6:2 À la condition que le feu de l’autel y brûle. La règle selon laquelle les parties de l’animal devant être brûlées peuvent être déposées sur l’autel à n’importe quel moment de la nuit s’applique à tous les sacrifices d’animaux, et pas seulement aux offrandes d’élévation.
Elle demeure valable… jusqu’au matin. Dans notre vie personnelle, le fait de brûler un sacrifice animal sur l’autel symbolise la façon dont nous consacrons à Dieu notre existence et, plus particulièrement, notre quête du plaisir (représenté par la graisse placée sur l’autel).1 Offrir notre plaisir sur l’autel de Dieu revient à transformer un plaisir égocentrique – éprouver du plaisir de quelque chose en raison des bénéfices ou de la jouissance qu’elle nous procure – en un plaisir de faire des choses pour Dieu.
Dans un sens métaphorique, le jour représente les aspects de notre vie qui constituent des manifestations évidentes de « lumière » spirituelle, c’est-à-dire de conscience divine : étudier la Torah de Dieu et accomplir Ses commandements. La nuit, par contre, symbolise tous les autres aspects profanes de notre vie, dont la dimension divine est obscurcie par les « ténèbres » de la matérialité. Ainsi, la double obligation de placer les graisses sur le feu de l’autel aussi bien pendant le jour que la nuit indique que nous devons transformer le plaisir centré sur notre personne en un plaisir centré sur Dieu, à la fois dans notre vie spirituelle (l’étude de la Torah et l’accomplissement des commandements) et dans nos affaires profanes.2
Tout au long de la nuit. Le feu qui brûlait sur l’autel était maintenu allumé tout le long de la nuit, indiquant qu’il est possible de répandre la lumière divine même sur les moments spirituels les plus sombres. Dans un sens spirituel, le feu tirait sa faculté d’éclairer la nuit – dominant ainsi les ténèbres naturelles de la nuit – du feu divin qui descendait sur l’autel pour dévorer les sacrifices.3 Voici, en effet, un principe que nous pouvons garder à l’esprit lorsque nous nous trouvons dans des moments de « nuit spirituelle » : nous pouvons étendre l’inspiration spirituelle de nos jours et moments sacrés aux moments d’obscurité et de « nuit ».4
6:3 Près de l’autel. Les cendres de l’autel intérieur et les cendres des mèches brûlées du candélabre devaient également être déposées à cet endroit.5 Toutes ces cendres s’enfonçaient miraculeusement à cette partie du parvis.6 Cet acte d’enlèvement quotidien et d’entassement des cendres faisait partie des sacrifices : c’est pourquoi cela était exécuté par un prêtre revêtu de sa tenue en dépit du risque de rendre impurs ces vêtements par les cendres – à l’instar de tous les autres rites liés aux sacrifices (comme l’abattage, le recueil et l’application du sang, la mise au feu), que le prêtre accomplissait revêtu de ses vêtements sacerdotaux en dépit du risque qu’ils en deviennent impurs.
6:3–4 Il enlèvera les cendres. Les parties de l’animal qui sont brûlées et s’élèvent au ciel représentent les aspects du monde matériel susceptibles de devenir spirituels – c’est-à-dire pouvant être utilisés directement ou indirectement dans l’accomplissement des commandements –, tandis que les cendres résiduelles symbolisent les besoins profanes de la vie, placés hors du royaume de la sainteté révélée.
L’acte de déposer les cendres près de l’autel fait allusion à la manière la plus noble d’accomplir les activités profanes, celle qui nous permet de transformer ces activités en une expérience de connaissance de Dieu. Néanmoins, le rite devait s’accomplir au petit matin, avant le commencement des sacrifices proprement dits. Cela signifie que ce type de service, tout important qu’il soit, ne doit être considéré que comme une préparation à notre véritable tâche dans la vie : étudier la Torah et exécuter ses commandements.7
Les cendres portées hors du camp se rapportent allégoriquement à ces activités profanes à propos desquelles nous ne pouvons pas rassembler suffisamment d’inspiration pour les transformer en actes saints. En tant que Juifs, nous devons considérer l’implication dans ces cendres comme contraire à ce qui est naturel. Nous appartenons « à l’intérieur du Tabernacle » ; aussi, nous sommes totalement absorbés par la recherche de la sainteté : prier Dieu, étudier Sa Torah, accomplir Ses commandements, révéler et ressentir Sa présence dans la création.
