Avez-vous foi en vous ?
La lecture de la Torah de cette semaine, la paracha de Chela’h, relate l’histoire des espions envoyés à l’initiative de Moïse explorer la Terre de Canaan. Leur mission était de ramener un témoignage oculaire de sa qualité légendaire et ainsi préparer les esprits du peuple à sa prochaine conquête.
Les espions outrepassèrent toutefois leurs prérogatives en ajoutant à leur rapport leur avis sur la faisabilité du projet : un pays merveilleux, certes, mais totalement impossible à conquérir. Même pour nous. Même aidés par D.ieu.
C’est là que tous les lecteurs de la Torah, des plus érudits aux plus ingénus se grattent la tête : comment des gens choisis par Moïse lui-même, donc pas les premiers venus, purent-ils parvenir à cette conclusion aberrante de façon si péremptoire ?
N’étaient-ils pas aussi des témoins oculaires de la puissance de D.ieu et de Sa capacité à nous sauver de toutes les difficultés ? Avaient-ils déjà oublié les dix plaies que D.ieu avait infligées à l’Égypte ? La traversée de la mer avec tous ses miracles ? La révélation au Sinaï ? La prise en charge divine dont ils bénéficiaient à chaque instant sous forme de Nuées de Gloire infranchissables par l’ennemi, de colonne de feu la nuit, de manne succulente tombant fidèlement chaque matin devant leur tente, d’une rivière claire et désaltérante qui serpentait dans le camp, jaillissant du miraculeux « puits de Myriam » qui se déplaçait avec eux dans le désert ?
Comment pouvaient-ils, EUX, douter de la capacité de D.ieu à assurer leur victoire sur les sinistres et dépravés Cananéens, puis leur subsistance dans ce qui serait alors connu comme « la Terre d’Israël » ?
De fait, leur problème – enseigne le Rabbi – n’était pas qu’ils furent ignorants ni qu’ils manquèrent d’intelligence. Ce fut tout le contraire.
C’est précisément parce qu’ils étaient conscients de tout cela, et parce qu’ils étaient conscients que le plan divin est que nous le servions à l’intérieur des limites du monde, par nos propres forces, qu’ils se sont dit que ces miracles allaient bientôt disparaître. Et en cela, ils n’avaient pas tort.
Ils commirent toutefois une erreur que l’on peut qualifier de « classique », celle qui consiste à s’imaginer que ce que nous percevons de la situation actuelle en constitue l’ensemble des paramètres et qu’il n’y a rien à attendre de plus. What you see is what you get, et c’est ainsi que l’on doit envisager l’avenir et s’y projeter. Ils basèrent leur analyse de la situation sur leur connaissance et leur intelligence.
Ils ne comprirent pas que la connaissance et l’intelligence ne sont que des accessoires de l’âme, et que c’est au niveau de celle-ci que s’opère la relation avec D.ieu.
Ils manquèrent de foi dans leur propre potentiel divin, dans leur capacité de mener une vie sainte au sein même de la matérialité. Ils se considéraient comme de simples créatures, alors que l’être humain contient une âme issue du Créateur et unifiée avec Lui.
S’imaginant qu’il y a un choix à faire entre la terre et le Ciel, ils choisirent de rester dans ce qui ressemblait le plus au Ciel sur cette terre : l’intérieur de la Nuée de Gloire.
Pourtant le défi qu’il nous appartient de relever est bien celui de marier le corps et l’âme, la terre et le Ciel, D.ieu et Sa création. Tel est également le message du 28 Sivan qui tombe cette année ce Chabbat, le jour anniversaire de l’arrivée du Rabbi en Amérique et de la victoire annoncée de la matérialité sanctifiée et rédimée sur le matérialisme sans lendemain.
Comme Josué et Calev, soyons fidèles à D.ieu, à Moïse, à nos Patriarches et Matriarches et à notre Torah, et préparons-nous à entrer de nouveau dans la Terre d’Israël reconstruite avec la venue de Machia’h très bientôt.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org