Chaque Chabbat, il est coutume de ne lire à la synagogue qu’une seule paracha (section hebdomadaire). De même, chaque jour de la semaine, on a l’habitude d’étudier la portion de cette paracha spécifiquement liée à ce jour. Cependant, on sait que chaque portion de la paracha est reliée à l’ensemble de celle-ci, de même que la paracha est reliée à la Torah dans son ensemble. C’est la raison pour laquelle la Torah est dite « Torah a’hat », une « Torah une ».

Ceci est particulièrement apparent dans la paracha de cette semaine, Chela’h : celle-ci est pratiquement dédiée à un sujet unique, la mission des explorateurs. En effet, les différentes étapes de cet épisode (les préparatifs de cette mission, l’exploration en elle-même, le châtiment infligé aux explorateurs et au peuple juif tout entier et la promesse divine aux Enfants d’Israël que, malgré tout, ils mériteraient un jour de rentrer en Terre Sainte) couvrent pratiquement l’ensemble de la paracha, de sorte que, pour comprendre cet évènement, il n’est pas possible de se contenter de la lecture d’une seule partie de celle-ci. Cela exprime donc à quel point cette paracha est « une ».

Dans l’esprit de ce qui précède, le commandement des Tsitsit mentionné à la fin de la paracha porte l’expression du lien qui unit tout commandement à la globalité de la Torah. En effet, bien qu’il s’agisse d’un commandement particulier, il est dit à son sujet « vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de l’Éternel »,1 ce qui enseigne qu’il « équivaut à tous les commandements ».2

Il reste cependant à expliquer quel est le lien entre la notion de l’unité de la Torah qui se dégage de cette paracha et son contenu, l’épisode des explorateurs, ainsi que le lien de tout ceci avec la période actuelle, la fin du mois de Sivan.

Une même mission – des objectifs différents

La paracha traite des explorateurs envoyés par Moïse et la haftara, dont le thème hebdomadaire est traditionnellement « à l’image » de celui de la paracha, traite des explorateurs envoyés par Josué.3 Il existe néanmoins plusieurs différences entre ces deux missions qu’il convient de relever :

1. Moïse envoya les explorateurs de sa propre initiative, comme cela apparaît dans l’injonction divine « Envoie toi-même »,4 « Envoie sur ton initiative ; Moi, Je ne te le commande pas ».5 En revanche, Josué dépêcha des explorateurs sur l’ordre de D.ieu.

2. Concernant la mission confiée par Moïse, il est dit, « Envoie toi-même des hommes parcourir le pays de Canaan », alors que, concernant Josué, il est dit explicitement « des hommes espions » (« meraglim »).

3. Moïse envoya douze explorateurs et Josué n’en envoya que deux.

4. Moïse envoya des princes (« Nassi ») d’Israël et la Torah mentionne leur identité. La qualité et l’identité des explorateurs de Josué, en revanche, ne sont pas précisées.

5. Les explorateurs de Moïse partirent et revinrent au vu et au su de tous les Enfants d’Israël. Pendant leur mission, ils ne se séparèrent et ne se cachèrent pas, mais marchèrent tous ensemble, au point qu’un miracle fut nécessaire pour que les habitants du pays ne prêtent pas attention à eux. À l’opposé, les explorateurs de Josué partirent en secret et Josué lui-même leur ordonna d’être des « espions secrets », aussi bien à l’égard des Enfants d’Israël que des habitants de Canaan. C’est pourquoi lors de leur mission ils se cachèrent dans la première maison qu’ils rencontrèrent.

6. Les explorateurs de Moïse parcoururent la terre d’Israël dans son intégralité pendant quarante jours, alors que ceux de Josué, bien qu’ayant reçu l’ordre de reconnaître tout le pays, durent se cacher en dehors de la ville le soir même où ils pénétrèrent dans la maison de Ra’hav et retournèrent immédiatement auprès de Josué.

