Première lecture – Richone

Les trois hôtes d’Abraham

1 Le troisième jour après sa circoncision, le 15 Nissane 2047,1 L’Éternel apparut à Abraham dans le cadre d’une visite au malade. Cela eut lieu dans les plaines de Mamré ; Dieu se révéla à Abraham dans le territoire de Mamré pour récompenser celui-ci d’avoir conseillé à Abraham d’obéir à Son injonction de se circoncire.2 Abraham était assis à l’entrée de la tente, essayant d’apercevoir d’éventuels voyageurs afin de les inviter, dans la chaleur du jour que Dieu avait rendue exceptionnellement forte de sorte que nul ne s’aventure sur les routes, pour donner à Abraham la possibilité de se reposer et de se rétablir. Abraham voulut se lever par déférence pour la présence de Dieu, mais Dieu dit : « Reste assis ; c’est Moi qui me tiendrai debout. »

2 Tandis qu’Abraham changeait ses pansements, il leva les yeux et voici que trois hommes se tenaient debout devant lui. Il vit qu’ils hésitaient à s’approcher car il était visiblement embarrassé. Aussi, après avoir demandé à Dieu d’attendre pendant qu’il s’occupait d’eux, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna à terre.

3 Conformément aux bons usages, Abraham adressa son invitation à celui qui conduisait le groupe (à la première personne du singulier). Cependant, pour ne pas froisser les deux autres, il dit tout d’abord aux trois : « Mes seigneurs ! », et poursuivit en s’adressant à celui qui les conduisait :3 « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas devant moi, ton serviteur. »

4 Abraham pensa que ces voyageurs étaient des païens qui vénéraient la poussière de leurs pieds ; comme il ne voulait pas laisser pénétrer dans sa maison un objet d’idolâtrie, il leur dit : « Que l’on apporte un peu d’eau, lavez vos pieds, et reposez-vous sous l’arbre.

5 Je vais apporter une miche de pain et vous vous rassasierez – car le pain trompe la faim plus que toute autre nourriture –, après quoi vous poursuivrez votre route. Car de fait, vous avez rendu visite à moi, votre serviteur, et je me sentirais offensé si vous preniez congé avant que je ne vous aie servi un repas. » Ils [les anges] répondirent : « Fais donc comme tu l’as dit. » Ils ne refusèrent pas parce qu’Abraham était une personnalité éminemment respectée et qu’ils voulaient montrer qu’il ne convient pas de refuser l’invitation d’un personnage de haute stature sociale.4 Dès que les anges arrivèrent, le premier d’entre eux guérit Abraham.

6 À présent que sa plaie était guérie, Abraham pouvait se déplacer rapidement. Abraham se hâta vers la tente chez Sarah et dit : « Empresse-toi de prendre trois séa [environ 24 kg] de farine and tamise-la ; utilise un peu de farine ordinaire pour l’écumer dans la casserole et fais usage de la fleur de farine pour enfourner. Pétris la fleur de farine et fais trois miches de pain. »

7 Puis Abraham courut au bétail, prit trois veaux – un veau tendre de premier choix pour chaque hôte –, les donna au jeune Ichmael, son fils, à qui Abraham enseignait les voies de l’hospitalité, et lui enjoignit de préparer une langue épicée de moutarde pour chaque hôte. Ichmael s’empressa de les préparer.

8 Abraham servit aux hôtes divers mets au fur et à mesure qu’ils étaient prêts. Il prit d’abord de la crème et du lait, et quand le veau qu’Ichmael avait préparé pour chaque hôte fut prêt, il le plaça devant eux. Il se tint à côté d’eux sous l’arbre afin de pourvoir à leurs besoins. Comme c’étaient des anges, ils ne pouvaient réellement manger, mais ils feignirent néanmoins de le faire, et ainsi il apparut qu’ils mangèrent. Ils agirent ainsi par bienséance, afin de montrer qu’un invité doit toujours se conformer aux usages de celui qui le reçoit. Pendant qu’Abraham les servait, les anges s’enquirent humblement5 de Sarah comme ils l’avaient fait de son époux, afin de montrer à nouveau le bon usage.

9 Les trois anges lui demandèrent alors : « Où est Sarah ton épouse ? » Abraham répondit : « Là, dans la tente. »

La promesse de la naissance d’Isaac

10 Il [Le deuxième ange] dit : « Je suis porteur d’un message de Dieu pour Sarah : Je reviendrai assurément vers toi à ce même moment l’année prochaine, et alors Sarah ton épouse aura un fils ce jour-là. » Et Sarah entendit à l’entrée de la tente qui était derrière lui.

11 De fait, Abraham et Sarah étaient déjà vieux et avaient vécu leur longévité naturelle.6 Toute leur vie ils avaient profondément intériorisé leurs expériences.7 Aussi le fait que Sarah avait cessé d’avoir son cycle féminin n’avait-il rien de fortuit pour elle : il caractérisait une profonde transition émotionnelle et mentale qui affectait sa vie entière.

12 Aussi ne crut-elle pas que les paroles de l’ange pourraient se réaliser. Elle rit en elle-même, en disant : « À présent que je suis flétrie, connaîtrais-je une nouvelle jouvence ?! Mes entrailles porteraient-elles un enfant ? Mes seins se rempliraient-ils de lait ? De plus, mon mari est trop vieux pour engendrer ! » À ce moment précis, lorsqu’elle préparait le pain qu’elle avait cuit, son corps redevint miraculeusement jeune et apte à enfanter. Elle eut ses menstrues, et le pain devint ainsi rituellement impur. Aussi Abraham ne put-il pas servir de pain aux hôtes.8

13 Le rire et les mots de Sarah ne pouvaient être entendus de l’extérieur de la tente. L’Éternel dit à Abraham : « Ton épouse a ri ! Pourquoi Sarah a-t-elle ri et dit : “Enfanterais-je vraiment, bien que je sois vieille ?” » Dieu ne mentionna pas le fait que Sarah avait également parlé de l’âge avancé d’Abraham afin de ne pas nuire à leur harmonie conjugale.

14 L’ange poursuivit : « Y a-t-il quoi que ce soit de trop merveilleux pour l’Éternel ? » Il fit une marque sur la paroi de la tente et dit : « Au cas où quiconque douterait que le fils qui te naîtra soit de toi, que cette marque atteste des circonstances miraculeuses de sa naissance :9 au moment précis désigné, lorsque les rayons du soleil atteindront cette marque10 à ce moment l’année prochaine, Je reviendrai, et Sarah aura un fils ce jour-là. »

Deuxième lecture – Cheni

15 En entendant l’accusation de Dieu, Sarah nia et dit : « Je n’ai pas ri » car elle avait peur, mais Il lui dit : « Non, tu as bien ri. » En tout état de cause, les doutes de Sarah se dissipèrent aussitôt : (a) qu’elle entendit directement de Dieu qu’elle mettrait au monde un fils, et (b) qu’elle se vit rajeunir miraculeusement.11

16 Ayant accompli sa mission, l’ange qui avait annoncé à Sarah qu’elle aurait un fils s’éclipsa.12 Les deux autres « hommes » se levèrent de là-bas et portèrent leur regard vers Sodome, portant leur attention sur leur prochaine mission, qui était de détruire les villes de la plaine et sauver Loth de la destruction. Après que les « hommes » lui eurent délivré le message de Dieu – et que Dieu eut confirmé leur message – Abraham cessa de penser qu’ils étaient des païens. Mais il pensait encore qu’ils étaient des êtres humains ; aussi, lorsqu’ils prirent congé, Abraham marcha avec eux pour les raccompagner.

