Première lecture – Richone

La Création : les cieux et la terre

1:1 Le premier jour de la Création, au début de la création par Dieu ex nihilo des cieux et de tout ce qu’ils renferment et de la terre et de tout ce qu’elle renferme,

2 lorsque la terre était un vide stupéfiant et que les ténèbres couvraient la surface de l’abîme, c’est-à-dire l’eau, et que l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire Son intention de faire du monde Sa demeure, planait sur la surface de l’eau, prêt à initier ce processus,

3 Dieu dit : « Que la lumière soit », et la lumière fut. Cette lumière originelle n’émanait d’aucun objet céleste particulier, puisque le soleil et la lune ne furent fixés sur leurs orbites respectives que le quatrième jour. De plus, son rayonnement n’était pas limité à une période déterminée de la journée ; les ténèbres et la lumière alternaient de façon aléatoire.1

La lumière

4 Dieu vit que la lumière originelle ne faisait pas qu’éclairer le monde, le rendant physiquement visible à ses futurs habitants, mais qu’elle était également « bonne » en ce qu’elle révélait l’énergie divine immanente qui maintenait tout en existence. Une manifestation aussi ostensible du divin ne laisserait aucune place au libre arbitre au sein de l’humanité ; aussi, Dieu sépara cette qualité spirituelle de la lumière de sa dimension visuelle physique et la sauvegarda afin qu’elle constitue une rétribution pour les justes lors du futur messianique. Dieu vit alors que la lumière physique qui subsistait était bonne et permettrait à la vie de fonctionner de façon cohérente si elle rayonnait en permanence plutôt que de manière aléatoire ; aussi Dieu effectua-t-Il une séparation entre la lumière et l’obscurité, allouant à chacune une moitié de la journée.2 Cette lumière ambiante rayonna durant la semaine de la Création, après quoi seule la lumière émise par les corps célestes brilla sur la terre.3

5 Dieu appela la lumière et l’affecta au jour, et appela l’obscurité et l’affecta à la nuit.4 Il affecta la nuit à la première partie de la journée, et le jour à la seconde partie. Ainsi, il y eut le soir, suivi du reste de la nuit, et puis il y eut le matin, suivi par le reste du jour ; ensemble, la nuit et le jour constituèrent un jour entier.

Le firmament

6 Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et il séparera les eaux atmosphériques des eaux océaniques. »

7 Alors Dieu positionna le firmament et sépara ainsi les eaux de dessous le firmament des eaux qui étaient au-dessus du firmament. Et il en fut ainsi.

8 Dieu appela le firmament « cieux » [chamayim – une contraction des mots signifiant « eaux suspendues » (sa mayim), « là-bas il y a de l’eau » (cham mayim), et « (faits de) feu (par exemple, la foudre) et d’eau » (ech oumayim)]. Il y eut le soir, il y eut le matin, un deuxième jour.

9 Comme il a été mentionné précédemment, lorsque le monde fut créé, le corps sphérique parfait de la Terre était entièrement recouvert par les eaux. Continuant de préparer le monde pour l’humanité, Dieu dit : « Que les eaux situées en dessous des cieux se rassemblent en un seul endroit, de sorte que soit aperçue la terre ferme », et il en fut ainsi.

La terre ferme

10 Dieu appela la terre ferme « terre », et Il appela l’amoncellement des eaux « mers ». À présent que l’œuvre relative à l’eau qui avait commencé le deuxième jour était accomplie,5 Dieu vit que c’était bien.

11 Dieu dit : « Que la terre fasse germer de la végétation sous terre : des végétaux produisant une graine et des arbres dont l’écorce aura le même goût que leurs fruits, qui produisent des fruits avec des graines selon leur espèce, sur la terre. » Et il en fut ainsi. Dieu n’ordonna explicitement qu’aux arbres fruitiers de produire des semences en fonction de leur espèce ; Il n’ordonna pas aux végétaux produisant une semence d’en faire de même.

La végétation

12 Les végétaux n’obéirent pas strictement à l’ordre de Dieu. La terre produisit de la végétation : les végétaux produisant de la semence en fonction de leur espèce, bien que Dieu ne l’ait pas ordonné explicitement. Les végétaux raisonnèrent ainsi : « Si Dieu a ordonné aux arbres, lesquels poussent à distance les uns des autres et que l’on peut aisément distinguer, de ne produire que leur propre espèce, alors les végétaux, lesquels poussent à proximité les uns des autres et ressemblent les uns aux autres, doivent certainement ne produire que leur propre espèce. » Au contraire des végétaux, qui firent davantage que ce que Dieu leur avait ordonné, les arbres firent moins que ce que Dieu leur avait ordonné. Les arbres considérèrent que, si leur écorce était comestible comme Dieu avait ordonné qu’elle le fût, cela mettrait en danger la perpétuation de leurs espèces. Aussi la terre produisit-elle des arbres dont l’écorce n’avait pas le même goût que leurs fruits, ne produisant que des fruits contenant des semences selon leur espèce. Bien que l’intention des arbres était bonne, le sol fut puni par la suite6 pour ne s’être pas fié à Dieu pour assurer l’existence permanente des arbres.7 Dieu vit que c’était bien, en dépit de la désobéissance des arbres.

13 Il y eut le soir, il y eut le matin, un troisième jour.

Les astres

14 Dieu créa le soleil, la lune, les planètes et les étoiles le premier jour ; Il les disposa alors dans leurs sphères célestes respectives. Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires dans le ciel pour séparer le jour de la nuit par la suite, après la fin de la Création.8 Ils serviront de signes : leurs éclipses indiquent les moments que Dieu a désignés pour le châtiment ; à ces moments, Il est plus susceptible d’infliger des châtiments pour certaines mauvaises actions.9 Les luminaires serviront également pour établir les dates des fêtes juives, qui auront lieu à des moments spécifiques du calendrier lunaire et lors de saisons spécifiques du calendrier solaire. Ils serviront également pour définir les jours et les années – une orbite du soleil s’étendant sur un jour, et une révolution du soleil à travers le zodiaque, sur un an.

15 En définitive, ils serviront de luminaires dans le ciel pour rayonner sur la terre. » Et il en fut ainsi, comme suit :

16 Dieu positionna les deux grands luminaires, le soleil et la lune. Le plus grand luminaire, le soleil, pour régner le jour, et le petit luminaire, la lune, pour régner la nuit, accompagné des étoiles et des planètes.

17 Dieu les plaça dans le ciel pour qu’ils rayonnent sur la terre,

18 pour régner de jour et de nuit, et pour séparer la lumière de l’obscurité. Dieu vit que c’était bien. Néanmoins, la nature du quatrième jour de la semaine fit qu’il est peu propice à la santé des nourrissons.10

19 Il y eut un soir et il y eut un matin, un quatrième jour.

Les animaux aquatiques et les volatiles

20 Dieu dit : « Que les eaux grouillent d’une multitude d’êtres vivants, et que des oiseaux issus de la boue des marécages11 volent au-dessus de la terre à travers le ciel. »

21 Dieu créa les cétacés énormes, y compris les léviathans mâle et femelle. Les léviathans étaient si gigantesques que Dieu entrevit qu’ils envahiraient la terre s’Il leur permettait de se reproduire ; aussi enleva-t-Il immédiatement la vie à la femelle et en préserva la chair pour le festin qu’Il serait appelé à servir aux justes lors des temps messianiques futurs. En plus de ces grands cétacés,12 Dieu créa toutes espèces d’êtres vivants qui se meuvent, dont les eaux pullulèrent, et toutes les espèces de volatiles ailés. Dieu vit que c’était bien.

