« Ce n’est pas seulement moi que le Saint, béni soit-Il, a délivré »

Dans la célèbre lettre que le Rabbi précédent envoya à ses ‘hassidim en relation avec la célébration du premier anniversaire de Youd-Beth Tamouz,1 il souligne le caractère collectif de cet événement :

« Ce n’est pas seulement moi que le Saint, béni soit-Il, a délivré à Youd-Beth Tamouz, mais aussi ceux qui aiment la Torah et observent ses commandements, de même que Kol acher beshem Yisrael yekhouneh – tous ceux qui portent simplement le nom de “Juif”. »

Dans la loi juive,2 le mot yekhouneh, traduit ci-dessus par « porte le nom » a une signification juridique bien précise. Un kinouï est un nom différent de son prénom, qui n’est peut-être utilisé que par un petit nombre de personnes. Dans le contexte de la lettre ci-dessus du Rabbi Yossef Its’hak, l’emploi de cette terminologie fait référence à des gens éloignés de leur identité juive, au point qu’« Israël » est un nom que d’autres emploient à leur égard, et non eux-mêmes.3

En utilisant ce terme, le Rabbi précédent a laissé entendre que la délivrance de Youd-Beth Tamouz n’a pas seulement eu un impact sur la vie des ‘hassidim de Loubavitch, ni seulement sur ceux qui se consacrent à l'étude de la Torah, ni uniquement sur les Juifs pratiquants. Car les répercussions de Youd-Beth Tamouz sont d’une portée illimitée et influencent la destinée de notre peuple tout entier.

Pourvoir aux besoins du peuple tout entier

La portée universelle de la délivrance du Rabbi précédent est une conséquence directe de l’action à laquelle il a consacré sa vie. Devant l'adversité, il pourrait sembler naturel de restreindre son domaine d'activité et de se consacrer à un cercle plus restreint d’individus. Au lieu de cela, le Rabbi précédent a élargi ses activités et a mené une action au bénéfice de l’ensemble de notre peuple.

Cela se reflète dans les activités pour lesquelles il fut arrêté. Il avait créé des centres de formation de rabbins et dirigeants communautaires, encouragé l’utilisation des mikvés et renforcé la pratique de l'abattage rituel, de la circoncision et d’autres pratiques de base du Judaïsme. Plus important encore, il avait établi un réseau clandestin de ‘hadarim et d’écoles pour assurer la continuité de l'éducation des enfants juifs.

Au lieu de se mettre à l’écart avec un petit groupe d’érudits pour se concentrer sur l'étude théorique (une conduite que les autorités soviétiques auraient pu accepter), Rabbi Yossef Its’hak manifesta sa préoccupation pour l'avenir de l’ensemble des Juifs ; il chercha à leur apporter tout ce qui leur serait nécessaire pour le maintien de leur connexion avec leur héritage juif.4

Son souci de la pérennité juive fut le plus apparent dans ses efforts en faveur de l'éducation juive, qui fut le domaine d'activité qui suscita la plus féroce opposition de la part des autorités soviétiques. De fait, la cause immédiate de son arrestation en 1927 fut sa prononciation du maamar intitulé Vekibel HaYehoudim,5 dont le thème central est l'éducation juive.

On pourrait s'interroger sur l'opportunité d'une telle conduite. Car, après tout, l'éducation juive est une tâche particulièrement difficile. Cela exige un effort intense et continu, et n'est pas toujours assuré de succès, en particulier dans un contexte dangereux. Néanmoins, malgré le sacrifice de soi que cela requérait, le Rabbi précédent investit toutes ses forces dans cette cause. Car, pour emprunter un proverbe de nos Sages,6 « S'il n'y a pas de chevreaux, il n’y aura pas de boucs. » L’avenir de notre peuple dépend de notre jeunesse.

« Le Nassi est le peuple tout entier »

Cette attitude était naturelle pour le Rabbi précédent, parce que « le nassi est le peuple tout entier ».7 Un vrai leader n'a pas conscience de son identité individuelle ; sa seule préoccupation est pour le peuple tout entier.

Un tel leadership est caractérisé par un degré unique de sacrifice de soi.8 Nous connaissons tous des exemples de personnes qui ont été prêtes à sacrifier leurs énergies, et même leur vie, pour un idéal. Une telle abnégation, quoique tout à fait louable, est toutefois souvent de portée limitée. Lorsque la personne se rend compte que son idéal ne peut être atteint, elle envisage de réorienter ses énergies. Le don de soi du Rabbi précédent, cependant, était d’emblée universel, au-delà des limites de la raison, parce qu'il découlait de l'essence de son être. « Israël, la Torah, et le Saint, béni soit-Il, sont un. »9

Ce lien indissociable était le cœur même de son être, le centre de sa vie. Par conséquent, lorsque ce triple lien fut menacé, cela l’amena à faire preuve d’un don de soi absolu.

Donner aux autres le potentiel de rédemption

Finalement, l'approche du Rabbi précédent conduisit à une délivrance dont la portée fut sans limites, et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. Plus encore, avec la commémoration annuelle de Youd-Beth Tamouz, ces effets augmentent d'année en année.

Nos Sages ont déclaré10 que « Le corps suit la tête. » La délivrance du Rabbi précédent, la tête de la génération, permet à chaque membre de notre peuple de connaître la délivrance des forces qui limitent sa propre observance de la Torah. Puisse cette expérience personnelle de rédemption se répandre et s’élever jusqu'à ce que nous méritions la Rédemption ultime. Puisse cela avoir lieu dans l'avenir immédiat.

Adapté de Likoutei Si’hot vol. 8, p. 329-330 ;
vol. 18, Youd-Beth Tamouz et d’autres sources