L’étape du 3 Tamouz
Dans le Livre de Josué, il est relaté comment les Israélites livrèrent bataille un 3 Tamouz contre les Émoréens qui avaient attaqué leurs alliés Guibéonites. En cette veille de Chabbat, voyant la fin du jour arriver, Josué craignit que la bataille ne puisse être gagnée. Il s’exclama alors : « Soleil, arrête-toi sur Guibéon, et la Lune, dans la vallée d’Ayalon ! » L’univers entier se figea alors, permettant au soleil de continuer à éclairer le champ de bataille jusqu’à la victoire de l’armée d’Israël. Ce fut là l’un des plus grands miracles de l’histoire. Pourtant, contrairement à d’autres miracles, plus « mineurs » en apparence, aucune célébration ne fut instaurée en ce jour pour le commémorer.
Il ne s’agit pourtant pas d’une omission de la part de nos sages, ni encore moins d’un manque de gratitude, à D.ieu ne plaise. La raison tient au fait que la Torah nous enseigne de prononcer des Actions de grâce pour remercier D.ieu lorsque tout danger est écarté. Or, la victoire de Josué en ce 3 Tamouz ne mit pas un terme à la guerre contre les Cananéens et ne marqua pas l’achèvement de la conquête de la Terre Sainte. C’est pourquoi ce jour n’est pas devenu un jour de fête.
Ce fut également un 3 Tamouz, en 1927, que survint un autre miracle extraordinaire : en ce jour, la peine capitale qui avait été prononcée par le régime communiste d’Union Soviétique à l’encontre du sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneerson, pour son action en faveur du maintien de la vie juive dans ce pays, fut annulée par ces mêmes autorités et commuée en une période de trois ans d’exil dans la ville russe de Kostroma. Au bout de neuf jours seulement, le 12 Tamouz, il lui fut annoncé qu’il était totalement libéré. De cette délivrance, il dira que ce n’est pas seulement celle d’un seul homme, mais que c’est l’ensemble du peuple juif qui a accédé à un niveau de libération intrinsèque en ce jour.
Rabbi Yossef Its’hak instaura le 12 Tamouz comme jour de grande célébration de cet événement. Pourtant, il apparaît que le début de la délivrance qui s’opéra le 3 Tamouz, l’annulation d’une condamnation à « l’inverse de la vie », est incomparablement plus important qu’une libération d’exil !
Malgré cela, c’est le 12 Tamouz qui est célébré, car, explique le Rabbi de Loubavitch, le rôle d’un chef du peuple juif est avant tout de s’occuper des besoins de son peuple, au-delà de toute considération personnelle. Or, du 3 au 12 Tamouz 1927, en exil, le Rabbi précédent n’était pas capable de remplir sa fonction dans sa pleine mesure.
Ainsi, tant pour Josué que pour le Rabbi précédent, le 3 Tamouz fut une étape – miraculeuse certes, mais seulement une étape – dans leur cheminement vers la victoire.
Le 3 Tamouz 1994, après avoir œuvré plus de 50 ans pour faire renaître le monde juif de ses cendres et nous avoir maintes fois annoncé que nous serions « la dernière génération de l’exil et la première génération de l’ère messianique », le Rabbi de Loubavitch a quitté ce monde.
Cette fois aussi, nous savons que ce 3 Tamouz n’est qu’une étape – amère certes, mais seulement une étape – dans le cheminement vers la victoire et la concrétisation de cette dernière promesse.
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