22 Dieu bénit les poissons et les oiseaux en leur disant : « Dans le futur,13 Je permettrai votre consommation aux humains, et à certains d’entre vous, de se manger les uns les autres. Aussi, fructifiez, non pas en ne vous reproduisant qu’une seule fois, mais proliférez en ayant une grande progéniture au cours de vos vies.14 Remplissez les eaux dans les mers, et que les créatures qui volent se multiplient sur la terre. »

23 Il y eut le soir, il y eut le matin, un cinquième jour.

Les animaux terrestres

24 Dieu dit : « Que la terre produise des créatures vivantes qui se meuvent selon leurs espèces : du bétail, des reptiles et toutes les créatures qui fourmillent, comme les insectes, les vers, les fourmis, les scarabées, les taupes, les escargots, etc., et des bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces. » Il en fut ainsi.

25 Dieu fit les bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces, le bétail selon ses espèces, et les reptiles et les créatures qui fourmillent sur le sol selon leurs espèces. Dieu vit que c’était bien, mais Il n’accorda pas aux bêtes sauvages la bénédiction de fructifier et de proliférer, car Il entrevit que le serpent se rebellerait contre Lui15 et Il ne voulut pas l’inclure dans une bénédiction.

Les êtres humains

26 Comme les anges sont créés à l’image de Dieu en ce qu’ils possèdent une certaine mesure de libre arbitre, Dieu présuma qu’ils pourraient objecter à une autre forme de vie également faite à Son image. Il sollicita ainsi humblement leur assentiment pour créer des êtres humains. Dieu dit à Sa cour céleste : « Faisons un humain à notre image, autrement dit sous une forme noble qui fasse écho à la hiérarchie d’attributs dont J’ai fait usage pour créer le monde16 et selon laquelle Je vous ai faits, et à notre ressemblance, c’est-à-dire possédant du discernement et de l’intelligence. Si cet humain est digne de son image divine, il régnera sur les poissons des mers, les oiseaux du ciel, les animaux domestiques et sur toute la terre, de même que sur les reptiles qui rampent sur la terre. S’il ne l’est pas, il sera inférieur aux animaux,17 et les animaux sauvages auront le dessus sur lui. »18

27 Alors Dieu créa l’humain à Son image, c’est-à-dire conformément au modèle que Dieu avait décidé : Il le créa à l’image de Dieu, c’est-à-dire en lui donnant un aspect qui faisait écho à la hiérarchie des attributs dont Il avait fait usage pour créer le monde. Il le créa également à Sa ressemblance,19 autrement dit en le dotant de discernement et d’intelligence. Alors que Dieu avait porté les autres créatures à la vie par Sa seule parole, Il créa le corps de l’être humain, pour ainsi dire, « à la main », c’est-à-dire en versant au préalable de la poussière dans un moule.20 En outre, Il les créa comme un être unique et androgyne, composé à la fois des corps mâle et femelle soudés dos à dos.

La domination de l’humanité

28 Après avoir dissocié l’humain androgyne en des corps mâle et femelle, ainsi qu’il sera décrit plus en détail par la suite, Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Fructifiez et proliférez. Emplissez la terre et soumettez-la : domptez son apparent antagonisme au divin et révélez son désir profond d’exprimer le divin qu’elle recèle. Régnez également sur les poissons des mers, sur les oiseaux du ciel et sur toutes les créatures vivantes qui rampent sur la terre. »

29 Dieu dit à l’homme et à la femme : « De fait, bien que Je vous aie rendus maîtres de tous les animaux, Je ne vous permets pas de les tuer afin de les manger,21 car Je ne veux pas que quiconque confonde votre droit sur la vie avec le Mien. Vous devez constamment avoir conscience de n’être que des créatures. Je vous ai ainsi seulement donné toute plante porteuse de semence sur la surface de toute la terre, et tout arbre portant des fruits semenciers ; ils serviront à votre nourriture. Vous pouvez également consommer la viande des animaux qui meurent de façon naturelle.22

30 Tout herbage végétal servira également de nourriture pour toutes les créatures de la terre, pour tous les oiseaux du ciel et pour tout ce qui rampe sur le sol qui possède une âme vivante ; cependant, les animaux que J’ai créés carnivores pourront tuer pour se nourrir, contrairement à vous. »23 Et il en fut ainsi.

31 À la fin du sixième jour, Dieu vit tout ce qu’Il avait fait, et voici qu’à présent qu’Il avait créé un être humain, ce n’était pas seulement bon, mais très bon, car seule l’humanité possède l’aptitude d’épanouir la Création et de la porter à son accomplissement. Il y eut le soir, il y eut le matin, le sixième jour.

2:1 Les cieux, la terre et tout ce qu’ils contiennent furent ainsi achevés le sixième jour.

2 En fait, cependant, Dieu continua à mettre la touche finale à la Création jusque et pendant le premier moment du septième jour. Ainsi, en pratique Dieu acheva l’œuvre qu’Il avait accomplie le septième jour, et c’est ainsi que le septième jour apparut comme l’un des jours de la Création. Mais puisque le travail accompli par Dieu le septième jour fut infime et donc sans conséquence, la Création est considérée comme ayant été terminée le sixième jour. D’un autre côté, si Dieu ne créa rien le septième jour, il reste que le repos et le renouveau spirituel constituent eux-mêmes une composante nécessaire de la Création. Dans ce sens, c’est le septième jour que Dieu finit son œuvre qu’Il avait faite, car Il se reposa le septième jour de tout le travail qu’Il avait accompli.24 Et le fait que le Chabbat soit placé à la fin de la semaine de la Création indique qu‘il constitue le propos et le but ultime de la Création.

Le Chabbat

3 Dieu bénit le septième jour et le sanctifia. Dieu Lui-même décida de se reposer le Chabbat, car c’est en ce jour de Chabbat que Dieu cessa toute Son œuvre, y compris celle que Dieu avait créée pour l’accomplir en ce jour : lors de chacun des cinq premiers jours, Dieu créa trois entités ; le sixième jour Il en créa six – trois pour le sixième jour, et trois qu’Il avait « prévu » de créer le Chabbat.

Deuxième lecture – Cheni

4 Ceci – ce récit de la Création25est la chronique de la façon dont les créatures des cieux et de la terre commencèrent de fonctionner au moment désigné pour elles, tout ayant été créé le jour où Dieu créa la terre et les cieux, c’est-à-dire le premier jour.26

La création des premiers êtres humains a été mentionnée précédemment comme un détail du récit des sept premiers jours. Cependant, du fait du rôle majeur de l’humanité dans la vie, la Torah se recentre à présent sur sa création avec davantage de détails.27

Nul arbre des champs ne se trouvait sur la terre, et aucune herbe des champs n’avait encore germé. Bien que la végétation avait été créée et avait commencé de pousser dans le sous-sol le troisième jour, elle demeura sous la surface de la terre jusqu’au sixième jour, car Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, car il n’y avait pas d’humain pour travailler le sol et apprécier la valeur de la pluie.

