Cette semaine nous commençons la lecture du livre de Devarim, le Deutéronome. Ce livre constitue les dernières volontés de Moïse. Aussi, une grande partie du livre est consacrée aux souvenirs que le guide remémore à son peuple avant de le quitter. Dans notre Paracha, Moïse rappelle au peuple l’instant où il s’était plaint devant D.ieu car il estimait que la mission de guide était trop lourde (Deutéronome 1, 12) :

« Eikha – Comment donc supporterais-je seul votre labeur, votre fardeau et vos disputes ! »

Le peuple juif était trop nombreux et les individus qui le constituaient étaient trop différents pour qu’il soit dirigé par un seul homme.

D.ieu répondit alors à Moïse : 

« Choisissez parmi vous, dans vos tribus, des hommes sages, judicieux et renommés, Je les installerai dirigeants. »

Ceci allait soulager le fardeau et aiderait Moïse à mener à bien sa mission.

De ce récit découle une leçon pratique :

Chaque Juif fut investi d’une mission spéciale par Moïse : conduire sa vie selon les préceptes de la Torah, et influencer les personnes de son entourage de sorte qu’elles se comportent, elles aussi, dans cette manière.

Toutefois, un individu pourrait trouver cela difficile, et se demander comment il est possible qu’une simple personne puisse produire autant d’énergie. « Comment pourrais-je, seul, accomplir une mission si importante ? » se demandera-t-il, comme le fit Moïse.

De plus, chaque juif est enjoint de réjouir D.ieu en transformant ce monde en un lieu propice pour l’établissement d’une résidence pour la Présence Divine. Ainsi qu’il est dit : « Israël se réjouit de son Créateur. » (Psaumes 149,2) Le Tanya commente ce verset des Psaumes de cette manière : « Le peuple juif se réjouit de la Joie qu’il engendre chez D.ieu – le Créateur – qui est heureux de résider dans les dimensions inférieures. »

S’agissant de réaliser une « résidence pour D.ieu », cette personne pourrait donc s’interroger sur ses capacités : a-t-elle vraiment le pouvoir d’accomplir une mission si impressionnante !

Mais de la réponse qui fut faite à Moïse, nous apprenons que D.ieu accorde à chaque Juif la capacité et les moyens d’accomplir avec succès son devoir dans la vie personnelle, et d’avoir une influence positive sur les autres.

Car chacun de nous a reçu personnellement la Torah de Moïse en tant qu’héritage, ainsi qu’il est écrit : « La Torah que Moïse nous a enseigné est l’héritage de communauté de Jacob. » Dès lors, quand un juif considère la Torah comme un précieux patrimoine, il reçoit toutes les forces nécessaires pour conduire sa vie dans l’esprit de la Torah. D.ieu a aidé Moïse à accomplir sa mission en nommant des responsables pour l’épauler, de même D.ieu établit-il les moyens qui nous sont indispensables pour mener à bien notre mission.

Le Midrache indique que si les Juifs avaient été méritants, un seul verset de Eikha aurait été suffisant ; malheureusement, l’histoire voulut que les choses soient autrement et nous en sommes venus à un deuxième Eikha, celui des Lamentations lues le 9 Av : « Eikha – Comme elle est assise solitaire, la cité naguère si populeuse ! »

Il ressort de ce texte que lorsqu’un Juif se conduit dans l’esprit de la Torah en suivant l’exemple de Moïse, il a alors le pouvoir d’annuler le concept de l’Exil à sa racine et d’éviter la destruction du Sanctuaire. Une telle conduite nous mènera à l’époque où la récitation des Lamentations ne sera plus nécessaire, celle de l’ère messianique.

Adapté d’un discours du Rabbi de Loubavitch
 du 3 Mena‘hem-Av 5741