Lois des Rois : Chapitre Cinq

1. Le roi ne peut engager de lui-même une guerre si ce n’est une guerre de mitsva.
Qu’appelle-t-on une guerre de mitsva ? C’est la guerre contre les Sept Peuples, contre Amalek ou pour secourir Israël de tout oppresseur qui s’abat sur eux.
Après quoi il peut s’engager dans une guerre « facultative » contre les autres peuples, pour agrandir le territoire d’Israël et en asseoir la puissance et la réputation.

2. Pour une guerre ordonnée par la loi, il n’a pas besoin de prendre l’avis du Tribunal, mais il décide de lui-même à tout instant et impose au peuple la mobilisation.
Mais pour une guerre d’expansion, il ne peut mobiliser le peuple qu’avec l’accord du Tribunal de soixante-et-onze membres.

3. Il fait abattre les haies pour se frayer un chemin, et nul ne peut l’en empêcher. Son droit de passage est illimité et les dimensions de cette voie sont fixées selon les besoins du moment. Il n’infléchit pas cette route pour tenir compte de la vigne de l’un ou du champ de l’autre, mais il va droit pour mener sa guerre.

4. C’est un commandement positif de détruire les Sept Peuples, ainsi qu’il est dit : « Tu les détruiras entièrement. » Tout celui qui a la possibilité de détruire l’un d’entre eux et ne le fait pas transgresse un commandement négatif, ainsi qu’il est dit : « Tu n’en laisseras pas un. »
Toute trace de ces peuples a maintenant disparu.

5. De même, c’est un commandement positif de détruire le souvenir d’Amalek, comme il est dit : « Tu effaceras le souvenir d’Amalek. » Et c’est un commandement positif de se souvenir toujours de ses mauvaises actions et de son embuscade, afin de stimuler notre haine de lui, ainsi qu’il est dit : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek ». La tradition enseigne « souviens-toi » c’est pour en parler, « n’oublies pas » c’est pour le garder dans son cœur, car il est interdit d’oublier notre haine et notre aversion de lui.

6. Toutes les terres conquises par Israël et le roi sur ordre du Tribunal sont une acquisition collective, et ont en tout point le même statut que la Terre d’Israël, conquise par Josué. Ceci à condition toutefois qu’ils les aient conquises après les conquêtes ordonnées par la Torah.

7. Il est permis de résider dans le monde entier, à l’exception de l’Égypte : sur la cote méditerranéenne une longueur de 400 lieues vers l’ouest sur 400 lieues vers l’Éthiopie et vers le désert. Toute cette région est interdite d’habitation.
En trois passages la Loi nous met en garde sur l’interdiction de retourner en Égypte, ainsi qu’il est dit : « Vous ne reviendrez pas sur ce chemin encore » et « Tu ne la reverras pas » et « vous ne les reverrez plus jamais. »
Alexandrie est comprise dans cette interdiction.

8. Il est permis de passer par l’Égypte pour y faire du commerce ou des affaires, ou pour conquérir d’autres terres, et la seule interdiction est de s’y établir.
On n’est pas passible de flagellation pour la désobéissance à ce commandement négatif, car lors de son arrivée en Égypte on ne commet pas de transgression, et lorsqu’on envisage de s’y installer, on ne commet pas d’action à proprement parler.
Il me semble que si un roi d’Israël conquiert l’Égypte avec l’accord du Tribunal, il est permis de s’y installer.
L’interdiction est d’y retourner à titre individuel ou d’y résider alors qu’elle est dominée par les nations, car les mœurs y sont pires que partout ailleurs, ainsi qu’il est dit : « Comme les mœurs d’Égypte. »

9. Il est interdit de quitter la Terre d’Israël en toute circonstance, si ce n’est pour étudier la Tora, ou prendre femme, ou sauver biens ou personnes d’entre les mains des non-juifs, puis retourner en Terre d’Israël. De même, on peut sortir pour faire du commerce.
Mais résider en dehors d’Israël est interdit, sauf si la famine est si grande que le blé s’achète au double de son prix. De quel cas parlons-nous ? C’est lorsque l’argent circule, mais que les fruits sont onéreux. Mais si les fruits sont bon marché, mais qu’on ne peut se procurer d’argent, qu’on n’a pas de revenus ni d’argent en poche, alors on peut partir en tout endroit où on trouve à vivre.
Bien qu’il soit permis de partir dans un tel cas, ce n’est pas une bonne chose comme on le voit de Mahlon et Kilion qui étaient deux Grands en leur génération et qui sortirent d’Israël en une époque de grande misère et furent punis par une mort sans enfant en exil.

10. Les plus grands Sages embrassaient les frontières du pays d’Israël, en embrassaient les cailloux et se roulaient dans sa poussière accomplissant le verset : « Car tes serviteurs en désiraient les cailloux et aimaient son sable. »

11. Nos Sages ont enseigné : celui qui réside au pays d’Israël, toutes ses fautes lui sont pardonnées, ainsi qu’il est dit : « Et aucun résidant ne dira j’y ai souffert ; le peuple qui y réside est net de tout péché. » Même celui qui y a marché ne serait-ce que quatre coudées, mérite la vie du monde futur.
De même, celui qui s’y fait enterrer est pardonné et l’endroit où il se trouve est comme un autel d’expiation, ainsi qu’il est dit : « Il pardonne sa terre, son peuple. » Il est dit ailleurs comme une punition : « Tu mourras sur une terre impure. »
Ce n’est pas la même chose que de s’y installer vivant que de s’y installer après la mort. Et malgré tout, les Grands Sages y menaient leurs défunts ; sors et vois l’exemple de notre ancêtre Jacob et de Joseph le Juste.

12. Pour toujours un homme doit vivre en Terre d’Israël, même dans une ville dont la majorité des habitants sont des non-juifs, plutôt que d’habiter en dehors de la Terre d’Israël même dans une ville dont la majorité des habitants sont des juifs.
Car tout celui qui sort en dehors de la Terre d’Israël, c’est comme s’il pratiquait l’idolâtrie, comme il est dit : « Car ils m’ont chassé aujourd’hui pour m’empêcher de m’attacher à l’héritage de D.ieu en me disant « va et sers d’autres dieux »
Et il est dit ailleurs en punition : « Sur la Terre d’Israël ils ne viendront pas. »
De même qu’il est interdit de sortir du pays, de même, il est interdit de sortir de Babel vers d’autres pays, ainsi qu’il est dit : « Ils seront amenés à Babel et ils y resteront. »