Première lecture – Richone
Le rêve de Jacob
28:10 Jacob sortit de Beer Chava et s’en fut à ‘Harane.
11 En chemin, il arriva à l’endroit, le mont Moriah, et y passa la nuit car le soleil s’était couché. Il prit quelques pierres de cet endroit et les plaça autour de son corps1 et de sa tête, et se coucha à cet endroit pour dormir.
12 Il eut un rêve : voici qu’une échelle se tenait fermement sur le sol inclinée vers le haut, et dont le sommet atteignait les cieux. Des anges de Dieu, qui l’avaient accompagné en chemin jusque-là, la gravissaient pour retourner vers les cieux, car ils n’avaient pas la permission de quitter le Pays d’Israël, tandis que d’autres anges, chargés de l’accompagner pendant qu’il serait à l’extérieur du Pays d’Israël, la descendaient.
13 Et voici que l’Éternel se tenait au-dessus de lui afin de le garder pendant son séjour à ‘Harane. Il dit : « Je suis l’Éternel, Dieu d’Abraham ton aïeul et Dieu d’Isaac. » Dieu contracta miraculeusement le Pays d’Israël tout entier dans l’espace de quatre coudées sous Jacob et lui dit : « J’ai enjoint Abraham de sillonner le pays, mais à toi Je fais la promesse que le conquérir sera encore plus facile que le sillonner – aussi peu exigeant que d’être couché. Telle est la façon dont Je donnerai le pays sur lequel tu reposes à toi et à ta descendance.2
14 Ta descendance sera nombreuse comme la poussière de la terre, et tu déborderas puissamment à l’ouest, à l’est, au nord et au sud, et toutes les familles de la terre seront bénies à travers toi et à travers ta descendance.
15 Et voici que tu ne dois pas avoir peur d’Ésaü ou de Laban, car Je serai avec toi, Je te protégerai partout où tu iras, et Je te ramènerai dans ce pays, car Je ne te délaisserai pas en ne te fournissant pas de quoi manger et t’habiller3 jusqu’à ce que J’aie accompli ce que J’ai promis à Abraham à ton propos. Car J’ai l’intention d’accomplir toutes les promesses que J’ai faites à Abraham à travers toi et non à travers ton frère Ésaü,4 y compris Ma promesse que les enfants d’Abraham demeureront fidèles à leur héritage. Ésaü n’héritera d’Abraham que du territoire qui lui a été promis. »5
16 Jacob se réveilla de son sommeil et dit : « L’Éternel est assurément présent à cet endroit, et moi, je ne le savais pas. Si j’avais su que c’était un lieu saint je n’y aurais pas dormi. »
17 Il fut pris de crainte et dit : « Comme cet endroit est redoutable ! Ce ne peut être que le mont Moriah, le futur site de la Maison de Dieu.6 Et alors, c’est la porte par laquelle la prière monte jusqu’aux cieux en passant par le Temple céleste, qui est allégoriquement situé “au-dessus” du site du Temple d’ici-bas » ; autrement dit le site du futur Temple est le lieu terrestre le plus réceptif à la conscience spirituelle des mondes supérieurs.
18 Jacob se leva de bon matin, prit la pierre qu’il avait placée sous sa tête et l’érigea en monument. Puis il versa de l’huile sur son sommet pour la consacrer comme autel.7
19 Ce lieu était déjà connu sous le nom de Beth El, mais eu égard à la révélation qu’il venait d’avoir, Jacob consacra ce nom. Il donna à nouveau à cet endroit le nom de Beth El [« maison de Dieu »], mais Louz était originellement le nom de cette ville.
Le vœu de Jacob
20 Jacob prononça un vœu disant : « Si Dieu est avec moi et me protège physiquement sur le chemin par lequel je vais et me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir,
21 et me protège spirituellement de l’influence pernicieuse de Laban de sorte que je sois en mesure de retourner dans la maison de mon père sans flétrissure par la faute ; et si l’Éternel est pour moi à la fois mon Dieu et le Dieu des enfants que j’engendrerai dans la maison de Laban, au sens où il demeureront fidèles à leur héritage sans se rebeller, comme l’ont fait certains enfants de mon grand-père Abraham et l’un des enfants de mon père Isaac – comme Il me l’a promis8 –,
22 alors cette pierre que j’ai érigée en monument sera la maison de Dieu. J’offrirai sur elle des sacrifices. » Et, s’adressant à Dieu, il dit : « Et de tout ce que Tu me donneras, je prélèverai pour Toi la dîme, comme l’ont fait mes ancêtres. »9
Deuxième lecture – Cheni
29:1 La promesse explicite de Dieu de le protéger dissipa chez Jacob les sentiments d’appréhension et d’inquiétude qu’il nourrissait auparavant. C’est d’un pas léger que Jacob se dirigea vers le pays des gens de l’est, avec enthousiasme et optimisme. Lorsqu’il atteignit la rive du Jourdain, il posa son bâton sur l’eau, ce qui la fit miraculeusement se fendre pour lui, et lui permit de traverser le fleuve jusqu’à la rive opposée.10
2 Lorsqu’il atteignit Aram Naharayim, il regarda et voici que devant ses yeux il y avait un puits dans un champ, et que là-bas, trois troupeaux de bétail étaient étendus à sa proximité, car c’est de ce puits que les bergers locaux abreuvaient les troupeaux. Le rocher qui se trouvait sur l’ouverture du puits était gros.
Jacob arrive à ‘Harane
3 C’est là-bas que se rassemblaient quotidiennement tous les troupeaux, et les bergers faisaient rouler la pierre de sur l’ouverture du puits, puis abreuvaient les troupeaux et ramenaient le rocher au-dessus de l’ouverture du puits. Mais Jacob ne savait pas que c’était la façon dont les bergers abreuvaient leurs troupeaux.