6 Aussi, une brume s’éleva de la terre et humecta toute la surface du sol.

7 Faisant usage de cette brume, Dieu façonna l’humain à partir de la poussière de la terre en « pétrissant » la poussière pour en faire un corps. Dieu insuffla dans ses narines une âme de vie et l’humain devint un être vivant, doté de vitalité comme les animaux, mais également doté des facultés de compréhension et de parole. Dieu nomma l’humain Adam, nom qui s’apparente au mot désignant « la terre » (adamah), à partir de laquelle il avait été fait.28 Lorsqu’Adam réalisa que la végétation attendait la pluie pour pouvoir germer, il demanda à Dieu de faire pleuvoir. Il plut, et la surface de la terre fut immédiatement recouverte de végétation à tous les stades de croissance.29

Le Jardin d’Éden

8 Après avoir créé Adam, Dieu planta un jardin pour servir de demeure à l’humanité à l’endroit qu’Il avait auparavant désigné à cet effet,30 l’est d’Éden [« (pays du) délice »], et Il y plaça l’humain qu’Il avait façonné, comme on va à présent le voir. Mais avant de continuer la narration,31 la Torah effectue une digression pour décrire la splendeur du Jardin d’Éden.

9 La surface de la Terre était déjà couverte de végétation, mais à présent,32 Dieu fit pousser du sol du Jardin d’Éden de la végétation particulièrement luxuriante : tout arbre de belle apparence et propre à la nourriture. Et l’Arbre de Vie, dont le fruit rendait immortel quiconque le consommait,33 se trouvait au centre du jardin, ainsi que34 l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal, qui était un figuier.35 Bien qu’il contenait toutes sortes d’arbres fruitiers, le Jardin d’Éden était essentiellement un verger peuplé de pommiers.36

Les quatre fleuves

10 Un fleuve sortait d’Éden pour abreuver le jardin, et de là il disparaissait dans des canaux souterrains, se divisait et reparaissait à l’extérieur d’Éden,37 et formait quatre têtes de fleuve. Ce fleuve était si riche en minéraux et en nutriments que même ses bras valaient aux contrées qu’ils abreuvaient une grande abondance,38 comme on va le voir :

11 Le nom du premier fleuve est le Nil [Pichone, « exubérant » ou « jaillissant »]. Il inonde le pays d’Égypte chaque année, ce sur quoi repose l’agriculture de ce pays. Le nom est aussi apparenté au mot désignant le lin (pichtane), qui est abondamment cultivé en Égypte et y est très prisé.39 Ce fleuve, c’est celui qui traverse le pays entier appelé à prendre le nom40 de ‘Havila [de ‘hol, « sable », autrement dit l’Égypte], là où on trouve de l’or.

12 L’or de ce pays est bon. Là-bas se trouvent aussi des pierres de cristal et d’onyx.

13 Le nom du deuxième fleuve est Gui’hone [« rugissement »] ; c’est celui qui encercle le pays entier appelé à prendre le nom de Kouch.

14 Le nom du troisième fleuve est le Tigre [‘Hidekel, « (au goût) prononcé et léger »], qui coule à l’est de ce qui va devenir l’Assyrie. Le quatrième fleuve, le plus majestueux des quatre, est l’Euphrate [Perat, « fertile »], car il est appelé à devenir une des frontières du Pays d’Israël.41 Le Tigre et l’Euphrate sont les deux fleuves auxquels la Mésopotamie doit sa fertilité.

Dieu ordonne

15 Après une digression destinée à décrire la splendeur du Jardin d’Éden, la Torah reprend la narration : Dieu dit à l’humain qu’Il s’apprêtait à le retirer du lieu où il avait été créé, à l’établir dans le Jardin d’Éden, et à l’investir de certains devoirs qui lui permettraient d’accomplir à la fois le but de sa création et celui de la création du monde entier. Lorsque l’humain entendit cela, il ne voulut pas pénétrer dans le Jardin d’Éden, car il était intimidé par la responsabilité écrasante que cela impliquait. Aussi, Dieu persuada l’humain d’y pénétrer et Il le plaça dans le Jardin d’Éden, le motivant pour le cultiver et le garder avec enthousiasme.42

16 Dieu donna un ordre à l’humain en disant : « De tous les arbres du jardin – y compris de l’Arbre de Vie – tu pourras manger librement.

17 Mais tu ne devras pas manger de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. »43

L’homme et la femme

18 Cet humain, ayant été façonné par Dieu et créé à Son image, était d’une perfection si impressionnante et si bien disposé à sa tâche de révéler le divin dans le monde que Dieu dut s’assurer qu’il ne se fourvoie pas – ni qu’aucune autre créature ne le fourvoie – au point de se considérer lui-même comme une autre divinité. Dieu dit : « Il n’est pas bon pour l’humain d’être seul, sans compagne, car l’idée pourrait germer en lui qu’il est une divinité autonome du fait que Je n’ai Moi-même aucune compagne. Aussi vais-Je séparer de lui-même son aspect féminin, et le rendre ainsi incomplet sans elle et tributaire de son assistance. Je vais faire de cet aspect féminin un être distinct, une aide qui lui soit compatible pour lui fournir cette assistance.44 S’il est méritant, elle le secondera pour accomplir le bien ; sinon, elle se dressera contre sa volonté. »

Donner un nom aux animaux

19 Avant de dissocier l’humain initial en un homme et une femme, Dieu voulut que cet être ressente le besoin d’être bipartite. Il le fit de la façon suivante : comme on l’a vu précédemment, Dieu avait façonné à partir de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel – les oiseaux, à partir de la boue des marécages.45 À présent, Dieu les amena à l’humain pour voir le nom qu’il donnerait à chacun, et Il les plaça également sous son règne comme Il l’avait promis. Dieu amena les animaux à l’être humain par couples mâle-femelle46 afin qu’il réalise que son état unitaire initial n’était pas naturel, et pour l’amener à se mettre en quête d’une compagne appropriée parmi les animaux. Aussi, Il ne lui présenta pas les poissons pour qu’il les nomme47 parce qu’il n’y avait aucune raison de supposer qu’il considèrerait l’un des poissons comme une éventuelle compagne.48 L’humain se révéla d’une clairvoyance exceptionnelle : il déduisit que le nom de chaque créature devait être dérivé de ses caractéristiques et ses qualités. Aussi, tout nom que l’homme donna à chaque être vivant demeura son nom de façon permanente.

Troisième lecture – Chelichi

20 L’humain donna des noms à tout le bétail et aux oiseaux du ciel, ainsi qu’à toutes les bêtes sauvages. Comme Dieu le souhaitait, l’humain remarqua que tous les animaux étaient naturellement hétérosexuels, et les considéra49 tous afin de découvrir parmi eux une compagnie appropriée. Mais l’humain ne trouva pas parmi les animaux d’aide qui soit compatible à lui – que Dieu avait nommé Adam.50 Cela le troubla.

21 Dieu ne voulut pas que l’humain soit témoin du moment où son côté féminin serait dissocié de son côté masculin, car cela pouvait le conduire à manquer de respect envers la femme ; alors, Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’humain et il dormit. Il retira alors un des côtés – le côté féminin – du côté masculin, et referma l’incision qu’Il avait pratiquée dans la chair à sa place.

Ève

22 Dieu façonna le côté qu’Il avait retiré de l’humain en une femme, en la modelant de sorte qu’elle puisse porter des enfants en son sein, et Il l’amena à l’homme. Adam et sa femme – qu’il appellerait plus tard Ève51 – furent créés matures, comme des adultes de vingt ans,52 et étaient exceptionnellement grands au regard des normes futures.53

23 L’homme dit : « Cette fois, contrairement à toutes les créatures que j’ai considérées auparavant, celle-ci est un os de mes os et une chair de ma chair. Elle sera nommée “femme” [ichah], car elle a été prise de l’homme [ich]. » C’est ainsi qu’Adam acheva de nommer toutes les créatures.

