Rabbi ‘Hasdaï, fils de Rabbi Juda Crescas, fut à la fois l'un des plus grands érudits du Judaïsme et l'un de ses piliers les plus importants pendant la sombre époque des persécutions en Espagne.

Il naquit à Barcelone en 5100 (1340) dans une famille de la noblesse réputée pour le nombre et la qualité des érudits et des chefs qu'elle ne cessait d'engendrer depuis des générations. Très jeune, il montrait déjà, digne descendant d'ancêtres remarquables, des dons exceptionnels. Il alliait à une grande clarté d'esprit une volonté tenace d'acquérir tout ce qu'on pouvait apprendre dans la Torah et le Talmud. Il ne tarde pas à être envoyé à Gérone, alors le siège d'une académie talmudique célèbre. À sa tête se trouvait le talmudiste le plus éminent de l'époque, Rabbi Nissim Gerondi (de Gérone), mieux connu sous le nom du RaN, auteur du commentaire sur le RIF (Rabbi Isaac Alfassi). Dans cette ville, Rabbi ‘Hasdaï eut pour condisciple Rabbi Isaac ben Chécheth qui devait devenir l'illustre Ribache auteur de nombreuses décisions (responsa) relatives au Talmud et à la loi juive.

Départ pour Saragosse

En 1367 une vague d'odieuses persécutions déferle sur Barcelone. Les Juifs sont injustement accusés d'avoir profané des objets religieux appartenant à l'Église. Le roi Pedro IV d'Aragon ordonne alors l'arrestation de Rabbi Nissim, de Rabbi ‘Hasdaï et d'autres notables juifs. Ils sont tous jetés dans la prison de Barcelone. Leur innocence, toutefois, ne fait de doute pour personne ; de surcroît, la preuve en est fournie lors du procès. Cela n'empêche pas qu'ils seront gardés en prison pendant des mois. On ne les relâche que lorsqu'une somme d'argent importante a été versée à titre de caution. Libéré, Rabbi ‘Hasdaï Crescas se transfère à Saragosse qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin de sa vie.

Il est accueilli avec beaucoup d'honneurs par la communauté juive de cette ville. On lui propose même le poste de Grand-Rabbin. Mais, désireux de se consacrer à ses études, il décline l'offre. Néanmoins, il est toujours prêt à aider ses frères de ses précieux conseils. Il met à leur disposition son grand esprit et sa vaste culture. Et eux ne se font pas faute de les mettre à contribution. Ils viennent à lui, de Saragosse et d'ailleurs, à la recherche d'une solution à leurs difficultés. Même des non-juifs eurent recours à lui, sa sagesse et sa rectitude étant admirées jusque dans les maisons royales d'Aragon et de Navarre qui le chargèrent souvent de missions diplomatiques délicates.

Nombreux furent les jeunes érudits qui vinrent étudier sous la direction de Rabbi ‘Hasdaï. Parmi eux citons Rabbi Joseph Albo qui devint un philosophe célèbre, et Rabbi Isaac Duran qui écrivit des ouvrages philosophiques importants pour défendre le Judaïsme contre les attaques des prêtres chrétiens.