4 Jacob leur demanda : « Mes frères, d’où êtes-vous ? » Ils répondirent : « Nous sommes de ‘Harane. »
5 Il leur demanda : « Connaissez-vous Laban, le petit-fils de Na’hor ? », et ils répondirent : « Nous le connaissons ».
6 Il leur demanda : « Est-ce qu’il va bien ? » Et ils répondirent : « Il va bien – et voici sa fille Rachel qui approche avec le bétail. » Laban envoyait ses filles s’occuper de ses troupeaux car il n’avait pas de fils pour le faire.11
7 Lorsque Jacob vit les bergers assis à ne rien faire, il présuma qu’ils avaient fini de faire paître leurs troupeaux. Il leur dit : « Regardez, le jour est encore long. Si vous êtes des travailleurs journaliers, vous n’avez pas encore rempli votre journée de travail. Et même s’il s’agit de vos troupeaux à vous, ce n’est pas encore le moment de rassembler le bétail et de le ramener. S’ils doivent boire, abreuvez les troupeaux et allez les faire paître. »
8 Ils répondirent : « Nous ne le pouvons pas, parce que le rocher qui couvre le puits est trop lourd pour que nous le déplacions. Nous devons attendre avant que tous les troupeaux soient rassemblés, et alors tous les bergers feront rouler la pierre de sur l’ouverture du puits tous ensemble. Et alors seulement nous ferons boire le bétail. »
Jacob rencontre Rachel
9 Il parlait encore avec eux lorsque Rachel arriva avec le bétail qui était à son père, car elle était bergère.
10 Et il advint que, lorsque Jacob vit Rachel fille de Laban, le frère de sa mère, et le troupeau de Laban, le frère de sa mère, Jacob approcha, fit rouler sans effort la pierre de sur l’ouverture du puits et abreuva le troupeau de Laban, le frère de sa mère.
11 Jacob embrassa sa cousine Rachel, puis fit retentir sa voix et pleura.
12 Voyant qu’elle était déconcertée par sa conduite inhabituelle, Jacob dit à Rachel qu’il était le frère de son père et qu’il était le fils de Rébecca. Lorsqu’il lui dit qu’il était venu dans le but de l’épouser, Rachel lui révéla que son père était un aigrefin et qu’il tenterait immanquablement d’empêcher ce mariage. Jacob répondit que, si Laban essayait de le tromper, il saurait lui montrer qu’il était l’égal [le « frère »] de son père en matière de tromperie, mais que si Laban se montrait honnête avec lui, il agirait comme le fils de Rébecca en se montrant honnête. Comme la mère de Rachel n’était plus en vie, elle courut dire à son père que Jacob était arrivé.
13 Il advint que, lorsque Laban entendit des nouvelles de l’arrivée de Jacob, le fils de sa sœur, il courut à sa rencontre – non qu’il lui portât la moindre affection, mais12 parce qu’il avait en mémoire la façon dont Eliézer était venu des années auparavant chargé de richesses. Lorsqu’il constata que Jacob était arrivé les mains vides, il l’étreignit, en le palpant pour savoir s’il avait des pièces d’or dans ses poches. Lorsqu’il lui dit qu’il n’en avait pas, il l’embrassa pour voir s’il n’avait pas par hasard des perles dans sa bouche. Lorsqu’il vit qu’il n’avait pas non plus de perles il l’amena dans sa maison, et Jacob raconta à Laban tous ces événements : la façon dont il fut contraint de fuir son frère et d’abandonner toute sa richesse en chemin. Il ne dit rien du fait qu’il avait été envoyé afin d’épouser l’une de ses filles.
14 Laban lui dit : « S’il en est ainsi, je n’ai aucune raison de t’accueillir dans ma maison si ce n’est que tu es ma chair et mon sang. Tu peux rester avec moi pendant un mois si tu t’occupes de mes troupeaux. » Alors Jacob demeura auprès de lui un mois durant et s’occupa de son bétail.
15 Laban dit à Jacob : « Est-ce parce que tu es mon parent proche que tu devrais travailler pour moi gratuitement ?! Dis-moi quel est ton salaire. »
16 Or Laban avait deux filles jumelles.13 Le nom de l’aînée, celle qui était sortie du ventre la première, était Léa, et le nom de la cadette était Rachel. Il avait deux autres filles, Bilha et Zilpa, qu’il avait eues de sa concubine14 et dont il avait fait des servantes.
17 Dès la naissance de Léa et de Rachel les gens dirent : « Laban a deux filles et Rébecca a deux fils : l’aînée des filles est destinée au fils aîné et la cadette au fils cadet. » Léa, qui pensait être destinée à devenir l’une des épouses d’Ésaü, pleurait en permanence. Aussi, ses yeux étaient enflés et flasques, alors que Rachel était physiquement belle et de belle apparence.
Troisième lecture – Chelichi
18 Jacob aimait Rachel et il dit à Laban : « Je travaillerai pour toi sept ans – la durée la plus longue de mon séjour ici mentionnée par ma mère15 – pour Rachel. Mais n’essaye pas de me tromper en me donnant une autre jeune fille nommée Rachel ; je précise bien, ta fille. En outre, n’essaye pas de me tromper en changeant le nom de ta fille Léa en Rachel ; j’entends bien ta fille cadette. » Et pourtant, bien qu’il prit toutes ces précautions pour ne pas être trompé, Jacob savait que Laban tenterait de l’abuser ; aussi, il donna à Rachel des indications secrètes qui lui permettraient de la distinguer de sa sœur jumelle même dans l’obscurité.
19 Laban répondit : « Mieux vaut que je la donne à toi que de la donner à un autre homme. Demeure auprès de moi. »
20 Jacob travailla sept années pour Laban afin d’épouser Rachel, et ils furent à ses yeux comme quelques jours de par l’amour qu’il lui portait.