Le projet de Dieu de détruire les villes de la plaine

17 L’Éternel dit : « Pourrais-Je dissimuler à Abraham ce que Je suis sur le point de faire aux habitants des villes de la plaine ? Ils font partie du pays que Je lui ai promis ;13 aussi, Je me dois de l’informer de Mes plans. En outre, J’ai fait de lui leur “père” :14 puis-Je détruire les enfants sans rien dire au père ?

18 Comment garder Mes plans secrets, alors que J’aime Abraham au point de lui avoir promis qu’il deviendra assurément une grande et puissante nation, et qu’à travers lui toutes les nations seront bénies ?

19 Je lui ai promis toutes ces bénédictions car Je l’ai distingué, ceci parce qu’il enseigne à ses enfants et à sa maison après lui à observer la voie de L’Éternel en accomplissant la justice et le droit, de sorte qu’ils méritent Mes bénédictions. En fait, lorsqu’il leur enseigne de suivre Mes enseignements, il ajoute explicitement : “De façon à ce que l’Éternel amène sur Abraham tout ce qu’Il a affirmé à son égard.” »

20 Comme Il s’y était engagé, l’Éternel dit à Abraham : « Puisque la plainte de Sodome et Gomorrhe s’est intensifiée, et leur péché est très grave,15 Je vais descendre – comme Je l’ai fait avant la Dispersion,16 afin de montrer qu’un juge ne doit pas rendre de verdict avant d’avoir soigneusement examiné les preuves – et constater : si leurs actes sont à la mesure de la plainte qui m’est parvenue – s’ils sont aussi dépravés qu’en atteste la plainte que J’ai entendue contre leurs méfaits et qu’ils ne se sont pas encore repentis –, Je les ferai disparaître. Sinon, J’aviserai pour déterminer quel châtiment moins sévère Je leur infligerai. »

22 En fait, Abraham était parfaitement conscient de la dépravation de ceux qui habitaient les villes de la plaine. Les hommes qu’il raccompagnait quittèrent le lieu jusqu’où Abraham les avait accompagnés et se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham se tenait encore devant l’Éternel, écoutant Ses paroles. Abraham comprit que ces hommes s’en allaient détruire Sodome.

Abraham argumente avec Dieu

23 Il « s’avança » – autrement dit il se prépara moralement à affronter Dieu – à argumenter de pied ferme avec Lui, à l’apaiser et à l’implorer. Voyant que le temps était désormais compté, il commença d’argumenter avec Dieu17 et dit : « Ferais-Tu dans Ta colère périr les justes avec les impies ?!

24 Il y a cinq villes dans cette plaine. Et s’il y avait cinquante justes dans la ville de Sodome et dans ses quatre villes voisines ? Dix personnes constituent une entité communautaire ; leur mérite collectif devrait suffire à sauver une ville ; le mérite de cinq groupes identiques doit donc suffire à sauver les cinq villes. Et quand bien même leur mérite ne suffirait pas à sauver le reste des gens, qu’en sera-t-il des justes eux-mêmes ?18 Détruirais-tu l’endroit et ne l’épargnerais-Tu pas pour les cinquante justes qui s’y trouvent ? » Lorsque les anges perçurent qu’Abraham plaidait la cause des villes de la plaine, ils commencèrent à ralentir leur marche afin de lui donner davantage de temps pour ce faire.19

Un appel à la justice

25 Abraham entreprit d’apaiser Dieu et dit : « En outre, cela constituerait un sacrilège pour Toi de faire une telle chose – de faire mourir les justes avec les impies, de sorte qu’il en irait des justes comme des impies. Il apparaîtra que Tu agis de façon injuste ! Voudrais-Tu que les gens pensent que Tu as également puni les générations du Déluge et de la Dispersion de façon injuste ? » À cela Dieu répondit : « Si tu le souhaites, Je vais examiner l’éventualité que tu viens de mentionner, et tu pourras me dire si J’ai agi de façon juste ou non. » Abraham répondit : « Non, cela constituerait également un sacrilège pour Toi ! Tu n’as à rendre compte de Tes actions devant aucune créature – ni dans ce monde ni dans l’autre, lorsque notre perspective sera plus large que dans cette vie.20 Néanmoins, dans ce cas précis, entends-Tu punir les justes avec les impies ? Le Juge de toute la terre ne rendrait-Il pas la justice de façon équitable ?! »

26 L’Éternel dit : « Je n’hésiterai pas à détruire une ville, même si cela doit entraîner la mort des personnes justes qui y vivent – et cela ne constituera pas une injustice. Le fait qu’ils aient manqué à détourner les autres de leur conduite impie prouve que leur rectitude n’est que partielle ; ils sont donc partie prenante dans les méfaits de la majorité. Cependant, Je consens à reconnaître le mérite collectif de dix individus justes, comme tu l’as sollicité. Aussi, si Je trouve dans Sodome et ses quatre villes voisines cinquante personnes justes, J’épargnerai la région entière par égard pour elles. » Alors Dieu examina les habitants des cinq villes, mais ne trouva pas cinquante personnes justes parmi eux.

27 Alors Abraham répondit et dit, formulant cette fois sa requête comme une prière : « J’ai entrepris de parler à mon Seigneur au nom de tous ces gens car j’ai moi-même bénéficié de Ta bienveillante miséricorde : j’aurais été réduit en poussière par l’alliance des rois et en cendres par Nimrod si Tu n’avais pas été à mes côtés !

Abraham marchande

28 Peut-être manquera-t-il cinq des cinquante justes. Il en resterait quand même neuf pour chaque ville, et Tu pourrais compter Toi-même pour le dixième. Détruirais-Tu la ville entière et ses quatre villes voisines à cause des cinq personnes qui manqueraient ? » Et Il répondit : « Je ne détruirai pas la région si Je trouve quarante-cinq justes vivant là-bas. » Mais Dieu examina à nouveau les villes et n’y trouva pas quarante-cinq justes.

29 Alors Abraham s’adressa à Lui à nouveau et dit : « Peut-être s’en trouvera-t-il quarante là-bas, dix dans chacune des villes ? Tu pourrais alors en épargner quatre et n’en détruire qu’une seule. » Et Il dit : « Je ne ferai rien contre les quatre villes par égard pour les quarante justes qui s’y trouvent. » Cependant, en examinant les villes, Dieu ne trouva pas même quarante justes parmi leurs habitants. Abraham demanda alors à Dieu d’épargner quatre villes par égard pour trente-six justes, en comptant Dieu pour le dixième dans chacune. Dieu accepta, mais les trente-six justes ne purent pas non plus être trouvés.

