Lois relatives à la bénédiction des cohanim : Chapitre Quatorze

1. À la prière du matin, de Moussaf, et de clôture [Néila], les cohanim lèvent les mains [pour bénir le peuple]. En revanche, à la prière de l’après-midi, ils ne lèvent pas les mains [pour bénir le peuple], parce qu’au moment de la prière de l’après-midi, tout le monde a déjà pris son repas, et il est à craindre que les cohanim aient bu du vin. Or, un [cohen] ivre n’a pas le droit de lever les mains [pour réciter la bénédiction des cohanim]. Même un jour de jeûne [où ce problème ne se pose pas], ils ne bénissent pas [le peuple] à la prière de l’après-midi ; ceci est un décret, pour [éviter qu’ils n’en viennent à réciter la bénédiction] à la prière de l’après-midi d’un jour ordinaire.

2. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Les jours de jeûne où l’on récite [les deux prières,] prière de l’après-midi et prière de clôture, comme le jour de Kippour, les jeûnes communautaires [décrétés à cause des malheurs qui assaillissent la communauté]. En revanche, les jours de jeûne où la prière de clôture n’est pas récitée, comme le 9 Av et le 17 Tamouz, étant donné que la prière de l’après-midi se déroule juste avant le coucher du soleil, elle ressemble à la prière de clôture et [il n’est pas à craindre qu’on en vienne] à la confondre avec la prière de l’après-midi d’un jour ordinaire. C’est pourquoi, la bénédiction des cohanim est alors récitée. Si un cohen transgresse et monte sur l’estrade durant la prière de l’après-midi de Kippour, étant donné qu’il est évident qu’il n’y a pas d’ivresse [en ce jour], il peut lever les mains [pour bénir le peuple], et on ne l’oblige pas à descendre, afin de ne pas éveiller de suspicion à son égard, [les gens voyant cela pourraient en effet] se dire : « Il est invalide [pour la prêtrise], c’est pourquoi, ils l’ont fait descendre ».

3. Comment se déroule la bénédiction des cohanim en dehors du Temple ? Lorsque le ministre officiant atteint [la bénédiction de] Avoda, lorsqu’il dit : « Agrée », tous les cohanim qui se trouvent dans la synagogue quittent leur place, avancent, et montent sur l’estrade, où ils se tiennent, le visage face à l’arche, faisant dos aux fidèles, et les doigts repliés dans leurs paumes jusqu’à ce que le ministre officiant termine [la bénédiction de] reconnaissance. Ils se tournent alors vers les fidèles, étendent leurs doigts, et lèvent les mains au niveau de leurs épaules et commencent [la bénédiction] Yevarekhekha (« Que [l’Eternel] te bénisse »). Le ministre officiant leur fait répéter [la bénédiction] mot-à-mot, comme il est dit : « dis-leur », il faut leur dicter [le texte de la bénédiction]. Lorsqu’ils terminent le premier verset, tout le monde répond Amen. Le ministre officiant leur fait alors répéter le second verset, et tout le monde répond Amen. Et de même pour le troisième verset.

4. Lorsque les cohanim terminent les trois versets, le ministre officiant commence la dernière bénédiction de la prière, qui est : « Donne la paix ». Les cohanim tournent alors leur visage vers l’arche, replient leurs doigts et se tiennent sur l’estrade jusqu’à ce qu’il [le ministre officiant] termine la bénédiction, et ils retournent [alors] à leur place.

5. [Le ministre officiant] n’a pas le droit d’appeler « Cohanim » avant que toute la communauté ait fini de répondre Amen [à la bénédiction de reconnaissance]. Les cohanim ne peuvent commencer la bénédiction qu’une fois que [le ministre officiant] a fini [d’appeler : « Cohanim »]. La communauté ne répond Amen [à la bénédiction des cohanim] qu’après que les cohanim ont fini de dire à la bénédiction. Les cohanim ne doivent pas commencer la bénédiction suivante avant que la communauté ait fini de répondre Amen [à la précédente]. Le ministre officiant n’a pas le droit de répondre Amen à la bénédiction des cohanim comme les autres, de crainte qu’il en soit troublé, et oublie la bénédiction qu’il doit leur faire lire, [c'est-à-dire] s’il [doit leur faire répéter] le second ou le troisième verset.

6. Les cohanim n’ont pas le droit de faire dos à la communauté avant que le ministre officiant ne commence [la bénédiction] « Donne la paix ». Ils n’ont pas [non plus] le droit de quitter leur place [l’estrade] avant que le ministre officiant termine [la bénédiction] « Donne la paix ». Ils n’ont pas le droit de replier leurs doigts avant d’avoir tourné leur face de la communauté. Rabban Yohanan ben Zakaï a institué que les cohanim ne monte pas sur l’estrade avec des sandales, mais s’y tiennent pieds nus.

7. Lorsque les cohanim bénissent la communauté, ils ne doivent pas regarder la communauté et ne doivent pas se laisser distraire. Plutôt, ils fixent de leurs yeux le sol, comme s’ils se tenaient au milieu de la prière. Il est défendu de regarder les cohanim au moment où ils bénissent le peuple, afin qu’ils ne soient pas distraits. Plutôt, tout le monde prête attention à écouter la bénédiction, et dirige son visage vers le visage des cohanim sans regarder celui-ci.