21 Au bout des sept années, Jacob dit à Laban : « Donne-moi celle qui est destinée à devenir mon épouse – car, en premier lieu, le temps maximum que ma mère m’a permis de séjourner ici est écoulé, et de plus, le temps qui m’est alloué pour avoir des enfants peut bientôt prendre fin, du fait que j’ai déjà 84 ans – que je l’approche. » Jacob exigea son épouse car sa seule intention était pure : avoir des enfants.16
22 Laban rassembla tous les gens de l’endroit et donna un festin de mariage.
Jacob épouse Léa et Rachel
23 Et il advint qu’au soir, il prit sa fille Léa et l’amena à Jacob. Rachel, comprenant que sa sœur Léa allait être mise dans une situation très embarrassante, lui révéla les indications secrètes que Jacob lui avait données. Aussi, Jacob pensa que Léa était Rachel et consomma le mariage avec elle.
24 Laban donna sa servante/fille qui paraissait la plus jeune, Zilpa, à sa fille aînée Léa comme servante. Il lui donna la plus jeune des servantes pour appuyer encore sa tromperie envers Jacob, car Jacob serait enclin à penser que Laban donnerait la servante la plus âgée à la fille aînée, et la plus jeune, à la cadette.17
25 Or, voici qu’au matin Jacob constata que c’était Léa qu’il avait épousée ; alors il dit à Laban : « Que m’as-tu fait là ? N’est-ce pas pour Rachel que j’ai travaillé pour toi ? Et pourquoi m’as-tu berné ? »
26 Laban répondit : « Je n’entends pas te refuser Rachel. C’est juste que, dans notre contrée, l’usage en vigueur interdit de donner la fille cadette en mariage avant l’aînée ; ainsi c’est une chose qui ne se fait pas ici. C’est pourquoi, pour te donner Rachel, je devais d’abord te donner Léa.
27 Achève la semaine de célébration maritale de celle-ci, Léa, et nous te donnerons celle-là, Rachel, également le jour suivant en échange du travail que tu feras encore chez moi durant sept autres années. »
28 Jacob s’exécuta conformément à la proposition de Laban et acheva la semaine de célébration maritale de celle-ci, et ensuite Laban lui donna sa fille Rachel pour épouse.
29 Laban donna sa servante/fille aînée Bilha à sa fille cadette Rachel comme servante.
30 Jacob épousa également Rachel et, bien qu’il aimât Léa, il aimait Rachel davantage que Léa. Et il travailla pour Laban encore sept autres années. Il travailla pour Laban aussi fidèlement au cours des sept années supplémentaires qu’il l’avait fait durant les sept premières années, en dépit de la fourberie de Laban dont il avait été l’objet.
31 L’Éternel vit que Jacob aimait tant Rachel que Léa se sentait haïe de lui. Aussi Dieu compensa-t-Il Léa, qui, comme sa jumelle Rachel, était stérile, et Il ouvrit miraculeusement18 sa matrice, autrement dit Il la bénit par la possibilité d’enfanter, tandis que Rachel demeura stérile.
Les quatre premiers fils de Léa
32 Léa conçut et enfanta un fils. Elle le nomma Ruben « car – dit-elle – Dieu a vu [raa] mon humiliation, de sorte qu’à présent, au titre du mérite des qualités exceptionnelles de mon fils, mon époux m’aimera autant qu’il aime ma sœur. »19 Une sœur jumelle naquit en même temps que Ruben.20
33 Elle conçut à nouveau et donna naissance à un fils. « C’est parce que – dit-elle – l’Éternel a entendu [chama] que je me sentais haïe, alors Il m’a donné également celui-là », et elle le nomma Siméon [Chimone]. Deux sœurs naquirent en même temps que lui.21
34 Elle conçut à nouveau et donna naissance à un fils, et elle dit : « Cette fois mon époux s’attachera [yilaveh] à moi, car je lui ai enfanté trois fils et j’ai ainsi accompli mon devoir de procréation envers lui. » Léa pressentit que Jacob épouserait trois femmes et engendrerait trois fils ; aussi, lorsqu’elle donna naissance à un troisième fils, elle considéra qu’elle avait contribué équitablement à cette destinée. C’est ainsi que Dieu le nomma Lévi. Une sœur jumelle naquit avec lui.22
35 Elle conçut encore et donna naissance à un fils ainsi qu’à une sœur jumelle.23 Elle dit : « Cette fois je rendrai hommage [odeh] à l’Éternel, car Il m’a permis de contribuer au nombre de fils de mon mari plus que je n’aurais dû naturellement » ; ainsi, elle le nomma Judah [Yehouda]. Puis elle cessa d’enfanter.
30:1 Rachel vit qu’elle n’avait pas donné d’enfant à Jacob ; aussi Rachel jalousa-t-elle les bonnes actions de sa sœur. Comme les deux sœurs se ressemblaient par ailleurs dans tous les domaines, Rachel en conclut que c’était au titre de ses bonnes actions que Léa avait eu le privilège d’enfanter.24 Elle dit à Jacob : « Est-ce la façon dont ton père a agi lorsque ta mère était stérile ? N’a-t-il pas prié pour qu’elle puisse enfanter ? Donne-moi des enfants ; sinon, je n’aurai pas de postérité, et ce sera comme si je mourrai. »
2 Jacob se fâcha contre Rachel et dit : « Comment peux-tu me comparer à mon père ? Il crut bon de prier Dieu parce qu’il n’avait pas d’enfant. Moi, en revanche, j’ai des enfants. C’est à toi qu’il a refusé des enfants, non pas à moi ! Puis-je me substituer à Dieu, qui t’a refusé le fruit des entrailles ? »
Les deux fils de Bilha
3 Alors elle dit : « Apprends alors de l’exemple de ton grand-père Abraham. Bien qu’il avait déjà des enfants de Agar, il pria pour avoir des enfants de Sarah. » Jacob répondit : « C’est vrai, mais il ne le fit qu’après que Sarah montra qu’elle était disposée à laisser Abraham épouser sa servante en espérant que, au titre de ce mérite, elle pourrait concevoir elle aussi. » Rachel répondit : « Si c’est là le seul obstacle, alors voici ma servante Bilha. Approche-la et qu’elle enfante pour toi, et j’élèverai ses enfants sur mes propres genoux, autrement dit comme s’ils étaient les miens, et ainsi, à travers le mérite de te partager avec elle, moi aussi j’enfanterai par moi-même et ainsi je m’établirai en matriarche dont l’essence se perpétuera, tout comme Sarah. »25
4 Elle lui donna sa servante Bilha en épouse, et Jacob cohabita avec elle.
5 Bilha conçut et enfanta un fils à Jacob ainsi qu’une sœur jumelle.26
6 Rachel dit alors : « Dieu m’a jugée [danani] et ma trouvée déméritante ; aussi m’a-t-Il rendue stérile. À présent il m’a à nouveau jugée, cette fois favorablement, et Il a entendu ma voix, et Il m’a donné un fils. » Elle lui donna ainsi le nom de Dane.