Certes, nous déposons ces cendres dans un endroit qui ne soit pas impur – autrement dit, nous nous engageons dans toutes ces activités profanes « pour l’amour du Ciel » – ; mais, malgré tout, ces activités nous obligent à nous écarter de la conscience élevée du Divin, qui s’exprime dans la recherche de la sainteté.
La Torah nous dit donc que nous ne devons nous occuper de ces cendres que lorsqu’elles s’amoncellent au point d’empêcher le feu de consumer les offrandes : tant que nous sommes à même de poursuivre notre recherche de Dieu sans rencontrer d’entrave, il n’y a aucune raison de nous laisser distraire par des soucis matériels. La seule justification réelle de nous engager dans des poursuites matérielles est de permettre ou renforcer davantage l’activité divine « à l’intérieur du Tabernacle ».8
6:5 Même si le feu divin consumera. En règle générale, toute initiative spirituelle émanant de nous suscite une réponse réciproque de la part de Dieu, de même que toute action physique déclenche une réaction symétrique. Nos initiatives étant limitées par notre condition d’êtres humains, il serait logique de conclure que les réponses divines qu’elles éveilleront seront, en correspondance, limitées dans une même proportion. Cependant, Dieu nous accorde une récompense infinie pour nos initiatives finies. Quoi qu’il en soit, notre initiative doit s’apparenter à la réaction divine réciproque que nous tenons à susciter.
Tel est le cas dont il est ici question : le feu divin étant la manifestation visible de la présence infinie de Dieu comme elle se révèle dans les limites temporelles et spatiales finies du Tabernacle, le feu de l’autel qui suscite cette présence doit, d’une certaine manière, être également « infini ».
Le temps et l’espace sont finis par définition, mais le fait de se servir d’un objet matériel pour produire quelque chose de manière régulière et continue inspire un sentiment d’éternité, d’une réalité qui transcende les aléas de l’existence relative et éphémère. En ce sens, la cohérence et la continuité sont le reflet humain de l’infini divin. Aussi, en nous assurant que notre feu soit régulier et constant, nous faisons qu’il suscite le feu divin infini.
Comme nous l’avons vu, le feu de notre autel personnel est l’enthousiasme avec lequel nous accomplissons notre mission divine. Garder cette flamme d’enthousiasme allumée constamment, sans répit, suscite la révélation infinie de Dieu dans notre vie, ce qui devient manifeste, d’un point de vue concret, lorsque nos efforts terrestres rencontrent un succès dépassant tout ordre naturel.9
Le dernier sacrifice offert chaque jour doit être l’offrande quotidienne du soir. La seule exception à cette règle est l’offrande de Pessa’h, qui est offerte après l’offrande quotidienne qui a lieu le soir du 14 Nissan.10
6:6 Le feu ne s’éteindra pas. En gardant notre enthousiasme enflammé, la flamme divine qui nous anime finira par réduire en cendres tous les obstacles nous empêchant de mener une vie sainte et joyeuse.11 Mais le feu ne peut produire son œuvre que s’il brûle sans répit ; toute défaillance dans notre enthousiasme permet au pessimisme de s’immiscer. Un feu intermittent, ou le souvenir des flammes récentes, ne suffisent donc pas ; nous devons devenir capables de garder nos feux intérieurs allumés, peu importent nos changements d’humeur éventuels.12
Les lampes du candélabre. Le fait que les lampes du candélabre soient allumées à partir du feu prélevé de l’autel extérieur plutôt que de l’autel intérieur nous enseigne que, pour devenir un « candélabre », une lumière éclairant notre propre parcours spirituel, nous devons puiser dans des ressources qui se trouvent seulement « à l’extérieur », les grands potentiels divins inhérents à la réalité matérielle, en révélant leur élan divin, pour élever ainsi la conscience du « dehors » au degré de la conscience du divin propre au « dedans ».
