Commentaire ‘hassidique sur Nitsavim
29:14 Avec toutes les générations futures. La Torah transcende les limites du temps et de l’espace. Par conséquent, même aujourd’hui, la réaffirmation de notre alliance avec D.ieu que nous réalisons lorsque nous décidons d’étudier la Torah et d’accomplir ses commandements, nous unit immédiatement et spontanément à tous les Juifs du monde. Elle nous unit de même à chacune des générations du peuple juif – passée, présente et future. Dès lors, nous bénéficions, dans notre détermination, de l’appui de tous les Juifs de toutes les générations.
Ainsi, bien que nous soyons « le plus petit des peuples »,1 nous n’avons pas à craindre d’être dépassés en nombre en ce qui concerne les questions liées à la Torah, ses commandements ou l’accomplissement de notre mission divine la plus large, celle de transformer le monde en demeure pour D.ieu. Nous avons avec nous les mérites de toutes les générations du peuple juif.2
29:18 Ajoutera l’ivrognerie à la soif. Les plaisirs dont notre âme animale cherche à se repaître sont aisément accessibles dans notre monde matériel, de sorte qu’elle est « ivre » par rapport à notre âme divine, assoiffée de Divinité. La soif de l’âme divine ne peut jamais s’apaiser tant qu’elle est revêtue dans le corps et se trouve confrontée à la dissimulation du monde présent. Ce n’est que dans le futur messianique, lorsque le Divin se révélera au grand jour, que l’âme divine deviendra « ivre » de Divinité.
En attendant, notre âme animale tente d’« ajouter l’ivrognerie à la soif ». Ce côté de notre personnalité sait que les plaisirs matériels sont trop superficiels pour nous satisfaire de manière significative ou durable. Pourtant, il soutient que l’accomplissement spirituel que cherche notre âme divine dans l’étude de la Torah, la prière et l’observance des commandements de D.ieu nous est plus aisément disponible dans les attraits de ce monde.
Notre défi dans la vie est de repousser cette voix fallacieuse et d’écouter la voix intérieure de notre âme divine, ordonnant nos priorités conformément aux véritables intérêts que nous partageons avec D.ieu.3
30:2 De tout ton cœur et de toute ton âme. Contrairement au repentir (techouva), qu’il nous est ici enjoint d’exprimer de tout notre cœur et de toute notre âme, nous sommes enjoints d’aimer D.ieu non seulement de tout notre cœur et de toute notre âme, mais encore de « toute notre force ».4
La Torah requiert que notre amour pour D.ieu ne soit pas seulement une fonction de notre cœur et de notre âme, mais qu’il s’appuie aussi sur les aptitudes illimitées à nous lier à D.ieu, qui se trouvent enracinées dans notre conscience divine essentielle.
Le repentir, en revanche, est foncièrement un acte de dépassement de soi. C’est le moi normal et agissant qui nous a menés à notre situation actuelle d’avoir fauté et, en conséquence, d’avoir besoin de nous repentir. Aussi, nous devons transcender ce moi et chercher un degré d’identité plus profond, plus essentiel, dans lequel D.ieu comptera pour nous davantage que les complaisances auxquelles nous nous sommes habitués.
Dès lors que nous avons trouvé cette conscience transcendante, nous devons en faire notre conscience normative afin d’empêcher tout recul dans les niveaux de conscience et de comportement associé que nous avons atteints.
Ainsi, en même temps qu’elle nous défie d’élever notre amour de D.ieu du plan normal au transcendant, la Torah nous propose d’achever notre repentir en faisant de notre relation transcendante avec Lui notre relation normale. Les processus associés au repentir et à l’amour sont absolument contraires, le premier s’élevant à partir des limitations innées et le second apportant de la transcendance dans la conscience finie.5
30:3 Où l’Éternel t’avait dispersé. En même temps qu’il ramènera les exilés, D.ieu ramènera Sa Présence divine, qui les avait accompagnés jusqu’alors en exil, dans sa « patrie », la terre qu’Il désigna comme le cadre dans lequel Il montrera pleinement comment faire de ce monde Sa demeure.