7 Bilha, la servante de Rachel, conçut à nouveau et enfanta à Jacob un second fils ainsi qu’une sœur jumelle.27
8 Rachel dit : « J’ai imploré [niftalti] Dieu avec persistance d’être l’égale de ma sœur, et j’y suis parvenue » ; alors elle le nomma Naphtali.
Les deux fils de Zilpa
9 Léa vit qu’elle avait cessé d’enfanter, et vit également que Rachel avait donné sa servante à Jacob comme épouse ; alors elle prit sa servante Zilpa et la donna à Jacob comme épouse.
10 Zilpa, la servante/sœur de Léa, enfanta à Jacob un fils et une sœur jumelle.28
11 Lorsque Zilpa mit au monde, Léa dit : « La chance [gad] est venue » ; aussi nomma-t-elle le nouveau-né Gad. « Cependant – dit-elle à Jacob – tu m’as trahie [bagad] en acceptant d’approcher ma servante, car, dans la mesure où je t’avais déjà donné des enfants, tu n’étais pas obligé d’accepter ma proposition. » Bien que Léa avait elle-même donné sa servante à Jacob, elle pensa qu’il aurait dû refuser. De plus, la permission formelle ne signifie pas nécessairement l’acquiescement sincère.29
12 Zilpa, la servante de Léa, conçut à nouveau. Lorsqu’elle enfanta un second fils et une sœur jumelle30 à Jacob,
13 Léa dit : « À présent que j’ai à nouveau enfanté un fils à travers ma servante, c’est un bonheur pour moi, car de ce fait, les jeunes femmes diront que je suis heureuse [ichrou] » ; aussi le nomma-t-elle Acher.
Quatrième lecture – Revii
14 Ruben sortit à l’époque de la récolte du froment et trouva des mandragores dans les champs. Bien que c’était la saison des récoltes et que le blé déjà fauché était à portée de main dans les champs, Ruben se garda d’en prendre car il ne lui appartenait pas. Il choisit de prendre des mandragores sauvages, qui n’appartenaient à personne. À partir des mandragores, on peut fabriquer une potion qui favorise la fertilité féminine ; sachant que sa mère désirait encore avoir des enfants,31 il les apporta à Léa, sa mère. Rachel, l’ayant vu, dit à Léa : « Donne-moi, je te prie, des mandragores de ton fils », car elle désirait avoir des enfants.
15 Elle lui répondit : « N’est-ce pas déjà assez mal que tu aies pris mon mari ? Faut-il que tu prennes encore les mandragores de mon fils ? » Rachel répondit : « Cette nuit c’est mon tour de cohabiter avec Jacob, mais je préfère avoir ces mandragores ; alors je propose qu’il couche auprès de toi cette nuit en échange des mandragores de ton fils. »
16 Lorsque Jacob revint du champ le soir, Léa sortit à sa rencontre avant qu’il ne se rende dans la tente de Rachel et dit : « C’est auprès de moi que tu dois venir ce soir, car j’ai payé pour toi à Rachel par les mandragores de mon fils. » Alors il coucha auprès d’elle cette nuit-là.
Léa a deux autres fils
17 Dieu entendit Léa, autrement dit Il tint compte de ses efforts pour donner à Jacob autant de fils que possible et lui rendit la fertilité. Elle conçut et enfanta à Jacob un cinquième fils en même temps qu’une fille jumelle.32
18 Léa dit : « Dieu m’a accordé ma rétribution [sa’har] pour avoir donné ma servante à mon époux » ; aussi lui donna-t-elle le nom d’Issa’har.
19 Léa conçut à nouveau et enfanta un sixième fils à Jacob en même temps qu’une fille jumelle.33
20 Alors Léa dit : « Dieu m’a nantie, moi, d’une meilleure part dans le foyer de mon époux : car je lui ai à moi seule enfanté six fils – autant de fils que ses trois autres épouses lui donneront ensemble. À présent, mon époux fera sans aucun doute de moi sa principale34 demeure [zevoul] », et elle lui donna le nom de Zeboulon.
21 Après cela, Léa conçut à nouveau. Lorsqu’elle sut qu’elle était enceinte, elle pria pour avoir une fille afin d’épargner l’humiliation à sa sœur Rachel. Sachant que Jacob ne devait donner naissance qu’à douze fils, et qu’elle-même en avait enfanté six et les servantes deux chacune, ce qui n’en laissait que deux à naître, il s’ensuivait que, si l’enfant qu’elle portait était un garçon, sa sœur Rachel ne pourrait donner naissance au plus qu’à un seul fils. Rachel mettrait alors au monde moins de fils que chacune des servantes. À la suite de sa prière, le garçon qu’elle portait dans son ventre devint miraculeusement une fille. Ainsi, elle donna naissance à une fille et la nomma Dinah [« jugement »] pour rappeler qu’elle s’était elle-même « jugée » et avait décidé qu’elle ne voulait pas être la cause de l’humiliation de sa sœur.
22 Dieu se souvint de comment Rachel avait elle aussi épargné à Léa une humiliation lorsque, au soir du mariage de Léa, elle lui avait livré les indications secrètes que Jacob lui avait données. En outre, Rachel craignait que Jacob la divorce du fait qu’elle était stérile, et qu’Ésaü tente alors de l’épouser. Dieu entendit ses prières et ouvrit sa matrice (autrement dit Il la rendit fertile).