En relevant les défis du monde situé « hors » du Sanctuaire, loin de la conscience du Divin, nous pouvons non seulement allumer notre lumière personnelle, mais également veiller à ce qu’elle reste continue et stable.13
6:21 Doit être brisé. Lorsque les aliments sont cuits dans un récipient, celui-ci en absorbe une partie, que ce soit leurs jus ou leurs parfums. Les récipients en terre cuite et les récipients en métal diffèrent quant à la manière dont ils rejettent le contenu absorbé. Ainsi, les récipients en métal peuvent en être purgés en les faisant bouillir dans l’eau, mais ceux fabriqués en terre cuite ne peuvent nullement l’être, ni en les faisant bouillir ni par aucun autre moyen. En conséquence, lorsque la chair des sacrifices est préparée dans un récipient fabriqué en terre cuite, tout ce que le récipient a absorbé de l’offrande ne peut pas être consommé ; le récipient acquiert alors le statut d’un aliment issu du sacrifice qui n’a pas été consommé dans le délai établi, et doit de ce fait être détruit sans délai. À l’instar des aliments qui absorbent le jus du sacrifice par contact (comme il est décrit dans le verset précédent), un récipient en terre cuite ayant absorbé un tel jus à travers la cuisson en vient à revêtir ses propriétés, et devient prohibé dans sa totalité. Une fois que le récipient est cassé, on considère que le jus a été éliminé, de même que la chair non consommée dans le délai prescrit doit être brûlée.14
Par contre, si la chair du sacrifice est cuite dans un récipient en métal, il n’est pas besoin de le briser. Le jus du sacrifice absorbé pouvant être rejeté (puis être consommé) si un autre aliment est cuit dans le récipient, sa présence ne fait pas du récipient un objet interdit.
7:7 À effectuer le rachat par elles. Cela exclut non seulement les prêtres qui ont contracté une impureté rituelle et demeurent pleinement dans cet état,15 mais également tout prêtre qui : (a) a contracté une impureté rituelle et s’est plongé dans un mikvé mais attend la tombée de la nuit pour se débarrasser de son impureté ; ou (b) a contracté une impureté rituelle et s’est immergé dans un mikvé et a attendu la tombée de la nuit, mais doit encore offrir un sacrifice pour se débarrasser entièrement de son impureté ; ou (c) celui dont le père, la mère, la sœur, le frère, le fils, la fille ou la femme sont décédés en ce jour.16
7:12 Afin d’exprimer sa reconnaissance. À l’ère messianique, les sacrifices communautaires continueront à être offerts,17 mais les offrandes personnelles ne seront plus en vigueur. La seule exception en sera l’offrande de reconnaissance. De même, il est enseigné qu’à l’ère messianique, les seules prières qui auront cours seront les prières de reconnaissance.18
La finalité des sacrifices personnels (autres que l’offrande de reconnaissance) est d’orienter l’âme animale vers le Divin. (Dans certains cas, cela implique le rachat de la faute.) À l’ère messianique, lorsque le processus de rachat parviendra à son terme et que nous ne connaîtrons plus d’inclination au mal, ces types de sacrifices ne seront plus nécessaires. Seul le sacrifice de reconnaissance sera maintenu, car il a pour but d’exprimer notre conscience d’être des sujets dépendants de Dieu. Dans le même ordre d’idées, nous n’aurons plus à prier pour nos besoins : nous ne manquerons de rien, la maladie et la pauvreté appartiendront au passé, et la société humaine se caractérisera par son harmonie et sa sensibilité spirituelle. La prière dans son acception traditionnelle, qui est d’implorer Dieu, deviendra un vestige du passé ; seul son aspect d’expression de reconnaissance se maintiendra, dans la mesure où nous Le remercions en permanence pour Sa bienveillance et Ses prodiges.19