30 Alors Abraham dit : « Que mon Seigneur ne soit pas irrité, mais je voudrais m’exprimer. Et s’il s’en trouvait trente là-bas ? Tu pourrais épargner trois villes. » Et il dit : « Je ne ferai rien contre les trois villes si J’y trouve trente justes. » Mais en examinant à nouveau les villes, Dieu n’y trouva pas trente justes. Abraham demanda alors à Dieu d’épargner trois villes par égard pour les vingt-sept justes, en comptant Dieu pour le dixième dans chacune. Dieu accepta, mais les vingt-sept justes ne purent pas non plus être trouvés.

31 Abraham reprit : « Je voudrais encore m’adresser à mon Seigneur par égard pour eux ! Et s’il s’en trouvait vingt là-bas ? Tu pourrais épargner deux villes. » Et Il dit : « Je ne détruirai pas les deux villes, par égard pour les vingt justes qui s’y trouvent. » Mais à nouveau, Dieu n’y trouva pas vingt justes. Abraham demanda alors à Dieu d’épargner deux villes par égard pour dix-huit justes, en comptant Dieu pour le dixième dans les deux villes. Dieu accepta cette fois encore, mais dix-huit justes ne purent pas non plus être trouvés.

32 Abraham dit alors : « Que mon Seigneur ne soit pas irrité et je parlerai cette dernière fois. Peut-être s’en trouvera-t-il dix là-bas ? Tu pourrais épargner une ville. » Et Il dit : « Je ne la détruirai pas, par égard pour les dix. » Mais dix justes demeurant dans les villes ne purent encore pas être trouvés. Abraham demanda alors à Dieu d’épargner une seule ville par égard pour neuf justes, en comptant Dieu pour le dixième. Dieu accepta, mais à nouveau, neuf justes ne purent être trouvés.

33 Constatant que « l’avocat de la défense » avait terminé sa plaidoirie, l’Éternel, le « juge », quitta le « prétoire » lorsqu’Il eut fini de parler à Abraham. Abraham retourna chez lui.

Troisième lecture – Chelichi

19:1 Les deux anges cheminaient si lentement21 qu’ils n’arrivèrent à Sodome que le soir. La Torah désigne ici les anges comme « anges » plutôt que comme « hommes », car : (a) ce n’est pas Dieu qui s’exprime dans cette partie de la narration ; aussi n’est-il pas besoin de laisser entendre qu’au regard de Lui, les anges sont aussi ordinaires que les hommes ; et (b) Abraham était habitué à être visité par des anges autant que par des hommes,22 ce qui n’était pas le cas de Loth. Loth était assis à la porte de Sodome ; il avait été désigné ce jour même comme leur premier juge, et le tribunal était situé à la porte de la ville ;23 en outre, il guettait des invités, car Abraham lui avait enseigné les usages de l’hospitalité. Bien que Loth ne fît pas partie des fondateurs de Sodome ni même de ses élites, les habitants avaient reconnu que, étant un parent d’Abraham, il serait le plus susceptible de rendre des jugements impartiaux.24 Loth les vit et se leva pour aller à leur rencontre, et se prosterna la face contre terre.

2 Il dit : « À présent que vous me semblez être des étrangers, je souhaiterais que vous soyez mes hôtes, et vous servir comme si vous étiez mes seigneurs. Mais voilà, mes seigneurs, sachez que cette ville est inhospitalière pour les voyageurs, et que ses habitants feront du mal à toute personne qu’ils verront donner le gîte à des voyageurs. Aussi, daignez donc faire un détour pour vous rendre à la maison de votre serviteur de sorte que nul ne vous voie y pénétrer. Passez la nuit, lavez vos pieds, et puis vous vous lèverez tôt et poursuivrez votre route. Je vous prie de ne pas décliner mon offre, car à présent que nous nous sommes rencontrés, vous m’offenseriez si vous ne preniez pas le gîte dans ma maison. » À la différence d’Abraham,25 Loth ne s’inquiéta pas du fait que ses hôtes puissent être des païens vénérant la poussière de leurs pieds qui introduiraient un objet d’idolâtrie dans sa maison. Et de fait, il souhaitait que leurs pieds restent sales jusqu’au moment où ils s’apprêteraient à le quitter, car s’il venait à être découvert et accusé de les avoir accueillis pendant quelques jours, il apparaîtrait au moins qu’ils venaient d’arriver. Ils répondirent : « Non, nous passerons plutôt la nuit dans l’allée de la ville. » Ils n’hésitèrent pas à décliner l’invitation de Loth, car son statut social n’était pas aussi élevé que celui d’Abraham.26

3 Il insista énormément auprès d’eux, de sorte qu’à la fin ils accédèrent à sa requête. Ils se dirigèrent vers lui – par une voie détournée, comme il l’avait sollicité – et pénétrèrent dans sa maison. Il leur fit un festin et, du fait que c’était la fête de Pessa’h – et qu’il avait appris d’Abraham à observer les commandements qui seraient donnés plus tard au peuple juif –, il confectionna des matsot pour eux et ils mangèrent.

La population de Sodome s’en prend à Loth

4 Les anges s’enquirent auprès de Loth des habitants de Sodome et des quatre autres villes. Loth leur répondit honnêtement que c’étaient des gens pervertis, mais tenta en même temps de trouver des circonstances atténuantes à leur conduite.27 Ils ne s’étaient pas encore couchés lorsque les habitants de la ville, les gens pervertis de Sodome, s’attroupèrent autour de la maison – menés par les jeunes et suivis par les plus âgés,28 toute la population d’un bout à l’autre de la ville. Bien qu’il était évident que tous les gens qui avaient convergé vers la maison de Loth avaient l’intention de faire du mal aux invités, personne dans la ville ne s’y opposa.

5 Ils s’adressèrent à Loth et lui dirent : « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, que les hommes de chez nous les connaissent charnellement ! »

6 Loth sortit vers eux à l’entrée et referma la porte derrière lui.

7 Il dit : « Je vous en prie, mes frères, ne commettez pas un tel mal !

8 Voici, j’ai deux filles qui n’ont jamais connu d’homme charnellement. Je vais vous les amener, et faites-leur ce que bon vous semble ; mais seulement ne faites rien à ces hommes-là, car ils sont venus s’abriter sous mon toit et aussi suis-je responsable de leur sécurité. »

9 Alors ils dirent à Loth : « Écarte-toi de là ! Tes filles ne nous intéressent pas ; ce sont les hôtes que nous voulons ! » Puis ils se dirent l’un à l’autre : « Voyez donc cela ! Il veut protéger les étrangers. Mais il est lui-même un étranger ! Cet individu est venu séjourner chez nous, et à présent il s’érige en juge pour nous réprimander ?! » Ils se tournèrent vers lui et dirent : « À présent nous te ferons un sort pire que le leur ! » Ils exercèrent une forte pression sur l’homme, contre Loth, et s’approchèrent pour briser la porte.