Le premier fils de Rachel
23 Elle conçut et donna naissance à un fils en même temps qu’une fille jumelle,35 et elle dit : « Dieu a fait disparaître ma disgrâce : jusqu’à présent, les gens me méprisaient car j’étais sans enfant, et ils me tourmentaient en insinuant que je tomberais dans les griffes d’Ésaü. »
Le salaire de Jacob
24 Elle le nomma Joseph [« puisse-t-Il ajouter »] en disant : « Puisse l’Éternel m’ajouter [yossef] un autre fils. » Sachant que Jacob ne devait encore enfanter qu’un fils, elle ne pria pas pour en avoir plus d’un. Au cours des quatorze années où Jacob travailla pour Laban, celui-ci engendra également des fils.36
25 Dans l’année 2199, la période de quatorze années que Jacob avait accepté de travailler pour Laban en échange de Rachel et de Léa se termina. À cette même époque, la nourrice de Rébecca, Deborah, arriva à Padane Aram, envoyée par Rébecca pour informer Jacob de ce que la haine Ésaü à son égard s’était apaisée au point qu’il pouvait désormais retourner en Canaan sans danger.37 Aussi, Jacob commença à penser à retourner en Canaan, mais en dépit des propos rassurants de sa mère, il craignait de risquer une confrontation avec son frère, demeuré ouvertement rancunier. Cependant, lorsque Rachel donna naissance à Joseph cette même année, Jacob sentit que Dieu le protégerait d’Ésaü par égard pour le mérite des qualités uniques de son fils nouvellement né. Jacob se sentit ainsi assez confiant pour entreprendre un voyage pour retourner chez lui, et dit à Laban : « Donne-moi congé, et je me rendrai dans ma maison et dans mon pays.
26 Donne-moi mes femmes et mes enfants, pour lesquels je t’ai servi, et je m’en irai, car tu sais le travail que j’ai accompli pour toi en respectant les termes de mon contrat. »
27 Laban lui dit : « Si je pouvais trouver grâce à tes yeux et que tu restes !38 Je sais par divination que c’est par égard pour toi que l’Éternel m’a béni en me donnant des fils. Jusqu’à ton arrivée, je n’avais que des filles. »39
Cinquième lecture – ‘Hamichi
28 Or, Jacob n’avait aucune intention de rester. Aussi, Laban dit : « Fixe la rétribution que je te dois, et je te payerai en conséquence. »
29 Alors Jacob lui dit : « Tu sais parfaitement bien combien j’ai travaillé dur pour toi, et à quel point tes troupeaux, que tu m’as confiés, étaient peu nombreux lorsque j’ai commencé à travailler pour toi.
30 Car le peu que tu avais avant moi s’est accru considérablement, et l’Éternel t’a béni grâce à moi. Jusqu’à ce jour, je n’ai travaillé que pour toi et pour ton seul bénéfice, en permettant à mes fils de travailler pour leur propre subsistance. Mais à présent, si je continue à travailler pour toi seul, quand travaillerai-je moi aussi pour mon foyer ? Je dois maintenant aider mes fils, car ils ne peuvent rien mettre de côté pour l’avenir du peu qu’ils produisent par eux-mêmes. »
31 Laban demanda : « Que te donnerai-je ? » Jacob dit : « Ne me donne rien du tout. Mais fais ceci pour moi : je vais retourner faire paître ton troupeau et le garder.
32 Je passerai avec toi40 à travers tous tes troupeaux aujourd’hui. Retire d’eux tout agneau pointillé de blanc ou tacheté de blanc,41 ainsi que tout agneau roux parmi les moutons, et aussi tout chevreau pointillé de blanc et tacheté de blanc parmi les chèvres. Ainsi, le reste du troupeau, dont je m’occuperai, comprendra tous les animaux ordinaires, auxquels s’ajouteront les chèvres aux chevilles striées de blanc et celles cerclées de blanc, ainsi que les moutons roux portant des marques blanches. Dès lors, les moutons et les chèvres auxquels ils donneront naissance qui seront marqués et colorés comme ceux que tu auras séparés constitueront mon salaire. Les autres seront à toi.
33 Et dans l’avenir, si jamais tu me soupçonnes de m’être approprié certaines de tes bêtes, mon intégrité témoignera pour moi lorsque tu viendras vérifier mon salaire : tout animal qui ne sera ni pointillé de blanc ni tacheté de blanc parmi les chèvres, ou ni entièrement noir ou entièrement roux parmi les brebis, aura été volé par moi. »
34 Laban répondit avec réticence, car il soupçonnait Jacob de manigancer quelque chose : « C’est entendu, qu’il en soit comme tu as dit. »
35 Ce jour même, Laban retira également les boucs aux chevilles striées de blanc42 (que Jacob n’avait pas mentionnés dans sa proposition) en plus de tous les boucs pointillés de blanc et tachetés de blanc et toutes les chèvres pointillées de blanc et tachetées de blanc (que Jacob avait bel et bien mentionnés) afin d’empêcher Jacob de faire en sorte que ses chèvres les regardent en s’accouplant et donnent ainsi naissance à des petits marqués de blanc. Pour qu’il soit encore plus difficile pour Jacob de produire des boucs marqués de blanc, Laban retira tous les moutons roux43 marqués de blanc (que Jacob n’avait pas mentionnés) en plus de toutes les brebis entièrement rousses (que Jacob avait mentionnées), de sorte que Jacob ne puisse faire que ses chèvres regardent ces moutons en s’accouplant.44 Enfin, pour réduire encore le nombre des animaux nouveau-nés qui appartiendraient à Jacob, Laban retira les chèvres et les moutons sains de ceux qu’il lui avait laissés à Jacob, autrement dit toutes les chèvres qui étaient entièrement noires, entièrement rousses ou cerclées de blanc ainsi que les chèvres aux chevilles cerclées de blanc et tous les moutons qui étaient entièrement blancs.45 Il remit tous les animaux précédemment mentionnés qu’il prit entre les mains de ses fils, et ne laissa à Jacob que les chèvres chétives et/ou stériles sans marques blanches, ainsi que les brebis chétives et/ou stériles qui n’étaient pas rousses.