L’explication de toutes ces différences tient au fait que les missions confiées respectivement par Moïse et Josué aux explorateurs avaient des objectifs différents :

On distingue en effet l’exploration d’un territoire aux fins de savoir de quelle manière le conquérir et celle qui a pour but d’en connaître les qualités pour que le peuple soit motivé à s’y installer.

Moïse dépêcha des explorateurs non pas pour apprendre comment conquérir le pays, mais pour en décrire les qualités. Cette information ayant déjà été obtenue dans la mission ordonnée par Moïse, Josué, envoya des espions pour savoir quelle serait la façon la plus efficace d’attaquer le pays, car, à son époque, cela correspondait à un besoin.

Tout va d’après l’objectif

Lorsqu’ils réclamèrent à Moïse une mission d’exploration, les Enfants d’Israël souhaitaient que celle-ci soit du type de celle de Josué, comme ils dirent alors « Nous devrions envoyer des hommes devant nous pour qu’ils explorent (espionnent) pour nous ce pays ».6 Moïse, cependant, n’envoya pas les explorateurs dans ce but, car il n’y avait alors aucun besoin à cela. En effet, D.ieu devait livrer pour eux une guerre miraculeuse, comme Moïse lui-même leur a dit, « L’Éternel votre D.ieu qui marche devant vous, Lui combattra pour vous, tout comme Il l’a fait avec vous en Égypte ».7 La raison pour laquelle Moïse consentit à cette mission fut uniquement pour connaître les caractéristiques du pays et ses qualités (« Vous observerez, de ce pays, sa nature »,8 ce sur quoi commente Rachi : « Il y a des pays qui produisent des hommes forts, d’autres qui produisent des hommes faibles ; il y en a dont la population augmente, d’autres dont la population diminue. »). C’est dans cet esprit que Moïse demanda aux explorateurs de rapporter des fruits du pays, gigantesques et succulents, afin que tous constatent la qualité de ce pays.

Le but recherché par Moïse fut d’ailleurs pleinement atteint, lorsque les explorateurs revinrent et déclarèrent « Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés ; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici son fruit. »9 La faute des explorateurs fut d’ajouter à leur compte-rendu l’expression de leur opinion selon laquelle il serait impossible de conquérir le pays (« Nous ne pourrons pas monter »10).

L’époque de Josué était moins marquée par les miracles que celle de Moïse et il était alors nécessaire d’entreprendre certaines actions en suivant les voies naturelles dans l’accomplissement de la volonté divine. C’est pour cela que Josué envoya des espions pour apprendre comment conquérir le pays le plus facilement, et non pour en connaître la nature, ceci ayant déjà été fait du temps de Moïse.

Ce qui précède nous permet de comprendre toutes les différences entre les explorateurs de Moïse et ceux de Josué :

Au temps de Moïse, D.ieu ne lui avait pas commandé d’envoyer des explorateurs, car, la guerre de conquête devant s’opérer miraculeusement, il n’y avait nul besoin de rassembler des renseignements à des fins militaires. Cependant, devant la demande des Enfants d’Israël de dépêcher une telle mission, Moïse y consentit dans l’espoir que le fait de ne pas s’y opposer les rassurerait au point qu’ils renonceraient à cette exigence. Voyant qu’ils n’y renonçaient pas, Moïse demanda à D.ieu la permission d’envoyer des explorateurs aux seules fins de constater la qualité du pays. En vérité, cela n’était pas non plus nécessaire en soi, car D.ieu leur avait déjà annoncé que c’était un bon pays. Mais Moïse, en « berger fidèle » qu’il était, vit qu’ils avaient néanmoins besoin que quelqu’un voit de ses yeux le pays et les réjouisse par la description de ses qualités.