10 Alors, les hommes à l’intérieur étendirent leurs mains et tirèrent Loth vers eux à l’intérieur de la maison, et refermèrent la porte.

Les anges sauvent Loth et sa famille

11 Quant aux hommes qui se trouvaient à l’entrée de la maison, ils les frappèrent miraculeusement de cécité, en commençant par les jeunes – car ils étaient les instigateurs29et ensuite les plus âgés ; aussi les gens tentèrent-ils en vain de trouver l’entrée.

12 Les hommes qui étaient à l’intérieur dirent à Loth : « Peux-tu encore excuser leur conduite ? Qui d’autre as-tu ici hormis ton épouse et tes filles ? Un gendre, ou tes petits-fils et petites-filles, tous ceux qui sont tiens dans cette ville – fais-les sortir de ce lieu,

13 car nous allons détruire cet endroit, car la plainte des gens s’est intensifiée devant l’Éternel et l’Éternel nous a envoyés pour le détruire. »

14 Loth avait deux filles mariées qui habitaient ailleurs dans la ville, et deux autres qui étaient fiancées30 et vivaient chez lui. Il s’en fut parler à ses gendres et aux fiancés de ses filles, et dit : « Levez-vous et quittez cet endroit, car l’Éternel va détruire la ville ! » Mais il apparut comme un plaisantin aux yeux de ses gendres et des fiancées de ses filles.

15 Bien qu’ils étaient arrivés la veille au soir, les anges attendirent le matin pour sauver Loth et anéantir la ville, car il aurait été imprudent pour Loth de voyager la nuit.31 Comme le matin se levait, les anges pressèrent Loth en disant : « Lève-toi et prends ta femme et tes deux filles présentes, car tu risques de périr avec tous les autres du fait du péché de la ville ! »

16 Cependant, il s’attardait afin de sauver tout ce qu’il pouvait de ses biens ; alors les hommes saisirent sa main, la main de sa femme et la main de ses deux filles de par la miséricorde de L’Éternel pour lui, et ils le firent sortir et le déposèrent hors de la ville.

17 Il advint que, lorsqu’ils les firent sortir, l’ange qui avait pour mission de sauver Loth ainsi que sa famille dit : « Oublie ce que tu possèdes ; enfuis-toi pour ta vie ! Ne regarde pas en arrière et ne t’arrête nulle part dans la plaine, car tu mérites de disparaître tout autant qu’eux.32 C’est seulement au titre du mérite d’Abraham que tu es sauvé ;33 aussi ne convient-il pas pour toi d’être témoin de leur destruction. Enfuis-toi vers Abraham, qui habite dans la montagne, car tu pourrais périr avec tous les autres ! »

18 Loth leur dit : « Je t’en prie, Seigneur, non !

La requête de Loth

19 Vois donc, Ton serviteur a trouvé grâce à Tes yeux, et Ta bonté a été grande en ce que Tu as fait pour moi en me sauvant la vie. Mais je ne puis fuir vers la montagne où Abraham demeure, car la marque de l’infamie s’attacherait à moi et je pourrais être considéré comme méritant de mourir. J’étais considéré comme vertueux au regard des habitants de Sodome, mais je serai tenu pour un pêcheur au regard d’Abraham.

20 Je t’en prie, il y a cette ville appelée Béla, dont la fondation est plus récente que celle des quatre autres villes de la plaine (car elles furent fondées au cours de l’année de la Dispersion et celle-ci fut fondée un an plus tard). Aussi est-ce un endroit qui convient mieux pour y fuir, car il est un peu moins entaché du péché que les quatre autres villes, et de ce fait n’est pas encore passible de destruction. Puissé-je m’y enfuir ; en tout état de cause, il est plus petit et moins peuplé que les autres villes, et vous pourriez l’épargner et ainsi je pourrai y survivre. »

Quatrième lecture – Revii

21 L’ange lui répondit : « En cela également, Je t’ai accordé une faveur en ce que Je ne détruirai pas la ville dont tu as parlé après t’avoir sauvé.

22 Empresse-toi de fuir là-bas, car Je ne pourrai rien faire jusqu’à ton arrivée là-bas. » Du fait que l’ange s’était attribué à lui-même la possibilité de détruire la ville,34 ce qui pouvait être interprété comme une marque d’arrogance, il fut contraint à ce moment d’admettre qu’il ne pouvait agir sans le consentement de Dieu. C’est ainsi que depuis lors la ville de Béla fut appelée Tsoar [« petite »].

23 Le soleil s’était déjà levé sur le pays quand Loth arriva à Tsoar.

Dieu détruit les villes de la plaine

24 Ici également,35 l’Éternel, après avoir par déférence consulté Sa cour céleste, fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu – venus de l’Éternel depuis le ciel. Cela commença par une pluie ordinaire afin de donner à leurs habitants une dernière chance de se repentir. Lorsqu’ils refusèrent de le faire, cela devint un déluge de soufre et de feu.36

25 Tôt le matin, Dieu détruisit ces quatre37 villes et toute la plaine, ainsi que les habitants des villes et la végétation du sol. Les villes étaient toutes situées sur une même section de la croûte terrestre ; aussi, Dieu souleva simplement cette étendue de roche et la retourna.

26 Sa femme [de Loth] se retourna, regarda derrière lui la destruction, et elle devint un pilier de sel à titre de punition pour avoir refusé du sel à ses hôtes.38

27 Abraham se leva de bon matin et se rendit à l’endroit où il s’était tenu devant l’Éternel.

28 Il porta le regard sur Sodome et Gomorrhe et sur toute la contrée de la plaine, et voici qu’une colonne de fumée s’élevait de la terre comme la fumée qui s’élève d’une fournaise.

29 Il advint que, lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, Dieu se souvint de la façon dont Loth avait protégé Abraham en Égypte, en soutenant son affirmation que Sarah était sa sœur,39 et en récompense, Il arracha Loth au bouleversement lorsqu’Il détruisit les villes dans lesquelles Loth avait habité, bien qu’il méritât à tous égards de périr avec elles.

Loth et ses filles

30 Bien que Dieu lui avait accordé d’épargner Tsoar, Loth remonta de Tsoar et s’établit sur la montagne voisine et désertée avec ses deux filles, car il craignait de rester à Tsoar du fait de sa proximité avec Sodome, et il s’établit avec ses deux filles dans une grotte. De par la providence divine, il y avait des fûts de vin dans cette grotte.

31 Les deux filles de Loth crurent que le monde entier avait été détruit à l’exception d’elles-mêmes et de leur père, comme cela était arrivé lors du Déluge. La fille aînée dit à la cadette : « Notre père est vieux et ne sera bientôt plus à même d’avoir des enfants, ou bien il mourra, et il n’y a pas d’homme dans le monde pour nous épouser comme c’est l’usage partout.