36 Il mit entre lui ainsi que ses troupeaux et Jacob une distance de trois jours de voyage. C’était plus qu’il ne fallait pour s’assurer que les animaux qui avaient été séparés ne s’accouplent pas avec les autres, mais Laban voulait encore être certain que les troupeaux qui étaient sous la garde de Jacob ne pourraient pas même apercevoir les animaux séparés et se reproduire sous leur influence46 tandis que Jacob continua à faire paître le reste des troupeaux de Laban.
Jacob utlise des rameaux
37 Comme Laban ne lui avait laissé pratiquement aucun moyen de faire naître des chèvres marquées de blanc, Jacob fit usage de la méthode suivante pour induire ses chèvres à donner naissance à des petits marqués de blanc : il se pourvut de rameaux frais de peupliers, de noisetiers et de châtaigniers, et il y pratiqua des entailles blanches en les écorçant et mettant à découvert la blancheur des rameaux. Il écorça certains rameaux de façon à faire apparaître des parties blanches ressemblant à des mouchetures ; sur d’autres rameaux, il fit apparaître des taches ; et sur d’autres rameaux encore, il fit apparaître des stries.47
38 Au moment de l’accouplement des chèvres, il plaça les rameaux qu’il avait écorcés dans l’eau des rigoles qui coulaient à travers les abreuvoirs où les troupeaux venaient boire, face aux animaux. Il vint abreuver les chèvres ; lorsqu’elles voyaient les rameaux dans l’eau, elles étaient surprises et reculaient, en prenant inopinément leur position d’accouplement. Ainsi elles entraient en chaleur et s’accouplaient avec les boucs lorsqu’ils venaient boire.
39 Comme les animaux s’échauffèrent en voyant les rameaux, ils donnèrent naissance à des petits qui furent tous striés de blanc aux chevilles, pointillés de blanc et tachetés de blanc.
40 Laban avait pris tous les moutons, les chèvres et les boucs marqués de blanc, à l’exception des chèvres chétives aux chevilles striées de blanc, qu’il avait laissées à Jacob.48 À ces dernières Jacob ajouta les bêtes marquées de blanc qu’il avait produites. Jacob sépara ces bêtes marquées de blanc. Il présenta le reste du troupeau de chèvres en face de ceux dont les chevilles étaient striées de blanc et d’autres animaux marqués de blanc, de façon qu’ils engendrent des petits marqués de blanc. Comme il le fit auparavant, il tourna ses animaux en direction de tous les boucs roux du troupeau de Laban. Il constitua des troupeaux distincts pour lui seul à cet effet et ne les laissa pas se mêler aux troupeaux de Laban.
41 En outre, lorsque les brebis les plus saines étaient en chaleur, Jacob exposait les rameaux dans les rigoles au regard des animaux, de façon à ce qu’elles soient stimulées par les rameaux.
42 Mais il ne les déposa pas dans l’eau lorsque les animaux moins ardents et chétifs étaient en chaleur. Ainsi, bien que Laban lui avait laissé les animaux les plus chétifs, Jacob opéra une sélection pour faire s’accoupler pour lui-même ceux qui étaient relativement les plus sains : les plus tardivement nés et chétifs furent pour Laban, et ceux précocement nés et vigoureux furent pour Jacob.
La prospérité de Jacob
43 L’homme devint extrêmement prospère. Il acquit de nombreux et prolifiques troupeaux, qu’il vendit à un prix élevé sur le marché, de façon à en retirer un gain significatif qui lui permit d’acquérir des servantes – qui se révélèrent aussi fertiles que ses troupeaux49 – après avoir acquis des serviteurs pour l’aider à s’occuper de ses troupeaux. Il acquit également des chameaux et des ânes.50
31:1 Jacob eu vent des propos des fils de Laban, qui disaient : « Jacob s’est emparé de tout ce qui est à notre père et c’est de ce qui appartient à notre père qu’il a produit toute cette opulence. »
2 Jacob remarqua que le visage de Laban, ainsi que son attitude à son égard, n’étaient plus comme par le passé.
Jacob envisage de partir
3 L’Éternel dit à Jacob : « Retourne vers le pays de tes pères, vers ton lieu de naissance. Là-bas, Je serai avec toi, mais ici, tant que tu restes associé avec le pervers Laban, Ma Présence ne saurait demeurer parmi toi et ta famille. »51
4 Jacob envoya quérir Rachel et Léa – dans cet ordre, car Rachel était reconnue comme l’épouse primordiale du foyer de Jacob – aux champs, auprès du troupeau, 5 et leur dit : « Je constate que le regard que votre père me porte n’est plus ce qu’il était dans le passé. Il me soupçonne de l’avoir spolié de sa richesse, mais la réalité est que le Dieu de mon père a été avec moi, et m’a assisté tout au long de ces années.52
6 Quant à vous, vous savez que c’est de toutes mes forces que j’ai servi votre père,
7 tandis que votre père s’est joué de moi en changeant les conditions de mon salaire une centaine de fois ; mais Dieu ne lui a pas permis de me nuire.
8 S’il disait : “Les pointillés seront ton salaire”, tout le bétail produisait des pointillés ; et s’il disait : “Ceux qui ont les chevilles striées seront ton salaire”, tout le bétail donnait naissance à des bêtes aux chevilles striées.
9 C’est Dieu qui a affranchi53 le bétail de votre père de lui et me l’a donné.54
10 Il advint très récemment que, lorsque votre père me dit que mon salaire à percevoir parmi les chèvres proviendrait de toutes celles qui auraient les chevilles cerclées, celles pointillées de blanc et celles cerclées de blanc, et qu’alors il retira les boucs de ce type des troupeaux dont j’avais la charge, j’ai alors levé les yeux au moment où les troupeaux s’échauffaient, et j’ai vu dans un rêve que les boucs qui montaient sur les chèvres avaient en fait les chevilles cerclées, étaient pointillés de blanc et cerclés de blanc. Dieu avait envoyé un ange pour faire revenir ces boucs sous ma garde dans le troupeau.55
11 L’ange de Dieu s’est adressé à moi et m’a dit dans le rêve : “Jacob”, et j’ai répondu : “Me voici.”
12 Il a dit : “Lève les yeux et regarde : tous les mâles qui montent sur les chèvres ont les chevilles cerclées, sont pointillés de blanc et cerclés de blanc, car J’ai vu ce que te fait Laban et J’ai été envoyé pour ramener les mâles vers le troupeau dont tu as la garde.”
