Que voyez-vous chez l’autre ?
Chers amis,
Parmi de nombreux sujets passionnants, la lecture de la Torah de cette semaine relate la mort d’Aharon le Grand Prêtre, le frère de Moïse.
Nos Sages nous disent qu’il était aimé de tous et qu’il fut pleuré par l’ensemble du peuple pendant trente jours.
La raison en était qu’Aharon s’était donné pour mission de faire régner la paix et l’harmonie au sein du peuple. Sa méthode était simple : lorsque deux Juifs se brouillaient, il allait voir l’un d’eux et lui disait que l’autre regrettait amèrement cette situation et était tout à fait prêt à renouer de bonnes relations avec lui. Puis il allait voir le second et lui disait la même chose. Confiant que l’autre était ouvert, l’un faisait un premier pas vers l’autre, qui était bien sûr accepté et la bonne relation était rétablie.
Une minute. La Torah ne dit-elle pas : « Éloigne-toi d’une parole mensongère » (Exode 23,7) ? Comment un juste tel qu’Aharon pouvait-il faire usage de tromperie, lui, le Grand Prêtre qui pénétrait dans le Saint des Saints pour défendre la cause du peuple lors du jugement de Yom Kippour ? Certes, le but était des plus nobles, mais le D.ieu qui a prescrit l’amour du prochain n’est-Il pas Celui qui a proscrit le mensonge ?
Le Rabbi de Loubavitch répond qu’il ne s’agissait pas d’un mensonge. Maïmonide statue en effet que la volonté profonde d’un Juif est d’être juif et d’accomplir tous les commandements divins, quand bien même il n’en aurait pas conscience dans l’instant présent.
Dès lors, dire de ces querelleurs qu’ils souhaitent se réconcilier n’est pas une « contre-vérité ». C’est au contraire la vérité qui les habite dans leur for intérieur, et qui est plus puissante que le mauvais penchant qui recherche et entretient la discorde. Quand bien même celui-ci aurait réussi à s’emparer de la pensée et des sentiments d’un Juif, la volonté profonde de celui-ci est de faire le bien. De ce fait, il ne connaîtra pas de tranquillité intérieure jusqu’à ce qu’il ait établi l’harmonie entre sa volonté profonde, sa pensée consciente, ses sentiments et son comportement.
Aharon avait compris cela et donnait un coup de pouce pour entamer cette réconciliation avec soi-même, qui entraînait la réconciliation avec autrui.
Le Rabbi a éduqué une génération entière à entretenir ce regard et à voir le bien dans l’autre, et à s’adresser directement à lui. Mettons cela en pratique !
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org