Cette lecture de la Torah raconte l’épisode des espions envoyés pour recueillir des informations sur Erets Israël. Ils revinrent et dirent au peuple combien les nations qui y habitaient étaient terrifiantes et à quel point il serait difficile, voire impossible, que les Juifs conquièrent la terre d’Israël. Le peuple se découragea et voulut retourner en Égypte. Quand D.ieu vit cela, Il dit à Moïse que le peuple n’était pas apte à la mission d’entrer dans le pays. Ils erreraient dans le désert pendant 40 ans supplémentaires et ce serait seulement la prochaine génération qui entreraient en Erets Israël.

Il y a une phrase très révélatrice dans le rapport des espions. Ils dirent au peuple : « Nous avons vu les géants, les fils du titan... Nous étions comme des sauterelles à nos yeux et ainsi étions-nous donc aux leurs. »

Parce qu’ils se sont repliés sur leur peur, celle-ci est devenue une prophétie autoréalisatrice. Ils avaient perdu leur respect d’eux-mêmes et, en conséquence, d’autres n’eurent pas de respect pour eux.

À l’intérieur, eux aussi étaient des géants

En définitive, l’image qu’une personne projette vers l’extérieur est le reflet de la façon dont elle se considère elle-même. Dès lors que les espions s’étaient considérés comme impuissants, ils le devinrent et les Cananéens les perçurent de cette manière.

Mais qu’auraient-ils dû faire ? Ils avaient vu des géants !

Une image de soi positive doit être authentique. L’idée n’est pas de tromper les autres et même soi-même en fanfaronnant. Dès lors, si les Cananéens étaient des géants, comment les Juifs auraient-ils pu avoir une confiance en soi telle qu’ils auraient pu penser les vaincre ?

Parce qu’ils auraient dû réaliser qu’à l’intérieur, ils étaient aussi des géants. En effet, ils possédaient un pouvoir bien plus important que celui des Cananéens. Le pouvoir des Cananéens était seulement physique. Or, lorsque deux personnes fortes sont opposées au combat, elles sont toutes les deux perdantes. L’une vaincra, certes, mais elle subira également des pertes. Et le résultat est imprévisible. Car lorsque deux personnes s’affrontent, il est impossible de savoir qui sortira vainqueur.

Au lieu de considérer le monde avec le regard myope de l’humanité, ils pouvaient – et devaient – voir les choses du point de vue de D.ieu

Les Juifs, en revanche, possédaient des ressources beaucoup plus importantes. Leur pouvoir n’était pas physique, mais spirituel. Ils n’allaient pas en guerre parce qu’ils étaient les plus forts. Au contraire, ils étaient manifestement une nation physiquement plus faible. Ils étaient capables de conquérir Erets Israël pour une seule raison : parce que D.ieu les aiderait. Et puisque D.ieu allait les aider, peu importait la puissance de leurs ennemis.

Leur capacité de développer une image de soi positive était immense, parce que la vérité de leur être était une étincelle divine, l’âme que nous possédons tous, et, en plus, ils avaient reçu l’assurance de D.ieu. Leur unique épreuve était de concentrer leur attention correctement. Au lieu de considérer le monde avec le regard myope de l’humanité, ils pouvaient – et devaient – voir les choses du point de vue de D.ieu.

Cette capacité est donnée à chacun de nous. Nous sommes tous confrontés au défi d’entrer en Erets Israël, c’est-à-dire pénétrer dans un monde intimidant et éprouvant. Nous devons réaliser que nous avons la force intérieure de vaincre, car nous représentons plus que nous-mêmes. Nous avons pour mission de faire de ce monde une demeure pour D.ieu et rien ne peut entraver l’accomplissement de cette mission. Avec la conscience de ceci, nous pouvons agir avec une force et une confiance authentiques.

En regardant l’horizon

La lecture de la Torah se termine par la mitsva des tsitsit, les franges portées aux quatre coins de nos vêtements. Bien que les commandements physiques soient seulement accomplis dans notre monde matériel, nos Sages parlent également de la manière dont D.ieu Lui-même, pour ainsi dire, accomplit Ses propres commandements, comme l’indique le verset : « Il dit Ses paroles à Jacob, Ses statuts et Ses ordonnances à Israël. »1 Selon les mots du Midrash : « Un homme de chair dit habituellement aux autres d’accomplir des actions, même s’il ne les exécute pas lui-même. Il n’en est pas de même du Saint, béni soit-Il : les actes qu’Il accomplit Lui-même, Il commande au peuple juif d’accomplir et d’observer. »

À travers notre accomplissement de la mitsva des tsitsit dont nous réunissons les quatre coins chaque matin, nous hâtons l’accomplissement de cette mitsva par D.ieu lui-même : le rassemblement du peuple juif des quatre coins de la terre.

(Traduit de Keeping in Touch vol. 4)