24 Dieu décréta qu’ainsi l’homme quitterait son père et sa mère et ne s’attacherait qu’à sa femme – interdisant les relations extra-conjugales et certaines formes d’inceste54 –, et que l’homme et la femme s’uniraient pour devenir une seule chair à travers leurs enfants. Après les avoir dissociés en homme et femme, Dieu les bénit, leur ordonna de procréer et leur donna les fruits de la terre comme nourriture comme il a été relaté plus haut.55

25 Tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, mais ils n’en avaient pas honte. Du fait qu’ils ne se concevaient pas comme des êtres indépendants de Dieu, ils considéraient tous leurs désirs physiques comme faisant partie du projet que Dieu nourrissait pour eux. Leur conscience n’était pas entachée d’égoïsme ; aussi n’y avait-il nulle raison d’éprouver de la honte. Adam et Ève eurent des relations conjugales, et plus tard dans la même journée,56 Ève donna naissance à des jumeaux – un fils et une fille –, comme il va être décrit en détail par la suite.57

L’Arbre de la Connaissance

3:1 La Torah interrompt à présent sa description des événements du sixième jour de la Création pour relater la façon dont Adam et Ève furent bannis du Jardin d’Éden, ce qui se produisit après la semaine de la Création,58 soit après qu’Ève eut donné naissance pour la première fois à deux reprises.59 Elle place la narration à cet endroit car c’est l’adversaire de cet épisode, le serpent, qui donna lieu à la suite des événements qui aboutirent à l’expulsion après qu’il eut observé Adam et Ève ouvertement engagés dans des relations conjugales. Or, le serpent était le plus rusé de tous les animaux sauvages que Dieu avait faits. Il possédait aussi le moyen de donner cours à son caractère roué :60 il pouvait se tenir debout sur ses pieds et pouvait parler. Après avoir observé Adam et Ève ayant une relation conjugale, le serpent convoita Ève et la voulut pour épouse. Il décida que le meilleur moyen d’éliminer Adam était de l’amener à manger du fruit de l’Arbre de la Connaissance, puisque Dieu avait rendu l’acte passible de mort. Mais il savait qu’il ne serait pas capable d’inciter Adam à le faire ; aussi décida-t-il de passer par Ève, qui – présuma-t-il – servirait le fruit à son mari avant d’en manger elle-même.61 Bien que le serpent avait vu Adam et Ève manger toutes sortes de fruits du jardin, il dit à la femme afin d’entamer un dialogue avec elle : « Dieu a-t-Il vraiment dit : “Vous ne pourrez manger d’aucun fruit des arbres du jardin ?” »

Le serpent

2 La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger les fruits des arbres du jardin,

3 mais pour ce qui est du fruit de l’Arbre de la Connaissance, qui se trouve au centre du jardin, Dieu a dit : “Vous ne pouvez pas en manger et ne pouvez pas le toucher, sous peine de mourir.” » En fait, Dieu ne leur avait pas interdit de toucher le fruit, mais Ève pensa qu’Il leur avait interdit de manger le fruit car l’arbre était empoisonné, et que toucher son écorce s’avérerait également mortel.62

4 Le serpent poussa Ève contre l’arbre, et lui montra ainsi que le toucher ne lui causait aucun mal. Il dit à la femme : « Tout comme tu n’es pas morte en le touchant, vous ne mourrez certainement pas en mangeant son fruit ! » Lorsqu’Ève constata que toucher l’arbre ne lui avait pas nui, elle n’eut plus la conviction que manger son fruit la tuerait.63

5 « En fait – poursuivit le serpent – ce n’est pas pour votre bien à vous que Dieu vous a interdit de manger le fruit, autrement dit parce qu’Il désire que vous viviez éternellement et qu’Il sait que manger le fruit vous rendra mortels. C’est en fait par jalousie qu’Il vous l’a interdit. Il ne veut pas que vous empiétiez sur cette vocation de perfectionner le monde qu’Il s’est réservée pour Lui-même. Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront sur votre propre potentiel : vous vous verrez comme des acteurs indépendants, maîtres de votre propre destinée. Vous serez alors comme Dieu, capables de créer des mondes tout comme Il l’a fait. Et cela, parce que vous connaîtrez le bien et le mal de façon subjective. »

Le péché originel

6 Le serpent persista à tenter de convaincre Ève en veillant bien à converser avec elle lorsqu’Adam n’était pas présent. Il finit par convaincre la femme, qui vit alors que l’arbre était bon comme nourriture, car il les rendrait comme Dieu, et désirable pour les yeux, car il ouvrirait leurs yeux sur leur propre potentiel, et que l’arbre était attirant en tant que moyen d’acquérir de l’intelligence, car il leur permettrait de connaître le bien et le mal de façon subjective. Aussi décida-t-elle de manger le fruit. Mais au regret du serpent, elle prit du fruit elle-même et mangea. Lorsqu’Adam revint, elle lui décrivit l’effet de la consommation du fruit et répéta les arguments du serpent, le convaincant d’en consommer à son tour. En outre, bien que le serpent l’ait convaincue que le fruit n’était pas mortel, elle avait encore peur qu’il le fût et ne voulait pas mourir en laissant Adam survivre pour épouser une autre qu’elle. Adam savait que le fruit était interdit, mais il fut troublé par le fait qu’Ève, que Dieu avait créée pour l’assister, le lui offrait.64 Ainsi, Ève en donna également à son époux avec elle, et du fait de ce trouble, il mangea. Elle donna également ce fruit à manger aux animaux, mais il n’eut aucun effet sur eux.

7 Alors leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils comprirent soudain qu’ils avaient perdu leur conscience originelle du divin : ils ne se percevaient désormais plus comme une partie de Dieu, mais comme des êtres indépendants. Ils réalisèrent alors qu’ils étaient, pour ainsi dire, nus, autrement dit ils avaient failli au seul commandement que Dieu leur avait donné, qui était précisément d’éviter de déchoir jusqu’à ce niveau de conscience. Ils cousirent ensemble des feuilles de figuier qu’ils avaient arrachées à l’Arbre de la Connaissance et se firent des pagnes.

8 Adam et Ève envisageaient de se vêtir davantage,65 mais à ce moment même, à quatre heures de l’après-midi,66 ils entendirent la voix de Dieu, qui parcourait le jardin en direction du soir. Essayant de rapidement couvrir ce qui restait de leur nudité, l’homme et sa femme se cachèrent de Dieu parmi les arbres du jardin.

Dieu met Adam et Ève face à leur faute

9 Dieu savait où se trouvait Adam, mais afin d’entamer la conversation et lui donner l’occasion d’exprimer des remords, Il appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? »

10 Il répondit : « J’ai entendu Ta voix dans le jardin et j’ai eu peur parce que je suis nu, alors je me suis caché. »

11 Il va de soi que Dieu savait qu’Adam et Ève avaient mangé du fruit de l’Arbre de la Connaissance, mais pour donner à Adam une nouvelle chance d’avouer et d’exprimer du remords pour son péché, Il dit : « Qui t’a dit que tu es nu et qu’il y a une honte à cela ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont Je t’ai ordonné de ne pas manger ? De toute évidence tu l’as fait ; autrement, tu n’aurais ressenti aucune honte à être nu. »

Le rejet de la faute

12 Mais plutôt qu’admettre son erreur de jugement, Adam justifia sa conduite en rejetant la faute sur Dieu. L’homme répondit : « La femme que Tu m’as donnée pour être auprès de moi et m’aider, c’est elle qui m’a donné l’un des fruits de l’arbre, et j’ai mangé. J’ai présumé que, du fait que Tu l’as créée pour m’assister, elle ne tenterait pas de m’égarer. » Mais en rejetant cette fois la faute sur Ève, Adam commit une nouvelle offense : l’ingratitude envers la bonté de Dieu de lui avoir donné une épouse. Néanmoins, du fait que lui et Ève exprimèrent du remords, et du fait qu’Adam avait au moins une part d’excuse, Dieu commua leur peine et ne les fit pas mourir le jour même où ils mangèrent le fruit : Il ne fit que les rendre mortels.67