32 Allons, enivrons notre père avec du vin et couchons avec lui, de sorte que nous donnions vie à une descendance par notre père. »

33 Cette nuit-là, elles firent boire du vin à leur père. L’aînée vint et coucha avec son père, mais il était si ivre qu’il n’eut conscience de rien lorsqu’elle se coucha auprès de lui. Et ensuite, lorsqu’elle se leva, il fut alors assez sobre pour réaliser que c’était bien elle mais fit semblant de l’ignorer.40

34 Le jour suivant, l’aînée dit à la cadette : « La nuit dernière voilà que j’ai couché avec mon père. Cette nuit, donnons-lui également du vin à boire et tu iras coucher avec lui, et nous donnerons vie à une descendance par notre père. »

35 Cette nuit-là, elles firent encore boire du vin à leur père. Bien que Loth était conscient de ce qui s’était produit avec sa fille la nuit précédente, il ne refusa pas de boire à nouveau du vin du fait de son penchant inné pour les relations illicites. Cette fois, la cadette se leva et coucha avec lui, mais cette fois encore, il était si ivre qu’il n’eut pas conscience qu’elle s’était couchée et levée.

36 Les deux filles de Loth conçurent de leur père. Bien qu’elles furent toutes deux coupables d’inceste, l’aîné fut l’instigatrice, tandis que la cadette ne fit que suivre son exemple.

37 L’aînée donna naissance à un fils qu’elle nomma Moav [« issu du père »] ; il est l’ancêtre du peuple de Moav jusqu’à ce jour.

38 La cadette donna elle aussi naissance à un fils, et le nomma Ben Ami [« fils de mon parent »] ; il est l’ancêtre du peuple d’Amon jusqu’à ce jour. L’aînée n’eut pas honte de sa conduite ; c’est pourquoi elle donna à son fils un nom qui rendit son acte public. Par contre, la cadette, elle, eut honte et chercha à dissimuler son péché en donnant à son fils un nom moins explicite.

Abraham chez les Philistins

20:1 Après que les villes de la plaine furent détruites, les voyageurs n’eurent plus de raison de passer par Hébron. Une fois connue, la grossesse de ses filles valut à Loth une mauvaise réputation, car il était évident qu’il avait commis un inceste avec elles. Pour ces deux raisons, Abraham quitta ce lieu cette même année pour le Neguev et s’établit entre Kadech et Chour, et séjourna dans la ville philistine de Guerar.

2 Comme cela s’était produit en Égypte,41 on questionna Abraham à propos de Sarah, car elle avait retrouvé sa beauté juvénile et n’était pas encore enceinte.42 Abraham dit à propos de Sarah, son épouse – sans lui en demander la permission – : « C’est ma sœur. » Cette fois, Abraham ne demanda pas à Sarah la permission de dire qu’elle était sa sœur car il était certain qu’elle refuserait, forte de sa déplaisante expérience en Égypte. Alors Avimèle’h, roi de Guerar, envoya ses gens pour lui amener Sarah. Mais lorsqu’il tenta d’approcher Sarah, un ange l’empêcha de porter la main sur elle. De plus, sur l’ordre de Sarah,43 Dieu brida tous les organes de sécrétion du roi et des gens de sa maison (à savoir, les organes d’excrétion et de reproduction, ainsi que les oreilles et les narines).44

3 Dieu vint en rêve à Avimèle’h pendant la nuit et dit : « Voici que tu vas mourir de cette affliction à cause de cette femme que tu as prise, car c’est une femme mariée, et tu seras coupable d’adultère si tu as des relations avec elle. »

4 Comme Avimèle’h ne l’avait pas approchée, il dit : « Ô Dieu, ferais-Tu mourir une nation même si elle est juste ? Dois-je en conclure que Tu as fait disparaître sans motif la génération du Déluge et que Tu as puni de même la génération de la Dispersion ?

5 Son mari ne m’a-t-il pas dit lui-même : “Elle est ma sœur” ? Et elle aussi m’a dit : “Il est mon frère.” Et tous ceux que j’ai interrogés – ses serviteurs, ceux qui conduisaient ses chameaux et ceux qui conduisaient ces ânes – ont aussi répondu qu’ils étaient frère et sœur. J’ai agi ainsi, autrement dit je l’ai prise pour moi-même le cœur innocent, sans intention de pécher. Et j’ai les mains propres, car je ne l’ai pas touchée. »

6 Dieu lui dit dans le rêve : « Moi aussi, Je sais que c’est dans l’innocence de ton cœur que tu as fait cela, mais tu ne peux prétendre que tes mains sont sans tache, car c’est Moi qui t’ai épargné de fauter envers Moi en envoyant un ange pour te tenir à l’écart d’elle. C’est précisément parce que Je savais bien que tu n’avais pas l’intention de commettre quelque chose de mal que Je ne t’ai pas permis de la toucher.

7 À présent, rends cette femme mariée. Ne crains pas qu’il refuse de la reprendre ou qu’il te reproche ce que tu as fait et refuse de prier pour toi, car c’est un prophète et il sait donc que tu ne l’as pas souillée et que tu es innocent. C’est pourquoi il va prier pour toi et tu vivras. Mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras – toi et tous les tiens. »

8 Avimèle’h se leva tôt le matin. Il fit appeler ses serviteurs et leur fit discrètement part de toutes ces choses, et les gens furent terrifiés.

9 Avimèle’h convoqua Abraham et lui dit : « Que nous as-tu fait ? Quelle faute ai-je commise pour que tu nous exposes, moi et mon royaume, à une si grande faute ? Tu m’as fait subir des choses qui ne se produisent pas d’ordinaire ! Une telle affliction est inouïe ! »

Avimèle’h argumente avec Abraham

10 Avimèle’h demanda à Abraham : « Qu’as-tu donc vu pour faire une telle chose ? »

11 Abraham répondit : « Regarde ; d’ordinaire, quand un voyageur arrive dans une ville, les gens lui demandent ce qu’il désire manger ou boire, et non pas si la femme qui l’accompagne est son épouse ou sa sœur ! C’est pourquoi je me suis dit : “Il n’y a tout simplement pas de crainte de Dieu dans cet endroit, et ils me tueront à cause de mon épouse si je révèle sa véritable identité.”

12 Et il se trouve qu’elle est véritablement ma sœur. Car elle est la fille de mon père mais non de ma mère, il nous était permis de nous marier,45 et elle est devenue mon épouse. » Sarah était en fait la nièce d’Abraham, et pas sa sœur,46 mais les gens désignent souvent les petits-enfants comme leurs enfants ;47 aussi, tout comme Abraham avait auparavant appelé son neveu Loth son « frère », il avait de la même manière appelé sa nièce Sarah sa « sœur ». Ainsi, il ne mentit pas vraiment à Avimèle’h.

13 « Il advint que, lorsque Dieu me fit quitter la maison de mon père, et que je sus que je devrais traverser des contrées habitées par des gens pervertis, je lui dis : “Voici la faveur que tu peux me faire. Partout où nous irons, dis à mon propos : « C’est mon frère. »” »

Avimèle’h s’amende

14 Ayant perdu sa cause, Avimèle’h comprit qu’il devait s’amender pour sa conduite.48 Il prit du bétail, du menu-bétail, des serviteurs et des servantes et les donna à Abraham pour l’apaiser de sorte qu’il prie pour lui, et il lui rendit son épouse Sarah.

