Cette semaine, dans toutes les synagogues, s’élèvent les mots éternels : « A Toi, D.ieu, est la justice... ». C’est, en effet, cette semaine, que, partout, retentissent les profondes paroles des Seli’hot, ces textes poignants par lesquels, tels des enfants devant leur Père, nous demandons à D.ieu de pardonner nos fautes. Si, dans les communautés séfarades, ce rite est pratiqué depuis le début du mois d’Eloul, il commence à l’être, à présent, également dans toutes les autres. C’est dire que ces Seli’hot expriment maintenant un sentiment général littéralement irrépressible. Nous avons tous la conscience forte que Roch Hachana est proche, que ce jour est loin d’être comme les autres et qu’il faut connaître et emprunter les chemins qui permettent de le vivre. Car c’est bien de vie qu’il est ici question.
Cette préparation est comme l’antichambre de l’année qui va commencer. Nous la souhaitons, à nous-mêmes, à ceux qui nous entourent et à tous les hommes, la plus belle du monde. Nous avons tant de défis à relever, tant de grandes choses à accomplir, en nous et autour de nous. Roch Hachana, c’est, après l’œuvre spirituelle de la période, le temps où D.ieu nous entend. C’est le moment où tout retient son souffle pour laisser s’instaurer, de façon manifeste, ce lien à la fois glorieux, subtil et infini, entre le Créateur et la créature. Tout se passe comme si nous avions entre nos mains l’instrument qui, par sa puissance, bouleverse une donne anciennement imposée, brise les chaînes mises en place de longtemps pour brider les consciences, fait finalement passer le souffle d’une liberté réelle presque oubliée. Car l’enjeu est bien là, en cet instant. L’année nous a souvent entraînés trop vite et trop facilement dans ses méandres. Elle a emporté, dans ses tourbillons, tant de résolutions sincères et inabouties. Elle a pu estomper jusqu’à l’oubli tant d’attentes et parfois d’espérances. Mais le mois de Tichri est là et, avec lui, tout le cœur mis à l’ouvrage, tous ces sentiments si précieux – oubli de soi, amour de l’autre, amour de D.ieu – qui sont comme autant de clés de l’avenir.
Se retrouver, tout à coup, face à soi-même réapparaît alors comme une expérience nouvelle. Car, dans ce face à face singulier, c’est aussi notre rapport avec D.ieu qui se révèle. Enfants devant leur Père, serviteurs devant leur Maître, peuple devant son Roi, nous sommes, en ce moment, tout cela et bien plus encore. Et c’est toute une gamme de sagesses et de sentiments multiples qui surgit en chacun. Roch Hachana est à notre porte, le Choffar résonne déjà dans notre cœur et le jour est proche où, au cœur de la fête, il retentira à nos oreilles. Il est temps d’entreprendre le grand voyage d’automne qui ouvre tant de perspectives et de visions nouvelles. Aujourd’hui tout est possible. Demain aussi, si nous le voulons. Pour une bonne et douce année.
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