13 Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? », lui donnant ainsi la possibilité de réaliser qu’il était possible de se repentir et de réparer le dommage qui avait été fait. Cependant, la femme, elle, refusa d’assumer la faute. Elle répondit : « Le serpent m’a dupée et j’ai mangé. »

Les conséquences du péché

14 Dieu n’adressa aucune question au serpent afin de ne pas lui permettre de se disculper en arguant qu’Ève aurait dû avoir assez de bon sens pour savoir que l’ordre de Dieu primait sur ses incitations. Au lieu de cela, Dieu dit immédiatement au serpent : « Je t’ai avantagé sur tous les autres animaux en te donnant le don de la parole, mais tu en as fait mauvais usage en incitant Ève à pécher. Parce que tu as fait cela, Je te le ferai payer mesure pour mesure : Je vais te priver entièrement de ton aptitude à parler, et ainsi, au lieu d’être le plus privilégié des animaux, tu seras à présent plus maudit que tous les animaux domestiques et toutes les bêtes sauvages. Tu ne perdras pas seulement ton aptitude naturelle à parler : tu vas également perdre la possibilité que tu as de produire des sons comme tous les autres animaux, et ta voix sera réduite à un sifflement.68 En outre, Je vais te retirer les pattes, de sorte que désormais tu te déplaceras sur ton ventre et, du moins en apparence, tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. » (Cette expression désigne le fait d’être méprisé.)69 Pour avoir fait un usage abusif des aptitudes qui faisaient de lui le plus éminent des animaux, le serpent fut réduit à devenir le plus inférieur d’entre eux.70 Au moment où Dieu lui retira ses pattes, le serpent poussa un cri.71

La punition

15 « Tu as voulu prendre Ève pour faire d’elle ton épouse ; en retour, Je vais faire régner l’hostilité entre toi et la femme, et entre ta postérité et sa postérité. Il te meurtrira la tête, et toi, tu siffleras lorsque tu lui meurtriras le talon. »

16 À la femme, Il dit : « J’aggraverai dès à présent ta peine à élever des enfants et lors de la grossesse. » Ève avait déjà enfanté plusieurs fois, et allait dès lors éprouver de la peine à élever ses enfants avant les douleurs de sa prochaine grossesse ; c’est la raison pour laquelle Dieu mentionna le fait d’élever des enfants avant la grossesse et la mise au monde.72 « Tu mettras des enfants au monde dans la douleur. En outre, ta passion te portera vers ton époux, mais en dépit de ta passion pour lui, il te dominera : tu seras gênée de lui demander explicitement d’avoir des relations conjugales avec toi. »

17 À Adam, Il dit : « Parce que tu as écouté la voix de ton épouse et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel Je t’avais ordonné : “Tu n’en mangeras pas”, la terre, depuis laquelle tu as été créé et qui est donc, dans une certaine mesure, responsable de ta conduite, sera maudite à cause de toi. Je vais du même coup la punir pour n’avoir pas produit des arbres dont l’écorce possède le même goût que le fruit.73 Elle produira des mouches, des puces et des fourmis ; de ce fait, tu en tireras de la nourriture avec difficulté74 tous les jours de ta vie.

18 En particulier, lorsque tu planteras du grain,75 des légumineuses ou des légumes, la terre produira pour toi des ronces et des épines, et tu devras manger l’herbe des champs, autrement dit les ronces et les épines qui pousseront lorsque tu planteras du grain, parce qu’il ne poussera pas assez de grain pour te permettre d’en vivre. Tu devras en outre faire cuire cette végétation et la manger. » Cette situation perdura jusqu’à la génération de Noé.76

19 « Tu ne mangeras du pain qu’à la sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes à la terre, car tu en es issu. Car tu es poussière et, comme tu seras désormais mortel, tu retourneras à la poussière. » À ce stade, le monde perdit son état initial de sublime virginité. Dès lors, l’enjeu essentiel de la vie devint de rectifier les effets du péché d’Adam et Ève et de restaurer la réalité à son état originel.77

Le nom donné à Ève

20 Le récit revient à présent à l’endroit où il s’était interrompu avant la digression relative à l’épisode de l’Arbre de la Connaissance.78 Après qu’Ève eut donné naissance à leurs premiers enfants, Adam lui donna un nom supplémentaire. En plus de la décrire comme « femme », caractérisant ainsi sa compatibilité avec l’« homme », l’homme nomma alors sa femme également « Ève » [‘Hava], car elle était et serait la mère de tous les vivants [‘haï], c’est-à-dire de toutes les générations futures. Elle ne donne pas seulement naissance à ses enfants, mais les nourrit encore jusqu’à ce qu’ils soient indépendants, car ils ne peuvent pas survivre sans ses soins.79

Les vêtements

21 Après avoir conclu le récit du sixième jour de la Création, la narration poursuit avec les conséquences de l’épisode de l’Arbre de la Connaissance. Dieu s’apprêtait à bannir Adam et Ève du Jardin d’Éden, mais Il fit précéder cet acte de rigueur d’un acte de miséricorde afin de montrer que Sa rigueur constitue en vérité une expression de Sa miséricorde. Adam et Ève s’étaient déjà faits des pagnes à partir de feuilles de figues,80 mais ils n’avaient pas eu la possibilité de confectionner des habits pour se vêtir entièrement. Aussi, Dieu fit des habits de peau pour Adam et sa femme. C’étaient des habits qui adhéraient à eux de façon miraculeuse autant que leurs propres ongles et leur assuraient le plus grand confort. Dieu Lui-même les vêtit de ces habits, car Lui seul pouvait les en revêtir. D’après une autre lecture, c’étaient à la fois des vêtements chauds et souples faits à partir de fourrure animale, et bien qu’Adam et Ève eussent eux-mêmes pu fabriquer et se vêtir de tels habits, Dieu fit ces habits et en revêtit Adam et Ève pour leur témoigner Sa bienveillance.81

Quatrième lecture – Revii

22 Dieu dit : « Voici que, tout comme Je suis unique dans les cieux, ainsi Adam et Ève sont uniques sur la terre en ce qu’eux seuls connaissent le bien et le mal de façon subjective, bien qu’ils soient imparfaits en eux-mêmes. À présent que l’homme est devenu comme l’Unique d’entre nous, connaissant le bien et le mal, il pourrait tendre sa main et cueillir aussi le fruit de l’Arbre de Vie, en manger et vivre éternellement ! S’il vit éternellement, il risque d’apparaître au reste de la Création comme une seconde divinité. »

23 Alors Dieu le bannit, lui ainsi que sa famille, du Jardin d’Éden, afin qu’il travaille le sol dont il avait été pris.

24 Il chassa l’homme, et Adam et sa famille s’établirent juste à l’est du Jardin d’Éden.82 Dieu posta à l’est du Jardin d’Éden les kerouvim, les anges de destruction, ainsi que la lame de l’épée virevoltante dont ils étaient dotés, qui lançait d’effrayants éclairs, pour préserver le chemin de l’Arbre de Vie de toute intrusion.