15 Avimèle’h dit : « Mon pays est devant toi. Établis-toi comme bon te semble. N’aie aucune crainte de mes sujets, car ce sont des gens dotés de moralité et ils n’importuneront pas ton épouse. »

16 À Sarah il dit : « Comme marque d’estime pour toi, j’ai à présent donné à ton “frère” mille pièces d’or. Puisse ce cadeau et cette marque de respect te servir, pour ainsi dire, à voiler les yeux de tous ceux qui sont avec toi qui pourraient te regarder avec suspicion du fait de cet incident, et les empêcher de le faire. Le fait que j’aie dû recourir à une telle dépense pour t’apaiser atteste que je n’ai pas abusé de toi et ne t’ai pas non plus rejetée, mais qu’une intervention divine m’a contraint de renoncer à toi. Et pour quiconque qui dans l’avenir jetterait le doute sur ta conduite lors de cet épisode, il servira de preuve de ton innocence. »

17 Abraham pria Dieu et Dieu guérit Avimèle’h et les membres de sa maison de l’obstruction de leurs organes, ainsi que son épouse et ses servantes, de sorte qu’ils purent enfanter,

18 car l’Éternel avait obstrué tous les orifices des membres de la maison d’Avimèle’h à cause de Sarah l’épouse d’Abraham, et sur son ordre.49

La naissance d’Isaac

21:1 Mais avant que Dieu ne guérisse Avimèle’h et les membres de sa maison, l’Éternel s’était déjà souvenu de Sarah comme Il avait dit à Abraham qu’Il le ferait :50 elle conçut. De fait, c’est un principe : lorsqu’une personne a besoin de quelque chose et qu’elle prie pour qu’une autre personne obtienne cette même chose, Dieu exauce la personne qui prie pour autrui en premier. Et l’Éternel agit pour Sarah comme Il avait parlé à Abraham :51 elle donna naissance à un fils.

2 Ainsi, Sarah conçut et enfanta à Abraham un fils dans sa vieillesse au moment désigné que Dieu avait dit :52 le 15 Nissane 2048.53

3 Abraham nomma le fils qui lui naquit – et que Sarah lui avait enfanté – Isaac,

4 et Abraham circoncit son fils Isaac le huitième jour après sa naissance, comme Dieu le lui avait ordonné.

Cinquième lecture – ‘Hamichi

5 Abraham était âgé de cent ans lorsque son fils Isaac vint au monde.

6 Sarah appliqua le sens du nom d’Isaac – « rire »54 – au vécu qui avait accompagné sa naissance. Elle dit : « Dieu m’a apporté le bonheur ; quiconque entendra sera heureux pour moi et heureux avec moi. » Et il en fut ainsi : de nombreuses femmes qui étaient jusqu’alors stériles donnèrent naissance au même moment que Sarah, de nombreuses personnes malades furent guéries ce jour, et de nombreuses prières furent exaucées ce jour. Parmi les nombreux miracles qui accompagnèrent la naissance d’Isaac, il y eut celui qu’Abraham garda ensuite sa virilité jusqu’à la fin de sa vie.55

7 Abraham donna un festin pour célébrer la naissance d’Isaac. Afin de montrer que Sarah avait réellement enfanté, Abraham demanda aux mères parmi les invités qui avaient des nourrissons d’amener leurs bébés sans leurs nourrices, et Sarah les allaita tous.56 Par gratitude pour ce miracle, elle dit : « Qui est celui qui a dit à Abraham : “Sarah allaitera de nombreux enfants” ? Seul le Dieu tout-puissant a pu faire une telle promesse et l’accomplir également ! Car j’ai donné naissance à un fils à son âge avancé ! »

Abraham renvoie Agar et Ichmael

8 L’enfant grandit et, au bout de deux ans, fut sevré, et Abraham donna un grand festin le jour où Isaac fut sevré. Toutes les personnalités de premier plan de la génération y assistèrent, dont Chem, Ever et Avimèle’h.

9 Sarah vit qu’Ichmael, le fils que Agar l’Égyptienne avait enfanté à Abraham, se livrait à la licence, ce qui incluait le culte des idoles, les relations sexuelles illicites et même le meurtre.

10 Rapportant la querelle entre les deux garçons, elle dit à Abraham : « Renvoie cette servante et son fils, car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac ! Ichmael est indigne d’hériter avec un fils issu de moi, même si mon propre fils ne possède pas de mérite propre. Et il est indigne d’hériter avec un garçon aussi noble qu’Isaac quand bien même il ne serait pas de moi. À plus forte raison n’est-il pas digne d’hériter avec celui qui est et mon fils et Isaac ! »

11 Le problème de la conduite pervertie d’Ichmael causa une grande détresse à Abraham. Il était affligé par l’idée de renvoyer son fils.

12 Dieu dit à Abraham : « Ne sois pas affligé au sujet du jeune homme et de ta servante. En tout ce que Sarah te dit, obéis à sa voix, car son don de prophétie est supérieur au tien. Son intuition est juste, car, comme Je te l’ai dit,57 c’est à travers Isaac que tu auras des descendants qui seront considérés comme les tiens pour ce qui est de recevoir les bénédictions que Je t’ai promises.

13 Mais Je ferai aussi une nation du fils de la servante, comme Je te l’ai également dit,58car il est également ta descendance. »

14 Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre remplie d’eau, et les donna à Agar. Il ne leur donna pas des ustensiles de valeur, car il en voulait à son fils de l’avoir trahi. Le rapport acerbe que Sarah avait fait de la conduite licencieuse d’Ichmael éveilla l’attribut de rigueur de Dieu contre lui (cela s’appelle « jeter le mauvais œil sur quelqu’un »), et alors il devint malade et ne put marcher seul. Abraham plaça la nourriture sur l’épaule de Agar avec l’enfant et la renvoya. En la renvoyant, il lui rendit sa liberté ; aussi n’eut-elle plus le statut légal de servante.59 Elle partit et erra dans le désert de Beer Chava (Beercheva). Accablée d’avoir était bannie de la maison d’Abraham, elle renoua peu à peu avec les croyances idolâtres dans lesquelles elle avait été élevée.

15 Comme Ichmael était malade, il but davantage d’eau que d’ordinaire. Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle abandonna l’enfant sous l’un des buissons.

16 Elle s’en fut alors s’asseoir à distance, à quelques portées d’arc, car elle dit : « Je ne veux pas voir l’enfant mourir. » Au moment où la maladie allait emporter l’enfant, elle s’assit à une plus grande distance et éleva la voix pour pleurer. Ichmael pria également pour la miséricorde.