Les peuples du monde qui nous ont opprimés alors que nous étions en exil recevront également des punitions correctives variées pour leur comportement, l’une étant l’exil de leurs propres terres natales. Le temps de notre délivrance venu, ces peuples exilés retourneront eux aussi dans leur patrie ; de la sorte, les éléments de la Présence divine qui s’étaient déplacés à cause de ces exils viendront reprendre leur emplacement juste.6
30:8 Obéissant à l’Éternel. En exprimant cela par la phrase littérale « écouter la voix de l’Éternel », Moïse signifiait non seulement que nous Lui obéirions, mais que nous reconnaîtrions de même le message présent dans Sa voix. Notre croyance dans le fait que D.ieu est bon et que tout ce qu’Il fait est bon nous permet de Le remercier pour tout dans la vie, même pour ce qui est en apparence le contraire du bien. Par le mérite de cette croyance, D.ieu nous montrera enfin comment tout ce qu’Il fait est vraiment bon.7
30:11–14 Car cette chose est très proche de toi. Nous possédons tous un amour profond pour D.ieu, inhérent à notre âme divine. Cet amour, bien qu’il soit en principe « caché », autrement dit non conscient, peut être atteint par quelques exercices de réflexion assez simples. Comme nous l’avons mentionné auparavant,8 le rappel de notre volonté de sacrifier à D.ieu jusqu’à notre vie si nécessaire fait émerger notre amour inné pour Lui à la surface de notre conscience.
Cependant, il est trop facile de s’exalter émotionnellement à propos de D.ieu et que ce sentiment se dissipe ensuite aussi vite qu’il est apparu. Le but est donc d’ancrer cet amour dans notre vie quotidienne afin qu’il devienne un trait permanent de notre être.
On peut comprendre ceci par l’épisode suivant, relaté dans le Talmud :9
Rabbi Yehochoua ben ‘Hanania raconte : « Une fois, au cours d’un voyage, j’ai rencontré un petit garçon assis à un carrefour. Je lui ai demandé : “Par quel chemin peut-on atteindre la ville ?” Il a répondu : “Ce chemin-ci est court et long, et celui-là est long et court.” J’ai pris le chemin “court et long”. À l’approche de la ville, j’ai remarqué que l’accès était entièrement bloqué par des jardins et des vergers. Revenant en arrière, j’ai dit au garçon : “Mon fils, ne m’avais-tu pas dit que ce chemin était court ?” Et lui de répondre : “Et ne vous ai-je pas dit aussi : ‘et long’ ?” »
En d’autres termes, une des routes est courte, autrement dit directe, mais menant à une impasse ; l’autre route est longue, occasionnant des détours, mais mène aux portes de la ville. De même, dans notre quête spirituelle il existe un chemin court et facile, mais qui se révèle finalement être long, puisque nous nous retrouvons enfin à notre point de départ et devons tout recommencer. Il existe également un chemin long et difficile, mais qui en réalité est le chemin le plus court, puisqu’en fin de compte il nous permet d’atteindre notre but et que nous sommes dispensés de la nécessité de répéter le processus.
Le chemin court mais long est, comme il a été affirmé, d’éveiller l’amour pour D.ieu directement, en nous rappelant notre volonté de sacrifier pour Lui jusqu’à notre vie. Cette démarche se base sur notre croyance innée en D.ieu. Le chemin long mais court, en revanche, exige d’utiliser l’intellect pour méditer sur les caractéristiques de la nature de D.ieu, de Sa providence, et de la façon dont Il Se manifeste dans le monde, dans la Torah, comme dans notre vie.
Les deux approches présentent des avantages et des inconvénients. Le perfectionnement de soi-même et la transformation que l’on accomplit par l’intellect aplanissent les obstacles que pose la vie dans ce monde à une existence liée à D.ieu. Au lieu de « clôtures » entravant l’entrée vers le but que nous souhaitons, nous trouvons alors une porte grande ouverte.10
30:15–19 Voici, j’ai mis devant toi aujourd’hui la vie et le bien ... choisir la vie. Il n’est pas toujours évident que le bon comportement mène aux bénédictions et à la vie, et que le mauvais comportement mène aux malédictions et à la mort. Cela nous permet de choisir librement de bien agir. S’il était toujours évident que le bon comportement conduirait à la bénédiction et à la vie, alors que le mauvais comportement conduirait au contraire, quel autre choix aurait-on que celui de pratiquer le bien ?
Pour cette raison, à un niveau plus profond, D.ieu (à travers Moïse) nous demande ici de faire le bien agir pour lui-même sans espérer de récompense matérielle, même s’il est clair pour nous que cela conduit à des résultats positifs.11
Commentaire ‘hassidique sur Vayelekh
31:2 Aujourd’hui j’ai cent vingt ans exactement. Les sages nous enseignent que le fait que Moïse ait vécu en entier la dernière année de sa vie, jusqu’au dernier jour, signifie qu’il vécut l’ensemble de sa vie au maximum, ne perdant pas de temps et ne laissant inachevée aucune partie de la tâche qui lui avait été confiée. Il s’agit là du signe distinctif du Juste.