Caïn et Abel

4:1 Adam se sépara d’Ève après avoir désobéi à l’ordre de Dieu de ne pas manger du fruit de l’Arbre de la Connaissance.83 Or, comme il a été mentionné précédemment, l’homme avait connu son épouse Ève de façon charnelle avant leur expulsion du Jardin d’Éden, et à travers cet acte, elle conçut et par la suite, ce même jour, donna naissance à des jumeaux, un fils et une fille. Ce phénomène de la courte grossesse deviendra à nouveau la norme à l’ère messianique. Elle nomma le fils Caïn [Kayin] en disant : « J’ai fait l’acquisition [kaniti] d’un homme avec l’Éternel. » Elle exprima ainsi le plaisir qu’elle eut d’être la partenaire de Dieu dans la création d’un être humain. C’était la première fois qu’une telle chose se produisait, car elle et Adam avaient été créés par Dieu seul.

2 Peu après avoir donné naissance à Caïn et à sa sœur jumelle, elle conçut et donna à nouveau naissance à son frère Abel ainsi qu’à deux sœurs jumelles. Ce ne fut qu’après la naissance des cinq enfants que le serpent réussit à persuader Ève de manger du fruit de l’Arbre de la Connaissance et que Dieu bannit Adam et sa famille du Jardin d’Éden. Ayant atteint leur maturité, les garçons épousèrent leurs sœurs jumelles. Bien que l’inceste avait été interdit à Adam et à sa postérité, Dieu fit une exception et permit à Caïn et à Abel d’épouser leurs sœurs afin de perpétuer l’espèce humaine.84 Quoique Dieu envisageait pour l’humanité le rôle de cultivateurs, Abel devint plutôt un berger, car le sol avait été maudit en raison du péché d’Adam. Caïn, lui, ne fut pas intimidé par cette malédiction et il devint un travailleur du sol.

Les offrandes des deux frères

3 Au bout d’un certain temps, Caïn et Abel décidèrent d’apporter des offrandes à Dieu. Caïn, comme premier-né, apporta le premier son offrande. Caïn apporta du produit de qualité inférieure de l’espèce la plus noble du sol qu’il cultivait, des graines de lin,85 en offrande à l’Éternel. L’idée de Caïn était qu’il importait d’offrir des meilleures variétés qui soient, mais que la qualité de l’offrande elle-même n’était pas essentielle.

4 Abel offrit lui aussi quelques-uns des premiers-nés de son troupeau, issus des plus sains d’entre eux. À la différence de Caïn, Abel considérait que les variétés elles-mêmes n’étaient pas importantes ; alors, il ne prit pas l’un des plus imposants animaux qu’il élevait – une vache ou un taureau –, mais seulement un mouton. Il pensait qu’il convenait plutôt d’offrir le meilleur de toute variété choisie. Il avait raison ; aussi, l’Éternel porta Son attention à Abel et à son offrande – un feu descendit des cieux et la consuma.

5 Mais à Caïn et à son offrande, Il ne porta pas d’attention. Caïn en conçut un grand dépit et son visage fut abattu. Même après avoir constaté que Dieu avait agréé l’offrande d’Abel à partir du meilleur des variétés qu’il avait choisi d’offrir, Caïn refusa encore d’admettre qu’il n’avait pas agi convenablement.86

6 L’Éternel dit à Caïn pour le consoler : « Pourquoi as-tu du dépit ? Pourquoi ton visage est-il abattu ?

7 Après tout, si tu amendes tes actes, tu seras pardonné pour ta précédente conduite malheureuse. Mais si tu ne t’amendes pas au cours de ta vie et ne te repens pas sur ton passé, tu trouveras le péché tapi à la porte de ta tombe, pour ainsi dire, et tu devras en être purgé dans l’au-delà. Ton inclination au mal aspire en permanence à t’atteindre et cherche à te faire pécher, mais tu peux la soumettre. » Mais Caïn refusa encore d’admettre qu’il avait mal agi.

Le premier meurtre

8 Caïn eut alors des mots avec son frère Abel, et lorsqu’ils se trouvèrent dans le champ, Caïn se leva contre son frère Abel et le tua. Il le poignarda sur tout son corps, car il ne savait pas quel coup serait fatal.

9 Dieu savait ce qu’il s’était produit, mais afin d’entamer la conversation et de donner à Caïn la possibilité d’avouer son péché et de se repentir, l’Éternel demanda à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Caïn ne saisit pas l’occasion que Dieu lui donnait de se remettre en question. Il répondit : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? »

10 Dieu dit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère et celle du sang des hommes qui auraient pu être ses descendants s’élèvent jusqu’à Moi depuis la terre !

11 À présent tu seras maudit en ayant à travailler le sol bien plus durement que tu ne l’as fait jusqu’à ce jour.87 Le sol sera plus maudit que le sol a déjà été maudit pour avoir ouvert sa bouche afin de recevoir le sang de ton frère de ta main.

12 Lorsque tu travailleras le sol, il ne te prodiguera plus toute sa force de fertilité. Il produira même moins qu’auparavant. En outre, tu seras constamment errant et vagabond par le monde ; Je ne te permettrai de t’établir nulle part. »

Le repentir de Caïn

13 En entendant cela, Caïn se repentit quelque peu et dit à l’Éternel : « Mon péché est-il trop grand pour être supporté par Toi ? Ne peux-Tu pas passer outre ?

14 Voilà qu’aujourd’hui Tu m’as banni de dessus la face de la terre, mais puis-je me dérober à Ta Présence ?! Je vais errer et vagabonder à travers le monde, et quiconque parmi les futurs habitants de la terre me rencontrera me tuera, sachant que j’ai assassiné mon frère et que j’encours ainsi la peine de mort. En outre, quiconque parmi les animaux me rencontrera me tuera, du fait qu’au moment où j’ai péché, mon image divine a été flétrie et que les animaux n’auront plus peur de moi. »88

15 L’Éternel lui dit : « C’est pourquoi, puisque tu as peur de ce que feront les gens, qu’on sache désormais que quiconque tuera Caïn sera puni ! Nul ne doit prendre sur lui de punir Caïn pour son péché, car la vengeance pour son péché ne sera exercée qu’après sept générations. » Pour rendre public ce serment, l’Éternel plaça un signe – une lettre de Son Nom – sur le front de Caïn, de sorte que quiconque le rencontre ne le tue pas. Quant à la peur de Caïn des animaux, l’Éternel plaça un signe sur Caïn – Il lui restitua son image divine –, de sorte que quiconque parmi les animaux le rencontre ne le tue pas.

16 Cependant, Caïn ne se repentit pas entièrement après que Dieu eut apaisé ses craintes. De fait, Caïn quitta la présence de l’Éternel avec une humilité feinte. Partout où il allait, la terre tremblait sous ses pieds, et les gens disaient : « Écartez-vous de lui, car il a tué son frère. » Au lieu d’errer sur la terre comme il en avait reçu l’ordre, Caïn s’établit dans le pays de Nod [de nad, « errer »], à l’est d’Éden, où son père Adam s’était établi après avoir été banni du Jardin d’Éden. Dieu avait désigné cet endroit comme refuge pour les meurtriers ; aussi Caïn eut-il la conviction qu’il y serait en sécurité.89

La postérité de Caïn

17 Caïn connut sa femme – sa sœur jumelle – charnellement, et elle conçut et donna naissance à ‘Hano’h [« éduqué »]. Caïn souhaitait montrer que, bien que Dieu l’avait condamné, lui, à être un perpétuel vagabond, ce châtiment ne s’étendait pas à sa progéniture, laquelle serait certainement en mesure de connaître la stabilité et le confort dans ce monde et contribuerait à construire la civilisation. Aussi, il devint un bâtisseur de villes, et avec les siens90 il construisit la première ville.91 Afin de cimenter davantage la permanence de sa lignée, il donna à la ville qu’il avait construite le même nom que son fils, ‘Hano’h, pour perpétuer sa mémoire lorsqu’il viendrait à mourir.