C’est pour cela que Moïse envoya des « hommes » pour « parcourir » (et non « espionner »)  le pays, qui étaient précisément les douze chefs de tribus, à même de savoir ce qui, en fonction de leurs sensibilités propres, intéressait leurs tribus respectives. L’idée était que lorsque les membres de chaque tribu entendraient de la bouche de leur propre Nassi qu’il s’agissait d’un bon pays, ils seraient transportés de joie à l’idée d’en prendre possession.

C’est ainsi que les explorateurs parcoururent le pays dans son entier. En effet, la répartition de la terre selon les tribus d’après le tirage au sort n’ayant pas encore eu lieu, il était nécessaire que chacun des explorateurs parcoure tout le pays pour être certain d’avoir vu le territoire qui échoirait à sa tribu. C’est également la raison pour laquelle leur mission fut révélée à tous, car le but était que tous les Enfants d’Israël sachent que la terre était bonne. En outre, ils ne durent pas se cacher aux yeux des Canaanites pour apprendre les secrets du pays que tel n’était pas leur but et ils ne craignaient pas d’attirer l’attention sur eux, car, de même que la conquête devait être miraculeuse, leur mission le fut également.

En revanche, les espions de Josué ayant pour but d’apprendre comment conquérir le pays, il fut préférable que deux hommes du peuple partent dans la discrétion, car il n’était pas nécessaire que quiconque soit dans le secret, mis à part les chefs militaires. Et lorsqu’ils entendirent de la bouche de Ra’hav, « vous nous avez terrifiés et tous les habitants du pays ont perdu courage à votre approche »11, cela leur suffit et ils purent immédiatement retourner auprès de Josué pour lui annoncer cela, ayant rempli leur mission.

La conquête du pays dans le service divin : raffinement de soi et de sa part dans le monde

Ce qui précède permet de répondre à une autre question : est-il possible que la mission des explorateurs dont le niveau spirituel était si élevé (comme en témoigne la Torah qui les qualifie de « personnages considérables, chefs des enfants d’Israël »12) ait uniquement occasionné de grands malheurs ?

En réalité, des conséquences bénéfiques découlèrent également de cette mission, car grâce aux explorateurs tous les enfants d’Israël ont vu et su que la terre d’Israël était « ruisselante de lait et de miel », ce qui les conduisit plus tard à entrer dans le pays avec joie et enthousiasme.

En réalité, ce sont les explorateurs qui entamèrent la conquête de la terre. Ce sont eux qui commencèrent à conquérir et à raffiner les dimensions matérielles de ce monde. Grâce à eux, les Enfants d’Israël ne se sont plus contentés de croire, mais virent et ressentirent que la terre était bonne. Ceci constitua à terme pour eux une motivation à y entrer, pas seulement par l’effet de la croyance, mais du point de vue de la matérialité des choses.

La raison profonde

Dans la conquête de la terre de Canaan et sa transformation en une terre sainte et spirituellement élevée, il y eut deux étapes générales complémentaires l’une de l’autre : l’envoi par Moïse de douze explorateurs puis de deux par Josué.

La raison profonde pour laquelle il fallut douze explorateurs est que la terre d’Israël est divisée en douze territoires correspondant aux douze tribus. Or, comme chaque tribu avait une approche spécifique du service de D.ieu, il était nécessaire que le Nassi de chaque tribu vienne sanctifier et raffiner le territoire qui lui revenait, car lui seul pouvait effectuer ce travail spirituel.

Et la raison profonde du fait que tous les explorateurs parcoururent l’ensemble du pays (et pas seulement la partie qui leur échoyait en propre) est que l’ensemble des Enfants d’Israël ne sont en réalité qu’« une seule entité »13, et que leurs vies sont interdépendantes et garantes les unes des autres14, chacun étant capable (et donc responsable) d’aimer l’autre « comme lui-même ».15

Ainsi, alors qu’ils voyageaient ensemble, la dimension de leur unité se révéla et pénétra le territoire particulier de chacun d’entre eux, le sanctifiant et le raffinant. Ce fut la première étape.

Quand les explorateurs furent-ils envoyés ?