La promesse de Dieu à Agar

17 Dieu entendit la voix du jeune homme plus que celle de sa mère, car la prière d’une personne malade est plus efficace que les prières adressées par d’autres pour elle. Cependant, les anges s’élevèrent contre l’intention de Dieu de répondre à la prière d’Ichmael, en soutenant qu’il n’était pas juste de lui éviter de mourir de soif alors que ses propres descendants tueraient des Juifs par la soif dans l’avenir.60 Dieu leur répondit que, n’étant pas coupable du crime de ses descendants, il ne saurait en être tenu pour responsable. Alors un ange de Dieu appela Agar depuis les cieux et lui dit : « Qu’est-ce qui t’accable, Agar ? N’aie pas peur, car Dieu a entendu la voix de l’enfant ne considérant que là où il se trouve et tenant compte de son propre mérite moral, sans le juger pour les actes futurs de ses descendants.

18 Lève-toi, relève le jeune homme et soutiens-le de ta main, car Je ferai de lui une grande nation. »

19 Dieu lui dessilla alors les yeux et elle aperçut une source d’eau. Elle s’en fut remplir l’outre d’eau et donna à boire au jeune homme.

20 Dieu fut aux côtés du jeune homme et il grandit ; il vécut dans le désert et devint un archer, détroussant les voyageurs comme Dieu l’avait dit.61

21 Il s’établit dans le désert de Parane, et sa mère lui prit une épouse parmi les filles d’Égypte, où elle était née.

Sixième lecture – Chichi

Abraham à Beer Chava

22 Il advint à cette époque, après que Sarah eut donné naissance, qu’Avimèle’h, accompagné par Pi’hol, chef de son armée, dit à Abraham : « Dieu est avec toi en tout ce que tu fais. En dehors d’avoir eu un enfant à ton âge avancé, tu as survécu à la destruction des villes de la plaine, et encore avant cela, tu as vaincu l’alliance des rois de Kedorlaomer.

23 Alors, à présent fais-moi ici le serment par Dieu que tu n’agiras pas de façon infidèle envers moi ni envers mon fils ni envers mon petit-fils. » (Son souci n’alla pas plus loin dans le temps que deux générations.) « Cette même bienveillance que je t’ai manifestée en t’accueillant dans mon pays, tu me la témoigneras, ainsi qu’au peuple du pays dans lequel tu as séjourné. »

24 Abraham répondit : « J’en fais le serment. » Bien qu’Avimèle’h ne sollicita la fidélité politique avec Abraham que pour deux générations, Abraham s’y engagea pour toujours.62

25 Abraham eut une querelle avec Avimèle’h à propos du puits d’eau dont les serviteurs d’Avimèle’h s’étaient emparés.

26 Avimèle’h dit : « Je ne sais pas qui a fait cela, tu ne m’en as rien dit, et je n’en ai rien entendu jusqu’à ce jour. » Pour déterminer qui avait creusé le puits, ils décidèrent qu’ils s’en approcheraient séparément : celui au-devant de qui l’eau monterait serait considéré comme celui qui l’avait creusé. L’eau monta devant Abraham.

Le pacte d’Abraham avec Avimèle’h

27 Abraham prit du bétail et du menu bétail et les donna à Avimèle’h, et les deux conclurent un traité.

28 Abraham mit alors à part sept brebis du troupeau.

29 Avimèle’h demanda à Abraham : « Que sont ces sept brebis que tu as mises à part ? »

30 Il répondit : « C’est que tu devras accepter ces sept brebis de ma main pour reconnaître que la vérification effectuée par nous constitue une preuve concluante que j’ai creusé ce puits. »63

31 C’est pourquoi cet endroit fut appelé Beer Chava [« puits du serment »], car là-bas les deux prêtèrent serment.

34 Abraham séjourna dans le pays des Philistins durant une année de plus qu’il avait vécu à Hébron, c’est-à-dire pendant 26 ans (2047–2073), après quoi il retourna à Hébron.

Septième lecture – Chevii

22:1 Il advint après ces paroles64 que, dans l’année 2085, Dieu éprouva Abraham. Il lui dit : « Abraham ! », et il répondit avec dévouement : « Me voici. Je suis à Tes ordres. »

Isaac est ligoté

2 Il dit : « Je t’en prie, affronte cette ultime épreuve, de sorte que nul ne pensera que ton dévouement pour Moi est limité. Prends ton fils» Abraham répondit : « J’ai deux fils. » Dieu dit : « Je veux dire ton fils unique. » Abraham dit : « Ils sont tous les deux fils uniques : Ichmael est le fils unique de Agar, et Isaac est le fils unique de Sarah. » Dieu dit : « Je veux dire celui que tu aimes. » Abraham dit : « Je les aime tous les deux ! » Dieu dit : « Je veux dire Isaac. » Dieu s’exprima d’emblée intentionnellement de façon ambiguë : (a) afin de donner à Abraham le temps de prendre la mesure de Ses paroles et de ne pas s’engager trop hâtivement, et perdre ainsi le mérite d’un consentement parfait et sincère ; et (b) afin de conférer davantage d’ampleur à cet ordre et d’accorder à Abraham une rétribution pour chaque parole exprimée par Lui. Dieu poursuivit : « Prends-le et va dans le pays de Moriah. Fais-le monter là-bas et prépare-le comme holocauste sur l’une des montagnes que Je t’indiquerai. » Dieu ne dit pas explicitement à Abraham de sacrifier Isaac – bien qu’Abraham comprit que c’était là Son intention – car Il voulait seulement vérifier qu’Abraham était prêt à le faire.

3 Abraham n’hésita pas un instant, bien qu’il fût perplexe quant à savoir comment un tel ordre s’accorderait avec le projet global de Dieu à son égard et à celui du monde.65 Dans son enthousiasme à accomplir l’injonction de Dieu, il se leva de bon matin et, de par son immense amour pour Dieu, sella son âne lui-même, sans laisser cette tâche à l’un de ses serviteurs, bien qu’en fait personne ne chevaucherait l’âne ; il ne servait qu’à porter le bois et des outils.66 Il prit ses deux jeunes gens, Eliézer et Ichmael, avec lui et son fils Isaac, car un personnage d’une certaine envergure sociale doit toujours être accompagné de deux personnes, de sorte que si l’une d’elles doit s’excuser momentanément pour se soulager, la seconde reste avec lui. À ce moment, Abraham avait seulement dit à Isaac que Dieu lui avait demandé de Lui offrir un sacrifice, sans préciser que c’était lui qui devait être sacrifié. Abraham fendit du bois pour l’holocauste, se leva et se mit en route pour l’endroit que Dieu lui avait indiqué.

4 Le voyage depuis Hébron jusqu’au pays de Moriah prend moins d’une journée, mais ce ne fut que le troisième jour du voyage qu’Abraham leva les yeux et vit un nuage qui planait au-dessus du mont Moriah et comprit qu’il apercevait de loin l’endroit désigné. Ici à nouveau, Dieu ne montra pas immédiatement l’endroit à Abraham afin que nul ne puisse l’accuser par la suite d’avoir pris une décision dans la hâte.

5 Abraham dit à ses jeunes gens : « Restez ici avec l’âne tandis que moi et Isaac, le jeune homme, nous irons à une courte distance là-bas. » Abraham se dit en lui-même : « Lorsque je parviendrai là-bas, je verrai comment Dieu entend me faire accomplir ma mission sans héritier ni successeur. » Il dit encore à Eliézer et à Ichmael : « Nous nous prosternerons en prière et nous reviendrons vers vous. » En faisant usage du pluriel, il prophétisa sans le savoir que lui et Isaac reviendraient tous deux.