18 Irad naquit à ‘Hano’h ; Irad engendra Me’houyael [« anéanti par Dieu »] ; Me’houyael engendra Metouchael [« arraché par Dieu »] ; et Metouchael engendra Lème’h. Contrairement aux espoirs de Caïn, les noms que ses descendants choisirent de donner à leurs enfants reflétèrent leurs tendances de plus en plus affirmées vers une philosophie de la vie opposée au divin.92

Cinquième lecture – ‘Hamichi

19 À cette époque, les mœurs sociétales avaient dégénéré au point que les hommes dépersonnalisaient les femmes, les traitant comme de simples objets de beauté. Il devint d’usage pour eux d’épouser une femme pour sa seule beauté, et une seconde femme pour la procréation. À la première femme on donnait un médicament contraceptif de sorte que la grossesse et l’enfantement n’altèrent pas sa beauté. Le mari passait le plus clair de son temps avec elle et ignorait sa seconde épouse. Conformément à cet usage, Lème’h épousa deux femmes. Le nom de la première fut Ada [« enlevée »] ; elle fut la femme destinée uniquement à la procréation, et fut « enlevée » à la compagnie quotidienne de Lème’h. Le nom de la seconde fut Tsila [de tsel, « ombre »] ; elle fut la femme destinée uniquement aux relations charnelles ; aussi l’accompagnait-elle partout et était ainsi toujours « dans son ombre ».

20 Ada donna naissance à Yaval ; il fut l’ancêtre de tous ceux qui habitent les tentes et gardent des troupeaux, et se déplacent périodiquement en quête de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux. Il fut le premier à construire des temples destinés au culte des idoles.93

21 Le nom de son frère fut Youval ; il fut l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la harpe et de la flûte à des fins idolâtres.

22 Bien qu’elle prît des contraceptifs, Tsila donna également naissance à un fils, Touval-Caïn [« celui qui perfectionne (l’art de) Caïn »], qui aiguisait toutes sortes d’outils de cuivre et de fer et fournit ainsi les criminels en armes efficaces. La sœur de Touval-Caïn fut Naama [« agréable »], qui épousa Noé.

Sixième lecture – Chichi

23 Si l’on compte Caïn comme la première génération, Lème’h fut la sixième, et ses enfants furent la septième. Dès lors que les enfants de Lème’h naquirent, le moment arriva d’exercer la vengeance sur Caïn.94 Lème’h était aveugle, et son fils Touval-Caïn le conduisait. Au cours de (ou juste avant) l’année 130,95 il arriva que Touval-Caïn aperçut Caïn et en fut effrayé ; aussi, il demanda à Lème’h de tirer une flèche sur lui, ce que Lème’h fit, tuant ainsi Caïn. Lorsque Lème’h apprit ce qu’il avait fait, de douleur il frappa dans ses mains et, ce faisant, il frappa son fils et tua donc Touval-Caïn également. Dans leur colère, ses femmes refusèrent dès lors de cohabiter avec lui. Lème’h dit à ses femmes : « Ada et Tsila, écoutez ma voix ; épouses de Lème’h, entendez mes paroles. Ai-je tué un homme [Caïn] par ma blessure, et un enfant [Touval-Caïn] par ma meurtrissure ?! Les ai-je tués intentionnellement ?!

24 Si Caïn, qui a commis un meurtre, devait être l’objet d’une vengeance après sept générations, alors pour Lème’h, qui n’a commis qu’un homicide involontaire, le report de Dieu pour le châtiment doit être de plusieurs fois sept générations ! Aussi n’avez-vous pas à craindre que vos enfants soient punis à cause de moi. »

Seth et ses descendants

25 Adam connut à nouveau sa femme charnellement – à présent avec davantage de passion qu’auparavant – et elle donna naissance à un fils. Elle le nomma Seth [Cheth], en disant : « Car Dieu m’a accordé [chath] une autre descendance à la place d’Abel, que Caïn a tué. »

26 En l’année 235, un fils naquit aussi à Seth ; il le nomma Enoch. Alors, durant la vie d’Enoch, le Nom de l’Éternel fut invoqué dans la profanation.

5:1 Ceci est le registre de la postérité d’Adam, qui commence le jour où Dieu créa Adam, car ses premiers enfants naquirent le jour même où il fut créé.96 Dieu le fit à l’image de Dieu. Durant les dix premières générations, les descendants d’Adam connurent une grande longévité en comparaison des générations ultérieures. La raison est que, durant cette époque, Dieu accorda au monde Sa bienveillance indépendamment du mérite des hommes.97 Cela changerait par la suite, comme il va être relaté plus tard.98

2 Il créa Adam initialement comme un être androgyne, mâle et femelle.99 Il bénit les deux aspects du premier être humain et les nomma tous les deux Adam le jour où ils furent créés sous cette forme.100 Ève fut ensuite séparée de la moitié mâle de cet être, qui retint le nom « Adam ».

3 Adam ayant vécu 130 ans, il engendra un fils à son image et à sa ressemblance et lui donna pour nom Seth.

4 Adam vécut 800 ans après avoir enfanté Seth, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

5 Tous les jours d’Adam furent de 930 ans, et il mourut dans l’année 930.

6 Seth ayant vécu 105 ans, dans l’année 235, il engendra un fils, Enoch.

7 Seth vécut 807 ans après avoir engendré Enoch, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

8 Tous les jours de Seth furent de 912 ans, et il mourut dans l’année 1042.

9 Enoch ayant vécu 90 ans, dans l’année 325, il engendra un fils, Keinane.

10 Enoch vécut 815 ans après avoir engendré Keinane, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

11 Tous les jours d’Enoch furent de 905 ans, et il mourut dans l’année 1140.

12 Keinane ayant vécu 70 ans, dans l’année 395, il engendra un fils, Mahalalel.

13 Keinane vécut 840 ans après avoir engendré Mahalalel, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

14 Tous les jours de Keinane furent de 910 ans, et il mourut dans l’année 1235.

15 Mahalalel ayant vécu 65 ans, dans l’année 460, il engendra un fils, Yèred.

16 Mahalalel vécut 830 ans après avoir engendré Yèred, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

17 Tous les jours de Mahalalel furent de 895 ans, et il mourut dans l’année 1290.

18 Yèred ayant vécu 162 ans, dans l’année 622, il engendra un fils, ‘Hano’h.

19 Yèred vécut 800 ans après avoir engendré ‘Hano’h, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

20 Tous les jours de Yèred furent de 962 ans, et il mourut dans l’année 1422.

21 ‘Hano’h ayant vécu 65 ans, dans l’année 687, il engendra un fils, Mathusalem.

‘Hano’h le juste

22 Contrairement au reste de l’humanité à cette époque, ‘Hano’h marcha avec Dieu, autrement dit c’était un juste. Il vécut 300 ans après avoir engendré Mathusalem, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

23 Tous les jours de ‘Hano’h furent de 365 ans, et il mourut dans l’année 987.

24 ‘Hano’h marcha avec Dieu, mais du fait que Dieu constata qu’il ne résisterait plus longtemps à la tentation de pécher, Il rétribua sa résistance à la tentation jusqu’à ce moment de sa vie en le retirant du monde plus tôt qu’il n’aurait dû mourir. Aussi, il n’était plus dans ce bas monde et ne put terminer son existence, car Dieu l’avait enlevé avant son temps.