Ceci explique également pourquoi Moïse envoya les explorateurs le 29 Sivan et pourquoi chaque année l’histoire des explorateurs est lue à la fin du mois de Sivan, le mois du don de la Torah :

La capacité de raffiner et de sanctifier le monde découle de la sagesse de la Torah. C’est la Torah qui détermine ce qui est interdit et ce qui est autorisé, en somme la façon dont le raffinement du monde doit s’opérer. Ainsi l’envoi des explorateurs intervient-il à la fin du mois du don de la Torah, lorsque l’on « sort » du temps lié à la Torah pour aller raffiner le monde.

Et puisque l’on distingue dans la Torah deux degrés – celui de la diversité telle qu’elle apparaît dans la Torah (qui impose que chacune des six cent mille lettres de la Torah soit séparée des autres) et celui de l’unité (en vertu duquel la Torah est qualifiée de « une »), de même existe-t-il deux approches dans l’œuvre de raffinement du monde : celui qui s’opère en se basant sur la diversité et celui qui se base sur l’unité.

Le Judaïsme contient en effet ces deux approches. La Torah, en tant que sagesse divine, représente le degré d’unité, car « D.ieu et sa sagesse ne font qu’un ».16 Les Mitsvot qui s’adressent à l’homme vivant dans ce monde représentent le degré de diversité. Les 613 commandements correspondants aux 613 parties du corps humain et de l’âme humaine.

On retrouve également cette distinction à l’intérieur même de la Torah : la Torah dite « révélée » (le Talmud au sens large), qui enseigne les Mitsvot dans leurs détails, est liée au monde de la diversité, alors que la partie profonde de la Torah (« pnimyout haTorah ») qui traite de l’existence même du D.ieu Unique qui transcende la création, représente le degré de l’unité.

Ce schéma existe également chez chaque Juif de façon particulière : l’unité qui est en lui provient de son âme, alors que ce qui le distingue d’un autre Juif provient de la descente de son âme à l’intérieur du corps et de l’expression des facultés de son âme ici-bas dans l’œuvre de raffinement du monde.

Dans ce contexte, il incombe d’aborder cette tâche pas seulement par le biais de ses facultés particulières et distinctes dont le rôle est précisément d’investir le monde pour le raffiner, mais également d’exprimer dans ce monde le degré d’unité absolue qui existe dans la Torah et au sein du peuple juif. C’est de cette façon que le monde parviendra à son ultime raffinement, à travers la révélation du D.ieu Unique qui transcende la création, jusqu’à révéler l’Essence même de D.ieu qui ne fait qu’Un avec le monde, car il n’existe rien en dehors de Lui.

Terminer la « conquête »

C’est précisément dans ce but que les douze explorateurs de Moïse et les deux de Josué furent envoyés :

Les explorateurs de Moïse initièrent la conquête de la terre d’Israël, mais leur mission porta la marque de la diversité, de la séparation : ils furent envoyés à l’initiative de Moïse et non par ordre divin. Ceci indique que le raffinement qu’ils opérèrent émana des facultés de l’âme qui s’expriment à travers son incarnation dans le corps, celles de la « diversité » (bien que le degré d’unité s’exprima également en eux par le fait qu’ils voyagèrent ensemble et dans tout le pays).

Les espions de Josué, en revanche, veillèrent à ce que la conquête se fasse par l’expression du degré d’unité qui dépasse toute division. C’est la raison pour laquelle leur mission émana de D.ieu Lui-même et que seuls deux hommes furent envoyés à Jéricho qui est le « verrou » de la terre d’Israël et inclut de ce fait l’ensemble du pays.

Et puisque cette mission se déroula en totale soumission à la volonté du D.ieu qui transcende le monde, il fut suffisant d’envoyer deux hommes (symbolisant que seules deux choses doivent être connues : ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire), des hommes du peuple et non des chefs (car la soumission à D.ieu existe chez chaque membre du peuple juif) et en secret (car la soumission est une démarche discrète, comme le dit le verset « …de marcher discrètement avec ton D.ieu »17). Ce fut là la seconde étape.