6 Abraham prit le bois pour l’holocauste et le plaça sur son fils, Isaac. Il prit le feu et le couteau dans sa main et les deux marchèrent ensemble, animés d’un même enthousiasme pour accomplir l’injonction de Dieu, bien qu’Abraham sût qu’il allait sacrifier Isaac, tandis qu’Isaac ne le soupçonnait pas.

Isaac comprend

7 Isaac dit à Abraham, son père : « Mon père ! » Et il répondit : « Me voici, mon fils. » Et Isaac dit : « Voici le feu et le bois, mais où est l’agneau destiné à l’holocauste ? »

8 Abraham répondit : « Dieu pourvoira à un agneau pour l’holocauste, et s’Il ne le fait pas, alors ce sera toi, mon fils, qui seras l’offrande. » Bien qu’Isaac comprit désormais qu’il allait être sacrifié, lui non plus ne questionna Dieu, et ainsi les deux, père et fils, marchèrent ensemble avec le même enthousiasme.

9 Quand ils parvinrent à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y édifia l’autel et y disposa le bois. Il ligota Isaac son fils, en attachant ses mains et ses pieds derrière lui, et le déposa sur l’autel, au-dessus du bois.

10 Abraham tendit sa main et saisit le couteau pour égorger son fils. À ce moment, les cieux s’ouvrirent, les anges virent cette scène poignante et pleurèrent. Leurs larmes tombèrent dans les yeux d’Isaac, ce qui par la suite détériora sa vue.67

11 Un ange de l’Éternel l’appela depuis les cieux et dit de façon affectueuse : « Abraham ! Abraham ! », et il répondit : « Me voici. »

Abraham surmonte l’épreuve

12 L’ange dit : « Ne lève pas ta main contre le jeune homme pour l’égorger ! » En entendant cela, Abraham pensa enfin comprendre les affirmations contradictoires de Dieu : Dieu lui avait d’abord promis qu’Isaac serait celui qui poursuivrait sa lignée ; puis Il lui avait demandé de tuer Isaac. Aussi, quand l’ange lui ordonna de ne pas égorger Isaac, Abraham pensa que Dieu n’avait jamais eu l’intention de le voir tuer Isaac, mais de seulement faire couler un peu de son sang. Aussi Abraham dit-il à l’ange : « Parfait ; je ne vais que le blesser et faire couler un peu de son sang. » Mais à cela l’ange répondit : « Ne lui fais rien ! » En entendant cela, Abraham pensa qu’il avait échoué dans cette épreuve et avait été considéré comme indigne de sacrifier Isaac. Aussi, Dieu lui dit à travers l’ange :68 « Mon intention n’a jamais été que tu sacrifies Isaac, ni que tu fasses couler de son sang ; ce n’était qu’une épreuve. À présent que tu as traversé cette épreuve avec succès et que Je sais que tu crains Dieu – car tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique –, Je possède la bonne réponse pour Satan et pour tous ceux qui s’étonnent de me voir te manifester tant d’amour. »

13 Abraham n’était pas satisfait d’avoir seulement surmonté l’épreuve : il voulait également que Dieu scelle les bénédictions qu’il avait obtenues par la force d’un serment. Il savait que la chose appelait un sacrifice, comme cela avait été le cas avec Noé après le Déluge.69 Abraham leva ses yeux pour chercher un animal à sacrifier,70 et voici qu’il aperçut un bélier qui se dirigeait vers lui. Ce même bélier avait été déjà désigné pour être offert à la place d’Isaac depuis les six jours de la Création, mais Satan, frustré par le fait qu’Abraham avait surmonté cette épreuve, fit en sorte que le bélier soit pris par les cornes dans un fourré. Nullement découragé, Abraham s’en fut prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

14 Abraham nomma cet endroit « L’Éternel verra », en implorant : « Puisse Dieu choisir ce lieu comme site pour le Temple, où Sa présence sur la terre prendra demeure et où Il se manifestera à Son peuple. » C’est ainsi que, Dieu ayant de fait destiné cette montagne à ce but, on dit jusqu’à ce jour : « Sur la montagne, le mont Moriah, où Il peut être vu. » Il implora encore : « Puisse l’Éternel toujours voir et se remémorer qu’Isaac fut ligoté, et considérer que son mérite suffit pour expier les péchés du peuple juif et lui épargner d’être puni, de sorte qu’il soit dit dans toutes les générations : “Jusqu’à ce jour, c’est comme si les cendres d’Isaac peuvent être vues sur l’autel qu’Abraham édifia sur la montagne de l’Éternel”, servant d’expiation pour le peuple juif. »71

15 Après le sacrifice, l’ange de l’Éternel appela Abraham depuis les cieux une seconde fois,

La promesse de Dieu

16 et dit : « L’Éternel affirme : “J’ai exaucé ton souhait de sceller l’heureuse conclusion de cette épreuve par un serment. De par Moi-même, Je jure : parce que tu as accompli cette chose et n’as pas refusé ton fils, ton fils unique,

17 Je te bénirai et bénirai ton fils, et J’augmenterai amplement ta descendance : elle sera si nombreuse que tu ne seras pas en mesure de la compter, tout comme il est impossible de compter les étoiles du ciel et les grains de sable du rivage de la mer,72 et tes descendants s’empareront des villes de leurs ennemis.

18 Toutes les nations de la terre seront bénies à travers tes descendants – parce que tu as obéi à Ma voix.” »

19 Abraham retourna vers ses jeunes gens, et ils se levèrent et partirent ensemble pour Beer Chava. Abraham demeura pour une courte période à Beer Chava.

MAFTIR

20 Abraham se dit en lui-même : « Si j’avais égorgé Isaac, il serait mort sans enfant. Il est temps de le marier. Je vais lui trouver une épouse parmi les filles de mes alliés,73 Aner, Echkol et Mamré. » C’est après ces paroles d’Abraham qu’il fut rapporté à Abraham par Dieu : « Il n’est pas besoin de rechercher une épouse pour Isaac parmi les filles de tes alliés, car tout comme tu es appelé à avoir douze arrière-petits-enfants qui donneront naissance au peuple élu, huit, des épouses de leur père, et quatre, de leurs servantes, Milka a enfanté huit fils à ton frère Na’hor :

21 Outs, son aîné ; Bouz, son frère ; Kemouel, le père d’Aram ;

22 Kessed, ‘Hazo, Pildach, Yidlaf et Bethouel.

23 Et Bethouel eut une fille, Rébecca. Elle est, en tous points, digne d’être l’épouse d’Isaac. Milka enfanta ces huit fils à Na’hor, le frère d’Abraham.

24 Et sa concubine, dont le nom était Reouma, enfanta elle aussi : Téva’h, Ga’ham, Ta’hach et Maa’ha. » Quand Abraham entendit de Dieu que Rébecca était née, il cessa de se mettre en quête d’une femme pour Isaac.