L’âme, ou néchama dans la pensée juive, est la personne, le « soi » qui habite le corps et agit à travers lui.
Il y a de nombreux termes pour désigner l’âme en hébreu, mais les plus courants sont néfech et néchama, qui signifient tous deux « souffle ». Dans la Genèse, l’âme est décrite comme étant le souffle de D.ieu qui nous anime : « Et D.ieu insuffla dans ses narines le souffle de la vie. »
Toute chose a une âme
En vérité, ce n’est pas seulement l’être humain, mais toute chose créée qui possède une « âme ». Les animaux ont une âme, tout comme les plantes et même les objets inanimés. Chaque brin d’herbe possède une âme, de même que chaque grain de sable. Ce n’est pas seulement la vie, mais également l’existence elle-même qui a besoin d’une âme pour la maintenir : une « étincelle de divinité » qui l’imprègne constamment de réalité et de sens. Une âme n’est pas seulement le moteur de la vie ; elle incorpore également le pourquoi de l’existence d’une chose, son sens et son objet. C’est « son identité profonde, sa raison d’être. Tout comme “l’âme” d’une œuvre musicale est la vision du compositeur qui confère vie et énergie aux notes jouées : les sonorités des notes sont comme le corps qui exprime la vision et l’émotion de l’âme qu’elles recèlent. Chaque âme est l’expression de l’intention et de la vision divine dans la création de cette créature particulière. »1
Cinq niveaux
Mais c’est l’âme humaine qui est la plus complexe et la plus élevée de toutes les âmes. Nos Sages ont dit : « Elle est appelée de cinq noms : Nefech (âme), Roua’h (esprit), Néchama (souffle), ‘Haya (vie) et Yé’hida (singularité). »2 Les Maîtres ‘hassidiques expliquent que ces cinq « noms » de l’âme décrivent en fait cinq niveaux ou dimensions de l’âme. Nefech est l’âme en tant que moteur de la vie corporelle. Roua’h est l’être émotionnel et la « personnalité ». Néchama est l’être intellectuel. ‘Haya est l’être suprarationnel, le siège de la volonté, du désir, de l’engagement et de la foi. Yé’hida évoque l’essence de l’âme : son unité avec sa source qui est l’essence singulière de D.ieu. Car l’essence de l’âme humaine est « littéralement une parcelle de D.ieu d’En-haut »3, une partie de D.ieu en nous, pour ainsi dire.
Lire : Cinq niveaux de conscience de l’âme
Deux âmes
Les Maîtres ‘hassidiques parlent de deux âmes distinctes qui donnent vie à l’être humain : une « âme animale » et une « âme divine ». L’âme animale est mue par son instinct de conservation et d’autosatisfaction. En cela, elle ressemble à l’âme et à l’être de toutes les autres créatures. Mais nous possédons aussi une « âme divine », une âme mue par le désir de se reconnecter avec sa Source. Notre vie est l’histoire de la rivalité et de l’interaction entre ces deux âmes, à mesure que nous luttons pour équilibrer et réconcilier nos besoins et nos désirs physiques avec nos aspirations spirituelles, nos inclinations égocentriques avec nos idéaux altruistes. Ces deux âmes ne résident toutefois pas « côte à côte » dans le corps : l’âme divine est revêtue à l’intérieur de l’âme animale, tout comme celle-ci est revêtue à l’intérieur du corps. Cela signifie que l’âme animale, elle aussi, reçoit sa vitalité de la « parcelle de D.ieu d’En-haut » qu’elle renferme. Si, en surface, ces deux âmes sont en conflit, dans leur essence, elles sont compatibles.4
Le choix
L’essence divine de l’âme humaine est ce qui élève l’être humain au-dessus et le distingue de toutes les autres créatures, y compris les anges. L’ange est certes plus spirituel, mais l’être humain est plus divin. Aucune créature ne peut posséder un véritable libre arbitre. Une créature, par définition, ne possède que – et consiste seulement en – ce que son créateur lui a attribué ; là est sa « nature », et chacune de ses inclinations et de ses actions seront déterminées par cette nature. C’est seulement dans l’âme humaine que le Créateur a mis de Sa propre essence. L’âme humaine est donc le seul être véritablement « supranaturel » (mis à part le Créateur Lui-même), c’est-à-dire un être qui n’est pas limité par sa propre nature ; un être qui a la capacité de se transcender ; un être qui peut choisir de ne pas simplement réagir à son environnement, mais agir dessus ; un être dont les choix et les actes ont par conséquent un véritable sens.
Pourquoi une vie physique ?
Une âme est formée dans la matrice des mondes supérieurs spirituels, où elle acquiert son identité et sa mission particulières. Pour mener cette mission à bien, elle est envoyée dans le monde matériel, revêtue dans une âme animale et équipée d’un corps. Ici-bas, l’âme divine est mise à l’épreuve des besoins et des désirs de l’âme animale, contraires (en apparence) à ses aspirations. Dans ce monde, la réalité divine est voilée par la forte perception de soi du corps et de tout le monde matériel. Pourtant c’est précisément dans ce champ de bataille où la vérité est dissimulée et où l’épreuve est constante que l’âme peut pleinement révéler et exprimer son pouvoir divin.
Guider et nourrir
L’âme est pourvue d’une boussole et d’une carte pour naviguer à travers les défis de la vie matérielle, ainsi que des ressources pour la fortifier. La Torah est « le plan divin de la création » qui guide et instruit l’âme dans la mission de sa vie. La Torah est également « une nourriture pour l’âme » : en étudiant la Torah, l’âme ingère et digère la sagesse divine et reçoit ainsi l’énergie divine lui permettant de persévérer dans sa mission et d’en surmonter les épreuves.
Mitsvot
Une mitsva est une action divine. Chaque fois que l’âme accomplit une mitsva – en donnant une pièce à la charité, en mettant les téfilines, en allumant les bougies de Chabbat, etc –, elle agit comme un « partenaire de D.ieu dans la création » et amène la présence de D.ieu à l’intérieur du monde. Les mitsvot sont toutes des actions matérielles, de sorte que l’âme peut seulement les accomplir lorsqu’elle réside ici-bas, investie dans l’âme animale et dans le corps. Ainsi, le cours de la vie matérielle est la seule occasion pour l’âme d’accomplir des mitsvot. Tout ce qui vient avant et après est seulement le préambule et l’épilogue de la période la plus importante et la plus élevée de l’âme : celle où ses actes relient D.ieu au monde.
La vie après la vie
Lorsqu’elle a terminé son existence physique, l’âme retrouve une existence purement spirituelle. Elle ne peut plus faire de mitsvot, mais les actions divines qu’elle a accomplies lors de sa vie matérielle l’ont cependant élevée à des hauteurs qu’elle n’aurait pas même pu contempler avant sa descente ici-bas. Ces mitsvot sont comme des semences qui germent dans le terreau du monde matériel, puis se développent et se multiplient, propulsant l’âme toujours plus haut ; de même que le font les bonnes actions accomplies en ce monde par d’autres pour le mérite de l’âme d’un défunt.
Le Monde Futur
Finalement, l’âme sera réunie avec le corps. À l’ère messianique, la résurrection des morts introduira un « Monde Futur » de vie physique éternelle, dans lequel « la mort sera à jamais anéantie ».5 Dans le Monde Futur, la création tout entière reflétera pleinement et sans limitation l’infinité et la perfection de son Créateur, et la matérialité transcendera la finitude et l’éphémérité qui la définissent dans le monde imparfait d’aujourd’hui.
Lire : La résurrection des morts
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