Septième lecture – Chevii

25 Mathusalem ayant vécu 187 ans, dans l’année 874, il engendra un fils, Lème’h.

26 Mathusalem vécut 782 ans après avoir engendré Lème’h, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

27 Tous les jours de Mathusalem furent de 969 ans, et il mourut dans l’année 1656.

28 Lème’h ayant vécu 182 ans, dans l’année 1056, il engendra un fils, que Dieu choisirait par la suite pour rebâtir le monde après le Déluge.

29 Lème’h le nomma prophétiquement Noé, en disant : « Celui-là nous apportera le soulagement [yena’haménou] pour notre labeur et pour l’anxiété de nos mains causée par le sol que l’Éternel a maudit. » Noé inventa la charrue et permit ainsi à l’humanité de récolter les fruits du sol d’une manière auparavant impossible. En outre, la malédiction de Dieu selon laquelle la terre produirait des ronces et des épines lorsqu’on planterait du blé et des légumes101 fut abrogée dans la génération de Noé, et la terre produisit à nouveau ce qu’on y avait planté.

30 Lème’h vécut 595 ans après avoir engendré Noé, au cours desquels il eut d’autres fils et filles.

31 Tous les jours de Lème’h furent de 777 ans, et il mourut dans l’année 1651.

32 Dans l’année 1556, quand Noé fut âgé de 500 ans, il commença à avoir des enfants. Noé engendra un fils, Chem – qui fut l’ancêtre d’Abraham, le premier Juif, et est de ce fait mentionné en premier –, ainsi que le frère cadet de Chem, ‘Ham, et son frère aîné, Yapheth. Yapheth naquit le premier, dans l’année 1556 ; Chem naquit en second, dans l’année 1558 ; et ‘Ham fut le plus jeune.102

6:1 La Torah revient à présent en arrière afin de relater plus en détail la façon dont le monde devint de plus en plus corrompu au cours des dix générations qui s’étendirent d’Adam jusqu’à Noé. Au cours de ces générations, une race d’individus inhabituellement grands apparut. Leur stature physique démesurée allait de pair avec l’intérêt excessif qu’ils accordaient aux aspects physiques de l’existence et leur mépris des enjeux moraux et spirituels qui en résultaient. Du fait de leur taille impressionnante et de leurs capacités physiques, ils devinrent tout naturellement les maîtres d’une société qui valorisait de plus en plus la perfection physique au détriment de l’excellence morale. Il advint, lorsque l’humanité commença de se multiplier à la surface de la terre et que des filles leur naquirent, que

2 les princes et les juges de cette race de géants virent combien les filles de l’homme étaient belles, et ils se prirent des femmes au gré de leur choix. Ils enlevaient des jeunes mariées de leur cérémonie nuptiale et avaient avec elles des relations charnelles avant ceux qui leur étaient promis. Ils se livrèrent également à d’autres relations charnelles interdites : l’adultère, l’homosexualité et la zoophilie. Avec le temps, cette conduite dégénérée devint si répandue que Dieu envisagea de faire disparaître l’humanité.

3 Vers l’année 1536, la situation en arriva à un point où l’Éternel dit : « Mon esprit ne continuera pas à délibérer au sujet de l’Homme éternellement, car il n’est que chair et il s’est cependant conduit de façon effrontée. Je décrète qu’il aura 120 ans pour se repentir, faute de quoi Je le ferai disparaître. » Pour encourager l’humanité à se repentir, Dieu ordonna à Noé de commencer à construire une arche, ainsi qu’il sera relaté par la suite.103

Les géants angéliques et les géants mortels

4 Les princes et les juges corrompus de la race des géants furent connus comme « les tombés » parce qu’ils « tombèrent », autrement dit ils disparurent et firent également « tomber » leurs contemporains, causant leur disparition à cause de leurs méfaits.104 Ils furent sur la terre à cette ancienne époque, soit à l’époque d’Enoch et des premiers descendants de Caïn. Bien qu’ils furent témoins de l’inondation partielle du monde,105 ils ne tinrent pas compte de cet avertissement et persistèrent dans leurs turpitudes. Aussi, leur race pervertie se perpétua même par la suite – après l’époque d’Enoch – car ces juges et ces princes continuèrent à fréquenter toutes les femmes qui leur plaisaient et eurent des enfants d’elles,106 auxquels ils inculquèrent leurs usages pervertis. Ces mêmes princes furent les puissants et les insoumis de jadis, des hommes dont la dépravation était indiquée par leurs noms, qui exprimaient leur mode de vie et leur philosophie antagonistes au divin.107 L’idolâtrie et les excès charnels des géants de nature angélique108 comme ceux des princes et des juges appartenant aux géants mortels les conduisirent à ne pas respecter non plus les droits de propriété, et de ce fait, les fondements de toute société – l’honnêteté, l’intégrité et la justice – furent sapés et remplacés par la malhonnêteté, la corruption et la rapine. Leur conduite fit du monde un lieu barbare, effrayant à habiter.

MAFTIR

5 De tout cela, après la période d’attente de 120 ans, l’Éternel vit combien la perversité de l’homme était grande sur la terre, et que tout le produit des pensées de son cœur était mauvais tout au long de la journée. En particulier, l’hostilité qui régnait entre les hommes ne faisait que démentir toute justification de l’existence du monde, puisque Dieu entendait que le monde fonctionne sur un mode moral.109

L’esquisse d’une seconde chance

6 L’Éternel ne fut réconforté que par le fait d’avoir créé l’humanité constituée d’êtres terrestres, car de cette façon au moins, ils ne pourraient pas inciter les anges à se rebeller eux aussi contre Lui. Dans Son cœur, Dieu décida de faire Son deuil de l’humanité. En raison des méfaits de celle-ci,110 l’Éternel changea d’attitude devant le fait d’avoir créé l’humanité sur la terre : au lieu de la percevoir à travers la miséricorde, Il la considéra sous l’angle de la rigueur et la trouva excessivement indigne, méritant d’être détruite. Cependant, Son cœur fut affligé par la perspective de détruire l’humanité.

7 Aussi, l’Éternel dit : « Plutôt que détruire l’humanité entièrement, Je ne vais dissoudre que la majorité de l’humanité, que J’ai créée à partir de la poussière de la surface de la terre, en inondant le monde d’eau de façon à ce que leur chair se désagrège, ce qui me permettra de sauver certains individus en les protégeant de l’eau. En outre, Je ne vais pas seulement détruire la plupart de l’humanité, mais aussi pratiquement tout le bétail, les reptiles et même les oiseaux du ciel, car eux aussi se sont livrés à des croisements entre espèces. (Même si les animaux n’avaient pas dégénéré, Je me devrais de les éliminer, car Je les ai créés par égard pour l’humanité ; dès lors, si Je fais disparaître la plupart de l’humanité, ils deviennent superflus. Comme les poissons ne se sont pas livrés à des croisements, ils seront tous épargnés.111) Car Je me suis ravisé de Ma pensée initiale de tous les détruire, car après tout, Je les ai créés. Comme ils sont Mes créations, ils doivent être préservés autant que possible.112 En outre, c’est parce que le monde n’est, par nature, pas propice au repentir que l’humanité ne s’est pas amendée durant toutes ces années. Aussi vais-Je “recréer” le monde de façon à ce qu’il soit plus facile d’ennoblir la réalité et de se repentir. »113

8 De la race humaine entière, seul Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel. Lui et sa famille étaient des justes ; aussi Dieu les choisit-Il pour être ceux qui survivraient au déluge imminent, qui assureraient la perpétuation des espèces animales condamnées et qui régénéreraient l’humanité par la suite.114