Il est naturel que la perfection spirituelle d’un Juste se reflète dans une certaine forme de perfection matérielle. De plus, le fait que la vie matérielle d’un Juste reflète si parfaitement sa vie spirituelle indique qu’il a réussi à surmonter la dichotomie séparant le spirituel du matériel. La raison pour laquelle cette unité du spirituel et du matériel s’exprime principalement dans le domaine des années de vie de l’individu est que l’année constitue l’unité de temps qui comprend le cycle entier du changement, comme en témoigne notamment la répétition annuelle des saisons.
Certes, la plupart des gens – même les Justes – ne meurent pas le jour de leur anniversaire ; cela peut simplement signifier qu’ils ont achevé leur tâche plus tôt, ou qu’on leur a accordé du temps supplémentaire au terme de leur tâche afin de concrétiser un but supplémentaire. Néanmoins, lorsque les Justes reflètent ouvertement cette perfection en mourant le jour de leur anniversaire, c’est qu’ils ont incarné les idéaux mentionnés d’une manière particulièrement manifeste tout au long de leur vie.
En tout état de cause, la vie de ces Justes doit nous inspirer à vivre chacun pleinement notre vie, la conscience de notre mission divine imprégnant chaque minute et chaque élément de notre existence. Ce faisant, nous annulons la dichotomie artificielle du spirituel et du matériel, et révélons ainsi la Divinité inhérente qui sous-tend la réalité tout entière.12
31:6 Il ne te lâchera pas et ne t’abandonnera pas. Par ces paroles, Moïse nous fait savoir que, s’il nous semble que la vie serait plus facile si nous étions exemptés de la mission de D.ieu comme de Son secours, une telle vie n’est pas possible en réalité. D.ieu ne nous abandonnera jamais. Nous ne pourrons jamais réduire au silence la voix intérieure qui nous pousse à rejeter notre engouement pour de vaines poursuites et à assumer avec responsabilité la tâche d’être des Juifs.
C’est pour cette même raison que personne ne doit jamais se sentir incapable d’accomplir sa mission divine. Le même D.ieu qui refuse de nous laisser seuls, nous poussant toujours à nous joindre à Lui pour perfectionner le monde, Se tient à nos côtés pour nous aider dans nos efforts de transformation du monde en Sa demeure.13
31:7 Tu dois entrer avec ce peuple. La Torah de D.ieu et Ses commandements sont éternels et immuables, mais la façon dont ils sont pertinents et applicables dans chaque génération change au fil du temps. Pour nous accorder la possibilité de mener notre vie conformément à Ses souhaits, D.ieu autorise les dirigeants rabbiniques de chaque génération à appliquer les leçons de la Torah selon les circonstances particulières de leur temps.
Par conséquent, lorsque les autorités rabbiniques d’aujourd’hui appliquent les enseignements de la Torah de manière novatrice, il n’est pas sensé d’essayer de vivre dans le passé avec l’argument que les dirigeants des générations précédentes n’ont pas vu la nécessité de telles innovations. Au contraire : ce n’est qu’en lisant la Torah à travers les yeux de notre « Josué » – notre Moïse contemporain – que nous serons certains d’en recevoir l’inspiration nécessaire afin d’accomplir notre mission divine et mener notre vie en toute plénitude.14
31:9 Moïse transcrivit. Lorsque Moïse donna aux prêtres leur copie de la Torah, le reste du peuple juif se plaignit, car, ayant reçu eux aussi la Torah au mont Sinaï, ils étaient censés se trouver sur un pied d’égalité avec la tribu de Lévi, et le fait de donner aux Lévites la seule copie existante de la Torah permettrait ensuite à ces derniers de prétendre – lorsqu’eux seuls seraient en mesure de l’étudier à tout moment – qu’elle leur avait été donnée pour l’étudier, tandis que le reste du peuple était seulement obligé de suivre ses directives. En entendant ces plaintes, Moïse se réjouit, car il avait déjà dit aux Juifs qu’ils devaient apprendre à apprécier les bienfaits de D.ieu intensément, au point d’être mus par le désir de s’attacher à Lui par amour, et ces plaintes montraient qu’ils voulaient vraiment s’attacher à Lui. Moïse exprima son approbation en utilisant les mêmes termes qu’il avait employés plus tôt ce jour-là : « Jusqu’à ce jour, l’Éternel ne vous a pas donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. »15
31:11 Tu liras de cette Torah devant tout Israël. Nous avons vu auparavant16 que nous sommes tous tenus de nommer un « roi » sur nous, c’est-à-dire un conseiller spirituel chargé de veiller à ce que nous restions fermes sur le chemin de la croissance spirituelle. La responsabilité première de ce roi est de « nous lire » – autrement dit de nous inculquer – les passages de la Torah que le vrai roi lit au peuple lors de l’assemblée septennale. La leçon principale est contenue dans le premier paragraphe du Chema, centré sur l’acceptation « du joug de la royauté divine », soit de la soumission à l’autorité de D.ieu. S’ensuit le deuxième paragraphe du Chema, qui nous enseigne que la réussite matérielle dépend de notre obéissance aux commandements de D.ieu.17
31:12 Rassemble le peuple. En ce qui concerne la plupart des commandements de la Torah, l’observance matérielle du commandement possède une valeur en soi, indépendamment de toute intention qui lui est associée. Quoiqu’il se voie considérablement enrichi lorsqu’il est accompli tout en gardant à l’esprit les intentions associées, le commandement existe par lui-même.