13 L’ange m’a parlé au nom de Dieu en disant : “Je suis le Dieu de Beth El, le lieu où tu as consacré un monument comme autel, et où tu m’as fait vœu d’y offrir des sacrifices.56 À présent, lève-toi et quitte ce pays, et retourne vers ton pays natal.” »
Rachel et Léa acceptent de partir
14 Rachel et Léa répondirent en lui disant : « Pourquoi devrions-nous refuser de partir ? Avons-nous encore une part et un héritage dans la maison de notre père, à présent qu’il a des fils ?!
15 N’avons-nous pas été traitées en étrangères, car non seulement il ne nous a pas donné la moindre dot, mais il nous a vendues à toi en échange de quatorze années de travail, et ensuite, au lieu de te payer le travail que tu as fait pour lui au cours des six années passées, il a englouti ce qui devait être notre argent pour lui-même et ne t’a donné que ce que tu es parvenu à faire naître à partir de son troupeau !?
16 C’est seulement toute la richesse que Dieu a sauvée de notre père qui reste à nous et à nos enfants. Et à présent, tout ce que Dieu t’a dit, fais-le. »
Sixième lecture – Chichi
17 Alors Jacob s’en fut vers la patrie promise, l’environnement au sein duquel il pourrait mener à bien la mission donnée par Dieu de faire du monde matériel une demeure pour Lui. Jacob souhaitait faire preuve que la raison première pour laquelle il s’était rendu à Padane Aram et avait épousé ses femmes était de donner naissance à des enfants qui l’aideraient à accomplir sa mission divine. C’est pourquoi, bien que dans le souci d’éduquer les enfants à honorer leurs parents il convenait que Jacob fasse passer ses épouses avant ses enfants, il plaça ses enfants en premier, et ensuite ses épouses, sur les chameaux.57
18 Il emmena tout son bétail, avec toutes les richesses qu’il avait amassées – les acquisitions qu’il avait faites avec le profit issu de la vente des animaux qui étaient sa propriété –, les serviteurs, les chameaux et les ânes58 qu’il avait acquis à Padane Aram pour se rendre chez Isaac, son père, au pays de Canaan.
19 Quant à Laban, il était allé tondre son bétail, qui était sous la garde de ses fils à trois jours de voyage des troupeaux de Jacob. Lorsque Jacob se mit en chemin, Rachel déroba les idoles de son père, espérant ainsi le défaire de l’idolâtrie.
20 Jacob dupa Laban l’Araméen en ne lui disant pas qu’il s’enfuyait,
21 et il s’enfuit, lui et tout ce qui lui appartenait. Il se mit en devoir de traverser le fleuve [l’Euphrate] et se dirigea vers le mont Guilead.
22 Le troisième jour après le départ de Jacob, on rapporta à Laban que Jacob avait fui.
23 Alors, le quatrième jour, il prit les siens avec lui et se lança à sa poursuite pour un trajet de sept jours, et le rejoignit à la tombée de la nuit au mont Guilead.
24 Laban était à ce point furieux d’avoir été dupé qu’il envisagea de tuer Jacob et toute sa famille – y compris ses propres filles et ses petits-enfants59 –, mais Dieu apparut à Laban l’Araméen dans un rêve nocturne et lui dit : « Garde-toi d’interpeller Jacob en bien ou en mal. Quand bien même tu aurais l’intention de t’adresser aimablement à lui, tu t’es déjà montré si méchant qu’il préfère ne rien avoir à faire avec toi. »
25 Le matin suivant, Laban arriva jusqu’à Jacob. Jacob avait planté sa tente sur la montagne, et Laban avait posté ses frères sur le mont Guilead.
Les accusations de Laban
26 Laban dit à Jacob : « Qu’as-tu donc fait ? Tu as abusé mon cœur, tu as emmené mes filles comme des prisonnières de guerre ?
27 Pourquoi t’es-tu enfui furtivement, et m’as-tu trompé et ne m’as-tu rien dit ? Car si tu m’avais averti de ton départ, je t’aurais reconduit avec joie avec des chants, au son du tambourin et de la lyre !
28 Et puis, tu ne m’as pas laissé embrasser mes petits-fils et mes filles. Tu as vraiment agi de façon insensée, et tu en subiras les conséquences.
29 Il est en mon pouvoir de vous nuire ; de fait, j’avais intention de te tuer, toi et toute ta famille, mais le Dieu de ton père s’est adressé à moi la nuit passée en disant : “Garde-toi d’interpeller Jacob en bien ou en mal.”
30 À présent tu es parti. Je ne peux pas le comprendre, car bien que tu as énormément langui la maison de ton père60 durant les six années passées, tu n’as néanmoins jamais tenté de partir. Tu as toujours évoqué cette situation avec moi et je t’ai expliqué pourquoi il valait mieux que tu demeures auprès de moi. Tu as bien réussi ; je t’ai rendu très riche.61 Alors pourquoi as-tu volé mes dieux ? »
La défense de Jacob
31 Jacob répondit aux questions de Laban dans l’ordre où elles avaient été posées. Il dit à Laban : « Je me suis enfui car j’ai eu peur, car j’ai pensé que tu pourrais m’enlever tes filles de force.
32 Quant à tes idoles, celui que tu trouveras en possession de tes dieux ne vivra pas. En présence des nôtres, vérifie toi-même ce qui est avec moi et reprends ton bien. » Or, Jacob ne savait pas que Rachel les avait dérobés – c’est à cause de la malédiction involontaire de Jacob que Rachel mourut au cours du voyage.