Au-delà des limites du monde !

C’est la raison pour laquelle les deux espions envoyés par Josué furent Calev et Pin’has.18

La raison de l’envoi de Calev est simple : il était le seul explorateur de la mission de Moïse encore en vie (mis à part Josué lui-même). En revanche, une question se pose quant au choix de Pin’has : celui-ci appartenait en effet à la tribu de Lévi qui n’était pas amenée à recevoir un territoire dans la terre d’Israël, ni à prendre part aux guerres afférentes.

Le fait est qu’actuellement la tribu de Lévi ne reçoit pas de part dans la terre, car elle a été séparée du reste du peuple juif pour être consacrée au service de D.ieu et enseigner Ses voies aux autres tribus. Pour cette raison, les Lévites ne vivaient pas du travail de la terre et du commerce de ses produits, mais des cadeaux que D.ieu leur avait réservés sous forme de dîmes et autres prélèvements.

Cependant, lors de l’ère messianique qui verra la plénitude du raffinement du monde, lorsque « l’occupation exclusive du monde entier sera uniquement de s’adonner à la connaissance de D.ieu »19, la tribu de Lévi n’aura plus besoin de se séparer du monde et recevra également une part dans la terre.

En d’autres termes, aujourd’hui la sainteté de la terre d’Israël découle du degré du divin qui est lié au monde, celui de la diversité. Ainsi, lors de la répartition de la terre, certains reçurent un champ de blé, d’autres, un verger d’arbres fruitiers, car cette répartition fut faite sous le signe de la diversité. Lors de la délivrance messianique, en revanche, la sainteté de la terre découlera du degré d’unité absolue, de l’Essence divine, et la répartition se fera de sorte que chacun reçoive le champ de blé ainsi que le verger, tout ensemble. Et une telle part de la terre marquée par un tel degré de sainteté échoira à tous les Enfants d’Israël, tous ensemble, y compris la tribu de Lévi.

C’est la raison pour laquelle Josué envoya précisément Pin’has le Lévite (en plus de Calev qui avait aussi été envoyé par Moïse), afin de préparer la terre pas seulement à la sainteté limitée au monde, mais aussi à la sainteté qui le transcende, le degré d’unité qui se révélera à l’ère messianique, lorsque les Lévites auront également une part dans la terre.

[Il y aura d’ailleurs dans le processus de la délivrance également deux étapes : 1. celle où « la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu… »20, la terre sera sanctifiée par le degré du divin qui est lié à la terre, et 2. « …comme les eaux recouvrent les fonds marins »21, lorsque la terre sera submergée par « les eaux » de la connaissance, l’essence de la Torah, la Sagesse Divine qui transcende la terre, qui ne fait qu’Un avec D.ieu.]

La Mitsva des Tsitsit

Le raffinement du monde par le biais du degré de divinité qui transcende le monde, celui de l’unité absolue, qui est exprimé dans l’histoire des explorateurs est également présent dans un commandement qui est mentionné à la fin de notre paracha, celui des Tsitsit qui est considéré équivalent à l’ensemble des Mitsvot.

Cela même est surprenant, car dans la mesure où l’objet des commandements est de raffiner le monde qui se décline dans une abondante diversité (ce qui explique le grand nombre de commandements), comment se peut-il qu’un commandement particulier inclue en lui l’ensemble des commandements ?

La réponse est que cela tient au fait que la source des commandements est au-delà du monde est que leur véritable objectif est de révéler la volonté unique du D.ieu Unique. Ce n’est qu’en apparence que les commandements se distinguent les uns des autres.