Le commandement de ce rassemblement tous les sept ans diffère cependant de la plupart des autres commandements de la Torah en ce que l’intention qui le sous-tend n’est pas un simple résultat ou un sous-produit de son observance, mais fait partie intégrante de cette dernière. Cette différence ressort dans la façon détaillée dont la Torah décrit l’intention sous-jacente propre à l’assemblée : « afin qu’ils entendent… afin qu’ils apprennent… afin qu’ils craignent… et gardent, etc. »
Ainsi, lorsque nous accomplissons l’intention qui sous-tend ce commandement, même de nos jours, nous accomplissons non seulement les dimensions de pensée ou de parole, mais en outre sa dimension d’action, au moins en partie.
Puisque l’objectif du rassemblement est de renforcer les fondements de l’éducation et de l’observance juives, il est vital que nous nous efforcions tous d’atteindre cet objectif dans toute la mesure du possible. Pour commencer, nous devons tous nous efforcer de « rassembler » toutes les facettes divergentes de nos personnalités, et les imprégner de la connaissance et de la crainte révérencielle de D.ieu.18 Ensuite, nous devons rassembler nos familles périodiquement et nous renforcer mutuellement dans ces domaines avec un esprit d’amour familial et de camaraderie. Enfin, nous devons essayer de rassembler autant de groupes que possible – que ce soit au travail, à l’école, dans nos synagogues, nos familles élargies, notre cercle d’amis, etc. – afin d’influencer le plus grand nombre de personnes à renforcer leur engagement envers les valeurs et le mode de vie de la Torah, sur la base de l’amour et de la crainte de D.ieu.
L’observance de ce commandement dans toute la mesure du possible suscitera la réponse correspondante de D.ieu, Qui nous permettra de l’accomplir enfin de manière optimale dans le Temple reconstruit, lorsque nous écouterons la Torah de la bouche du roi juif ultime, le Messie.19
31:17 N’est-ce pas parce que mon D.ieu n’est plus au milieu de moi. Cette phrase peut également se lire comme suit : « C’est parce que mon D.ieu n’est pas en moi que j’ai trouvé ce mal. » Rabbi DovBer de Loubavitch explique ce verset comme se référant à l’enseignement du Baal Chem Tov,20 d’après lequel D.ieu nous montre nos propres défauts – que notre penchant naturel nous conduit à négliger ou à justifier –, en nous les présentant à travers d’autres personnes. Ainsi,
Parce que mon D.ieu n’est pas en moi : parce que je ne suis pas assez sensible sur le plan spirituel pour parvenir à percevoir mes propres défauts…
Que j’ai trouvé ce mal : j’ai été contraint de voir mon mal reflété dans mon prochain.21
31:18 Je cacherai Ma face en ce jour. En hébreu, le verbe pour « Je cacherai » est souligné par une répétition emphatique. Le Baal Chem Tov interprète cela comme signifiant que la dissimulation de D.ieu nous sera elle-même dissimulée,22 autrement dit, nous serons tellement submergés par notre exil que nous aurons oublié comment était la vie avant lui. Ayant pris l’habitude des ténèbres spirituelles, nous les considérerons comme naturelles, et la lumière et le bien nous paraîtront anormaux, voire malsains. Cette malédiction est apparemment la pire possible, car, lorsque nous sommes conscients de souffrir, nous pouvons essayer d’éliminer la cause de la souffrance et y mettre ainsi fin, mais lorsque nous ne sommes même pas conscients de souffrir, cette espérance n’existe pas.
Cependant, puisque nous avons souligné23 que toutes les malédictions contenues dans la Torah sont en réalité des bénédictions trop intenses pour être révélées comme telles au premier abord, il s’ensuit que cette prédiction funeste n’est rien de moins qu’une bénédiction déguisée. En fait, étant en apparence la pire malédiction possible, il s’ensuit qu’elle incarne la meilleure bénédiction possible.
