Quelle est la perspective juive sur la mort ? Quelle est la manière appropriée de commémorer le décès d’une personne ? Aujourd’hui, il est courant de rendre hommage aux défunts en « célébrant leur vie » plutôt qu’en se concentrant sur le deuil. Est-ce une approche correcte ?

La période du Omer semble offrir des messages contradictoires sur ce sujet. D’une part, le Omer impose des restrictions sur les réjouissances et les festivités, en signe de deuil pour la mort des 24 000 disciples de Rabbi Akiva qui manquaient de respect les uns envers les autres. D’autre part, nous mettons de côté tous les signes de deuil pour un jour, Lag BaOmer. La raison principale ? Parce que nous célébrons joyeusement le yahrtzeit (anniversaire de décès) de Rabbi Chimone bar Yo’haï ! Pourquoi ce double standard ?


Chaque individu est composé d’un corps et d’une âme. Le corps finit par se flétrir et retourner à la poussière, tandis que l’âme immortelle vit pour l’éternité. Mais avec quoi la « personne » s’identifie-t-elle ? Meurt-elle avec le corps ou partage-t-elle l’immortalité de l’âme ? Cela dépend de l’orientation de la personne tout au long de sa vie. Celle dont la vie était orientée vers l’âme, centrée sur la spiritualité et l’amour de D.ieu, ne meurt pas. Elle passe simplement à une autre dimension où, sans être encombrée par les besoins et distractions physiques, elle est libre de poursuivre sa quête spirituelle. À l’inverse, pour la personne qui a priorisé les désirs et les aspirations du corps, la disparition physique met un terme brutal à sa « vie », le centre de sa vie étant perdu à jamais.

La personne meurt-elle avec le corps ou partage-t-elle l’immortalité de l’âme ?

À un niveau plus profond, la Torah et les mitsvot se composent également d’un corps et d’une âme. Le côté « révélé » de la Torah – principalement constitué du Talmud et de la loi juive, les devoirs et interdictions – est le corps de la sagesse divine. Les enseignements ésotériques de la Torah, les enseignements de la Kabbale, sont l’âme de la Torah. Il est possible d’être complètement immergé dans les minuties brillantes de la logique talmudique ou d’être méticuleux dans l’observance de chaque nuance des mitsvot, tout en étant aussi spirituellement vide qu’un corps sans âme. Les enseignements de la Kabbale introduisent l’âme dans la Torah et les mitsvot, expliquant la signification spirituelle profonde de chaque mitsva dans sa source céleste, ainsi que la transformation spirituelle du caractère que cette mitsva est censée réaliser dans le cœur et l’esprit de celui qui l’accomplit.

Rabbi Chimone bar Yo’haï était la personne pleine d’âme par excellence. Le Zohar, qu’il a écrit, est le traité kabbalistique fondamental, l’ouvrage faisant autorité sur l’âme de la Torah. De nombreuses années de sa vie furent passées dans une grotte, où il se cachait des autorités romaines. Pendant ce temps, il était incapable de réaliser le « corps » de la plupart des mitsvot ; il n’avait pas accès à la matsa à Pessa’h, ni aux Quatre Espèces à Soukkot. À la place, expliquent les livres saints, il se concentrait sur l’« âme » des mitsvot : se baignant dans la lumière divine qui imprègne chaque commandement. Aucune parole ne peut mieux décrire la vie pleine d’âme de Rabbi Chimone que celles qu’il a lui-même prononcées le jour de son décès : « Tous les jours de ma vie, j’ai été noué à Lui dans un nœud unique... Avec Lui, mon âme est une ; avec Lui [mon âme] est enflammée ; avec Lui, je suis uni. »

Une telle personne ne meurt pas. Le yahrtzeit d’une telle personne est dûment célébré, en célébration de l’immortalité de la personne.

Les élèves de Rabbi Akiva manquaient de « plénitude d’âme ». Leur manque de respect pour leurs collègues découlait d’une préoccupation pour les caractéristiques et qualités extérieures liées au corps. Au fond, l’âme d’un Juif est intrinsèquement unie à l’âme de chaque autre Juif. Ainsi, la personne pleine d’âme aime et respecte chaque Juif aussi naturellement qu’elle s’aime et prend soin d’elle-même. Ce défaut critique conduisit à la disparition de ces érudits prometteurs. Et, contrairement à Rabbi Chimone, leur mort fut réelle et constitua une tragédie que notre nation pleure jusqu’à ce jour.


La leçon de Lag BaOmer pour nous est tout-à-fait claire : nous devons choisir le chemin qui mène à l’immortalité. Cela inclut :

  • Se concentrer sur l’âme : écouter son appel et étancher sa soif d’une vie plus spirituelle. La première étape de ce processus est de lui permettre d’exprimer sa passion ardente par une prière quotidienne pleine de sens.
  • Se concentrer sur l’âme de la Torah : étudier les enseignements de la Kabbale, spécifiquement tels qu’ils sont appliqués et expliqués dans les enseignements de la ‘Hassidout. Rejoignez un cours sur le sujet connu sous le nom de « l’Arbre de Vie ».
  • Se concentrer sur l’âme des mitsvot : ne pas se contenter de l’acte physique de chaque mitsva, mais permettre au message de la mitsva d’influencer notre caractère et notre attitude.

Vous pouvez devenir un Survivant de l’Âme.