33 Laban entra dans la tente de Rachel – c’est-à-dire celle de Jacob – en premier car elle était son épouse préférée, puis ensuite seulement dans la tente de Léa. Il fouilla ensuite la tente de Rachel une seconde fois, puis il fouilla les tentes des deux servantes, mais ne trouva rien. La raison pour laquelle il vint à nouveau dans la tente de Rachel pour la fouiller après avoir quitté la tente de Léa est qu’il tenait Rachel pour une fouineuse, et la soupçonnait d’avoir volé ses idoles.
34 Or, Rachel avait pris les idoles et les avait cachées dans la selle du chameau et était assise sur elles ; aussi, quand Laban fouilla toute la tente, il ne trouva rien.
35 Elle dit à son père : « Ne sois pas offensé, mon maître, si je ne peux me lever devant toi ; je suis dans la période d’incommodité des femmes. » Il chercha mais ne trouva pas les idoles.
36 Jacob s’emporta et se disputa avec Laban. Il répondit et dit à Laban : « Quelle est ma faute, quel est mon péché pour que tu t’acharnes après moi ?
37 Après avoir fouillé tous mes objets, qu’as-tu trouvé qui appartienne à ta maison ? Dépose-le ici en présence de mes frères et des tiens et qu’ils se prononcent entre nous deux !
38 Durant ces vingt ans que j’ai passés chez toi, ni tes brebis ni tes chèvres n’ont avorté, et les béliers de ton troupeau je n’en ai pas mangé.
39 D’animal mutilé par une bête sauvage je ne t’ai pas rapporté ; bien que je n’étais pas censé combler sa perte, c’est moi qui la remplaçais, car tu en réclamais injustement la valeur de ma main. Plus encore, j’ai comblé la perte de tout animal volé, qu’il ait été volé le jour ou la nuit.
40 C’est ainsi que j’étais : le jour, consumé par la chaleur écrasante, et la nuit, par le gel, et la nuit le sommeil fuyait mes yeux.
41 J’ai passé ainsi vingt années dans ta maison – j’ai travaillé pour toi quatorze années pour tes deux filles, et six années pour ton bétail – et tu as changé les conditions de mon salaire, c’est-à-dire les animaux que je devais recevoir, cent fois.62
42 Si le Dieu de mon père – le Dieu d’Abraham, celui dont Isaac avait la crainte – n’avait pas été avec moi, tu m’aurais renvoyé les mains vides ! Mais Dieu a vu mon oppression et le labeur de mes mains, et Il t’a admonesté hier. » Jacob ne désigna pas Dieu comme « le Dieu d’Isaac » car Isaac était encore en vie et Dieu ne fait pas mention de Lui-même en tant que « Dieu de » à propos d’une personne qui est encore en vie.63
Septième lecture – Chevii
43 Laban répondit et dit à Jacob : « Les filles sont mes filles, les enfants sont mes petits-enfants, le bétail est mon bétail, et tout ce que tu vois m’appartient ! Quant à mes filles, comment agirais-je contre elles ou contre les fils qu’elles ont enfantés ?
Le pacte de Jacob avec Laban
44 À présent, viens, concluons une alliance moi et toi, et puisse Dieu être témoin entre toi et moi. »
45 Jacob prit alors une pierre et l’érigea en monument.
46 Jacob dit à ses frères – ses fils – : « Ramassez des pierres ». Ils prirent des pierres et en firent un monceau, et ils mangèrent sur le monceau.
47 Laban le nomma Yegar Sahadouta [« monceau du témoignage » en araméen], et Jacob le nomma Gal Ed [la même expression en hébreu].
48 Laban dit : « Ce monceau sera un témoin entre toi et moi aujourd’hui. » C’est ainsi qu’on le nomma Gal Ed,
49 et aussi la Mitspah [« poste de guet »], car Laban avait dit : « Puisse l’Éternel nous observer lorsque nous serons hors de vue l’un de l’autre et que ne pourrons nous observer l’un l’autre, de sorte que nous ne contrevenions pas à notre alliance.
50 Si tu opprimes les filles en leur refusant leurs droits conjugaux, ou que tu prends d’autres épouses en plus de mes filles alors que nul n’est avec nous pour nous observer, vois ! Dieu est témoin entre toi et moi. »
51 Bien qu’il n’avait fait que suggérer qu’ils concluent une alliance et n’avait pas participé à l’érection du monument, Laban dit à Jacob : « Voici ce monceau-là, et voici le monument que j’ai érigé entre toi et moi.
52 Ce monceau sera un témoin, autrement dit un rappel,64 et ce monument sera un témoin que je ne passerai pas ce monceau contre toi, et que tu ne passeras pas ce monceau et ce monument dans une intention hostile. Tu pourras cependant le traverser pour faire du commerce.
53 Le Dieu d’Abraham, les dieux de mon grand-père Na’hor, et les dieux de Téra’h père d’Abraham et de Na’hor jugeront entre nous. » Jacob jura uniquement par le Dieu craint par son père Isaac.65
54 Jacob immola des animaux sur la montagne pour un repas de célébration et invita ses frères à prendre un repas avec lui. Jacob égorgea les animaux lui-même afin de se conformer aux lois de la Torah relatives à l’abattage rituel.66 Ils prirent un repas et passèrent la nuit sur la montagne.
MAFTIR
32:1 Laban se leva de bon matin, embrassa ses petits-fils et ses filles et les bénit. Puis Laban s’en retourna chez lui.
2 Jacob poursuivit sa route, et des anges de Dieu qui se tenaient dans le Pays d’Israël vinrent à sa rencontre pour l’accompagner dans son retour. Comme leur mission était de le conduire dans le Pays d’Israël, ils furent autorisés par Dieu à franchir ses frontières67 dans ce but et prendre le relais des anges qui l’avaient accompagné jusque-là.68
3 En les voyant, Jacob dit : « Ceci est le campement de Dieu », et il appela cet endroit Ma’hanayim [« deux camps »].
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