainement un serviteur fidèle dans ma maison qui m'avertira en cas de grave danger, à moins que j'aie omis de le récompenser comme il aurait dû l'être. »
« Chamchi, cria le roi, apporte-moi le Livre des Mémoires et lis-moi ce qu'il y est écrit sur les récents événements qui se sont produits ici au palais. Dépêche-toi. »
Chamchi, le fils d'Haman, qui cette nuit-là remplissait auprès du roi les fonctions de chambellan, apporta le livre et se prépara à faire la lecture au roi. En rouvrant, les yeux de Chamchi tombèrent sur le récit rapportant comment Mardochée sauva la vie du roi en lui révélant le complot tramé par Bightan et Thérèch. Chamchi avait hâte de tourner la page, mais celle-ci se retourna d'elle-même. Le roi, qu'une telle maladresse impatientait, se fâcha et dit : « Pourquoi tournes-tu les pages dans tous les sens ? Commence à lire et n'hésite plus. »
D'une voix tremblante, le serviteur lui dit qu'il ne voyait pas bien clair, lorsque, tout à coup, les mots prirent vie : l'ange Gabriel lisait l'histoire de la loyauté de Mardochée et il n'omettait naturellement aucun détail. Tout en écoutant la lecture de Gabriel, le roi avait les yeux fermés : « ... Dans la septième année du règne du grand et puissant Assuérus, deux chambellans du roi, Bightan et Thérèch, formèrent le projet de porter la main sur le roi. Mardochée le Juif, le loyal chef des chambellans, eut connaissance de leur dessein, ayant surpris la conversation de ces deux traîtres. Il en informa la reine Esther et Esther le rapporta au roi... Les deux coquins furent pris en flagrant délit lorsqu'ils servirent du vin empoisonné. Ils avouèrent qu'ils avaient décidé cet acte de haute trahison parce que le roi avait mis Mardochée au-dessus d'eux et qu'ils avaient espéré pouvoir accuser ce dernier de ce crime... Les deux coupables furent pendus... Mardochée le Juif, le loyal chef des chambellans, sera récompensé le plus tôt possible. »
Gabriel lisait le récit avec tant d'art et citait le nom de Mardochée d'une voix si tendre que le roi en fut bercé et s'endormit. Maintenant, il rêvait qu'Haman se tenait au-dessus de lui ; sa main, qui tenait une épée, était levée. Le roi se réveilla en sursaut. Il entendit marcher dans le vestibule. « Qui est là? », demanda-t-il, et ses serviteurs lui répondirent que c'était Haman.
Tout cela n'était peut-être pas un rêve, pensa le roi, et il fit introduire Haman.
« Dis-moi, Haman, bon conseiller, comment le roi peut-il honorer un de ses sujets ? »
Haman se réjouit à ces paroles, car il pensait que c'était lui la personne en question.
Feignant l'indifférence et d'un air modeste, il répondit : « L'homme que le roi veut honorer devrait vêtir les habits royaux et, avec la couronne royale sur la tête, il devrait passer dans les rues de la capitale, assis sur le cheval du roi, tandis que les plus hauts fonctionnaires de l'État devraient marcher devant lui et crier : “Ainsi est-il fait à l'homme que le roi désire honorer !” »
Ah ! pensait le roi, ce coquin a vraiment des vues sur ma couronne, et en clignant l'œil, il ordonna à Haman de se dépêcher et de faire tout cela à Mardochée. Haman prétendit ne pas comprendre et ne pas savoir de quel Mardochée il était question. À quoi le roi lui répondit qu'il s'agissait naturellement de Mardochée, le Juif. « Mais, il y a beaucoup de Juifs qui s'appellent Mardochée », se lamenta Haman.
Mais le roi lui répondit que le Mardochée dont il était question était celui qui se tenait près des grilles du palais. Haman fondit en larmes, en déclarant que Mardochée était son ennemi juré et qu'il préférait lui donner dix mille étalons d'argent plutôt que de lui accorder cet honneur.
« En effet, donne-lui l'argent, mais qu'il lui soit accordé également l'honneur que tu as proposé. »
Mais Haman ne se déclara pas encore vaincu et supplia : « Ô Roi, vas-tu accorder tant d'honneurs à un Juif ? »
Alors le roi se fâcha et s'écria : « Quelle insolence ! Ne suffit-il pas que Mardochée m'ait sauvé la vie ? Assez de discussions. Rends-toi immédiatement chez Mardochée et exécute mes ordres à la lettre, si tu tiens à la vie. »
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