8. S’il y a un seul cohen qui récite la bénédiction, il commence de lui-même la bénédiction [sans se faire appeler par le ministre officiant]. Le ministre officiant lui fait répéter mot à mot, comme nous l’avons expliqué. S’il y a deux ou plusieurs [cohanim], ils ne commencent pas [la bénédiction] avant d’avoir été appelé par le ministre officiant. Il [ministre officiant] dit : « Cohanim », et eux répondent et disent Yevarekhekha, et il [le ministre officiant] leur fait répéter [la bénédiction] mot-à-mot de la manière précédemment décrite.

9. Comment se déroule la bénédiction des cohanim dans le Temple ? Les cohanim montent sur l’estrade après avoir achevé le service du sacrifice quotidien du matin. Ils lèvent leurs mains au-dessus de leur tête, les doigts étendus, à l’exception du grand prêtre qui ne lève pas les mains plus haut que la plaque frontale [qu’il porte]. Une personne leur fait répéter [la bénédiction] mot-à-mot de la même manière qu’en dehors du temple, jusqu’à ce qu’ils terminent les trois versets. Le peuple ne répond pas Amen après chaque verset ; plutôt, dans le Temple, ces trois versets sont [lus] comme une seule bénédiction. Lorsqu’ils terminent, tout le peuple répond : « Béni sois l’Eternel D.ieu, D.ieu d’Israël à tout jamais ».

10. Ils [le cohanim] disent le Nom de D.ieu, c'est-à-dire le nom Youd-Ke-Vav-Ke, tel qu’il est écrit. Ceci est le Nom explicite auquel il est fait référence en différents endroits. En dehors du Temple, il est lu par un autre nom, le nom Alef-Dalet [Noun-Youd], car le Nom [de D.ieu] tel qu’il est écrit ne peut être prononcé que dans le Temple. Depuis la mort de Chimone le Juste, les cohanim ont arrêté de bénir [le peuple] avec le nom explicite [de D.ieu] même dans le Temple, afin [d’éviter] qu’un homme non important et inadéquat de l’apprenne. Les sages d’antan ne l’enseignaient à leurs disciples et à leurs enfants adéquats qu’une fois tous les sept ans ; tout ceci, [en respect] pour le Nom révéré et redoutable.

11. En tout lieu, la bénédiction des cohanim n’est récitée qu’en hébreu, comme il est dit : « ainsi vous bénirez les enfants d’Israël ». Telle est l’interprétation qu’ils [les sages] ont reçue par tradition orale depuis Moïse notre maître, puisse son âme reposer en paix : « ainsi vous bénirez » debout, « ainsi vous bénirez » en levant les mains, « ainsi vous bénirez » en hébreu, « ainsi vous bénirez » face-à-face, « ainsi vous bénirez » à voix haute, « ainsi vous bénirez » en employant le Nom explicite, et ce, dans le Temple [uniquement], comme nous l’avons expliqué.

12. Les cohanim n’ont en aucun cas le droit d’ajouter une bénédiction aux trois versets [précédemment cités], comme : « Veuille l’Eternel, D.ieu de vos pères, vous rendre mille fois plus nombreux encore » ou ce qui est semblable, ni à voix haute, ni à voix basse, comme il est dit : « vous n’y ajouterez rien ». Chaque cohen, quand il quitte sa place pour monter [sur l’estrade] ,dit : « Qu’il soit Ta volonté, Eternel notre D.ieu, que cette bénédiction que Tu nous as ordonné [de réciter] pour bénir Ton peuple Israël soit une bénédiction parfaite, et qu’elle ne soit pas [entravée] par des obstacles ou par l’iniquité, pour l’éternité ». Avant de se tourner vers la communauté afin de bénir le peuple, il récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui nous as sanctifiés par la sainteté d’Aaron et nous as ordonné de bénir Son peuple Israël avec amour ». Puis, il tourne son visage vers la communauté et commence à les bénir. Lorsqu’il fait dos à la communauté après avoir terminé, il dit : « Nous avons fait ce que Tu as décrété sur nous, Fais envers nous ce que Tu nous as promis, regarde des cieux, Ta sainte demeure, et bénis Ton peuple Israël ».

13. Lorsque les cohanim tournent leur visage vers la communauté pour réciter la bénédiction et lorsqu’ils font dos à la communauté, ils doivent tourner uniquement du côté droit. De même, quand un homme fait un tour, il doit tourner du côté droit.

14. Dans le Temple, ils récitent la bénédiction des cohanim une fois dans la journée, après le sacrifice quotidien du matin. Ils viennent et se tiennent sur les marches du Oulam, et récitent la bénédiction, comme nous l’avons expliqué. En revanche, en dehors du Temple, ils récitent [la bénédiction] après chaque prière, à l’exception de [la prière de] l’après-midi. En tout lieu, on s’efforce que celui qui lit [les bénédictions aux cohanim] soit un israélite ordinaire [non un cohen], comme il est dit : « dis-leur », ce qui implique que celui qui leur lit [les bénédictions] ne fait pas partie d’eux.