Lois des Rois : Chapitre Six
1. On ne fait pas la guerre à quiconque avant de lui avoir fait des propositions de paix, aussi bien pour une guerre facultative que pour une guerre de mitsva, ainsi qu’il est dit : « Lorsque tu t’avanceras vers une ville pour la combattre, tu feras une proposition de paix. »
S’ils ont accepté et ont adopté les Sept Lois ordonnées aux fils de Noé, on ne peut tuer aucun d’entre eux et ils sont soumis au tribut, comme il est dit : « Ils te seront redevables et te serviront. »
S’ils ont accepté de payer le tribut, mais pas l’assujettissement, ou qu’ils se soient soumis, mais refusent de payer le tribut, on ne pactise pas avec eux jusqu’à ce qu’ils acceptent ces deux choses.
La soumission qu’ils doivent accepter, c’est d’être au plus bas niveau, de ne pas s’élever au-dessus d’Israël, et de leur être dépendants. Ils ne pourront jamais être nommés à une fonction sur Israël.
Le tribut auquel ils se plient, c’est d’être à la disposition des travaux royaux, tant par leur personne que par leurs biens, par exemple la construction des murailles et la fortification des citadelles, la construction du palais du roi et les travaux semblables, ainsi qu’il est dit : « Voici le compte-rendu de l’impôt levé par le roi Salomon pour construire la maison de D.ieu, son palais, le Millo et la muraille de Jérusalem (...) et toutes les villes d’approvisionnement de Salomon (...) tout le peuple qui survivait d’entre les Amoréens (...) Salomon les avait asservis au tribut jusqu’à ce jour et d’entre les enfants d’Israël, aucun n’était asservi, car ils étaient les soldats, ses serviteurs, ses princes, et ses capitaines et les commandants de ses chars et de sa cavalerie. »
2. Le roi leur pose comme condition de confisquer la moitié de leurs biens : soit leurs terres et il leur laisse les biens mobiliers, soit leurs biens mobiliers et il leur laisse leurs terres selon les conditions qu’il dicte.
3. Il est interdit de manquer à ce pacte après qu’ils aient fait la paix et aient reçu les Sept Lois.
4. S’ils n’ont pas accepté de pacte, ou qu’ils ont accepté sans recevoir les Sept Lois, on leur livre combat et on tue les hommes adultes, on capture leurs biens et leurs enfants ; on ne tue ni femme ni enfant, ainsi qu’il est dit : « Les femmes et les enfants » pour inclure l’interdiction de tuer les enfants mâles.
Dans quel cas agit-on ainsi ? C’est lors d’une guerre d’extension avec les autres peuples. Mais les Sept Peuples ou Amalek qui refuseraient de pactiser, on n’en laisse pas un seul vivant, comme il est dit : « Ainsi tu feras pour tous (…), mais quant aux villes de ces peuples (…) tu n’en laisseras pas vivre un seul » et de même il est dit pour Amalek : « Tu effaceras le souvenir d’Amalek. »
D’où savons-nous que ces deux textes ne concernent que ceux qui n’auraient pas pactisé ? C’est parce qu’il est écrit « il n’y eut pas une ville pour faire la paix avec les enfants d’Israël excepté le ‘Hévéen qui habite en Gabaon ; tout fut conquis par les armes. C’est de D.ieu que leur provenait ce courage d’affronter les enfants d’Israël, afin qu’ils y soient exterminés. » Ce texte nous enseigne qu’ils leur avaient proposé une paix qu’ils avaient refusée.
5. Josué a adressé trois propositions de paix avant d’entrer en terre d’Israël. La première qu’il avait envoyée était « Que celui veut fuir, fuie ! »
Puis il a annoncé : « Que celui qui veut traiter avec nous vienne traiter ! »
Puis il a envoyé dire « Que celui qui veut la guerre vienne se battre ! »
Si c’est ainsi, pourquoi les habitants de Gabaon ont-ils usé de ruse ? Parce que Josué leur avait adressé la lettre parmi tous les autres peuples de Canaan, et eux l’avaient refusée. Ils ignoraient les lois de la guerre chez Israël, et pensaient qu’il ne leur serait pas fait à nouveau de proposition de paix.
Pourquoi leur cas parut-il litigieux aux chefs d’Israël, qui estimaient qu’il faudrait les tuer si ce n’était la promesse qui leur avait été faite ? Parce qu’ils avaient conclu une alliance avantageuse avec eux, alors qu’il est dit : « Tu ne concluras pas d’assurance avec eux » et qu’ils auraient dû être asservis. Puisque la promesse avait été obtenue par erreur, il aurait été justifié de les tuer pour leur mensonge, si ce n’est la profanation du nom de D.ieu qui en eut résulté.