C’est la raison de l’existence de la Mitsva des Tsitsit qui unifie toutes les Mitsvot (le mot « Tsitsit » ayant pour valeur numérique 600, auxquels s’ajoute les huit fils et les cinq nœuds qu’ils portent, faisant en tout 613 qui correspondent aux 613 commandements). Cette Mitsva fait en sorte que l’accomplissement de tous les commandements participe aussi du degré d’unité qui transcende le monde.

Que faire ?

La leçon qui découle de l’épisode des explorateurs est qu’il nous faut mettre en évidence l’unité au sein de la Torah et au sein du peuple juif :

Même dans les sujets dans lesquels existent des divergences d’opinions, sachant que « les mentalités sont différentes »22, en particulier dans le cadre de missions dont la réalisation a été laissée à l’appréciation de chacun, il est nécessaire de mettre l’accent sur l’unité et l’amour du prochain (« ahavat Israël » et « a’hdout Israël »), en méditant sur les besoins d’autrui afin de l’aider tant spirituellement que matériellement, comme nous le disons avant de commencer la prière du matin, « Je m’engage à accomplir le commandement “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” ».

Considérons par exemple la répartition du peuple juif entre le groupe de ceux qui s’adonnent à l’étude de la Torah et celui de ceux qui distribuent des dons charitables (« Tsédaka ») : mis à part le fait que ceux qui étudient doivent également donner la Tsédaka et que ceux qui donnent doivent également étudier la Torah, celui qui donne doit donner la Tsédaka pour d’autres Juifs et d’autres Juives, jusqu’à donner pour tous les Juifs ! Et ceux qui étudient doivent le faire avec de nouveaux élèves, jusqu’à étudier avec tous les élèves !

Le sujet de l’unité est particulièrement exprimé dans l’étude quotidienne du Rambam (Maïmonide) telle qu’elle a été instaurée, car dans celle-ci tous les Juifs s’unissent dans l’étude de toute la Torah. De même, à travers la diffusion des sources de la ‘Hassidout à tous les Enfants d’Israël, ceux-ci s’unissent dans l’étude des sujets divins, la profondeur de la Torah, et mériteront immédiatement de ce fait la délivrance messianique, lorsque « les Juifs seront tous de grands Sages, connaissant les choses cachées et comprenant l’intention de leur Créateur, ainsi qu’il est dit ‘la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu comme les eaux recouvrent les fonds marins.” »23

Et l’essentiel est que nous méritions immédiatement l’accomplissement de la promesse formulée dans notre paracha, « Il leur annonça qu’ils entreraient dans le pays »24, ainsi qu’à la fin de la haftara, « l'Éternel a livré tout ce pays entre nos mains, et déjà tous ses habitants tremblent devant nous. »25

Ceci en particulier par le fait que même en ces derniers instants de l’exil on tient avec fermeté aux parties de la terre d’Israël que D.ieu a déjà remises entre les mains des Enfants d’Israël en ne rétrocédant pas le moindre pouce de la terre d’Israël aux nations du monde,

Et tous les Enfants d’Israël parviendront dans la terre d’Israël dans sa pleine intégrité, la terre de dix peuples (incluant aussi le Kéni, le Kenizi et le Kadmoni) qui sera répartie entre treize tribus. Et en Israël même ils viendront à Jérusalem, la ville sainte, qui n’a pas été répartie entre les tribus, au troisième Temple.

Et là-bas ils offriront, en premier lieu, une offrande de reconnaissance à D.ieu pour les avoir libérés de la prison de l’exil, et on fera les libations de vin au son de tous les instruments de musique, au chant du « nouveau cantique », celui de la délivrance finale, qui ne sera plus jamais suivie d’exil.

Et on étudiera la « nouvelle Torah qui sortira de moi »26 de sorte que « ils n'auront plus besoin ni les uns ni les autres de s'instruire mutuellement… Car tous, ils Me connaîtront ».27

Et l’essentiel est que tout ceci se fasse concrètement et immédiatement.

Adapté du discours du Rabbi du Chabbat Chela’h 5751