Rabbi Isaac bar Chécheth, le grand et célèbre Rabbin et codificateur connut sous l’acrostiche de ses initiales comme le « Ribach », naquit à Valence, en Espagne, en 1326. Il mourut fort vieux, en 1408, à Alger.
Dans sa jeunesse, il suivit les cours de la Yéchivah de Rachba (Rabbi Chlomo bar Rabbi Avraham Adéreth, à Barcelone, où les disciples de ce dernier, Rabbi Péretz HaCohen et Rabbi Nissim (RaN) de Gerona, furent ses Maîtres. Rabbi Isaac s'installa dans cette ville où son érudition toranique, aussi bien que sa sagesse et sa piété lui valurent rapidement une grande notoriété.
Sa longue vie fut riche en péripéties de toutes sortes. Les dangers alternant avec les soucis ne lui laissèrent pas de répit. A un moment par l'effet d'une fausse accusation, les chefs de la communauté Israélite de Barcelone furent arrêtés. Rabbi Isaac, son jeune frère Juda, son maître Rabbi Nissim et son ami Rabbi 'Hisdai bar Yéhoudah Crescas connurent le même sort. Leur détention dura cinq longs mois. Ils furent relâchés quand l'enquête établit que l'accusation était non fondée. Rabbi Isaac quitta alors Barcelone et s'établit à Saragosse.Il était désormais sans ressources, ce qui l'obligea à accepter le poste de Rabbin dans cette ville. Il le garda quatre ans, de 5130 à 5134. Là aussi, son attitude justement intransigeante en matière de Torah et de judaïsme fut pour lui une grande source d'ennuis. De même que son opposition à la Philosophie, si répandue en Espagne à l'époque, et qui était cause de la désaffection de beaucoup de Juifs riches à l'égard du Judaïsme.
Il eut la grande douleur de perdre son fils aîné, un garçon de huit ans qu'il chérissait. Puis ce fut Juda, le jeune frère de Rabbi Isaac, qui mourut, suivi de près par sa mère. Rabbi Isaac décida alors de quitter Saragosse et accepta le poste de Rabbin à Calatand. Mais la communauté de Saragosse n'était nullement disposée à se séparer de lui.
Peu de temps après, quand les chefs de la communauté de Calatand l'eurent libéré de sa promesse, il revint à Valence, sa ville natale, où il fonda une importante Yéchivah. Il y demeura jusqu'en 5151 (1391), année où de terribles attaques contre les Juifs d'Espagne commencèrent. Des dizaines de milliers de ces derniers moururent Al Kiddouche haChem (pour la sanctification du nom de D.ieu) et beaucoup d'autres fuirent du pays. Les plus nombreux furent cependant les Marranos, ces Juifs qui, sous la contrainte, feignirent d'embrasser la religion chrétienne, mais qui, en secret, demeurèrent fidèles aux Lois de la Torah.
Ce fut alors que Rabbi Isaac, en compagnie de beaucoup d'autres Juifs, s’enfuit à Alger. La grande pauvreté dans laquelle il vécut ne l'empêcha pas d'aider du mieux qu'Il put les autres réfugiés. En pays mahométan, les Juifs pouvaient en toute liberté pratiquer leur religion. Cela encouragea un grand nombre de Marranos à s'y rendre.
La communauté juive d'Alger nomma Rabbi Isaac comme son Rabbin. Mais l'un des nouveaux réfugié, désireux de conserver et de renforcer son emprise sur ses coreligionnaires, fit de son mieux pour entraver l'œuvre du Ribache, Finalement, les chefs de la communauté reçurent un document officiel de la main même du Sultan : il reconnaissait Rabbi Isaac comme le seul Rabbin d'Alger, et sans l'autorisation duquel nul ne pouvait devenir un Dayane (juge au tribunal rabbinique) dans la ville.
Plus tard, Rabbi Isaac bar Chécheth, affaibli par l'âge, transmit sa charge a Rabbi Chimchon bar Tzema'h (Rachbats). Celui-ci refusa d'exercer officiellement ses fonctions du vivant de Rabbi Isaac et ce n'est qu'après la mort de celui-ci qu'il devint Rabbin officiel d'Alger.
La tombe du Ribache à Alger, considérée comme un lieu saint, accueillait un grand nombre de fidèles qui se prévalaient de l'Intercession du grand saint qui y repose pour présenter à D.ieu leurs requêtes. Il y a environ cent ans, quand les murs de la ville furent abattus en vue d'agrandir celle-ci, la tombe du Ribache dut être déplacée. On découpa adroitement dans la terre le bloc qui la contenait, et celui-ci fut transporté, sur un véhicule tiré par vingt chevaux, au cimetière d'un village voisin. Presque toute la population Juive d'Alger accompagna le convoi funèbre. L'année d'après, la tombe de Rachbats dut à son tour être déplacée et on la plaça à coté de celle du Ribache. Quelques années plus tard, un tombeau imposant fut élevé au-dessus des deux tombes saintes.
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