7:15 Il devra prendre grand soin. L’offrande de reconnaissance doit être consommée vers la mi-nuit du jour où elle a été offerte.20
7:16 Un vœu ou un don. Un vœu de sacrifice est une promesse associée à l’offrande d’un genre particulier de sacrifice (une offrande d’élévation ou une offrande de paix, mais non pas une offrande de faute ou une offrande de culpabilité, seules ces dernières pouvant être obligatoires, non volontaires). Un don pour un sacrifice est l’expression de la volonté d’offrir en sacrifice un animal en particulier. Ainsi, si l’animal au moyen duquel la personne avait l’intention de remplir sa promesse meurt ou est dérobé, il faut en offrir un substitut dans le cas où la promesse serait un vœu, mais non pas s’il s’agit d’un don.21
7:21 De son peuple. Si, toutefois, quelqu’un a mangé par inadvertance de la chair consacrée ou a pénétré l’enceinte du Tabernacle alors qu’il était rituellement impur, il doit racheter son acte au moyen d’une offrande de faute, comme on l’a décrit plus tôt :22 dans le cas où il avait remarqué à l’origine qu’il était impur, l’a oublié, puis a fauté en agissant dans l’oubli de son état d’impureté, il doit présenter une offrande de faute alternative ; or, s’il n’avait pas initialement pris conscience qu’il était impur lors de son acte, sa faute sera réparée par une des offrandes de faute qui seront apportées à Yom Kippour.23
À l’opposé, la personne non impure qui mangerait de la chair du sacrifice impure est punie par la flagellation, non par le retranchement.24
7:30 Une offrande de balancement. Le rite du balancement se déroule comme suit : un second prêtre prend d’abord la graisse, puis la poitrine et la cuisse des mains du premier prêtre et les place dans les mains du donateur, de telle sorte que la poitrine et la cuisse sont maintenant placées au-dessus de la graisse.25 Le second prêtre place ensuite ses mains sous celles du donateur, et les deux, se tenant au même endroit, « balancent » de concert la graisse, la poitrine et la cuisse – c’est-à-dire, les déplacent vers le nord puis en arrière vers la position initiale ; ensuite, de la même façon, vers le sud et en arrière, vers l’est et en arrière, et vers l’ouest et en arrière. Puis ils élèvent et abaissent l’offrande jusqu’à la faire revenir au point de départ, pour finir en l’abaissant et en la relevant, le mouvement se terminant à l’endroit initial.26
Si le donateur est une femme, le prêtre balancera, élèvera et baissera la graisse et la chair lui-même à sa place.27
Le second prêtre prend alors d’abord la poitrine et la cuisse, puis la graisse de la main du donateur et place le tout dans la main d’un troisième prêtre, de telle sorte que la graisse se retrouve de nouveau au-dessus de la poitrine et la cuisse.28
8:36 Aharon et ses fils firent toutes les choses. Ce qui est mis en relief dans ce verset est qu’ils « ne se détournèrent ni à droite ni à gauche » des instructions de Dieu, s’efforçant d’en exécuter consciencieusement tous les détails, ainsi qu’Il l’avait ordonné.
La leçon à tirer pour nous est que certaines personnes pensent que, du moins au début, il suffit de s’occuper des « grandes choses » – les commandements les plus importants –, laissant la myriade des détails et des lois « mineures » pour un quelconque moment dans l’avenir. Aussi, la Torah souligne le fait que, même pendant les journées de formation où le Tabernacle fut installé, Aharon et ses fils prirent soin de ne pas s’écarter si peu que ce soit de la volonté explicite de Dieu. Chaque détail relevait d’instructions transmises par Dieu, ce qui rendait son accomplissement essentiel pour leur tâche. Il en va de même pour chaque détail de la loi juive et, en outre, pour toutes les coutumes juives, car elles font également partie intégrante de notre mission divine.29
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