Une grande partie de la vie est analogue à une route ou à un voyage. En tant que voyageur, nous avançons, parfois rapidement, parfois lentement, sur cette chose appelée la vie. Certains voient peut-être les choses comme Ralph Waldo Emerson : « la vie, c’est le voyage, pas la destination ».
Lorsque les gens sont soutenus dans leur voyage, ils s’y tiennent.L’éducation des enfants est également comparée à un voyage, selon les enseignements des Proverbes. ‘Hanokh lanaar al pi darko : « Éduque un enfant selon sa voie, de sorte que même lorsqu’il sera vieux, il ne s’en détournera pas. »
« Voie » indique un chemin. Une route. Un voyage. C’est une déclaration puissante. Lorsque les gens sont soutenus dans leur voyage, ils s’y tiennent. Ils se l’approprient.
Chaque enfant a sa propre voie, son propre voyage. Le rôle d’un éducateur est de trouver comment voyager au côté des enfants à mesure qu’ils découvrent le monde qui les entoure.
Les enfants commencent à penser bien avant le début de leur éducation formelle ; notre travail en tant que parents et enseignants est de les aider à réfléchir à leur propre pensée. Darko signifie trouver sa propre voie pour grandir et se développer – pour devenir des êtres moraux et spirituels au service de leur Créateur.
Cela ne signifie pas que nous ne fixons pas d’objectifs académiques en matière de compétences et de connaissances, mais que nous nous engageons sur leur route et voyageons avec eux, au lieu de rassembler tous les enfants sur une route principale et de leur dire que « c’est comme ça et pas autrement ».
Pourtant, l’éducation ne se limite pas aux faits, aux chiffres ou aux compétences. Il s’agit aussi de ce que l’on appelle les « savoir-être », les aspects sociaux et émotionnels du développement. Et c’est peut-être le chemin le plus difficile à parcourir.
Ma sœur et moi discutions des dernières recherches de l’université de Duke concernant la dépression chez les adolescents. Les experts n’hésitent pas à dire que la source d’inquiétude et d’anxiété la plus courante chez les adolescents d’aujourd’hui sont les réseaux sociaux. Mais est-ce vraiment l’apanage des adolescents ? Ma sœur, plus jeune mais généralement plus sage que moi, l’a exprimé d’une manière succincte : « Nous devons voyager sur notre propre voie. » Concentrés. Droits. Darko.
Que signifie « rester dans sa propre voie » ? Certaines personnes utilisent cette expression comme une posture défensive lorsqu’elles vous disent de vous occuper de vos affaires. Ce n’est pas ce que ma sœur disait ; elle l’utilisait comme une métaphore sur la façon de rester concentré sur notre propre parcours de vie. Plus facile à dire qu’à faire.
Suis-je concentrée au point de développer une « vision tunnel » ?Rester dans sa propre voie signifie différentes choses pour différentes personnes. Cela change également à différentes étapes de la vie.
Il faut d’abord apprendre aux enfants, dès leur plus jeune âge, à ne pas se focaliser sur ce que possède un autre enfant. Pour les jeunes adultes, il peut s’agir de ne pas laisser les réseaux sociaux et les commentaires des amis vous amener à vous sentir mal dans votre peau. Il peut s’agir d’être hyper-attentif à ne même pas regarder dans une autre voie, afin de ne pas être distrait de la sienne. Cela signifie se sentir responsable de sa propre vie et savoir que l’on peut seulement être sûr que ce qui se trouve dans sa propre voie, juste devant soi, est la réalité. Ce que vous pouvez apercevoir « au loin » pourrait très bien être un mirage.
En vieillissant et en apprenant à conduire en toute sécurité – et en ne se laissant plus aussi facilement distraire par la vie apparemment plus agréable de nos amis – il peut s’agir de jeter un coup d’œil sur l’autre voie pour voir comment aider l’autre.
Je sais que je peux être très concentrée sur ma propre voie et ma propre famille. Je ne regarde ni à gauche ni à droite, et ce n’est pas idéal non plus car cela me fait perdre de vue ceux qui se trouvent dans l’autre voie et qui pourraient aussi avoir besoin de mon attention. Suis-je concentrée au point de développer une « vision tunnel » et de perdre de vue mon environnement ?
Lorsque l’on apprend à négocier correctement le fait de rester dans sa propre voie, on se sent mieux dans sa peau et l’on a moins d’anxiété de comparaison. Mais il s’agit d’un équilibre délicat.
À la fin de la Parachat Vayetsé commence un nouveau chapitre qui ne comporte que deux versets, puis s’arrête brusquement ; le reste de ses 31 versets sera lu la semaine suivante dans Parachat Vayichla’h. Dans le deuxième verset, il est dit : Yaakov halakh ledarko – « Jacob a poursuivi son chemin. » Il s’est levé, et il s’est mis en mouvement. La vie n’est pas faite pour être stagnante. Avancez.
Ce verset se trouve dans un minuscule chapitre à la fin de la lecture de la Torah, mais il est important. Il est surtout connu pour être proclamé cérémonieusement chaque année après la période des Fêtes Solennelles, comme une invitation à insuffler de la spiritualité dans notre vie quotidienne. Il nous appartient de rassembler toute la sainteté que nous avons acquise au cours de cette période et de l’emporter avec nous lorsque nous nous dirigeons vers les parties plus banales de la vie quotidienne.
Yaakov halakh ledarko... darko, encore ce mot – « sa route », ou comme j’aime l’appeler, sa propre voie. Jacob a poursuivi son chemin.
Nous appartenons en effet à l’ensemble« Jacob » désigne ici l’ensemble d’Israël ; il s’agit d’une connotation plurielle, mais « son chemin » est singulier. Nous sommes de nombreuses personnes individuelles qui ont chacune leur propre voie, mais nous formons une entité unique appelée « Yaakov ». Nous restons dans notre propre voie tout en utilisant la Torah comme notre carte routière. C’est essentiel pour le développement de notre propre caractère, mais nous ne devons pas oublier que nous faisons partie d’un tout. Regarder la voie d’autrui a du sens au moment opportun.
Que vous preniez le chemin « long et court » ou le chemin « court et long », assurez-vous qu’il s’agit bien de darko, votre chemin individuel.
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