Lois des Rois : Chapitre Trois

1. Lorsque le roi commence son règne, il écrit pour lui-même un Livre de la Loi (Séfer Torah), en complément du Séfer Torah hérité de ses ancêtres et il le fait vérifier par le tribunal de soixante-et-onze Sages, à partir du Séfer Torah déposé dans la Cour du Temple.
Si ses ancêtres ne lui ont pas légué un Séfer Torah ou qu’il se soit perdu, il écrira deux Livres de la Loi : l’un restera déposé parmi ses biens personnels, car il a l’obligation d’en posséder un comme tout un chacun parmi les juifs, et l’autre l’accompagnera dans tous ses déplacements, excepté lorsqu’il est aux latrines ou au bain, ou en tout autre endroit impropre à l’étude.
S’il part en guerre, le Séfer Torah est emporté avec lui. Lorsqu’il entre quelque part, le Séfer Torah est rapporté avec lui. Lorsqu’il siège au tribunal il est avec lui, et lorsqu’il est attablé il est avec lui, ainsi qu’il est dit : « Il sera avec lui et il y lira tous les jours de sa vie. »

2. « Il n’aura pas de nombreuses femmes ». La tradition orale enseigne qu’il peut avoir jusqu’à dix-huit femmes : épouses ou concubines, en tout dix-huit. S’il en a ajouté une et a eu commerce avec elle, il est passible de flagellation. Il peut par contre en renvoyer une et prendre une autre à la place..

3. « Il n’aura pas de chevaux en excès », si ce n’est ce qu’il faut pour sa cavalerie. Même un cheval non sellé pour laisser courir devant lui, comme font les autres Rois, cela lui est interdit. S’il en a rajouté, il est passible de flagellation.

4. « Il n’accumulera pas pour lui argent et or », pour déposer parmi ses trésors et s’en enorgueillir ou s’en parer, mais il s’en servira pour entretenir ses armées, ses esclaves et ses domestiques.
Quant à l’argent et l’or qu’il amassera dans les réserves du Temple, pour qu’ils y soient mis à la disposition de la nation et des guerres qu’elle mène, c’est une Mitsva de l’augmenter et la seule interdiction est de thésauriser pour lui-même dans ses trésors, comme il est dit : « Il n’accumulera pas pour lui.
Et s’il a constitué des trésors personnels, il est passible de flagellation.

5. Le roi n’a pas le droit de s’adonner à la boisson, ainsi qu’il est dit : « Rois, ne buvez pas du vin. » Il devra s’approfondir dans la loi et œuvrer pour les besoins du peuple d’Israël jour et nuit, ainsi qu’il est dit : « Il restera avec lui et il le lira tous les jours de sa vie. »

6. De la même façon, le roi ne s’adonnera pas à la luxure. Même s’il n’a qu’une seule femme, il ne passera pas son temps à ses côtés, comme d’autres sots, ainsi qu’il est dit : « Ne donne pas ta force aux femmes. »
La loi veille à ce que le cœur du roi n’en soit pas détourné, ainsi qu’il est dit : « Et son cœur ne sera pas détourné », car le roi donne l’exemple à toute l’assemblée d’Israël et c’est pourquoi le texte l’associe plus qu’un autre à l’observance de la Loi, comme il est dit : « Tous les jours de sa vie. »

7. Nous avons déjà expliqué que tous les rois de la Maison de David peuvent être jugés et que l’on peut témoigner à leur propos, alors que les Sages ont décrété que les rois du Royaume d’Israël ne peuvent ni juger, ni être jugés, ni témoigner ni être l’objet d’un témoignage, car ils méprisent les Sages et il en résulte profanation et déconsidération de la Loi.

8. Si quelqu’un se rebelle contre le roi, le roi peut le mettre à mort. Même s’il a ordonné à une personne de se rendre quelque part et qu’il ne s’y soit pas rendu, ou de ne pas sortir de sa maison et qu’il en soit sorti, il est passible de mort. Et si le roi veut le tuer, le rebelle sera exécuté ainsi qu’il est dit : « Tout homme qui contredira tes ordres. »
De la même façon, si quelqu’un fait honte au roi ou l’humilie, le roi a le pouvoir de le tuer, comme ce fut le cas de Séméi, fils de Ghéra.
Le roi ne peut faire exécuter que par l’épée.
Le roi peut faire arrêter ou faire flageller toute personne qui attente à sa dignité. Il ne peut pas cependant confisquer les biens; toute confiscation de biens serait un vol.

9. Celui qui s’abstiendrait d’exécuter un ordre du roi parce qu’il est occupé à l’accomplissement d’un commandement de la Loi – même un commandement peu important – n’est pas punissable : entre les ordres du Maître et les ordres de son serviteur, les ordres du maître priment.
Nul besoin de dire que si le roi ordonne de ne pas accomplir un commandement de la Loi, on ne tiendra pas compte de son ordre.

10. Si un homme a tué sans qu’on ait contre lui un témoignage satisfaisant ou qu’il n’ait pas été mis en garde par des témoins, ou qu’il n’y ait qu’un seul témoin, ou encore qu’il ait tué involontairement quelqu’un qui est son ennemi, le roi a le pouvoir de le condamner à mort, comme de prendre toutes les mesures d’exception exigées par les circonstances.
Ainsi le roi peut faire exécuter plusieurs condamnés en une seule journée, peut les faire pendre et les laisser pendus plusieurs jours, ceci pour répandre sa crainte et briser les méchants de ce monde