6. À Amon et Moab on ne fait pas de proposition de paix comme il est dit : « Tu ne chercheras ni leur paix, ni leur bien tous les jours durant. » Nos Sages ont enseigné : puisqu’il est dit : « Tu lui feras un appel à la paix », on aurait pu croire qu’il en est de même pour Amon et Moab, mais il est dit : « Tu ne chercheras ni leur paix, ni leur bien ».
Puisqu’il est dit : « Avec toi il résidera au milieu de toi (...) À son aise, tu ne le maltraiteras point », on aurait pu croire que cela est valable pour Amon et Moab aussi, mais il est dit : « ni leur bien. »
Bien qu’on ne leur fasse pas de propositions de paix, si d’eux-mêmes ils viennent la demander les premiers, on les accepte.
7. Lorsqu’on fait le siège d’une ville pour la prendre, on ne l’entoure pas des quatre côtés, mais de trois côtés et on laisse une sortie pour les fuyards et tous ceux qui veulent sauver leur vie, ainsi qu’il est dit : « Ils menèrent le combat contre Midian selon les prescriptions de D.ieu. »
Le texte même nous enseigne que D.ieu avait édicté des règles à ce propos.
8. On ne coupe pas les arbres fruitiers autour de la ville, et on n’en détourne pas l’irrigation pour les assécher, ainsi qu’il est dit : « Tu n’en détruiras pas les arbres ». Et celui qui les coupe subit la flagellation.
Ce n’est pas seulement lors d’un siège, mais en toutes circonstances, celui qui coupe un arbre fruitier dans un but destructeur reçoit la flagellation.
Mais on peut le couper si cet arbre nuit à d’autres arbres, ou qu’il nuit au champ du voisin, ou si c’est un bois de valeur. La loi n’interdit que l’abattage qui serait un acte destructif.
9. Tout arbre non fruitier, il est permis de l’abattre, même sans besoin. De même un arbre fruitier ancien et qui produit si peu que cela ne vaut plus la peine qu’on s’en donne, il est permis de le couper. Quelle quantité doit donner un olivier pour qu’on ne le coupe pas ? Un quart de Kab d’olives. Un palmier qui produit un Kab de dattes ne peut pas être coupé.
10. Il n’y a pas que les arbres : celui qui casse des objets, ou déchire des vêtements, détruit une maison, bouche une source ou gâche des aliments, dans un but de destruction, transgresse l’interdiction de « Tu ne détruiras pas » ; il ne reçoit pas la peine de flagellation, mais la bastonnade instituée pas les Sages.
11. On commence le siège d’une ville des idolâtres jusqu’à trois jours avant Chabbat, et on les combat tous les jours suivants y compris le Chabbat, ainsi qu’il est dit : « jusqu’à sa chute », serait-ce Chabbat, aussi bien ou une guerre de mitsva que pour une guerre d’extension.
12. Lorsque l’on campe, on peut établir le camp en tout endroit.
Celui qui meurt au combat, là même où il est tombé il sera enterré. Il « acquiert » cet emplacement comme le mort trouvé.
13. Les Sages ont permis quatre choses à une armée en campagne :
On peut manger le demaï.
On est dispensé de l’ablution des mains avant le repas,
On se fournit en bois de n’importe où. Même si on en a trouvé coupé et séché, on n’y prête pas attention lorsqu’on est en guerre.
On est également dispensé de faire un Erouv ‘Hatserot, et on transporte d’une tente à l’autre ou d’un abri à l’autre, et ceci à condition que le camp soit entouré d’une palissade de dix palmes de hauteur pour pouvoir constituer un domaine privé comme ceci a été expliqué dans les lois de Chabbat. À moins de dix palmes, une clôture ne comptera pas.
De la même façon qu’ils sont dispensés de tout ceci à l’aller, ils en sont dispensés au retour.
14. Il est interdit de s’exonérer à l’intérieur du camp ou dans un endroit quelconque en plein champ et c’est un commandement positif de préparer un chemin réservé pour s’y libérer, ainsi qu’il est dit : « Un endroit tu prépareras à l’extérieur du camp ».
15. De même, c’est un commandement positif que chacun ait une bêche parmi ses instruments de guerre et il sortira vers cet endroit et il creusera un trou pour s’exonérer, et il le recouvrira, ainsi qu’il est dit : « Tu auras une bêche parmi tes armes. »
Que l’Arche Sainte soit avec eux en campagne, ou qu’elle n’y soit pas, c’est ainsi qu’ils doivent toujours faire, comme il est dit : « Et ton camp sera saint. »
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