Lois des Rois : Chapitre Deux
1. On donne le plus grand respect au roi. On impose à tous sa crainte et sa frayeur, ainsi qu’il est dit : « Tu imposeras sur toi », c’est-à-dire que sa crainte doit être « sur » toi.
On ne monte pas son cheval, on ne s’assied pas sur son trône, on ne se sert pas de son sceptre, ni de sa couronne, ni d’aucun de ses objets personnels ou d’apparat.
Et lorsqu’il meurt, ses objets personnels doivent tous être brûlés. De même, seul un autre roi peut utiliser ses serviteurs, ses servantes, ses valets. C’est pourquoi Avichag était permise à Salomon et interdite à Adonias.
2. La femme d’un roi est interdite à quiconque pour toujours. Le roi lui-même ne peut prendre une femme répudiée ou veuve d’un autre roi.
3. Il est interdit de voir le roi lorsqu’il est nu ou lorsqu’il se coupe les cheveux, lorsqu’il est au bain ou lorsqu’il s’essuie.
Un roi ne libère pas la veuve de son frère au titre du Lévirat, car il est dit : « Elle crachera vers lui », et ceci serait un affront. Même s’il le veut, on ne le laisse pas faire, car même si un roi renonce à l’honneur qui est lui est dû, son honneur lui est dû.
Puisque le roi ne libère pas la sœur de son frère, il ne peut non plus l’épouser par Lévirat. De même à son décès, sa veuve qui ne peut être épousée par Lévirat ne peut non plus être libérée et reste à jamais en veuvage.
4. Si le roi perd un proche, il ne dépasse pas la porte du palais pour lui rendre les honneurs, et lors du repas de consolation, tout le peuple est assis par terre, et lui est assis sur le marchepied de son trône.
Si le roi rentre dans la Cour du Temple, et qu’il est de la lignée de David, il s’y assied, car seuls les rois de la lignée de David peuvent s’asseoir dans la Cour du Temple, ainsi qu’il est dit : « Le roi David vint et s’assit devant D.ieu. »
5. Le roi se fait couper les cheveux tous les jours, s’arrange et se pare de vêtements agréables et somptueux, ainsi qu’il est dit : « Tes yeux verront le roi dans sa splendeur. » Il siège sur le trône royal dans son palais et porte une couronne sur sa tête.
Tous doivent se rendre chez le roi lorsque le roi le veut. On reste debout devant le roi et on se prosterne à son arrivée. Même un prophète qui reste debout devant le roi, doit se prosterner à sa vue, ainsi qu’il est dit : « Nathan le prophète vint devant le roi, et se prosterna devant le roi. »
Mais le Grand Prêtre ne se présente devant le roi que si lui-même le désire, et il ne reste pas debout devant le roi : le roi reste debout devant le Grand Prêtre ainsi qu’il est dit : « Et il se tiendra debout devant Éléazar le Pontife. »
Malgré cela, le Grand Prêtre doit honorer le roi, le faire asseoir, se lever à son arrivée lorsqu’il se rend chez lui, et le roi ne restera debout devant lui que lorsqu’il interrogera le Jugement des Ourim.
De même, le roi doit honorer les Sages de la Loi, et se lever à l’arrivée du Sanhédrin et des Sages d’Israël, puis les faire asseoir à ses côtés. C’est ainsi que faisait Josaphat, roi de Juda : même devant un disciple des Sages il se levait de son trône, l’embrassait et l’appelait « mon maître, mon enseignant ».
De quel cas s’agit-il ? C’est lorsque le roi est seul chez lui avec ses serviteurs qu’il agit ainsi en privé. Par contre en public devant ses sujets, il ne le fera pas : il ne se lèvera devant personne, il ne lui parlera pas d’un ton doux, ne désignera son interlocuteur que par son nom, ceci afin d’inspirer du respect à tous.
6. De même que la Loi accorde un grand honneur au roi et contraint tous à l’honorer, de même le roi a pour devoir d’être humble et petit dans son cœur, ainsi qu’il est dit : « Et mon cœur est vide en moi. »
Il ne devra pas s’élever dans son cœur au-dessus du peuple exagérément, ainsi qu’il est dit : « Afin que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères. »
Il sera bon et miséricordieux avec les petits et les grands, s’occupera de leur condition matérielle et de leur bien-être, veillera au respect du plus petit d’entre eux.
Lorsqu’il s’adresse à la foule dans son ensemble, il leur parlera avec douceur, ainsi qu’il est dit : « Écoutez-moi mes frères, mon peuple », et aussi « si tu te mets aujourd’hui au service de ce peuple… »
Il devra toujours se comporter avec une extrême humilité. Il n’y a pas eu plus grand que Moïse notre Maître, qui a dit : « Que sommes-nous pour que vos plaintes s’adressent à nous ? »
Il supportera leur poids, leur fardeau, leurs plaintes et leurs humeurs, comme un nourricier supporte le nourrisson. La Torah l’a appelé « le berger », c’est-à-dire « pour faire paître Jacob, son peuple. » Le rôle d’un berger nous est expliqué par les Prophètes : « Tel un berger paissant son troupeau qui recueille les agneaux dans ses bras et porte contre lui... »
Commencez une discussion