Comme nous l’avons vu,24 la nature de l’essence de D.ieu dépasse tant les limites de la création que non seulement il nous est impossible de l’appréhender, mais qu’en outre il nous est impossible d’appréhender ce qui nous est impossible d’appréhender. Dans ce sens, elle nous est doublement cachée. De même, à l’autre extrême, la Divinité peut se cacher si complètement dans l’exil que nous ne sommes même pas conscients qu’elle est dissimulée.
Comme nous le verrons bientôt,25 il nous a été assuré que jamais le peuple juif n’oubliera la Torah. Il s’ensuit dès lors que, peu importe la gravité de l’exil et le fait que nous ayons sombré au point de confondre les ténèbres avec la lumière et la lumière avec les ténèbres, nous serons toujours conscients de notre confusion, aussi invraisemblable que cela puisse nous paraître alors. Si, sur la base de cette connaissance, nous réalisons que ce que nous ressentons est en fait une double obscurité, et que chaque phénomène négatif dans la vie n’est qu’une version dégradée de ce phénomène dans sa forme positive, nous réaliserons finalement que le pendant de la double obscurité est la double lumière, c’est-à-dire la notion que D.ieu transcende la transcendance.
Dès lors que fait jour en nous cette conscience de l’essence supra transcendante de D.ieu, nous réaliserons qu’Il Se trouve au-delà de tout, y compris de la dichotomie opposant la limite et l’illimité, et que, de ce fait, Il peut nous délivrer de la double contrainte d’avoir à choisir entre nous opposer à ce qui semble familier et nous laisser aller vers ce que nous reconnaissons comme les ténèbres. Cette conscience nous pousse à nous consacrer pleinement à D.ieu, retournant à Lui avec un dévouement infini.26
31:23 Car tu feras entrer les enfants d’Israël dans le pays. L’on nous enseigne que, si Moïse avait conduit le peuple juif en terre d’Israël, la conquête aurait été obtenue pratiquement sans effort. La puissance de la sainteté de Moïse aurait neutralisé tout obstacle. Et, de même, pour notre « conquête » de la matérialité du monde : l’entrée de Moïse sur la terre d’Israël aurait supprimé tout effort dans notre tâche d’élever et d’affiner le monde.
C’est là la raison profonde pour laquelle D.ieu ne permit pas à Moïse d’entrer en Terre Promise. D.ieu désire déverser sur nous du bien infini. Mais s’Il le faisait librement, sans nous obliger à le « gagner », nous éprouverions de la honte. Son désir d’être bon avec nous entraînerait ainsi l’effet inverse. Aussi, D.ieu rendit le déversement de Sa bonté infinie dépendant de nos efforts. Chaque fois que nous invoquons notre potentiel enfoui afin de surmonter les obstacles que nous rencontrons dans la réalisation de notre mission divine de perfectionner le monde, nous gagnons la bonté infinie de D.ieu.27
31:26 Et placez-le à côté. L’Arche contenait donc la Torah gravée dans la pierre et, en outre, écrite sur parchemin. Comme il a été expliqué auparavant,28 la différence entre les lettres gravées et les lettres écrites consiste en ce que les lettres gravées font partie intégrante de la pierre, alors que les lettres écrites ne font pas partie du parchemin, mais y sont ajoutées. Ainsi, les lettres gravées font allusion à notre lien intrinsèque avec la Torah, comment « Israël et la Torah ne font qu’un », tandis que les lettres écrites renvoient à la façon dont nous préservons notre lien avec la Torah même pendant la vie quotidienne, lorsque la conscience divine accrue que nous ressentons au moment de la prière et de l’étude de la Torah décroît et que nous devenons plus conscients de nous-mêmes en tant qu’agents indépendants.29
Comme nous l’avons vu de même,30 l’Arche de l’Alliance transcendait les limites de l’espace matériel, reflétant l’infini de D.ieu. La présence conjointe dans l’Arche de la Torah gravée et de la Torah transcrite fait allusion à l’idée que nous devons en même temps ressentir notre lien intrinsèque avec la Torah et être prêts à porter cette expérience avec nous dans notre vie profane. Le degré de conscience atteint à l’intérieur du Saint des Saints – à savoir que le temps et l’espace, étant des créations de D.ieu soumises à Sa volonté, ne sont pas contraints par les limites du temps et de l’espace – doit se propager par-delà ses murs, remplissant finalement le monde entier et tous ses habitants de sa conscience divine transcendante.31
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