À plusieurs occasions (aux chapitres 21 de l’Exode, 35 des Nombres et 19 du Deutéronome), la Torah évoque l’établissement de « Villes de Refuge » en Terre Sainte. Ces villes devaient abriter le « meurtrier involontaire », celui qui avait accidentellement provoqué la mort d’une autre personne. La ville de refuge protégeait cette personne de la vengeance des parents de la victime et son exil en son sein expiait sa faute.
Chaque loi de la Torah possède un sens plus profond, relié à la destinée de l’âme. Les maîtres ‘hassidiques expliquent que toute transgression de la volonté divine est une forme subtile de « meurtre involontaire » : C’est un « meurtre », car on a transgressé l’essence et la raison d’être de sa propre vie, « involontaire », parce que l’homme est intrinsèquement bon et qu’ainsi toute mauvaise action ne résulte que d’une défaillance temporaire de la conscience de sa véritable volonté. Dans les mots de nos Sages, « Une personne ne commet un péché que lorsque qu’un esprit de folie s’est emparé d’elle. »
Il existe des villes de refuge dans l’espace, et il y a une ville de refuge dans le temps. Et, alors que les villes de refuge matérielles attendent la venue du Machia’h et la restauration des lois de la Torah en Terre Sainte pour être réinstaurées, le refuge dans le temps que D.ieu a établi est toujours accessible, quelles que soient les conditions de notre exil.
Ce havre dans le temps est le mois d’Eloul, les derniers mois de l’année juive et le mois qui nous mène aux « Jours Solennels » qui marqueront le début de la nouvelle année. Ceci est évoqué en allusion dans les versets qui enseignent la loi des villes de refuge : « Et qui n’a pas dressé d’embûches [pour tuer avec préméditation], mais D.ieu l’a amené sous sa main, Je te fixerai un endroit où il puisse se réfugier. » (Exode 21, 13). Le grand kabbaliste Rabbi Isaac Louria relève que les initiales des mots centraux de ce verset, inah léyado vessamti lekha forment le mot « Eloul ».
Les vingt-neuf jours d’Eloul offrent une île dans le temps, un sanctuaire pour l’introspection et le bilan personnel, pour la réparation et la réhabilitation. C’est un lieu où nous pouvons fuir notre assujettissement aux combats et à la complexité de la vie matérielle pour faire un audit de nos comptes spirituels et rétablir la souveraineté de notre véritable volonté sur nos vies. C’est un mois dans lequel nous avons le pouvoir de décider que, dorénavant et pour toujours, aucune iniquité accidentelle ne viendra plus gâcher la bonté fondamentale de notre âme.
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