On pendit Haman au gibet qu'il avait préparé pour Mardochée...

Esther 7, 10

Le roi Assuérus, la nuit du banquet qui lui était offert, était d'une excellente humeur. La détente de la journée passée se reflétait encore sur son visage. Comme cela avait été comique de voir Haman accorder tant d'honneurs à son pire adversaire. Il avait reçu une leçon bien méritée.

Et Assuérus, s'adressant tendrement à Esther, lui dit : « Esther, ma Reine, tu as certainement un souhait que tu aimerais que j'exauce. Tu n'as sûrement pas organisé ces deux banquets pour faire plaisir à Haman ? Dis-moi quel est ton désir. Je t'accorderai même la moitié de mon empire, seulement ne me demande pas la permission pour les Juifs de reconstruire leur Temple, car il se trouve dans la moitié du royaume que je me réserve. »

Esther, jugeant que les grands honneurs faits à Mardochée pendant la journée étaient un signe favorable du Ciel, avait retrouvé sa confiance et son assurance en elle-même, et, d'une voix pleine d'émotion, elle répondit au roi : « Je ne souhaite qu'une chose : c'est que ma vie et celle de mes compatriotes soient préservées, car nous devons, mon peuple et moi-même, être perfidement et impitoyablement exterminés, égorgés et anéantis... »

Le roi prit alors la parole et dit à son épouse : « Qui ose faire une chose pareille ? »

Esther répondit, en tendant un doigt accusateur du côté d'Haman : « C'est notre oppresseur et notre ennemi, cet odieux Haman. C'est lui qui a voué au malheur la reine Vachti et c'est lui encore qui veut m'ôter la vie... »

Haman fut atterré et devint pâle. Il se mit à genoux devant la reine en la priant de lui faire grâce de la vie. Mais le roi, fou de rage, lui dit : « C'est donc toi qui as osé comploter dans ma maison contre ma femme ? » Sur quoi, il quitta la table et sortit dans le jardin pour prendre l'air.

À sa grande surprise, il s'aperçut que quelques hommes étaient en train de couper et d'abattre les arbres rares et exotiques de son jardin. En réalité, c'étaient des anges venus du ciel pour éveiller en lui un indomptable sentiment de rage contre Haman. Le roi se mit à hurler :

« Qui vous a dit de faire ce travail ? » et les jardiniers de répondre : « C'est Haman qui nous a donné l'ordre d'abattre ces arbres. »

Comme un fauve blessé, le roi se précipita vers la salle de fête et trouva l'infortuné Haman épuisé et abattu sur le lit d'Esther. À cet instant, ‘Harbona, un des serviteurs du roi, dit à son maître : « N'as-tu pas appris, ô Roi, qu'Haman a fait dresser pour Mardochée, que tu honores, une potence de 50 coudées de haut ? Vois, elle est plus haute que sa maison. »

« Qu'on y pend'Haman ! », répondit le roi.

C'est ainsi qu'Haman fut pendu à la potence même qu'il avait préparée pour Mardochée. Lorsqu'il eut expiré, la colère du roi s'apaisa.